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on en juge par plufieurs autres tableaux d'autel que FRANÇOIS ce maître a fait de lui-même, & qui font bien inféPERRIER rieurs à ceux de la facriftie. Il s'étoit retiré chez ces Peres,ayant tué un homme,& il y mourut en 165 5.

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Les deffeins de François Perrier font touchés en habile homme: le trait eft à la plume avec un lavis d'encre de la Chine ou de biftre, relevés de blanc au pinceau; d'autres font au trait de pierre noire foutenu d'un petit lavis: fes études font au même crayon, ou à la fanguine, relevés de blanc de craie une grande facilité, le même goût de Voüet, des figures un peu roides, des têtes peu gracieufes doivent indiquer la main qui les a faites.

Les ouvrages de ce maître que l'on voit à Paris, font les quatre Evangéliftes dans le fanctuaire de. l'Eglife des religieufes de la Vifitation de Ste Marie, rue St Antoine, & une affomption de la Vierge dans la lanterne au-deffus du maître. autel; dans la chapelle des Incurables, une annonciation au maîtreautel; la galerie de l'hôtel de la Vrilliere (aujour d'hui de Toulouse) peinte à frefque, eft fon morceau le plus confidérable : il y a représenté en cinq grands morceaux entourés d'ornemens, Apollon dans le milieu, précédé de l'Aurore, avec de petits Zéphirs occupés à verser la rofée du matin ; la Nuit paroît dans un coin du tableau, & se reveille à mefure qu'elle fent l'approche du Soleil; les quatre élémens font figurés par des fujets tirés de la fable, tels que Jupiter qui va voir Semelé, l'enlevement de Proferpine, Neptune & Thetis, Junon qui prie Eole de déchaîner les vents,& de fubmerger la flotte Troyenne. A l'hôtel Lambert dans l'Ifle, on voit dans la frife du plafond du cabinet des Mufes, quatre petits sujets; le Parnaffe, le jugement de

Midas, Apollon & Daphné, & la chûte de Phaë

ton.

FRANÇOIS On trouve dans le falon du château de Rincy, au- PERRIER. jourd'hui Livry près de Paris, dans la partie la plus élevée du plafond, Médée fur fon char tiré par des dragons,tableau de forme longue; & au-dessous, dans feize panneaux de grifailles peintes à frefque, les principaux traits de fon hiftoire; au-deffous font encore deux tableaux longs, où font des tribunes pour les muficiens, avec des figures hiftoriées relatives à la mufique. En face de la cheminée,eft une figure qui représente la Paix tenant un flambeau dont elle brûle un faifceau d'armes. La piéce fuivante qui eft l'antichambre appellée la Bacchanale, fait voir l'histoire de Bacchus en quatre morceaux qui occupent tout le plafond: on y voit Silene avec des gens occupés à jetter le raifin dans la cuve; fon entrevue avec Ariane fait le deuxiéme tableau; le triomphe de ce Dieu, avec beaucoup de figures, eft le troifiéme, & le quatriéme eft fa noce, dans lequel on le voit affis avec Ariane. Ces morceaux font féparés par des pièces de bois feintes, entourées de pampres en forme de berceau.

Le plafond de la chambre à coucher du Roi, représente Vénus dans fon char, précédée des Graces & des Amours: morceau à pans qui occupe le milieu du plafond.

Perrier a peint dans la chapelle du château de Chilly près de Longumeau, l'hiftoire de S. Antoine Hermite. Le tableau d'autel qui eft le meilleur des dix qui ornent les murs, repréfente ce faint qui voit en fonge la Vierge & l'enfant Jefus, peints au haut du tableau. Le plus grand morceau eft la tentation de faint Antoine, mais il paroît retou

ché. Voüet a peint cinq morceaux dans les com

FRANÇOIS partimens du plafond; celui du milieu est l'apoPERRIER téole du faint; le refte eft orné d'enfans très-beaux, entourés des ftucs du fameux Sarazin.

On voit à Lyon, dans la facriftie des Chartreux trois tableaux de Perrier; une décollation de St. Jean-Baptifte, une fainte famille, & Notre-Seigneur dans le jardin des oliviers; dans la chapelle du chapitre, un Chrift en croix ayant à fes côtés la Vierge & faint Jean; dans le réfectoire, il a peint une grande cêne qui eft très-eftimée; le petit cloître de ces mêmes peres eft orné de quatre grands tableaux peints à frefque, qui repréfentent la vie de faint Bruno : mais ayant été gâtés par les écoliers, ils ont été retouchés par de moins habiles gens que Perrier : dans l'Eglife des peres Cordeliers, on voit au maître-autel une adoration des Mages.

