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quoique celui-ci l'eût publié anonyme, et sous les noms de Macario Padua Melato. En vain le nonce apostolique d'Espagne, Mgr Giustiniani, maintenant cardinal, le fit sommer par l'évêque de Barcelone de rétracter. ses erreurs. M. Amat se refusa à toute soumission, et mourut dans cés sentimens en 1814. Une si triste fin n'a pas empêché M. Félix Torres d'écrire et de mettre au jour la vie de son oncle, et de luiprodiguer les plus grands éloges; il lui donne même les épithètes de pius et sapiens au pied de son portrait tandis que tout le monde sait qu'il n'étoit ni l'un ni l'autre. Rien ne prouve mieux qu'il partageoit en tout ses principes mais les faits suivans ne permettront plus d'en douter. 6

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> En 1820, lorsqué les révolutionnaires firent publier la constitution à Barcelone, M. Félix Torres y Amat fut nommé par eux membro de la junte qui devoit remplacer le gouvernement du roi. Deux ans plus tard, il accepta le siége de Barcelone, qui n'étoit pas alots vacant, et dans son rapport officiel au chapitre de Barcelone pour lui annoncer cette nomi nation, le ministre Cano Manuel disoit, qu'il falloit pour l'épiscopal des sujets dévoués au présent ordre de choses; c'est-à-dire à la constitution et à toutes ses suites. On trouve ces détails dans l'ouvrage espagnol : Coleccion ecclesiastica espanola. etc. Le même Torres n'a pas craint de prendre sur le frontispice du premier volume de la Bible traduite qu'il publia à cette époque, le titre d'évêque élu de Barcelone. Il est vrai qu'il fut nommé plus tard par Ferdinand au siége d'Astorga; mais alors le roi accablé par ses infirmités ne faisoit rien par lui même, et Christine tenoit les rênes du gouvernement. Aussi le pape, avant d'expédier les bulles, lui fit demander: Pourquoi il avoit fait une traduction de la Bible sans permission; 2° pourquoi il avoit traité avec la société biblique pro. testante, condamnée par Léon XII, el s'étoit engagé cà lui envoyer des exem plaires de sa traduction, car nous devons

remarquer que le traducteur avoit mis ses notes dans un volume séparé, qui pouvoit être ainsi retranché sans préjudice de l'ouvrage; 3° pourquoi il soutenoit les erreurs de son oncle. Nous ignorons comment il répondit à ces quest tions. Il y a lieu de croire qu'il fit quelque satisfaction. Les bu les furent expédiées plus tard, et M. Torres reçut avec elles les titres de prélat domestique et d'assistant au siége pontifical.

Quoi qu'il en soit de sa réponse et de sa sincérité dans cette circonstance difficile, le prélat s'est prononcé très-ouver tement pour la cause révolutionnaire. Don Carlos étant entré en Navarre pour soutenir ses droits, l'évêque publia un mandement dans lequel il traite les car, listes de révolutionnaires, et exhorte ses diocésains à ne pas suivre ce parti. Il a été nommé par Christine d'abord procer, et ensuite sénateur; il a été mis à la tête de la commission chargée de faire la réforme du clergé. Nous savons aussi qu'il dénonça au tribunal une personne ecclé siastique attachée à son service, qui s'étoit prononcée en faveur de don Carlos. - Venons maintenant à l'histoire de sa prétendue traduction. Tout ce que l'on dit de son application au travail peut être vrai; mais on ne conçoit guère comment il a pu apprendre tant de langues dans sa jeunesse, ou ne les ensei gnoit pas à Tarragone, ni comment il auroit pu les apprendre de lui-même, puisqu'il connoît si peu celle de son pays. La lettre pastorale de mai de cette année annonce un assez mauvais écrivain sous tous les rapports. Voici en effet dans quels termes il écrivoit à un de ses amis pour lui annoncer sa promotion à l'épis copat : Ma nomination a été uniquement l'œuvre de Sa Majesté. Le roi veut pour évéques des savans et des saints. Il est bien convaincu que l'ignorance des évêques est là cause des troubles qu'a éprouvés le royaume. Il faut convenir que cela n'est pas mo. deste.

