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nement le plus funeste: je veux dire le schisme de dix tribus, qui porta à la nationalité du peuple juif un coup irréparable.

Quant à l'exemple cité par M. Movers, d'après le prophète Isaie, qui nous offre une vigne ayant une valeur considérable, cet exemple ne saurait être pris comme constituant une règle générale. Le prophète, voulant indiquer d'avance la dévastation qui menaçait la Judée, choisit pour type une vigne plantée avec soin par un propriétaire riche, qui s'était plu à y réunir des ceps d'une qualité supérieure, pour lesquels il n'avait épargné ni soins ni dépenses.

(La suite à un prochain cahier.)

QUATREMÈRE.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT IMPÉRIAL DE FRANCE.

ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS.

Dans la séance du 11 juillet, S. A. I. le Prince Napoléon a été élu membre libre de l'Académie des beaux-arts, en remplacement de M. le marquis de Pastoret, décédé.

LIVRES NOUVEAUX.

FRANCE.

Le Rig-Véda ou les hymnes sacrés des brahmanes, publiés par Max-Muller, avec une introduction, le texte et la traduction du Pratiçâkhya, qui renferme la métrique et la grammaire des hymnes les plus anciens. Première et seconde livraison. M. Max-Muller rend service aux études indiennes en réimprimant le texte des hymnes du Rig-Véda sans y joindre le long commentaire de Sayâna, qui l'accompagne et l'explique dans la grande et magnifique édition d'Oxford. Ce qui donne un prix tout particulier à cette nouvelle édition, c'est la publication du Prâtiçâkhya de Çaounaka, avec les explications d'Ouvata. Dans les deux livraisons que nous avons sous les yeux, M. Max-Muller en est arrivé à la fin de la première lecture du Prâtiçâkhya, qui en contient trois, chaque lecture renfermant six patalas ou chapitres. Les autres livraisons continueront à donner la suite du Prâtiçâkhya, en même temps qu'elles donneront la continuation du texte du Véda. M. Max-Muller n'a eu presque aucun changement à faire à ce texte, qu'il avait élaboré déjà avec le plus grand soin, et qui, de plus, est, comme on sait, demeuré depuis les temps les plus reculés dans une pureté inaltérable. Le Prâtiçâkhya de Caounaka, qui remonte au moins au Iv siècle avant notre ère, constate que, dès ce temps, le texte du Rig-Véda était absolument pareil à celui que nous avons maintenant.

Cette édition du Rig-Véda est dédiée à M. le D' Herman-Brockhaus, dont M. Max-Muller a reçu les leçons en 1843 et 1844, à Leipsick. C'est un bel hommage d'un savant élève à un savant professeur.

Nous reviendrons sur la publication de M. Max-Müller pour étudier plus particulièrement le Prâtiçâkhya, qu'il a éclairci par un commentaire très-développé et très-curieux, et dont nous nous occuperons en même temps que de l'édition de M. Ad. Regnier, annoncée déjà par nous.

M. Ad. Regnier avait achevé dès longtemps la traduction du Prâtiçâkhya de Çaounaka, et il avait même déjà commencé à la publier, avec le texte, dans le Journal asiatique de Paris, quand a paru l'édition de M. Max-Muller. Aujourd'hui l'ouvrage de M. Regnier et celui de M. Max-Muller sont parvenus au même point, c'est-à-dire que l'un et l'autre ont donné la première lecture du Prâtiçâkhya. On peut regretter que deux hommes aussi savants se soient occupés en même temps du même monument, et que leurs forces ne se soient pas appliquées, avec un plus grand avantage pour les études indiennes, à des monuments divers. Mais c'est là un hasard que rien ne pouvait prévenir; et, pour notre part, nous serions bien fâché que l'un ou l'autre renonçât maintenant à poursuivre son œuvre. M. Ad. Regnier semble en avoir eu l'intention, si nous en jugeons par quelques lignes qui précèdent son travail et y servent comme d'introduction, mais nous sommes assuré qu'il ne cédera point à ce premier mouvement et qu'il ne nous privera point de la continuation de ses belles études. Nous savons que la seconde lecture est sous presse, et cette publication nouvelle mettra M. Ad. Regnier en avance sur M. Max-Muller. Le monde savant ne peut que gagner à cette honorable concurrence.

