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timent très-vrai de l'antiquité. Cette nouvelle édition est augmentée d'un poëme assez étendu sur la Passion, où l'on trouve, comme dans tout le reste du volume, beaucoup de vers heureux. Malgré quelques hardiesses de forme et de pensées, nous croyons que ce livre sera bien accueilli par les amis de la poésie française.

Nous croyons vante :

ANGLETERRE.

devoir porter à la connaissance du public savant l'annonce sui

Une somme de 300 livres sterling (7,500 francs), offerte par un ancien fonetionnaire du service civil du Bengale, a été déposée, par la Société royale asiatique de la Grande-Bretagne, à la banque de Londres et de Westminster, pour être donnée en prix au meilleur exposé, écrit soit en allemand, soit en français, du système Védânta, considéré comme philosophie et comme religion.

Les mémoires devront comprendre :

1° Une histoire de l'origine et des premiers développements des doctrines du Védanta, tels qu'on les trouve dans le Véda, les Bralimanas, les Onpanishads et autres documents antérieurs aux Brahma-Soûtras;

2° Une dissertation sur la Sârîraka-Mîmânsâ ou Brahma-Soûtras, leur époque, leur auteur, leur formation, leur usage, et leurs rapports polémiques ou autres avec les Soûtras des cinq autres Darsanas, dont on exposera les principes les plus généraux, en eux-mêmes et dans leurs rapports avec les croyances du Véda;

3° Une traduction en allemand ou en français de la Sârîraka-Mîmânsâ, dont on donnera également le texte sanscrit, avec des notes explicatives, tirées particulièrement du commentaire de Sankara;

4° Une discussion sur les points de doctrine où les auteurs védantiques modernes, considérés comme orthodoxes, diffèrent des Brahma-Soûtras et de Sankara.

MM. Christian Lassen, de Bonn, Windischmann, de Munich, et Max Müller, d'Oxford, sont désignés pour juges du concours.

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5° Les compétiteurs devront remettre leurs mémoires, lisiblement écrits et portant une devise accompagnée d'une lettre cachetée faisant connaître le nom de l'auteur, et revêtue de la même devise, avant le 1 avril 1860, et en faire le dépôt au siége de la Société royale asiatique, New-Burlington-Street, à Londres, ou aux secrétariats de la Deutsche Morgenlandische Gesellschaft, à Leipsick, ou à Hall.

Les examinateurs auront un pouvoir discrétionnaire pour admettre tout mémoire remis peu de temps après le 1 avril 1860, si cela leur paraît juste. Tout traité qui ne serait pas lisiblement écrit pourra être exclu du concours.

Les examinateurs auront la faculté de ne point distribuer le prix, s'ils sont d'avis qu'aucun des candidats n'a traité convenablement au moins la plus grande partie des sujets énumérés ci-dessus.

Un ou plusieurs ouvrages pourront être remis à leurs auteurs pour être corrigés ou améliorés sur certains articles désignés avant l'attribution définitive du prix; et cela, suivant la décision des examinateurs.

Le montant du prix sera remis par la Société royale asiatique, à Londres, sur le rapport des examinateurs, au candidat désigné, qui devra ultérieurement prendre les arrangements qui lui conviendront pour la publication de son ouvrage.

Cette annonce de prix est contresignée par M. Edwin Norris, secrétaire de la So-
ciété asiatique de la Grande-Bretagne et de l'Irlande, Londres, 13 janvier 1857.
Rig-Véda Sanhita, the sacred hymns of the Brahmans together with the com-
mentary of Sayanacharya, edited by Max. Müller, M. A. Christ Church, Oxford,
volume III, published under the patronage of the honourable East India Com-
pany, Londres, 1856, in-4°, LVII-984 pages. La Sanhita du Rig-Véda, hymnes
sacrés des Brahmanes, avec le commentaire de Sayanâtchârya, publiés par M. Max.
Müller, professeur à l'Université d'Oxford, etc.