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fail tant de bruit? Le voici. Le Père jé, suite Perisco ayant présenté à Charles IV une nouvelle traduction de la Bible, le roi chargea, une commission de théologiens d'examiner si cette traduction étoit préférable à celle du Père Scio, M. Amal qui en fut nommé président, ne pensa pas à confier ce travail, à son neveu M. Torres; il ne jugea pas même à propos de l'admettre dans la commission, seulement il retint la traduction du Pere Perisco, et le manuscrit étant tombé en tre les mains de son neveu, celui-ci ne fit pas difficulté de se l'approprier. Ainsi il osa même publier cet ouvrage sous son nom pendant les troubles des années 1821 et 1822. Il fit plus encore, il y ajouta, toujours sous son nom, les notes de Martini, car il est impossible d'expliquer comment les notes de Torres sont en tout parfaitement conformes à celles de Martini, si celles-ci n'ont pas été copiées.

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Les prélats Arce et Gastrillo dont les poms figurent dans l'éloge de M. Torres sont connus en Espagne, le premier comme complice des crimes de Godoi, et le second comme un des plus décidés jan. sénistes des cortès en 1820 ou 1821. Il n'en est pas de même de plusieurs autres noms indiqués dans son éloge. M. Armagna et les cardinaux Setmanat, Inguanzo el Cienfuegos sont irréprochables. Nous ne pouvons rien dire des au tres, parce que nous ignorons leur opi nion. Mais il nous est impossible d'ajouter foi à tout ce qu'on dit de ceux-ci, et de tant d'archevêques et évêques qui auroient recommandé la Bible de M. d'Astorga aux curés. Encore c'est une question parmi les savans, quelle est la plus exacte traduction, ou celle du Père Scio, ou celle qu'a publiée en son nom l'évêque d'Astorga. Toutes ces observations paroissent suffire pour qu'on ne se trompe plus sur le compte de ce personnage tant vanté, et par lui-même et par ses amis, et sur le véritable auteur de la Bible qu'il a publiée.

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NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Plusieurs journaux ont rapporté que le voyage inattendu de M. le duc de Bordeaux à Rome avoit occasionné de graves mésintelligences entre le Saint-Siége et le gouvernement du roi, M. le comte de Latour-Maubourg, ambassadeur de France, auroit tenu à ce sujet au car dinal secrétaire d'état un langage assez peu mesuré, pour que le gouvernement pontifical en eût fait témoigner son étonnement par l'internonce du Saint-Siége à Paris, et les choses en seroient venues au point de faire Rome. Nous somines autorisés à décraindre une rupture avec la cour de clarer qu'il n'y a rien de vrai dans ces bruits, empreints d'ignorance et mauvaise foi.

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L'incident auquel l'esprit de parti a donné une importance exagérée n'étoit pas, d'après les communica tions qui ont été échangées entre les deux cabinets, de nature à altérer les communications amicales entretenues de tout temps par le SaintSiége avec le gouvernement du roi, et fondées sur l'intérêt bien entendu de la religion. La cour de Rome n'a pas cessé un seul instant de prouver qu'elle attachoit le plus grand prix à leur conserver ce caractère. Nous croyons, du reste, que le séjour du duc de Bordeaux à Rome ne sera pas de longue durée. Son départ pour Naples paroissoit prochain à la date, des dernières nouvelles.

(Moniteur.)

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clergé d'Arras a été chargée de por Une députation du chapitre et du ter à Paris une supplique au roi pour obtenir que M. le cardinal de La Tour d'Auvergne ne fût point enlevé au diocèse d'Arras. La députation est arrivée à Paris.

