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noms sont donnés comme étant celui du défunt, de reconnaître la forme nominative correspondante.

Nous voyons ainsi que les noms soit masculins, soit féminins en a (A) faisaient le génitif en as (MA), et que les noms en ia (A1) ou eia (A1); qui paraissent avoir été presque tous féminins, faisaient leur génitif en ias (MAI) ou eias (MAI); ce qui rappelle la première déclinaison grecque, paradigme nuépa, nμépas (sanscrit náma, génitif nâmnas).

Ainsi Alfa (A8JA) fait au génitif Alfas (MA8JA), Velia (A1J37) fait Velias (MA), Fastia (A12A8) fait Fastias (MAITZA8), Velimna (AHMIJA) fait Velimnas (MAH), etc. Souvent dans les inscriptions on écrit par abréviation is pour ias, comme dans Cacnis (MIA) pour Cacnias (MAIHDAD), forme abrégée de Cacinia.

Les noms en e (3), qui paraissent avoir été tous du masculin, faisaient leur génitif en es (M) et rappellent la première déclinaison grecque, paradigme neaλn, xεQaλñs. Ainsi Aule (VA) fait Aules (MAJVA) au génitif, Tite (a+1+) fait Tites (Matt), Alfe (JA) fait Alfes (MaJA), Cafate (A8A) fait Cafates (MatA8A), etc. Ces noms en e répondent généralement aux noms latins en us et aux noms grecs en eus ou aos.

Les noms en u (V) ou ia (VI) faisaient leur génitif en as (MV) ou ius (MVI) et rappellent les noms grecs qui se déclinent comme dolu, ǎolsos (ǎolews). Ainsi Fetiu (VIO38) devient Fetius (MV1038) au génitif, Larthiu (VI†9AJ) fait Larthius (MVI†9AJ), Pumpu (V1MV1) fait Pumpus (2V1MV1), Veliu (VIJ37) fait Velius, écrit par abréviation avec suppression de i, Velus (MVJ3). La terminaison en ius s'abrége quelquefois en is; par exemple, on trouve écrit Vipis (M1117) pour Vipius, génitif de Vipiu (VII), Petrunis (MI) pour Petrunius.

La lecture des inscriptions accuse l'existence d'un certain nombre de substantifs qui se terminaient, au nominatif, non par une voyelle, mais par une consonne. De plus, quelques-uns des mots étrusques que les auteurs anciens nous ont conservés affectent pareille terminaison. Malheureusement nous ne connaissons guère la forme génitive de ces substantifs. Il n'est pas impossible que le mot Turmucas (no 2147), qui se lit sur un vase de Vulci, soit le génitif du mot Turms, Turmus (MmqV+), nom du Mercure étrusque. (Voyez Glossar. ital. col. 1866.) Dans ce cas, les noms étrusques en ms se rapprocheraient des noms grecs en už (xpv) qui font leur génitif en uxos (xpuxos). La présence d'un s (2, M) à la suite de quelques noms dérivés terminés en al (JA) tend à faire supposer que plusieurs formaient le génitif par l'addition de cette sifflante comme suffixe. C'est ce qui a lieu également pour le

substantif Avil, Aivil (JA, JIJA, JIA), mot tout indo-européen répondant certainement au latin ætas, au grec alúv, et qui, sous la forme A, doit se traduire par ætatis; ce sens appartient, au reste, dans les épitaphes, également à la forme nominative, parceque la suppression de final y est simplement le résultat d'une abréviation.

Nous sommes fort pauvres en fait d'indication d'accusatif. Toutefois il y de graves présomptions, au moins pour un certain nombre de déclinaisons, que ce cas était semblable au nominatif, sauf peutêtre la quantité. En effet, Festus nous a conservé une formule étrusque que l'on inscrivait sur les maisons pour détourner les incendies, et qui est arse verse, qu'il traduit par averte ignem. Ainsi verse, qui s'écrivait, selon toute vraisemblance, en étrusque M937, signifiait ignem et devait être un accusatif. Nous retrouvons ici une forme toute semblable au nominatif terminé en e (a) mentionnée ci-dessus. Ce mot verse (M9) offre une analogie très-frappante avec le grec aupads dérivé de wup, feu, et c'est là un indice très-significatif de la parenté qui liait l'étrusque à la langue des Hellènes, car le mot feu est du nombre de ceux qui composent le vocabulaire primitif de toute langue et qu'un peuple ne peut guère avoir reçu de l'idiome d'un de ses voisins. Diverses inscriptions présentent le mot turce (9+), qui a toute l'apparence, tant par la place qu'il occupe que par les mots auxquels il est joint, d'une troisième personne singulier du présent ou du prétérit de l'indicatif d'un verbe sur le sens duquel je reviendrai plus loin. Or les mots que régit ce verbe s'offrent à nous sous la même forme qu'affecte le nominatif. C'est là une seconde présomption en faveur de l'identité de terminaison des deux cas.