-

M. Max. Müller continue son admirable tâche, et ce troisième volume a dépassé
la moitié du Rig-Véda tout entier. Il contient jusqu'au septième mandala, deuxième
anouvaka, deuxième soukta, correspondant au cinquième ashtaka, seconde lecture,
vingt-neuvième varga. Dans une préface de xiv pages, M. Max. Müller revient sur
l'importance de la publication qu'il a entreprise, et sur l'utilité indispensable du
commentaire de Sâyana pour bien comprendre le sens du Véda. Il rappelle, sur ce
point, l'opinion de M. Eugène Burnouf et celle d'un de ses élèves les plus distingués,
M. Adolphe Regnier, dont M. Max. Müller cite l'Étude de l'idiome des Védas et les
origines de la langue sanscrite. M. Max. Müller donne ensuite quelques détails sur les
manuscrits qu'il a consultés et sur les copies que lui a transmises de l'Inde M. le
docteur Stevenson. Nous ne saurions trop féliciter M. Max. Müller de tous les soins
qu'il apporte à cette édition du plus grand monument de la littérature sanscrite. Il
a raison de ne pas se hâter de donner une simple reproduction des manuscrits et
de vouloir offrir au public savant un texte critique, épuré par la comparaison et le
choix des variantes. Voilà dix ans, comme le dit M. Max. Müller, qu'il a commencé
ce magnifique travail; et peut-être lui faudra-t-il encore autant de temps pour l'a-
chever. Mais, quand on accomplit de telles œuvres, il n'y a jamais à regretter les efforts
qu'on y consacre; la compagnie des Indes et le bureau de contrôle ne pouvaient
mieux placer leur protection, aussi éclairée que généreuse. Au point où en est ar-
rivé M. Max. Müller, il n'y a pas à se décourager et nous espérons bien, dans
quelques années, voir la fin de cette grande entreprise, la plus utile qu'on pût tenter
dans l'intérêt des études sanscrites.

TABLE.

Pages.

Die Ssabier und der ssabismus, etc. (1 article de M. Quatremère. ). . . . . . .

137

Lettres de Jean Calvin, etc. (3° article de M. Mignet.)...

155

Histoire générale et système comparé des langues sémitiques, etc. (3o et dernier
article de M. Barthélemy Saint-Hilaire.) . . . .

173

Chants du peuple en Grèce, etc. (5o article de M. Hase.)..

183

Nouvelles littéraires...

196

FIN DE LA TABLE.

DES SAVANTS.

AVRIL 1857.

Clef inédite dU GRAND CYRUS, roman de Mlle de Scudéry.

PREMIER ARTICLE.

C'était la coutume du xvir siècle de mettre en roman les grandes aventures contemporaines et les personnages célèbres qu'on n'eût pas osé exposer à découvert sous leurs véritables noms. Au début du siècle, d'Urfé a raconté, dans l'Astrée, ses propres amours avec la belle Diane de Châteaumorand; car nous ne voyons aucune bonne raison de révoquer en doute le récit du véridique Patru1. Un peu plus tard, les Amours du grand Alcandre, par mademoiselle de Guise, depuis la princesse de Conti, sont les amours mêmes d'Henri IV. En 1624, Le romant satirique, ou, si l'on veut, Le romant des Indes2, retrace des événements et des personnages français; l'auteur, Jean de Lannel, ne le dissimule guère. Dans un avis au lecteur, intitulé, Le secret du romant satirique, il s'exprime ainsi : «Si on dit que je ne sais pas l'antiquité, puisque j'ap<< pelle préteurs ceux qui, en Galatie, sont juges de l'honneur des gen<< tilshommes et généraux des armées, je maintiens que préteur, en lan«<gage galatien, veut dire maréchal de France en langage français. Si on «< dit qu'il n'y a point d'empire de Galatie, et qu'on ne connaît ni Ga<lates ni Galatiens, j'annonce que c'est un pays nouvellement décou

1

OEuvres de Patru, t. II, p. 497: Éclaircissements sur l'histoire de l'Astrée. La seconde édition de 1625 porte ce titre.

