Images de page
PDF
ePub

revint à lui; il aime à revenir à l'homme qui se repent; il est le miséricordieux.

36. Nous leur dîmes: Sortez du paradis tous tant que vous êtes; un livre destiné à vous diriger vous viendra de ma part; la crainte n'atteindra jamais ceux qui le suivront, et ils ne seront point affligés.

1

37. Mais ceux qui ne croiront pas, qui traiteront nos signes 1 de mensonge, seront livrés au feu éternel.

38. O enfants d'Israël ! souvenez-vous des bienfaits dont je vous ai comblés; soyez fidèles à mon alliance, et je serai fidèle à la vôtre; révérez-moi, et croyez au livre que j'ai envoyé pour corroborer vos Écritures; ne soyez pas les premiers à lui refuser votre croyance; n'allez point acheter avec mes signes un objet de nulle valeur. Craignez-moi.

39. Ne revêtez pas la vérité de la robe du mensonge; ne cachez point la vérité 2 quand vous la connaissez.

40. Acquittez-vous exactement de la prière, faites l'aumône, et courbez-vous avec ceux qui se courbent devant moi 3.

41. Commanderez-vous les bonnes actions aux autres pendant que vous vous oublierez vous-mêmes? Vous lisez cependant le livre; ne comprendrez-vous donc jamais?

42. Appelez à votre aide la patience et la prière; la prière est une charge, mais non pas pour les humbles,

43. Qui pensent qu'un jour ils reverront leur Seigneur et qu'ils retourneront auprès de lui.

'Le mot arabe aïè signifie signe, mais surtout un signe d'avertissement du ciel, et par conséquent miracle, prodige; il signifie en outre verset du Koran, chaque verset étant la parole de Dieu, et regardé comme un miracle et un avertissement. Pour nous rapprocher autant que possible du texte arabe, nous avons conservé partout l'expression de signe; et c'est à cause de cela qu'on trouvera dans cette traduction les mots : réciter ou relire les signes de Dieu, c'est-à-dire les versets du Koran révélés à Mahomet.

* Mahomet reproche aux juifs, et souvent aux chrétiens, d'altérer le sens des Écritures pour en ôter ou éluder les passages dans lesquels la venue de Mahomet a dû être prédite selon lui.

'Les commentateurs ajoutent : de la prière musulmane, l'aumône musulmane, et c'est pour éviter toute équivoque, qu'il est dit: Courbez-vous, etc., car les génuflexions (rik'at) sont particulières aux musulmans.

Le livre, pris absolument, veut dire tout livre révélé, les Écritures: le Pentateuque, en parlant aux juifs; l'Évangile, en parlant aux chrétiens; il s'applique aussi au Koran. Nous ferons observer, à ce sujet, que, dans ses prédications, Mahomet distingue les idolâtres ou les ignorants de ceux qui ont, à quelque époque que ce soit, reçu des livres sacrés; ces derniers sont appelés: famille du livre, gens des Écritures.

44. O enfants d'Israël ! souvenez-vous des bienfaits dont je vous ai comblés, souvenez-vous que je vous ai élevés au-dessus de tous les humains.

45. Redoutez le jour où une âme ne satisfera point en quoi que ce soit pour une autre âme, où aucune intercession ne sera acceptée de sa part, où aucune compensation ne sera reçue d'elle; où les méchants ne seront point secourus.

46. Souvenez-vous du jour où nous vous avons délivrés de la famille de Pharaon qui vous infligeait de cruels supplices; on immolait vos fils et l'on n'épargnait que vos filles 1. C'était une rude épreuve de la part de votre Seigneur.

47. Souvenez-vous du jour où nous avons fendu la mer pour vous; où nous vous avons sauvés, et noyé Pharaon sous vos yeux.

48. Du jour où nous formions notre alliance avec Moïse pendant quarante nuits; vous avez pris, pendant son absence, un veau pour objet de votre adoration, et vous avez agi iniquement.

49. Nous vous pardonnâmes ensuite, afin que vous nous soyez reconnaissants.

50. Nous donnâmes à Moïse le livre et la distinction 2, afin que vous soyez dirigés dans la droite voie.

51. Moïse dit à son peuple: Vous avez agi iniquement envers vous-mêmes en adorant le veau. Revenez à votre Créateur, ou bien donnez-vous la mort; ceci vous servira mieux auprès de lui. Il reviendra à vous (il vous pardonnera), car il aime à revenir vers celui qui se repent: il est miséricordieux.

52. Souvenez-vous du jour où vous dîtes à Moïse : O Moïse, nous ne t'accorderons aucune créance que nous n'ayons vu Dieu clairement. Le feu du ciel vous frappa pendant que vous y portiez vos regards.

Cette phrase se retrouve textuellement toutes les fois qu'il s'agit des persécutions que les Israélites éprouvaient en Égypte ; on dirait que Mahomet cherche à la mettre en relief. Si l'on se rappelle que les Arabes idolâtres regardaient comme une calamité la naissance d'une fille, il faudra convenir qu'on ne pouvait jeter plus de défaveur sur un prince idolâtre et impie (dont Pharaon est le type), qu'en insistant sur cette espèce de préférence donnée aux filles sur les garçons.