En nommant, peu de jours après la mort de M. l'Archevêque, deax

I

ecclésiastiques qui lui avoient donné les plus tendres soins dans sa maladie, nous n'avions pas certainement voulu faire entendre qu'ils fussent les seuls qui eussent montré du dévoûment pour le respectable prélat. Nous savions que d'autres ecclésiastiques attachés à M. l'Archevêque avoient rivalisé de zèle avec MM. Surat et Jammes. Les secrétaires de l'Arche vêché, MM. Molinier et Eglée, ne quittoient le malade que lorsque leurs fonctions l'exigeoient; ils le visitoient assidûment à Conflans dans le séjour qu'il y a fait, et depuis son retour à Paris, ils lui ont donné des marques du plus honorable attachement, et l'ont veillé dans ses derniers momeos, comine on a pu le voir par la relation des derniers momens de M. l'Archevêque, insérée dans le précédent numéro. Nous ne satirions omettre non plus MM. Tresvaux et Quentin, tous deux grands-vicaires du prélat, tous deux admis depuis long-temps dans son intimité, honorés de sa confiance, et qui aux anciens services qu'ils lui avoient rendus, ont ajouté pendant sa maladie des preuves d'un touchant intérêt. M. l'abbé Dupanloup s'est montré jusqu'à la fin son ami dévoué; c'est lui, dit-on, qui est chargé par la famille de faire l'oraison funèbre de l'illustre Archevêque, et ce soin lui appartenoit, moins encore peut-être à raison de son talent que par son cœur, par sa liaison étroite avec le prélat, et par la parfaite connoissance qu'il a de ses sentimens les plus secrets. Celui que nous pleurons a encore trouvé dans son clergé et dans d'honorables personnages des témoignages d'une juste vénération et d'un profond attachement. Nous ne nommerons ici que M. l'abbé de Brézé et M. le comte de Brissae v

M. l'Archevêque a donné jusqu'à la fin des preuves de son bon cœur et de son affection pour ceux qui l'entouroient. La veille de sa mort, il té

moignoit à l'un de ses plus chers confidens le regret de n'avoir rien fait pour M. l'abbé Eglée, attaché dépnis plusieurs années au secrétariat de l'Archevêché, et qui lui mon. troit tant de dévoûment dans sa maladie. Il auroit voulu, disoit-il, avoir un canonicat à lui offrir. Alors on lui annonça ce qu'on avoit cru devoir lui cacher jusque là, de peur de l'affecter, la mort de M. l'abbé Caillon, chanoine titulaire, décédé dans sa 80 année. Le prélat, en donnant des regrets à la mort de cet estimable ecclésiastique, voulut sur-le-champ lui donner un successeur. Il fit dres ser l'acte de la nomination de M. l'abbé Eglée au canonicat, et voulut qu'on le transmit immédiatement au ministre, en lui lui faisant connoître que c'étoit la dernière volonté d'un mourant. C'est le lundi, veille de sa mort, que M. l'Archevêque fit cette nomination avec une entière liberté d'esprit. On a vu même, par la relation insérée dans notre muméro précédent, qu'il avoit à cœur de terminer cette affaire; c'étoient-là les papiers qu'il demandoit qu'on lui apportât à si gner. Ce n'est que lorsque la chose fut faite, que le mourant l'annonça à M. Eglée de la manière la plus bienveillante, en lui disant que c'étoit une fondation de prières qu'il faisoit, et en l'engageant à continuer ses soins aux orphelines du choléra, dirigées par les dames de Saint-Thomas, près la rue des Postes; car sa sollicitude dans ses derniers momens s'est étendue sur tous ses amis et sur toutes ses œuvres, comme il n'a omis de remercier aucun de ceux qui lui ont rendu quelques services.

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reuses

circonstances. Ce sera en effet une gloire éternelle pour ces pieuses maisons d'avoir bravé le danger d'accueillir leur Archevêque en butte à l'émeute qui avoit pillé trois fois sa demeure, et qui grondoit encore autour de lui. Elles n'ont point écouté les conseils d'une prudence timide, et se sont disputé l'honneur d'une périlleuse hospitalité. Cela seul montre tout ce que la piété peut inspirer de dévoûment et de courage à de ferventes religieuses. Le clergé et les fidèles de Paris, n'oublieront jamais sans doute ce service rendu à leur premier pasteur dans les momens les plus critiques.

La lettre suivante a été insérée dans le Journal des Debats:

Paris, le 7 janvier 1840. Monsieur, je me crois obligé de répondre aux assertions inexactes de plusieurs journaux qui ont cru devoir entretenir le public des frais des obsèques de M. l'Archevêque de Paris,

Le roi a voulu y contribuer pour une somme de 12,000 fr. prise sur ses fonds particuliers; mais M. le vicomte de Quelen m'ayant déclaré que sa famille youloit supporter seule la dépense des funérailles, le chapitre de Paris a cru répondre aux intentions de S. M. en décidant qu'une partie du don royal seroit consacrée aux dépenses que la métropole ne pouvoit se dispenser de faire à l'occasion de cette triste cérémonie, et que la plus grande partie seroit distribuée en au

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M. le coadjuteur nommé de Stras bourg nous a en outre assuré que M, le garde des sceaux ne pouvoit rien prendre sur les fonds de son ministère. Il avoit essayé de recourir à d'autres allocations ayant une desti-, nation moins précise, mais il a encore été arrêté par les dispositions rigoureuses de la loi. C'est alors que pour donner à la mémoire de M. l'Achevêque un témoignage de son zèle, il a accordé sur-le champ à la cathédrale, et sans remplir les formalités d'usage, un ornement noir de 11,000 fr. qui servira aux obsèques du prélat.