«< vert, etc. » Aussi la Bibliothèque historique de la France n'hésite-t-elle pas à affirmer que ce roman est une satire des règnes de Henri IV et de Louis XIII1. En 1647, Florigénie ou l'Illustre victorieuse est incontestablement l'histoire des amours et du mariage du chevalier de Chabot et de Marguerite de Rohan, la fille du grand duc Henri. A peu près vers le même temps, les prétendues amours de madame de Longue ville et de Coligny, et le duel malheureux de celui-ci avec le duc de Guise, avaient amusé la cour et les salons, sous le voile transparent d'une nouvelle que nous avons retrouvée et mise au jour, Agésilan et Isménie 2. Il n'est donc pas surprenant que mademoiselle de Scudéry ait eu la pensée de peindre, dans Artamène ou le Grand Cyrus, les aventures héroïques et galantes de la haute société de son temps. Il y a, sans doute, dans le Grand Cyrus, bien des fictions, qui sont l'ouvrage de la libre et féconde imagination de l'auteur; mais il s'y rencontre plus d'un événement emprunté à l'histoire, et les principaux acteurs de ce long drame étaient des personnages contemporains. C'est là ce qui a fait le succès immense de ce roman; succès qu'il nous est presque impossible de comprendre, parce que nous n'en avons plus le secret. A peine aujourd'hui quelques rares amateurs de la belle littérature osentils s'engager dans la lecture du Cyrus, tandis qu'au xvir siècle, lorsqu'il parut, tout le grand monde le dévora, et il en fallut faire bien vite plusieurs éditions. Comment, en effet, les grands seigneurs, les grandes dames et les beaux esprits à la mode ne se seraient-ils pas complu à y reconnaître leurs images, à la fois fidèles et ornées3? Cependant, au bout de quelque temps, le besoin d'une clef se fit sentir; on en composa une, qui malheureusement semblait perdue, ou que, du moins, nous avions longtemps cherchée en vain; nous nous félicitons de l'avoir enfin découverte, à peu près de la même manière que nous avions déjà fait celle de la Princesse Aurélie,

Cette dernière clef a été trouvée imprimée en tête d'un précieux exemplaire des Divertissements de la princesse Aurélie1 provenant de la

1

• Voyez aussi les Mémoires de l'abbé d'Artigny, t. VI, p. 44-49. La Jeunesse de madame de Longueville, chap. III. — Tallemant, t. V, Historiette de mademoiselle de Scudéry, p. 275; «Vous ne pourriez croire combien les dames sont aises d'être dans ses romans, ou, pour mieux dire, qu'on y voye leurs portraits; car il n'y faut chercher que le caractère des personnes : leurs actions n'y sont point. » Et luimême nous donne le vrai nom de plusieurs des personnages du Cyrus. Voyez Madame de Sable, premier chapitre. — Bibliothèque impériale: Les nouvelles françoises ou les divertissemens de la princesse Aurélie, 1656, 2 vol. in-12, aux armes de Sully, avec les W couronnés. Avant le titre, une page imprimée, mais évidemment

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bibliothèque des Sully, et conservé à la Bibliothèque impériale. De même nous avons rencontré la Clef du Cyrus, à la bibliothèque de l'Arsenal, à la fin du dernier volume d'un exemplaire de ce roman, et imprimée comme l'autre, avec cette différence qu'elle l'est fort incorrectement, et sur de mauvais papier; tout annonce qu'elle sort d'une presse particulière, et qu'elle a été exécutée par une main novice.

Voici le titre : « Clef de l'Artamène ou le Grand Cyrus, à Paris, MDCLVII. » Comme cette date de 1657 n'est pas celle du Grand Cyrus, qui parut de 1649 à 1654, il est vraisemblable qu'on a voulu marquer la date de la composition de la clef. L'orthographe est du temps, et plusieurs indices, que nous signalerons plus tard, semblent autoriser cette conjec

ture.

Cette clef ne peut être de mademoiselle de Scudéry; elle est trop incomplète; elle omet des rapprochements importants et certains, que nous établirons nous-même. Mais elle doit venir de quelque habitué des fameux Samedis1; car les personnes de cette société y sont toujours mentionnées avec de particuliers éloges. L'auteur n'a suivi aucun ordre. Les noms sont mis les uns après les autres, au hasard, et dans une confusion désagréable.

Quelque imparfaite que soit cette pièce, elle n'en est pas moins trèsprécieuse. Grâce à elle, on pénètre, on s'oriente dans le Grand Cyrus, et ce roman prend, à nos yeux, un aspect inattendu. L'Arménie devient la France; la grande ville d'Artaxate, Paris; le jardin où se passent de si agréables entretiens, le jardin des Tuileries; la princesse Mandane est madame de Longueville, et Cyrus est Condé, ce qui donne un bien grand intérêt à toutes les actions du héros persan, représentant du héros français. Ainsi la bataille de Thybarra est la bataille de Lens, et le siége de Cumes le siége de Dunkerque. La mort du prince Artibie, tué à l'attaque d'un château, aux environs d'Artaxate, et que Cyrus pleure si tendrement, est la mort du vaillant duc de Châtillon, le mari d'Isabelle de Montmorency, tué au combat de Charenton, et que Condé

ajoutée, et assez grande pour qu'il ait fallu la replier: «La clef des nouvelles a françoises :

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'Sur les samedis de mademoiselle de Scudéry, voyez Madame de Sablé, chap. 11.

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