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vres. Ce Monarque, pour couronner en lui tant

de talens, le nomma chevalier de l'Ordre de S. LOUIS Michel, & en 1724, deux ans après la mort d'An- DE BOUL toine Coypel, il l'honora du titre de fon premier LONGNE. peintre en le nommant pour remplir cette place

il lui accorda des lettres de nobleffe pour lui & fa poftérité. L'année précédente, l'académie de peinture l'élut Recteur, & enfuite Directeur, place qu'il a confervée jusqu'à sa mort.

Tous ces honneurs ne le rendirent point infidéle à la peinture; elle remplifloit agréablement fon loifir, & il peignit pour fes amis plufieurs tableaux de chevalet.

Son caractère doux, fes manieres gracieuses & polies, lui gagnerent l'eftime des grands & l'amitié de fes confreres: il n'étoit occupé que du foin de leur rendre fervice, l'occasion, felon lui, ne fecondoit pas affez souvent fes défirs.

Il étoit parvenu à l'âge de foixante-dix-neuf ans, lorfque fuffoqué par un catarre, il finit fes jours comme fon frere avoit fini les fiens; ce fut en l'année 1733: fon corps fut porté dans l'Eglife de faint Euftache fa paroiffe. Il a laiffé des biens confidérables à quatre enfans: l'aîné eft M. de Boullongne, d'abord Confeiller au parlement de Metz, enfuite Confeiller d'Etat ordinaire, Intendant des finances & des ordres du Roi, ci-devant Contrô leur Général des finances; le fecond fils eft mort Receveur général des finances de Tours; & deux filles, dont une eft mariée à un Receveur général des finances, & l'autre religieufe.

Gallo

Ses élèves font les fieurs Cornical che, Courtin & Delobel, tous trois de l'acadé mie de peinture: on pourroit y joindre ceux de

LOUIS

DE BOUL

fon frere, parce qu'ils leur ont été long-tems

communs.

Les deffeins de Louis de Boullongne font à la LONGNE pierre noire, relevée de blanc de craie fur du papier bleu ou gris, avec quelques hachures légères en différens fens, & peu croifées ; il y en a de plus arrêtés à la pierre noire, dont les ombres font eftompées, avec des traits reffentis dans les contours, relevés de blanc de craie: on en voit quelques-uns au trait de plume avec un petit lavis d'encre de la Chine. Ses cartons pour la chapelle des Invalides, offrent des figures deux fois grandes comme nature, & deffinées à la pierre noire relevée de blanc: le grand caractère des têtes, leur expreffion, l'élévation de la pensée, une touche auffi hardie que fpirituelle, y caractérisent le grand homme; il femble que dans l'exécution il ait emprunté la main du fameux Dominiquin.

Ses ouvrages à Paris font, dans la nef de l'Eglife de Notre-Dame, deux tableaux du Mai, qui repréfentent, l'un le Centenier, & l'autre la Samaritaine; dans le choeur, la purification & la fuite en Egypte dans celle des Invalides, une chapelle peinte à frefque, repréfentant la vie de faint Auguftin en fix tableaux ; le premier eft fa conversion, le deuxième, fon baptême; le troifiéme, fa prédication à Hyponne devant l'Evêque Valere fon prédécefleur; fon facre épifcopal, par Mégalius primat de Numidie, fait le quatriéme morceau; le cinquiéme eft la conférence de Carthage, où il confondit les Donatiftes; enfin, on voit dans le fixiéme le faint prêt à mourir qui guérit un malade: la coupole expofe le faint qui monte au ciel : il a peint dans la même Eglife des concerts d'anges

LOUIS

dans les embrafures des fenêtres du fanctuaire, à gauche en entrant par la campagne. Dans le chœur des Chartreux, l'Hémoroïfle; dans l'Eglife des DE BOUL religieufes de la Conception, rue faint Honoré, LONGNE une fainte Geneviève; le refectoire des Petits peres de la place des Victoires, offre quatre tableaux, une Vierge, un faint Jean, le baptême de faint Augustin, & fon ordination; on voit à l'hôtel de ville, fur une des cheminées de la grande falle, un tableau presque quarré, qui représente le Roi affis dans un fauteuil, qui accorde des lettres de nobleffe à la ville..