Mélanges de philosophie juive et arabe, par M. Munk. Texte hébreu. Paris, librairie de A. Franck, 1857, in-8° de vi1-281 et 76 pages, première livraison. La première livraison de ce recueil important renferme des extraits d'un traité philosophique arabe, intitulé: Source de la vie, par un juif espagnol du x1° siècle, nommé Salomon ben Gébirol. Ici les extraits sont tirés d'une version hébraïque, faite par un autre juif espagnol, Schem Thob ben Salaquera, et ils sont accompagnés d'une traduction française et de notes critiques et explicatives. A la suite de la traduction on trouve une notice sur la vie et les ouvrages de l'auteur, et un exposé de ses doctrines. Cet auteur est celui qui, dans le moyen âge, fut souvent désigné par les écrivains scolastiques de l'Europe sous la dénomination altérée d'Avicebron. Les fréquentes citations qu'on rencontre du Fons vitæ d'Avicebron, dans les écrits d'Albert le Grand et de saint Thomas d'Aquin, témoignent de la grande vogue dont ce livre jouissait alors. Ces citations ont suffi à M. Ritter, auteur d'une histoire de la philosophie, en allemand, pour proclamer l'auteur «une des plus puissantes intelligences philosophiques du moyen âge.» Mais, qui était Avicebron et où était le Fons vitæ? M. Munk, travaillant, il y a quelques années, au catalogue des manuscrits hébreux de la Bibliothèque impériale, trouva, dans un volume qui renfermait divers traités de philosophie, l'abrégé fait par SchemThob, abrégé où le traducteur disait avoir introduit toute la substance du traité original. Or ce travail de Schem-Thob contenait les passages cités par Albert le Grand et saint Thomas d'Aquin. Quelque temps après, M. Munk rencontra dans un manuscrit latin le Fons vite cherché depuis si longtemps. Le Fons vitæ et l'abrégé de Schem Thob s'accordaient; la question était donc résolue. Le manuscrit hébreu et le manuscrit latin dont il s'agit ici sont les seuls exemplaires de cet ouvrage qui aient été découverts jusqu'à présent.

Le traité de Ben Gébirol roule sur ces délicates questions qui s'agitent depuis que

l'homme s'est occupé de philosophie, et qui ne finiront qu'avec lui. L'ouvrage se compose de cinq livres, dont voici le sommaire. Le premier livre explique ce qu'on doit entendre par matière et par forme en général; le second livre traite de la matière revêtue de la forme corporelle; le troisième établit l'existence de substances simples, intermédiaires entre l'agent premier, c'est-à-dire Dieu, et le monde. Dans le quatrième livre on démontre que les substances simples sont composées de matière et de forme; enfin le cinquième livre est consacré à la matière universelle et à la forme universelle, c'est-à-dire aux idées de matière et de forme prises dans leur sens le plus étendu et appliquées aussi bien aux substances simples qu'aux substances composées. Viennent ensuite quelques observations générales sur la volonté, première hypostase de la divinité, qui plane sur tout ce qui existe, sur les substances simples comme sur les substances composées. Dans l'exposé de son système, l'auteur est amené à dire que l'âme et les autres substances simples doivent avoir une matière; et l'on peut croire que c'est pour ne pas choquer ses coreligionnaires qu'il composa son traité en arabe, ce qui ne l'empêcha pas de passer parmi les juifs pour un philosophe hétérodoxe. Mais Ben Gébirol était poëte; il a été même, au jugement de M. Munk, le plus grand poëte que le judaïsme ait produit depuis les temps bibliques. Il composa en hébreu un certain nombre de chants religieux qu'on répète encore dans les synagogues. Cette première livraison, dont notre analyse suffira pour faire apprécier l'intérêt, sera suivie d'une seconde; le tout formera un volume.

in-8°.

Le Guide des égarés, traité de théologie et de philosophie, par Maimonide, publié par M. Munk, texte arabe, traduction française et notes. Tome I. Paris, librairie de Frank, in-8°. Maimonide, médecin et philosophe juif, naquit en Espagne vers l'année 1136 de notre ère, et se rendit en Égypte où il devint le médecin de Saladin. Les juifs le regardent comme le plus grand écrivain qu'ait produit le rabbinisme. Il est auteur d'un grand nombre d'écrits. Celui-ci est ordinairement cité sous son titre hébreu de Méré nebokim, ou Guide des égarés. Il a été ainsi appelé parce que son objet est principalement de tirer d'embarras les personnes qui, dans l'interprétation de l'Écriture sainte, ne savent pas trouver la vraie voie, hésitant entre le sens littéral, qui blesse quelquefois la raison, et le sens allégorique, qui n'est pas toujours d'accord avec la religion; mais, en même temps, par les développements donnés aux questions, l'ouvrage rentre dans la philosophie générale. Voilà pourquoi l'auteur, voulant qu'il fût lu non-seulement par les juifs instruits qui alors savaient tous l'arabe, mais aussi par les Arabes eux-mêmes, il le rédigea dans la langue de Mahomet.

