SCENE V. D. ALVAR, ELISE. ELISE. Vois-je pas Dom Alvar? D. ALVAR. Le prince me renvoye Vous prier que pour lui votre crédit s'employe. SCENE VI. D. GARCIE, D. ALVAR, ELISE. D. GARCIE. H! fois un peu fenfible à ma disgrace extrême, A ma di Elife, & prend pitié d'un cœur infortuné, Qu'aux plus vives douleurs tu vois abandonné. ELISE. C'eft avec d'autres yeux que ne fait la princeffe, Un amant fuit fans doute une utile méthode, Je le fçais; mais hélas! les destins inhumains Et malgré tous mes foins viennent toujours me tendre ELISE. Laiffez un peu de tems à fon reffentiment, D. GARCIE. Ah! fi tu me chéris, obtiens que je la voye; Je ne pars point d'ici, qu'au moins fon fier dédain........ ELISE. De grace, différez l'effet de ce deffein. D. GARCIE. Non, ne m'oppose point une excufe frivole. Il faut que ce soit elle, avec une parole, Demeurez donc, Seigneur, je m'en vais lui parler. Di-lui que j'ai d'abord banni de ma présence SCENE VII. D. GARCIE, D. ALVAR. D. GARCIE regardant par la porte qu'Elife a laiffée entr'ouverte. Qu Ue voi-je! ô juftes Cieux! Faut-il que je m'affûre au rapport de mes yeux? Ah! fans doute ils me font des témoins trop fidéles. Voilà le comble affreux de mes peines mortelles; Voici Voici le coup fatal qui devoit m'accabler. Et quand par des foupçons je me fentois troubler, Qu'avez-vous vû, Seigneur, qui vous puiffe émouvoir? J'ai vû ce que mon ame a peine à concevoir, Ne m'étonneroit pas comme cette avanture; D. ALVAR. Seigneur, que votre esprit tâche à se rappeller. D. GARCIE. J'ai vû... Vengeance, ô Ciel! D. ALVAR. Quelle atteinte foudaine... D. GARCIE. J'en mourrai, Dom Alyar, la chose est bien certaine. D. ALVAR. Mais, Seigneur, qui pourroit... D. GARCIE. Ah! tout eft ruiné, Je fuis, je fuis trahi, je fuis affaffiné; Un homme, fans mourir te le puis-je bien dire? Tome II I D. ALVAR. Ah! Seigneur, la princeffe eft vertueuse au point... 'Ah! fur ce que j'ai vû ne me conteste point, Seigneur, nos paffions nous font prendre fouvent Et de croire qu'une ame à la vertu nourrie Se puiffe... D. GARCIE. Dom Alvar, laiffez-moi je vous prie; Un confeiller me choque en cette occasion, Et je ne prends avis que de ma passion. D. ALVAR à part. Il ne faut rien répondre à cet efprit farouche. Ah! D. GARCIE. que fenfiblement cette atteinte me touche! Mais il faut voir qui c'eft, & de ma main punir..... La voici; ma fureur, te peux-tu retenir? |