A l'Abbaye de faint Riquier, près Abbeville il a peint une belle annonciation, en concurrence de fon frere, de Jouvenet, de Hallé, & d'Antoine Coypel.

Le Roi a plufieurs ouvrages de ce maître : il a peint dans la chapelle de .Verfailles, celle de la Vierge qui eft au premier étage de la galerie tournante, le tableau d'autel eft l'annonciation; dans la coupole, l'affomption, trois Vertus dans les lunettes, & quatre anges dans les pendantifs, lefquels tiennent divers attributs décrits dans les litanies de la Vierge. Ces morceaux, quoique dans un petit efpace, font traités d'une grande maniere. Six petits plafonds de cette galerie, du côté de la grande cour, qui repréfentent des apôtres, font encore de fa main.

Eu

On voit, dans les appartemens de Versailles, Apollon & la fille de Glaucus, deux Mufes dans un tableau, Jupiter en taureau, carreffé par rope; l'enlèvement de cette princeffe, que le Roi a depuis donné à Madame la Duchefle d'Or

DE BOUL

LOUIS léans dans le grand falon de Marly, Cérès & fes enfans, Vénus & Adonis, Vénus & l'Hymen ; Apollon & Hyacinthe fe voyent dans le palais LONGNE. de Trianon; à la Ménagerie, deux ovales; Vénus qui fait forger des armes pour Enée; cette Déeffe qui donne ces mêmes armes à ce héros : dans le château de Meudon, deux ovales repréfentant Abigail devant David & la Reine de Saba; dans celui de Fontainebleau, il a peint dans la galerie des Réformés, Flore & Zéphite, Minerve & le bufte de Francois I, dans l'embrafure d'une croisée de cette galerie.

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On paffe fous filence plufieurs plafonds & autres morceaux qu'il a peints dans différentes maifons de Paris.

Plufieurs piéces ont été gravées d'après ce maître au nombre de vingt; Defplaces & Dupuis ont gravé les quatre élémens; Drevet le fils a fait la purification qui eft à Notre-Dame; les fept piéces de la chapelle de faint Auguftin, aux Invalides, font gravées par Cochin; l'annonciation de la chapelle de la Vierge, à Versailles, par Defplaces: Poilly & Baudet ont encore gravé quelques piéces.

LOUIS DORIG NY.

SI

I les excellens ouvrages de peinture éternifent Lo UIS leurs auteurs, Louis Dorigny a un droit acquis à DORIGNY. l'immortalité. Son pere Michel, Profeffeur de l'académie de Paris, avoit époufé la fille du fameux Voüet, & de ce mariage Louis naquit à Paris en 1654. Michel eft connu par fes ouvrages dans le château de Vincennes, à l'hôtel de Hollande à Paris, & dans d'autres maisons, ainfi que par fes gravures d'après Voüet, qui font faites avec beaucoup de goût.

Le jeune Dorigny fçut tirer un grand profit des inftructions de fon pere; il le perdit à l'âge de dix ans, & crut ne pouvoir mieux réparer cette perte qu'en entrant dans l'école de le Brun. Son génie, nourri dans l'allégorie, dans la compofition des fujets de la fable, & dans l'ordonnance des plus grands traits de l'hiftoire, le fit paroître des mieux inftruits à l'âge de dix-fept ans. Il travailla alors pour les prix de l'académie ; &, piqué de n'avoir que le fecond, croyant avoir mérité le premier, il refusa la médaille d'or, se retira de l'académie, & ne fut point nommé pour aller à Rome. Ce contre-tems ne fit qu'augmenter l'envie qu'il avoit de voir l'Italie; il partit avec le fieur de Launay, orfévre, qui depuis a été Directeur du Balancier des médailles. Ces deux amis, qui vécurent enfemble plufieurs années, n'eurent d'autre occupation que de deffiner ce qui pouvoir contribuer à

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