Le Roi poffède dans fon château de Versailles un feul tableau de ce maître, c'est la fable d'Acis & Galathée.

Perrier a gravé quelques antiques, & cinq ou fix autres fujets de fon invention, dans une maniere nommée clair-obfcur, fur un fond de demiteinte rehauffée de blanc; mais il n'eft nullement l'inventeur de cette gravure, qui étoit pratiquée dès le tems du Parmefan. Il y a encore un livre d'antiques gravées de fa main à l'eau forte, compofé de cent planches; un autre de cinquante feuilles, qui font des bas-reliefs : l'histoire de Psyché du petit Farnéfe eft auffi de fa main en deux grandes pièces, & tous les angles; un crucifix, une décollation de faint Jean, deux fuites en Egypte. Rouffeler, Couvay, & autres, ont gravé d'après lui environ cinquante piéces.

NICOLAS

POUSSIN.

LA A Normandie a donné de tous tems de très- POUSSIN grands (a) hommes en différens genres: elle vit naître Nicolas Pouffin en 1594, dans la ville d'Andely, de parens nobles, originaires de Soiffons, mais appauvris par le fervice militaire. Les grands talens fortent rarement du fein de l'abondance: une situation auffi trifte détermina le Pouffin à embraffer une profeffion qui pût le mettre en état de fubfifter honnêtement. La peinture fut la Muse qui fe préfenta à son imagination, & Quintin (b) Varin fut fon premier maître. Ce jeune artiste fortit de la maifon paternelle à l'âge de dix-huit ans, & avec le fecours d'un jeune Gentilhomme de Poitou, il vint à Paris étudier, premierement fous Noël Jouvenet ayeul du fameux Jean Jouvenet fecondement fous Ferdinand Elle peintre Flamand enfuite chez un nommé Lalleman: l'incapacité de ces deux derniers maîtres, obligea le Pouffin à les quitter pour aller demeurer au Louvre chez un mathématicien du Roi, qui fçavoit deffiner & qui avoit un beau recueil d'estampes. La facilité de

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(a) Malherbe, les deux Corneilles, les deux freres Anguier, Jouvenet, Fontenelle, & autres.

(b) On voit de ce maître, au grand autel des Carmes déchauffés de Paris, une préfentation au Temple; & au grand autel de l'Eglife de faint Louis à Fontainebleau, le paralytique fur le bord de la Piscine.

copier celles de Raphaël, de Jules Romain & de POUSSIN. deffiner d'après la boffe, lui ouvrit la vraie route du beau. Il fit prefque mentir le bon mot de M. de Fontenelle, que chaque âge a fon hochet.

Le Pouffin, parcourant enfuite les provinces, fe rendit en Poitou avec le même Gentilhomme qui l'avoit fecouru dans fon voyage de Paris. Cet homme voulant enfuite le faire travailler à décorer fon château, fes parens en empêcherent l'exécution. Le Pouffin fe voyant inutile, & fans argent pour revenir, fe rendit à pied chez les Capucins de Blois, où il fit quelques tableaux, ainfi que des Bacchanales pour le château de Chiverny. Une maladie qui lui furvint en arrivant à Paris, l'obligea d'aller chez. fon pere refpirer Pair natal. Revenu enfuite à Paris, il ne fongea plus qu'au voyage d'Italie; Florence fut fon terme, pour des raisons secrettes qui l'obligerent de revenir promptement en France. Il s'arrêta à Lyon, où le voyage de Rome fut encore tenté inutilement, ayant été obligé de payer à un marchand un billet qui confommoit tout l'argent deftiné à ce voyage. Le voilà de nouveau à Paris, & admis dans l'ouvrage que les Jéfuites faifoient faire pour la canonifation des faints Ignace & Xavier. Six jours fuffirent pour fix tableaux à détrempe, qui firent connoître l'étendue de fon génie. Le cavalier Marini en fut frappé comme les autres; & étant tombé. malade, le Pouffin alloit deffiner près de fon lit, quelques traits du poëme d'Adonis, dont ce cavalier étoit l'auteur,

Les épargnes du Pouffin devoient fervir au voyage d'Italie, où le Marini, fans fa maladie, l'eût mené gratuitement; enfin, ayant peint um

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