Nous pouvons être plus affirmatif pour le datif. L'inscription no 1922 du Corpus, placée sous une statue du musée de Florence qui fut connue longtemps sous le nom d'arringatore ou de l'aruspice de Médicis, porte:

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Elle doit se traduire, selon toute vraisemblance, par:

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AVLO METELLI VE VESIÆ NATO

PRO OBLATIONE POSVIT TENINVS TVTINII (Fil.) SANSIA (Natus.) SCALPTOR

Et elle montre que le datif du mot clan (HAJ), dont le sens a été établi dans mon premier article, était clensi. Donc si (IM) était la terminaison de ce cas (IM), terminaison qui reparaît dans le datif d'Aule (JVA), génitif Aules. Cela nous indique, de plus, que la voyelle du nominatif clan s'adoucissait au datif en e, adoucissement analogue à ceux que nous présentent, dans les déclinaisons, les langues germaniques et néo-celtiques.

Comme nous lisons le mot clenar (AH3J) accompagné d'un nom de nombre sur trois inscriptions (n° 2055, 2056, 2340), à une place et dans des conditions décelant l'énonciation des enfants du défunt ou de la défunte, il y a là une forte présomption pour croire que ce mot clenar (AH) était le nominatif pluriel de clan. Et cela nous apprend en même temps que l'adoucissement de la voyelle radicale s'opérait encore à d'autres cas que le datif. Nous relevons de la sorte un exemple de nominatif pluriel des substantifs terminés par une consonne, en supposant que clan ne soit pas un mot abrégé dont la finale a disparu. Or nous trouvons dans l'inscription de Torre di S. Manno (n° 1915) le mot clenarasi (MARA) qui présente toute la physionomie d'un datif pluriel et qui peut être rapproché d'autres mots terminés en asi (IMA). Cette remarque légitime la supposition que le datif pluriel d'un certain nombre de substantifs se terminait en asi (IMA); ces deux formes, l'une du datif singulier, l'autre du datif pluriel, ont une ressemblance évidente avec les datifs grecs de la troisième déclinaison (Ελληνι, Έλλησι, ἀνδρί, ἀνδράσι, etc.) et les datifs de la première décli

naison dans le dialecte ionien.

Nous ne connaissons que par quatre inscriptions, reproduisant au reste les mêmes noms indicatifs de filiation (Corpus n° 2033 bis, p. CLXXVII), une forme qui se rapporte clairement au génitif pluriel. On y lit: A la première: MAHAL.MEJAIONA (Arnthialum clan Velusum); à la deuxième, à la troisième et à la quatrième: MJ HAND (Clan Velusum).

Le contexte de ces inscriptions semble indiquer que ceux qu'elles concernent sont donnés comme issus de la gens des Velii. Seulement, dans la première, épitaphe de Vel. Leinies Larthial Ruga (J37 JAIL-RIJAV), c'est-à-dire de Velius Linius, fils de Larthia surnommé Ruga, la gens est dite des Aruntii Velii, tandis que, dans les trois autres, ceux qu'elles concernent sont simplement qualifiés de

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N° 2055 (J); n° 2056 (JA✶ QAHJƆ); n° 2340 (QAMBJ).1). -' On lit dans la même inscription Precuthurasi (IMA).

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«né des Velii» (clan Velusum). Si l'on tient compte de l'affinité de s et de r qui se montre dans certains mots latins archaïques comparés à des mots plus modernes (arbos, arbor, flos, flor, etc.) et de la substitution de u à o, on reconnaîtra dans cette terminaison en usum l'équivalent du génitif pluriel latin en orum1.

L'inscription n° 2603, qui se lit à l'entour d'un bas-relief représentant une figure de Gorgone, donne à croire que le mot Velthurithura (MOVIE) était le génitif pluriel du nom de Velthuria (1900), en sorte que l'on devrait la traduire par : Ego sum salvatorium (σwτńpov) Velthuriarum, dedicavit Aulus Velthurias Phiniscie natus2 (JAIDMIH8). Si cette conjecture est fondée, on aurait ainsi la preuve d'un génitif pluriel en thura (AOVO)3, qui n'est pas sans quelque analogie avec la terminaison arum du génitif pluriel des noms de la première déclinaison.