Un journal assure qu'il n'a été fait aucune proposition au conseil municipal de Paris relativement aux dépenses des obsèques de M. l'Ar chevêque, et que le conseil n'a pris aucune délibération à cet égard.

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dans l'église de Saint-Pierre à Mou- l'administration municipale de Mâålins. Ils ont forcé le tabernacle, enlevé con et les fabriques des églises padeux ciboires et un autre vase en ar-roissiales de Saint-Pierre et de Saintgent avec la grande hostie qu'il con- Vincent de la même ville, au sujet tenoit. Il ont ensuite forcé la porte d'une subvention réclamée par elles de la sacristie où ils ont pris deux pour suppléer à l'insuffisance de leurs croix, un plateau et des burettes en revenus ordinaires. Ces fabriques argent et quelques autres objets de avoient produit à l'appui de leurs moindre valeur. Mais la perte mademandes les comptes de 1836 et les térielle, quoique considérable, dis- budgets réglés pour 1838; mais sur paroît devant la profanation de nos leur refus de mettre sous les yeux dư saints mystères. conseil municipal les pièces justificatives de ces comptes, le conseil par une délibération du 26 septembre 1838, repoussa les demandes de sub

Aussitôt que cet événement a été connu, un cri d'indignation et de douleur a retenti dans toute la ville. Les habitans de Moulins ont mani-vention, et déclara qu'il ne pourroit festé dans cette triste circonstance des sentimens profonds de religion.

en être accordé qu'autant que la nécessité en seroit justifiée par la production des pièces à l'appui des comptes. Il se fondoit sur l'art. 74 du décret da 30 décembre 1809.

M. l'évêque de Moulins a voulu que le jour même ou fit une cérémonie expiatoire à laquelle il a présidé. Dans la soirée, le chapitre de la M. l'évêque d'Autun, consulté cathédrale, le clergé des trois parois- conformément au meine décret; ses, les élèves du grand séminaire, pensa que la prétention du conseil l'hôpital-général sont allés prendre municipal étoit contraire au texté le prélat à l'évêché d'où l'on s'est comme à l'esprit de ce décret et de rendu processionnellement à l'église la loi du 18 juillet 1837. Le minisde Saint-Pierre. Quoiqu'on n'eût pas tre des cultes fut du même avis en eu le temps d'annoncer cette céré tout point que M. l'évêque. Le mimonie, il s'y est trouvé un immense nistre de l'intérieur fut d'un senticoncours de personnes de toutes les ment contraire. Chacun d'eux donna classes. On eût dit que la ville en- 'des raisons à l'appui de son opinion. tière s'étoit levée spontanément pour Enfin il en fut référé au conseil d'éprotester contre ce sacrilege attentat.tat, qui adopta le 20 novembre derAprès les prières usitées dans les ca- nier, un avis portant que les conseils lamités publiques, un de MM. les municipaux ont le droit de deman vicaires à lu au milieu du plus pro- der, à l'appui des comptes des fabrifond recueillement une amende ho-ques, la production de celles des piè norable. L'attendrissement étoit gé- ces justificatives qu'ils jugeront nénéral. C'étoit un spectacle touchant cessaires pour éclairer leur opinion de voir ce peuple prosterné devant sur l'insuffisance des revenus. cet autel profané, et s'efforçant de réparer par ses adorations et par ses larmes l'outrage fait au Sauveur des hommes. M. l'évêque a donné la bénédiction; puis on est revenu dans le même ordre au palais épiscopal où de nombreux fidèles ont accompagné leur premier pasteur.

It est dit dans les considérans de cet avis :

Que l'art. 21 que la loi du 18 juillet 1837 appelle le conseil municipal à dɔn. ner son avis sur les comptes et budgets des fabriques, quand elles reçoivent des secours sur les fonds communaux, el que Part. 30 déclare les subventions de la comUne difficulté s'étoit élevée entre mune obligatoires quand l'insuffisance du

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