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FRANÇOI S.

JEAN

COUSIN.

LORSQUE Maître Roux & le Primatice

JEAN

furent mandés en France par François I, il y avoit C ou s 1 N. déja de bons peintres dans ce Royaume on y connoiffoit Charles & Thomas Dorigny, Charmoy, Louis François, Dubreuil, Bunel, Jannet, Corneille de Lion, du Moutier, & autres. La plûpart de ces artistes étoient bornés au portrait ; ainfi l'on peut regarder Jean Coufin, comme le premier peintre François qui fe foit diftingué dans T'hiftoire. Natif de Soucy près de Sens, il vivoit en 1589. Sa premiere occupation fut de peindre fur verre. Il alla à Sens, s'y maria avec la fille du Lieutenant Général, & vint enfuite s'établir à Paris. Une partie de l'année fe paffoit dans cette capitale, & l'autre à Sens.

Jean Coufin deffinoit bien, il mettoit beaucoup d'expreffion dans fes têtes, beaucoup de nobleffe dans fes penfees, & le tour de fes figures tiennent du Parmefan; la perspective, l'architecture, l'anatomie, faifoient partie de fes talens: il fut plus occupé

JEAN

à peindre des vitrages que des tableaux. Son plus fameux ouvrage eft le jugement univerfel, placé COUSIN. chez les Minimes de Vincennes ; l'ordonnance en eft belle, la pensée élevée, & l'on y trouve des têtés d'un caractère & d'une expreffion admirables, principalement celles des anges difpofés entre les figures. Son habileté & fa correction paroiflent dans le nombre des figures nues que ce fujet demande, & fon portrait fe voit dans un des coins du tableau. Il étoit placé dans l'Eglife de ces religieux, qui eft affez déferte quelqu'un profitant de cette fituation, le coupa tout autour de la bordure, & l'alloit enlever, lorfqu'un religieux qui survint empêcha le vol on fit recoudre & raccommoder fe tableau, & on le tranfporta, pour plus grande sûreté, dans la facriftie.

La réputation de Jean Coufin fut brillante fous les régnes de Henri II, François II, Charles IX, & Henri III, dont il fut fort confidéré. La fculpture l'occupoit quelquefois, & le tombeau de l'Amiral Chabot, qu'on voit aux Célestins, dans la chapelle d'Orléans, eft de fa main.

Jean Coufin a donné beaucoup de deffeins, d'après lefquels on a peint les vitres de plufieurs Eglifes de Paris, & des provinces de France; fon habileté, prouvée par tant d'ouvrages, le fait connoître pour un de nos grands peintres. A ces heureux talens pour fa profeffion, il a joint l'art d'écrire fur plufieurs matieres, qui ne l'ont pas moins illuftré; la géométrie, la perspective, & un petit livre des proportions du corps humain, orné de planches en bois, font entre les mains de tout le monde; la quantité d'impreffions qu'on en a faites en prouvent fuffifamment l'utilité.

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On croit que ce peintre étoit de la religion. prétendue réformée, fur ce qu'il a repréfenté le Pape en enfer, dans un vitrage de l'Eglife de St Romain de Sens, où il a peint le jugement univerfel. La régularité de fes mœurs & une probité. reconnue, lui gagnerent l'eftime de tous ceux qui le connoiffoient. Il mourut fort âgé, & l'on ignore précisément l'année de fa naiffance, & celle de fa mort. Il ne paroît pas qu'il ait fait aucun E élève.

Ses deffeins, qui font fort recherchés, font arrêtés à la plume, & lavés au biftre, ou au bleu d'Inde, avec quelques hachures à la plume très peu croifées. Malgré la correction de fon deffein, l'expreffion de fes têtes, & l'imitation du Parmesan & des anciens maîtres, Jean Coufin a contracté une maniere des plus féches, avec un certain goût gothique qui le fera toujours diftinguer parmi les autres maîtres de fon tems.

Le jugement univerfel fe conferve dans la facriftie des Minimes de Vincennes, & les vitres. de la chapelle du château font peintes de fa main.

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On voit à Sens le tableau d'une femme nue & couchée dans une grotte, appuyée sur une tête de mort; dans l'Eglife de faint Romain, le jugement universel eft fur les vitres ; & aux Cordeliers, Jefus Chrift en croix, le ferpent d'airain, & un miracle arrivé par l'interceffion de la Vierge.

Le portrait du Chanoine Jean Bouvier, & celui de Marie Coufin fa fille, font de fa main.

Sur les vitres du chœur de faint Gervais à Paris, on voit le martyre de faint Laurent, la Samaritaine, & le paralytique.

JEAN

COUSIN.

On ne connoît de gravé d'après ce maître, que

le jugement univerfel, en plufieurs feuilles, par Pierre de Jode, Flamand; & le ferpent d'airain, gravé par maître Etienne de Laulne. Son livre des proportions eft rempli de figures en bois d'après fes defleins.

FREMINE T

FREMINET. MARTIN Freminet, né à Paris en 1567, eut pour pere un peintre affez médiocré, qui l'éleva dans fon art. Des compofitions ingénieuses, des idées garanties par les fuccès, firent connoître qu'il étoit né peintre, & fupléerent à la foiblesse du maître. Après avoir fait plufieurs tableaux, entr'autres, un faint Sébastien pour l'Eglife de faint Joffe à Paris, il partit, à l'âge de vingtcinq ans, pour l'Italie. Les peintres y étoient dans une grande divifion; les uns prenoient le parti de Michel-Ange de Caravage; les autres celui du cavalier Jofepin. Il lia une étroite amitié avec ce dernier, fans imiter fa maniere: celle du Caravage lui plut davantage. Le caractère fier de Michel Ange Buonarota, & fa maniere de deffiner faifoient fes plus cheres délices d'autres perfonnes croyent, avec autant de raison, qu'il a cherché le goût du Parmefan dans le contour de fes figures, & dans le caractère de fes têtes,

...

Freminet demeura quinze ou feize ans tant à Rome qu'à Venife, & dans les autres villes d'Italie, De grandes études y fortifierent son goût &

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