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beilles & des guirlandes de fleurs; le fujet du troifiéme eft à peu près femblable, on voit fur la cheminée l'Océan perfonnifié qui verse ses eaux; Thétis accompagnée de fes Nymphes, reçoit dans fes bras Apollon fortant de fon char, dont les chevaux vont fe plonger dans les eaux de l'Océan,

Les peintures du château de Veiret en Touraine, font très-belles, mais elles ne font pas finies; elles repréfentent un ciel avec un Pere Eternel, fi bien peint, que le maître étoit toujours furpris lorfqu'il le regardoit.

Jouvenet a peint dans la galerie de l'hôtel de ville de Toulouse, la conftruction de la ville d'Ancyre par les Tectofages: il eft de fon' meilleur

tems.

On voit encore une affomption dans une chapelle particuliere, dans le village des Vaisseaux près de Beaumont-sur-Oyfe.

Le Roi poffede, de ce maître, la Victoire foutenue par Hercule, & Marc-Antoine avec le conful Albinus; deux morceaux peints dans un plafond des appartemens de Verfailles; l'Hyver fous la figure d'un vieillard, dans le grand falon du château de Marly; Latone & fes enfans, dans la falle du billard à Meudon ; Zéphire & Flore avec des Nymphes, Apollon dans le fein de Thétis, la naifance de Bacchus, des enfans jouant avec des fleurs, d'autres tenant un vafe doré, tous cinq dans le palais de Trianon: dans la chapelle de Versailles, il a peint à l'huile fur le mur au-deffus de la tribune du Roi, la defcente du Saint-Esprit fur les apôtres, compofée de deux grouppes d'anges cinq d'un côté & quatre de l'autre; la Vierge eft

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JEAN JOUVENET.

debont au milieu, avec dix-fept figures à droite JEAN & feize à gauche ; faint Louis, qui, après la baJOUVENET. taille de Mafloure en Afrique, fait panfer les bleffés & enterrer les morts, fe voit dans une des petites chapelles..

Dans l'ancienne paroiffe de Versailles, à la chapelle de faint Nicolas, ce faint à qui l'on préfente des livres, & fur le devant d'autel, deux petits tableaux, dont l'un fait voir le faint dans une tempête fur mer; & l'autre fa pompe funebre : aux Recollets. de Verfailles, on voit deux excellens tableaux, le centenier, & la réfurrection du fils de la veuve de Naïm.

L'hôtel royal des Gobelins à Paris, posléde les quatre grands morceaux de faint Martin - des champs, répétés avec beaucoup de changemens; ils ont fervi à une fort belle tenture de tapiffe

rie.

On a gravé, d'après ce maître, environ quarante morceaux, dont dix portraits : les graveurs font, Drevet, Defplaces, S. le Clerc, du Bosc, Loir, J. Audran, G. Duchange, Thomassin, Edelinck & C. N. Cochin.

FRANÇOIS DE TROY.

SI I nous cherchons le beau pinceau, nous le trou- FRANÇOIS verons dans les ouvrages de François de Troy, DE TROY. né à Toulouse en 1645. Son pere Nicolas de Troy, peintre de l'hôtel de ville de Toulouse, l'éleva dans fon art, ainsi que fon frere aîné, qui s'établit dans cette ville & y acquit de la réputation; c'eft de lui le tableau de l'immaculée conception placée dans l'Eglife des Carmes à Toulouse. François vint à Paris à l'âge de vingt-quatre ans ; il travailla fous Nicolas Loir, & en époufant dans la fuite la fille de Cotelle, peintre de l'académie, il devint, par fa femme, beau-frere de fon maître.