* La distinction : el-forkan, s'applique ici au Pentateuque comme, dans d'autres passages, au Koran. Ce mot désigne tout livre de révélation divine en tant qu'il distingue le licite de l'illicite. On peut dire que, dans chaque livre divin, la partie qui traite des usages, des aliments, etc., s'appelle el-forkan (distinction), de même que la partie dogmatique al-houda (direction).

53. Nous vous ressuscitâmes après votre mort, afin que vous soyez reconnaissants 1.

54. Nous fimes planer un nuage sur vos têtes, et nous vous envoyâmes la manne et les cailles, en vous disant : Mangez des mets délicieux que nous vous avons accordés. Ce n'est pas à nous qu'ils avaient fait du mal, c'est à eux-mêmes.

55. Souvenez-vous du jour où nous dimes aux Israélites : Entrez dans cette ville, jouissez des biens qui s'y trouvent, au gré de vos désirs; mais, en entrant dans la ville, prosternez-vous, et dites Indulgence, ô Seigneur! et il vous pardonnera vos péchés. Certes, nous comblerons les bons de nos faveurs.

56. Mais les méchants d'entre eux substituèrent à la parole qui leur avait été indiquée, une autre 2 parole, et nous fimes descendre du ciel un châtiment comme rétribution de leur perfidie.

57. Moïse demanda à Dieu de l'eau pour désaltérer son peuple, et nous lui dîmes : Frappe le rocher de ta baguette. Tout d'un coup jaillirent douze sources, et chaque tribu connut aussitôt le lieu où elle devait se désaltérer. Nous dîmes aux enfants d'Israël Mangez et buvez des biens que Dieu vous dispense, et n'agissez pas avec violence en vous livrant à toutes sortes de désordres dans ce pays.

58. C'est alors que vous dites: O Moïse! nous ne pouvons supporter plus longtemps une seule et même nourriture; prie ton Seigneur qu'il fasse pousser pour nous de ces produits de la terre, des légumes, des concombres, des lentilles, de l'ail et des oignons. Moïse vous répondit : Voulez-vous échanger ce qui est bon contre ce qui est mauvais ? Eh bien ! rentrez en Égypte, vous y trouverez ce que vous demandez. Et l'avilissement et la pauvreté s'étendirent sur eux, et ils s'attirèrent la colère de Dieu, parce qu'ils ne croyaient point à ses signes et mettaient injustement à mort leurs prophètes 3. Voilà quelle fut la rétribution de leur révolte et de leurs violences.

'D'après les commentateurs, il doit être question ici de soixante-dix hommes d'entre les Israélites, qui, non contents d'entendre Moïse s'entretenir avec Dieu, désiraient le voir de leurs propres yeux. Ils ont été d'abord tués par la foudre et ressuscités ensuite à la prière de Moïse.

'On croit qu'il s'agit dans ce verset de l'entrée des Israélites dans la ville de Jéricho. Au lieu de prononcer le mot hettat, absoute, indulgence, comme cela leur avait été recommandé, les Juifs y auraient substitué le mot habbat, grain (d'orge), et se seraient conduits avec indécence. Il serait superflu de relever l'anachronisme que commet l'auteur du Koran, ou plutôt ses commentateurs, en mêlant le nom de Moïse aux événements arrivés depuis sa mort, tels que la prise de Jéricho. 'Ce passage, ainsi que le verset 59, chap. XXVI, où les Israélites sont censés

59. Certes, ceux qui croient, et ceux qui suivent la religion juive, et les chrétiens, et les sabéens, en un mot quiconque croit en Dieu et au jour dernier et qui aura fait le bien : tous ceux-là recevront une récompense de leur Seigneur; la crainte ne descendra point sur eux, et ils ne seront point affligés 1.

60. Souvenez-vous du jour où nous acceptâmes votre alliance et où nous élevâmes au-dessus de vos têtes le mont Sinaï2, nous dîmes alors Recevez avec fermeté les lois que nous vous donnons, et souvenez-vous de ce qu'elles contiennent. Peut-être craindrez-vous Dieu.

61. Mais vous vous en êtes éloignés dans la suite, et, n'était la grâce de Dieu et sa miséricorde, vous auriez été du nombre des malheureux. Vous avez déjà su qui étaient ceux qui avaient violé le sabbat et à qui nous dîmes : Soyez changés en singes refoulés vers le rivage de la mer 3!

retourner en Égypte, est un de ces anachronismes dont le Koran fourmille, et qui établissent parfaitement l'extrême ignorance du prophète arabe.

