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dre pour moi le brave Toxaris. Que » cette victime de vos ufages fuffife aux Dieux infernaux. Je confens à faire choix d'un époux. Sufpendez l'effufion » du fang. A ces mots, deux Héraults s'avancèrent & mirent entre > nous le caducée, fymbole de la trève. Les Juges cependant confultèrent, fur la demande de Philaxène, le livre des coutumes Samothraciennes, & trouvèrent qu'en pareil cas, on ne pouvoit accorder de choix à l'héroïne du combat qu'entre les deux champions actuellement en préfence. y trouvèrent auffi qu'on ne pouvoit remettre, fous aucun prétexte, » le mariage ordonné par la Religion » du pays, & que ce feroit un facri

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lège envers Junon Hyménéenne de » fouffrir, paffé l'an révolu, que quelqu'un reftât célibataire dans l'Ifle.»

Néocles imaginoit que l'Hercule Samothrace étoit connu de Philaxène & que le choix de cette veuve ne pouvoit que le regarder. Il ne fit aucune difficulté de jurer de foufcrire à fa volonté ; mais, à fa grande surprise,à peine

vient éperduement amoureux. Tout ce myftère le découvre. Cette jeune perfonne, nommée Parthen, eft la fille même de Neoclès, & Philaxènt n'eft autre que Parthenufe, qui s'étoit trouvée enceinte en fortant de la prison où elle avoit été mariée. Elle avoit été fi à plaindre fous ce dernier nom & fi heureufe fous celui de Philaxène, qu'elle avoit regardé cette comparaison de deftinées comme un ordre du Ciel de ,ne pas fe découvrir aux yeux de fon époux. L'hiftoire finit par le mariage de la jeune Parthène avec le fils de Porfenna.

Če Roman eft rempli d'imagination & de détails intéreffans. La furprise y eft partout bien ménagée. Le ftyle en eft affez élégant quoique fouvent un peu févère; il en a plus de reffemblance avec la manière des Anciens que l'auteur paroit toujours vouloir imiter. Il a beaucoup enrichi ce fujet qui eft très heureux par lui-même; &, parmi les livres de pur amusement, c'est une des plus agréables productions qu'on nous ait données depuis plufieurs années. Je fuis, &c.

A Paris, ce 24 Janvier 1773,

LETTRE VIII.

Gerardi Heerkens, Arcadum Romanor Acad, Corton, & Societ. Uliffing. Socii Acad. Reg. Parif. Liter. & Antiq. Legati, Notabilium Libri IV; Groninge, Typis Henrici Vechneri. C'est-à-dire, Quatre Livres de chofes remarquables, par Gérard Heerkens, des Académies des Arca des de Rome, de Cortone & de Fleffin gue, Correfpondant de l'Académie Royayle des Infcriptions & Belles Lettres de Paris; à Groningue de l'Imprimerie de Henri Vechner; deux Volumes in-12, petit format; le premier de 192 pages, publié en 1765 3 le fecond de 215 pages, en 1770,

QUOIQUE cet ouvrage, écrit en La

tin, ait paru il y a quelques années, il aura pour vous, Monfieur, le charme de

eut-il prononcé le ferment exigé, que le Magiftrat le déclara l'époux de Phi laxène, & ordonna au Prêtre de le conduire à l'autel. Dans ce moment Néoclès fe rappella la prédiction de fon père & réfolut de s'abandonner à fa deftinée. Il fut même furpris de trouver dans fon cœur une joie involontaire d'unir fon fort à celui de la belle veuve. Philaxène exige de lui une double grace, l'une qu'il lui racontera toutes les aventures jufqu'à ce jour, l'autre qu'il ne l'interrogera jamais fur le nom de fon premier époux ni fur aucune des circonftances de fon premier mariage. I se conforme à tout; il remarque qu'elle écoutoit avec un extrême intérêt tout ce qu'il lui difoit de l'amour qu'il avoit eu & qu'il confervoit encore pour la belle Parthénufe. Enfin, le grand Prêtre les unit; ils paffent dans cette Isle dix années de calme & de félicité parfaite. Mais le Ciel ne permit pas que leur hymen fût fécond, & l'Oracle de Delphes, confulté à ce fujet, répondit à Néoclès de n'efpérer d'enfans qu'aux rives de Tarente, Il s'embarque pour

cette contrée, &, peu de

temps après, il eft élu Roi, du confentement unanime de tous les habitans.

Ici finit le récit de Néoclès au jeune Arons : l'auteur continue la narration. La Reine Philaxène obtient du Roila permiffion d'élever un petit Temple à la Bonne Déeffe; elle fe reserve d'en être elle-même la Prêtreffe, & elle s'adresse au Prince Arons pour avoir un plan conforme à fes defirs; elle voulut furtout que la porte s'ouvrit & fe fermât de manière qu'elle feule en connût le secret. Depuis ce temps, on remarqua qu'elle faifoit dans cet afyle de fréquentes retraites, Elle avoit paru contente de tous les vales du nouveau Temple à l'exception de la coupe des libations dont la forme lui fembloit trop maffive. Le Prince Arons connoiffant le fecret de la porte du Temple, forme le deffein de la furprendre agréablement, en fubftituant un autre vafe d'une forme élégante. Mais, en entrant, il eft ravi en extafe à la vue d'une jeune perfonne d'une beauté inexprimable, qu'il prend pour la Divinité de ce lieu facré. Il en de

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