C'est sur l'arabe que fut faite, sous les yeux mêmes de l'auteur, unertraduction hébraïque par le rabbin Samuel Ben-Thibbon; plus tard une traduction latine fut faite sur l'hébreu, et voilà comment l'ouvrage fut mis à contribution par saint Thomas d'Aquin et Albert le Grand. La version hébraïque et la version latine furent. imprimées dans la suite; mais la première ne rend pas toujours l'original d'une manière claire, et la seconde manque d'exactitude. Le texte arabe paraît ici pour la première fois. Il est publié d'après les manuscrits des bibliothèques d'Oxford et de Leyde. La traduction française se tient aussi près du texte qu'il est possible; pour les notes, elles sont critiques, littéraires et explicatives.

Sous ces divers rapports, personne peut-être en Europe ne se trouvait placé dans d'aussi bonnes conditions que M. Munk. M. Munk est juif, et il sait non-seulement l'hébreu, mais l'arabe; de plus il s'est occupé toute sa vie de matières philoso phiques. Enfin, M. Munk a été pendant quelque temps employé au département

des manuscrits de la Bibliothèque impériale, et il a rédigé en grande partie un nonveau catalogue des manuscrits hébreux de la Bibliothèque. S'il a quité cette position, c'est parce qu'il a été frappé par la plus grande des infirmités, la cécité. En ce qui concerne l'ouvrage lui-même, on sait quelle est son importance pour l'exégèse et la théologie biblique, et combien il est riche en renseignements sur l'histoire de la philosophie au moyen âge, notamment par rapport aux Arabes. Aucune des questions qui intéressent le théologien n'y est passée sous silence, et, bien que les solutions données par l'auteur soient généralement basées sur une exégèse allégorique et sur une métaphysique qui a fait son temps, elles nous offrent souvent des traits de lumière qui peuvent encore aujourd'hui nous servir de guides. Comme fondateur d'une théologie rationnelle, Maimonide a exercé sur ses coreligionnaires une influence décisive, dont les conséquences se font sentir encore aujourd'hui. L'ouvrage entier aura trois volumes. C'est M. James de Rothschild qui fait les frais d'impression.

Voyage à la côte orientale d'Afrique, exécuté pendant les années 1846, 1847 et 1848, par le brick le Ducouëdic, sous le commandement de M. le capitaine Guillain; publié par ordre du Gouvernement. Tomes I et II; Paris, Arthus Bertrand, 1857, deux volumes grand in-8° et atlas grand in-folio de 60 planches. (L'ouvrage comprendra trois volumes.) Les côtes de l'Afrique orientale, dont M. le capitaine Guillain publie en ce moment la description, étaient visitées, sous la domination des Ptolémées et sous celle des empereurs, par les navires grecs et romains partis des côtes d'Égypte. Elles le furent plus tard par les navires arabes et persans partis, soit de l'Egypte, soit des côtes occidentales de l'Arabie, soit aussi des deux rives du golfe persique. On peut consulter à ce sujet la Relation des voyages des Arabes et des Persans à l'Inde et à la Chine, au 1x siècle de notre ère, publiée par M. Reinaud. Quand Vasco de Gama fit flotter pour la première fois l'étendard portugais dans ces parages, il trouva les Arabes répandus partout, et ce fut de leur part qu'il rencontra le plus d'opposition: en effet, les Arabes servaient d'intermédiaires pour le commerce des épiceries entre l'Europe et l'Asie orientale. Mais, lorsque le cap de Bonne-Espérance fut franchi et que les Portugais eurent tracé la route de l'Inde, de la Malaisie et de la Chine, il devint plus simple d'aller chercher directemcnt les épiceries dans les lieux de production. Dès ce moment, les côtes de l'Afrique orientales furent à peu près délaissées. Les navires européens, arrivés au cap de Bonne-Espérance, cinglaient vers le nord-est pour se rendre dans la presqu'île de l'Inde, à Sumatra, à Java ou en Chine. D'une part, les possessions des Portugais à Sofala et à Monbase perdirent presque toute leur importance; de l'autre, la partie de la côte située au nord, laquelle n'a jamais été productive, fut complétement négligée et devint presque inconnue. Le gouvernement anglais fit faire, en 1823 et en 1824, une exploration de ces côtes au point de vue hydrographique; mais cette exploration était loin de répondre à ce que la science de la géographie et les besoins du commerce sont en droit de demander. La découverte de la navigation à vapeur vint reporter l'attention sur ces contrées jadis plus favorisées. On sait que le gouvernement anglais, pour accélérer ses communications avec ses immenses possessions de l'Inde, a fondé un service de bateaux à vapeur entre Suez, d'une part, et, de l'autre, Bombay, Ceylan, Madras, Calcutta, Singapour, etc. Les avantages qui sont résultés de cette rapidité de communications ont fait songer à établir une autre ligne de bateaux à vapeur entre Suez et l'Ile de France. De son côté, la France, qui, outre l'île Bourbon, Mayotte et d'autres îles voisines, possède quelques portions de territoire sur les côtes de Madagascar, comprenait dès lors combien

