de jour en jour plus brillante on peut dire que No E L- Signale tes douleurs, Mufe de la peinture, Son mérite n'a pu le fauver du tombeau. perte affez Quelques élèves qui commençoient à fe former fous la conduite de ce maître, ne le font diftingués pour être ici nommés. pas Coypel s'eft fervi dans fes études, de papier gris & de pierre noire, relevée de blanc de craie avec des hachures de droite à gauche, prefque eftompées & foutenues d'un petit lavis d'encre de la Chine; on en voit d'autres qui font lavées au biftre, d'autres à l'encre de la Chine avec un trait de plume, quelquefois le papier étoit épargné pour les jours, d'autres fois il employoit le blanc au pinceau la fanguine lui a fervi à faire des études de femmes & d'enfans aux trois crayons, qui font très-correctes & d'une fineffe admirable; il s'eft fervi quelquefois de paftel: on voit de cette derniere maniere, des têtes & des demi-figures dignes des grands maîtres; la légèreté de la main, une touche très-fpirituelle, des contours prononcés & corrects, des têtes gracieuses, jointes à une fage compofition, diftingueront toujours ce pein tre. On voit de lui dans le chœur de Saint Jeanen-Grêve, un petit tableau, qui montre la danse NICOLAS COYPEL d'Hérodiade; dans le château de Paffy, trois NOEL- deffus de porte Vénus & l'Amour, Amphytrite; NICOLAS le troifiéme eft un trait de l'hiftoire de Pfyché, COYPEL. avec un Fleuve & une Nayade fur le devant. Le Roi a dans fon château de Verfailles, une gloire d'anges, une nativité dans l'oratoire de la Reine, & Arion fur un dauphin dans l'hôtel du Grand-Maître. Coypel a gravé de fa main à l'eau forte quatre morceaux, qui font fainte Thérèse en ovale avec plufieurs anges, le triomphe d'Amphytrite, une femme dormant fous un pavillon, qu'un Satyre découvre, avec l'Amour qui eft à côté d'elle; une autre femme demi - figure qui careffe un pigeon. Il y a treize morceaux gravés d'après lui, l'alliance de Bacchus & de Vénus, une Charité Romaine & le bain de Diane par J. P. le Bas; quatre fujets d'enfans, qui font les faifons, pour des deffus de portes, & une guirlande de fleurs avec des enfans,gravés par Tronchon; quatre fujets d'enfans pour la chaffe, autres deflus de portes, & un ovale où font deux Déelles qui allument le flambeau de l'Amour, tous cinq gravés par Beaumont, PIERRE SUBLEYRAS. SUBLETRAS SI les premieres années de la vie des grands PIERRE hommes annoncent ce qu'ils feront un jour, aucune enfance n'a pû faire efpérer de plus heureux fuccès dans les arts, que celle de Pierre Subleyras: fon pere Matthieu Subleyras, peintre affez médiocre, le vit naître en 1699, dans la ville d'U fez. L'ardeur avec laquelle fon fils fe portoit à l'étude du dessein, dicta fa profeffion à ce pere, qui lui en donna les premieres leçons; il fit des compofitions de tous les fujets de l'hiftoire facrée & profane, qui ne fentoient point l'élève, mais l'habile profeffeur. Comme fon pere ne fe crut pas la capacité néceffaire pour correfpondre aux heureufes difpofitions de fon fils, il l'envoya à Toulouse à l'âge de quinze ans, & le mit fous la direction d'Antoine Rivalz, dont la réputation faifoit grand bruit dans la Province. Subleyras étoit de ces génies rares, en faveur de qui la nature s'écarte de l'uniformité qu'elle, obferve envers les autres ; fes progrès furent fi rapides, que fon maître en fut étonné. On l'envoya à Paris à l'âge de vingt-cinq ans en 17243 & il montra plufieurs deffeins de plafonds de fon invention, qu'il avoit exécutés à Toulouse. Ces premiers morceaux le déclarerent un génie créa & furent fort eftimés: il concourut deux ans après pour les prix de l'Académie, & remporta TOME IV. teur, Ff PIERRE le premier fur un fujet du Serpent d'airain que SUBLEYRAS. Pon voit encore dans la falle du Modèle. On le nomma en conféquence en 1728 pour aller à Rome, & il y refta fept ans & demi à perfectionner par de nouvelles études, les heureux talens qu'il tenoit de la nature. L'air de cette ville qui convenoit à fon tempérament délicat, une vie tranquille très-propre à l'état d'un artiste qui aime fon métier, le peu de dépenfe qu'on eft obligé d'y faire; tout le détermina à s'y établir, & à s'y marier en 1739, à la Signora Maria Felice Ti baldi, fameufe pour la miniature, & fœur de celle qu'avoit épousée Charles Trémolliere. On le reçut peu de tems après à l'Académie de faint Luc, & il donna pour fon tableau de réception, l'étude qu'il avoit faite du repas de Notre-Seigneur chez Simon le Pharifien pour les Chanoines d'Afti en Piémont ce morceau quoiqu'efquiffe, eft auffi beau que l'original; on le reçut auffi parmi les Arcadiens de Rome fous le nom de Protogene: fon épouse qui n'étoit pas moins diftinguée dans fon talent, fut auffi incorporée dans ces deux Académies deux ans après fon mari; les Arcadiens la nommerent Afterie. Plufieurs villes s'emprefferent de demander à Subleyras de fes ouvrages; le Pape, les Cardinaux, les Princes Romains fuivirent cet exemple: Sa Sainteté l'aimoit particulierement, & lui donnoit fouvent des marques de fon eftime; elle lui commanda deux tableaux, l'un l'extafe de S. Camille, l'autre le mariage de fainte Catherine de Ricci avec l'enfant Jefus. Après que la cérémonie fut faite pour la canonisation de ces faints, ces tableaux furent placés dans l'appartement du Pape, & mériterent l'approbation de fa Cour. preuves SUBLeyras. Le Cardinal Valenti Gonzague, fécretaire d'E- PIERRE tat, & grand connoiffeur, lui donna des les plus fenfibles de fa protection, en lui procurant un grand tableau pour l'Eglife de faint Pierre. Le Cardinal venoit fouvent voir travailler Subleyras, & le preffoit de finir fon morceau, afin qu'il pût être terminé en (a) mofaique pour l'année fainte 1750. On expofa le tableau durant trois femaines dans faint Pierre lors de la derniere béatification; il fut très-approuvé, & enfuite transporté dans l'attelier où fe travaille la mofaïque. C'est peut-être la premiere fois qu'on a exécuté de cette maniere, le tableau d'un moderne de fon vivant; on ne fait d'ordinaire cet honneur qu'à d'anciens tableaux accrédités, & dont les auteurs ont acquis une réputation à l'épreuve du tems. Subleyras peignit encore un grand nombre de petits tableaux pour des particuliers & des portraits, entr'autres, ceux du feu Pape Benoît XIV, du Cardinal Valenti Gonzague, du Prince Electoral de Pologne, & de plufieurs Cardinaux, Princes & Princeffes Romaines. Sa fanté fouvent dérangée, ne lui permettoit pas de travailler de fuite, malgré l'amour qu'il avoit pour fon art les médecins lui confeilletent de changer d'air, & il fit un voyage â Naples pour le rétablir: peu à peu fes forces refe vinrent, & il peignit le portrait de M. de la Vieuville, Viceroi de Sicile, qu'il représenta à cheval, Après fept mois de féjour à Naples, Su (a) La grande humidité de l'Eglife de faint Pierre, oblige de copier les tableaux en mofaïque, ouvrage auffi admirable qu'éternel |