Il est donc vraisemblable que les substantifs qui, au singulier, avaient le nominatif en u (V) et le génitif en us (MV) faisaient le génitif pluriel en usum (MVMV), terminaison qui rappelle celle des noms latins correspondants de la deuxième déclinaison.

J'ai déjà parlé, dans mon premier article, de la forme de l'ablatif des noms propres terminés par une voyelle. Tout annonce que cette forme était semblable au nominatif et conséquemment à l'accusatif. Je ne m'étendrai pas davantage sur ce point.

En somme, la déclinaison étrusque nous apparaît beaucoup plus simple, beaucoup moins riche que les déclinaisons grecque et latine. Elle se rapproche davantage, par son imperfection, de la déclinaison allemande. Ce caractère défectueux dénote une altération assez profonde du prototype sanscrit, et ce signe vient se joindre à plusieurs autres pour accuser, chez l'idiome étrusque, une séparation déjà fort ancienne de la souche originelle, une longue existence propre durant laquelle les formes primitives se sont émoussées et simplifiées. Un tel état d'altération des terminaisons casuelles correspond, comme on le voit, parfaitement à celles des noms de nombre.

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L'inscription de Torre di S. Manno (n° 1915) nous fournit un autre nom en am (MV) qui paraît être aussi un génitif pluriel (V); c'est celui qui entre dans la formule Ipa murzua cerurum (MVO A11), dont le sens semble

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être ex more cærimoniarum. : Je reviendrai plus loin sur le sens de IM (mi) ego sum, et des mots JIOV2, salvatorium, turce (39†), dedicavit, que renferme cette inscription.3 L'inscription de Torre di S. Manno nous fournit les deux mols Precus (M91) et Preculhurasi (IMAVOV<391); or ce dernier paraît être le datif pluriel de l'autre, ce qui dénoterait l'addition du dissyllabe thura au cas oblique pluriel.

J'ai peu de chose à dire sur les adjectifs, car parmi les mots qui se lisent dans les inscriptions il n'en est aucun qu'on puisse avec certitude regarder comme tel. Pourtant il est difficile de ne pas considérer comme ayant une valeur au moins adjectivale les mots terminés en al (JA) et qui, comme je l'ai montré dans mon précédent article, sont formés à l'aide du nom d'un ascendant du défunt. J'ai dit que quelques auteurs regardaient cette finale comme une simple indication de l'ablatif. Cette opinion me semble difficile à accepter. D'abord on a vu que l'ablatif devait se terminer comme le nominatif, sauf, je le répète, la quantité de la voyelle. Ainsi, pour prendre un exemple, les noms terminés en a (A) au nominatif se terminent aussi en a à l'ablatif. Or ces noms donnent lieu à la formation de noms en al (JA); d'où il faudrait conclure qu'ils avaient deux formes ablatives, ce qui n'est pas admissible. Si l'on tient compte de l'analogie de cette terminaison en al avec la terminaison adjectivale latine alis, on sera beaucoup plus enclin à supposer qu'elles se correspondent. Le vocabulaire latin présente d'ailleurs un certain nombre de noms terminés en al qui, à raison de leur origine, doivent être regardés comme des emprunts faits à la langue étrusque, car ils se lient à des idées religieuses de provenance étrusque. Je citerai notamment :

Puteal, mot qui servait à désigner un lieu que la foudre avait frappé et rendu saint1 par cela seul, motif pour lequel on l'entourait d'une enceinte circulaire ou margelle en pierre (puteus). Tout ce qui tenait à la doctrine des foudres avait été emprunté par les Romains à l'Étrurie. Il y a lieu, tant pour ce motif qu'à raison de la terminaison, de tenir ce mot pour étrusque.

Bidental, mot qui s'appliquait à un lieu frappé deux fois de la foudre, et où, au dire des étymologistes latins, on sacrifiait une brebis âgée de deux ans (bidens).

Minerval, salaire que recevait le professeur de ses élèves et manifestement ainsi appelé en l'honneur de Minerve, la déesse des arts, dont l'origine étrusque est attestée par l'apparition fréquente de son image sur les miroirs étrusques, où son nom est généralement écrit Mnerva (озим), Menerva (АЗИЗт).

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Lupercal, lieu consacré au dieu Lupercus (Serv. ad En. VIII, 341). Larentinal, jour ou fête des Lares et d'Acca Larentia 2.

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1 Serv. ad Virgil. Æn. VI, 72. 2 Dans les mots Larentia et Larentinal, on remarquera un dérivé de Lar, formé d'après les règles de la vocalisation étrusque ; le dérivé latin aurait été Laralis.

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