On a voulu conclure des paroles de ce verset que les hommes de toute religion, pourvu qu'elle renferme ces trois choses, l'unité de Dieu, la vie future et la pratique des bonnes œuvres, peuvent être sauvés d'après le Koran. Quelques commentateurs, embarrassés de cette latitude de sens, ont soutenu que Mahomet entendait par là que tout homme qui devient croyant (musulman) et qui pratique la vertu sera sauvé, n'importe la religion à laquelle il aura appartenu. Cette interprétation est vicieuse d'abord quant à la lettre, parce que les mots : ceux qui croient, sont suivis de la conjonction et; il y a donc disjonction des croyants (musulmans) et des juifs, chrétiens et sabéens; elle est vicieuse quant au sens, parce qu'il était superflu, surtout au commencement de la mission, de dire que la religion dans laquelle on était né n'empêchait point le salut. Quel que soit, du reste, le véritable sens du verset qui nous occupe, le sentiment général des docteurs musulmans est qu'il a été abrogé par le verset 79 du chap. III, et par d'autres passages du Koran où la croyance en Dieu, en la vie future et en la mission de Mahomet, est regardée comme indispensable pour le salut. L'importance de ce passage nous a forcé de le traduire aussi littéralement que possible. Nous ferons observer en passant que les sabéens, dont il est question dans ce verset, étaient une secte chrétienne, et nullement les sabéens adorateurs des astres, par conséquent polythéistes, et comme tels, exclus virtuellement de toute indulgence supposée dans ce verset; au lieu de sabéens, il vaudrait mieux dire sabéites. Comp. V, 73.

2 Cette phrase n'est évidemment qu'une métaphore qui ne choquerait dans aucune langue européenne; cependant les commentateurs prennent ces mots à la lettre, et disent que les Israélites se refusant obstinément à recevoir la loi, Dieu, pour les effrayer, arracha le mont Sinaï de ses racines, et le tint suspendu sur leurs têtes.

Ceci doit se rapporter à la transgression du sabbat, commise par les Juifs de la ville Aïla, sur les bords de la mer Rouge, sous le règne de David. Une quan

62. Et nous les fîmes servir d'exemples terribles à leurs contemporains, à leurs descendants, et d'avertissement à tous ceux qui craignent.

[ocr errors]

63. Souvenez-vous du jour où Moïse dit à son peuple : Dieu vous ordonne d'immoler une vache; les Israélites s'écrièrent: Estce que tu te moques de nous 1? - Que Dieu me préserve, dit-il, d'être du nombre des insensés! - Prie ton Seigneur, répondirent les Israélites, de nous expliquer clairement quelle doit être cette vache. Dieu veut, dit-il, que ce ne soit ni une vache vieille ni une génisse, mais qu'elle soit d'un âge moyen. Faites donc ce qui vous est ordonné.

64. Les Israélites ajoutèrent: Prie ton Seigneur de nous expliquer clairement quelle doit être sa couleur. - Dieu veut, leur dit Moïse, qu'elle soit d'un jaune très-prononcé, d'une couleur qui réjouisse l'œil de quiconque la verra.

65. Prie ton Seigneur de nous expliquer clairement quelle doit être cette vache, car nous trouvons bien des vaches qui se ressemblent, et nous ne serons bien dirigés dans notre choix que si Dieu le veut.

66.

- Dieu vous dit, reprit Moïse, que ce ne soit pas une vache fatiguée par le labourage ou l'arrosement des champs, mais une vache dont le mâle n'aura jamais approché; qu'elle soit sans aucune tache. Maintenant, dit le peuple, tu nous as dit la vérité. Ils immolèrent la vache, et cependant peu s'en fallut qu'ils ne l'eussent point fait.

67. Rappelez-vous ce meurtre qui a été commis sur un homme d'entre vous; ce meurtre était l'objet de vos disputes. Dieu fit voir au grand jour ce que vous cachiez 2.

tité infinie de poissons, disent les commentateurs, s'approchaient du rivage, et y restaient toute la journée du sabbat, comme pour tenter les habitants. Ceux-ci, ne pouvant résister à la tentation, renaient le poisson, malgré les avertissements des hommes pieux, rigides observateurs du sabbat. David, ajoute-t-on, maudit les transgresseurs et les fit métamorphoser en singes.

Les Juifs demandaient à Moïse de découvrir un meurtrier (voyez plus bas, verset 67). Comme moyen d'y parvenir, Moïse ordonna d'immoler une vache, ce qui en apparence n'avait aucun rapport avec le meurtre.

Moïse avait établi le sacrifice de la vache et l'emploi de ses cendres comme expiation et purification d'un homme qui aurait touché un cadavre. Voy. Numeri, chap. IX. L'auteur du Koran, puisant on ne sait à quelles sources, refait l'histoire de cette disposition de Moïse à sa manière. Voici, d'après les commentateurs du Koran, le récit qui sert de base aux versets 65-69: Un homme pieux parmi les Israélites avait une génisse et un enfant mâle; il conduisit la génisse dans le désert et l'abandonna à la sauvegarde de Dieu jusqu'à l'époque où son

« PrécédentContinuer »