François de Troye, fuivant la premiere infpiration de fon génie, s'étoit appliqué aux sujets hiftoriques; il s'attacha enfuite à l'utile talent du portrait, en fe plaçant chez le fameux Claude le Févre, qui excelloit dans ce genre. Le petit nombre d'habiles gens qui peignoient le portrait à Paris, le détermina à fuivre ce talent après la mort de ce maître. Il peignit le portrait en petit d'un ton de couleur excellent, & d'un très-beau fini. En abandonnant ainfi les sujets d'histoire, malgré le penchant qui l'y portoit, il négligea entiérement les occafions d'aller en Italie; il fut reçu néanmoins, en 1674, à l'académie en qualité de peintre d'hiftoire; fon tableau de réception représenté Mercure qui coupe la tête d'Argus, morceau fort

eftimé, on le nomma dans la fuite Profeffeur s FRANÇOIS Adjoint à Recteur, & enfin Directeur. Il fit préfent DE TROY. du tableau de M. Manfard, qui eft tout de fa main, & que l'académie l'avoit prié de peindre.

L'expreffion, la correction, le choix des belles formes, beaucoup de nobleffe, un grand fini, la beauté, la force & l'harmonie du coloris, fe trouvent raffemblés dans les ouvrages de François de Troy. Ses tableaux fe foutiennent dans les cabinets auprès de ceux des plus grands maîtres des écoles de Lombardie & de Flandre. Il poffédoit la science des convenances, fans le fracas des draperies qui attirant trop les yeux, les détournent de l'objet principal. If excelloit furtout à peindre les femmes; auffi aimoient-elles à exercer fon pinceau, un intérêt perfonnel les y invitoit; elles fçavoient que de Troy avoit le talent de les rendre belles, quoiqu'elles ne le fuffent pas. En les peignant en divinités payennes, il leur donnoit des caractères poëtiques, & fon pinceau flatteur, fans altérer leurs traits, leur prêtoit de nouvelles graces. On pouvoit dire de lui ce que Defpréaux à dit d'Ho

mére:

On diroit que pour plaire, inftruit par la

nature >

Homére ait à Vénus dérobé la ceinture.
Art Poëtique.

Les qualités de l'honnête homme, & un cœur droit,étoient réunis en fa perfonne, à une belle phyfionomie & à un efprit infinuant; les femmes fe trouvoient amufées pendant le tems qu'il les peignoit une aimable converfation leur donnoit de

l'enjoument. On prétend qu'il réuffiffoit moins bien aux portraits des hommes, cependant il en a fait d'excellens.

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Louis XIV le chargea de faire des tableaux pour les tapifferies de fon hiftoire; il fit encore pour Madame de Montefpan, des patrons en petit, qui repréfentoient les différentes ocupations héroïques de ce Monarque dans fa jeunesse, & cette Dame les fit exécuter en tapifleries, & en grand fur de la moire. On envoya enfuite ce peintre en Baviere pour peindre Madame la Dauphine, dont il fit un très beau portrait, qu'il apporta en France, Lors de la naiffance du Duc de Bourgogne, fruit de ce grand mariage, de Troy fe fignala par un grand feu d'artifice qu'il fit élever devant la porte, & dont il peignit, fur des toiles tranfparentes, les figures fymboliques. Toute la famille Royale, les autres Princes & grands Seigneurs de la Cour exercerent fon pinceau; les étrangers même ne fortoient point de Paris fans lui aller demander leurs portraits.

FRANÇOIS

DE TROY

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On voit de ce maître à l'hôtel de ville de Paris & dans l'Eglife de fainte Geneviève, de grands fujets traités historiquement, qu'on peut regarder comme de vrais tableaux d'hiftoire. Celui de la famille, & de la cour de feu M. le Duc du Maine, elt tout à fait allégorique; c'eft le repas que Didon donne à Enée, pendant lequel ce héros fait le récit de fes avantures; toutes les têtes au nombre de plus de cinquante, font des portraits, maniées par un pinceau moëlleux, fort & fuave : la convenance qu'exigeoit le rang des perfonnes de la Cour, leur caractère, tout y étoit obfervé. Il réunifloit.en fa perfonne (fans avoir été en Italie) l'exactitude &

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