il serait important d'établir aussi par la mer Rouge et les côtes de l'Afrique orien-
tale ses relations avec les colonies qui lui appartiennent dans ces parages. Plus tard
est venue la question du percement de l'isthme de Suez, question immense et qui
à elle seule est de nature à modifier profondément les voies actuelles du commerce.
En 1845, le gouvernement français jugea d'une bonne politique de se préparer à
la situation nouvelle que les événements faisaient prévoir. Il résolut d'entreprendre
une exploration des côtes de l'Afrique orientale, considérée à la fois au point de
vue hydrographique et au point de vue des besoins du commerce. Sous le premier
rapport, il s'agissait de prendre note de la direction des côtes, de la profondeur des
caux, des lieux ensablés, de l'existence des courants. En ce qui concerne le com-
merce, il s'agissait d'exposer d'une manière précise ce que chaque localité peut
fournir et ce qu'elle est susceptible de recevoir du dehors. Pour une mission aussi
délicate, le gouvernement fit choix de M. Guillain, qui déjà avait navigué plusieurs
fois dans ces parages. M. Guillain, à son retour en France, présenta au ministre
un mémoire développé sur les résultats de ses explorations en ce qui touche les
intérêts commerciaux de notre pays; mais, avant de publier l'ensemble de ses
observations, il se réserva de les contrôler et de les compléter par une étude appro-
fondie des faits du même genre qui avaient été recueillis avant lui. Telle est la cause
du retard que cette grande publication a éprouvé. Le premier volume porte pour
titre particulier Exposé critique des diverses notions acquises sur l'Afrique orientale
depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours. Les témoignages qui nous sont par-
venus des voyages faits dans ces mers par les Grecs, les Romains, les Arabes et les
navigateurs modernes, y sont rapportés et discutés. La relation du voyage propre-
ment dit ne commence qu'avec le deuxième volume; elle l'occupe tout entier, et
remplira aussi le tome troisième. Dans cette première partie de la relation, M. Guil-
lain arrive à l'île de Zanzibar, qui, dans les temps modernes, a acquis de l'impor-
tance, et il en donne une description qui semble complète. De là il fait une excur-
sion sur les côtes de l'Inde, à Diu, à Surate, à Goa et dans l'île de Socotora, pays
qui tous rappellent des souvenirs et méritent, au point de vue actuel, une sérieuse
attention. Dans ses exposés et ses discussions, l'auteur mène de front l'hydrogra-
phie, la géographie, l'étude des mœurs, l'histoire, l'état du commerce, et, grâce
aux recherches approfondies qu'il a faites depuis son retour, ces diverses matières,
qu'il est rare de trouver réunies, sont ici rapprochées, contrôlées les unes par les
autres, et accompagnées des corollaires qui en découlent. L'atlas se compose de
vues de villes, de plans, d'armes, d'ustensiles, de portraits d'indigènes pris au da-
guerréotype et lithographiés. On y trouve, de plus, quelques cartes gravées pour le
comple du ministère de la marine.

TABLE.

Lettres de Jean Calvin, etc. (4° article de M. Mignet. ). . . . . .

Pages.

405

Voyages des pèlerins bouddhistes, etc. (2° article de M. Barthélemy Saint-
Hilaire.). . . . . . . .

423

Recherches expérimentales sur la végétation, etc. (7° article de M. Chevreul.).
Die Phoenizier, etc. (3° article de M. Quatremère.).

437

451

Nouvelles littéraires...

464

FIN DE LA TABLE.

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