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Janual, gâteau qu'on offrait à Janus.

Valcanal, le foyer qui brûlait sur l'âtre commun placé dans le comi

tium 1.

Fugutal, nom donné à un lieu du Latium où se trouvait un hêtre (fagus) sacré situé près d'un sacellum de Jupiter.

Fecial (d'où fecialis), nom que les Eques Falisques donnaient aux hérauts chargés de conclure les traités. Ce mot était sans doute dérivé de Fex signifiant fœdus (latin fides), plutôt que de ferire, comme le prétend Festus.

Ces divers noms finissant en al ont tous le caractère de mots dérivés, d'où il suit que leur terminaison devait dénoter l'appartenance, et c'est là un fait qui explique les noms métronymiques ou patronymiques en al. De tels noms indiquaient conséquemment que la personne appartenait par sa naissance à la famille de celle ou de celui dont le nom constituait le radical du mot ainsi terminé. Cela montre que la terminaison étrusque en al était l'équivalent de la terminaison latine en anus, comme dans les mots Cæsarianus, qui appartient à César, Pompeianus, qui appartient à Pompée, etc. On peut donc considérer en réalité les mots finissant en al comme des adjectifs dérivés de noms propres. Nous voyons, au reste, par quelques-uns des noms qui se lisent sur les miroirs et les peintures, Hinthial (JAIOHIB, eldwλov), Recial (JA), nom d'une divinité, Phersipnal (JAHIM930, Пepσεovn), forme étrusque du nom de Proserpine), Truials (JAV), troyen (trojanus), que certains mots étrusques affectaient, au nominatif, la terminaison al.

Le verbe étrusque nous est moins imparfaitement connu que l'adjectif, car nous avons, pour déterminer son caractère, quelques éléments assez précis. D'abord dans la formule citée plus haut: arse verse, l'impératif arse, ayant le sens du latin averte, indique pour ce mode une terminaison toute semblable à celle du latin. Le mot arse s'éloigne d'ailleurs peu du verbe averte dont il semble représenter une forme plus contractée 2.

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Diverses inscriptions nous donnent, comme je l'ai noté plus haut, le

Voy. Preller, Römische Mythologie, p. 527. Si l'on fait attention que u latin correspond souvent à e étrusque (Velimne, Volumnius, Tite, Titus, etc.), on reconnaîtra que Vulcanal répond à Velcanal; or on retrouve ici la racine Velc identique à Vers, feu (3293) en étrusque. Probablement ab-verse, avec substitution de bàr, comme aujourd'hui, en dialecte modenais, cette dernière lettre se substitue au d (arversario pour adversario). De ar verse, on aura fait, par contraction arse, l'accent

étant sur ar.

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ar-se pour

mot turce (9+)1 placé dans des conditions tendant à faire supposer qu'il signifiait: a donné, a consacré, a dédié, en latin dono dedit, votum solvit, dedicavit. On retrouve dans ce vocable la racine dor entrant dans le mot grec depov, présent; car les Étrusques n'avaient pas d'o et y substituaient a (V); ils n'avaient pas davantage de d, qu'ils remplaçaient par un t(+) ou un th (O). Turce a tout à fait la forme d'une troisième personne de l'imparfait ou de l'aoriste second grec. Et en effet, d'autres mots qui se présentent également comme devant avoir eu un sens verbal à la troisième personne d'un prétérit, sont aussi terminés en se (M) ou Ce(): FDA (Valce), n° 2337-38; aɔa (tece), no 1922; (amce), no 2033 bis; AJI‡ (zilachce), n° 2116; AM (miace), n° 2058; (malce), no 2032 bis, a; Ava (cechase), no 2279. Enfin, pour compléter ce que j'ai à dire du verbe, je remarquerai que le mot mi (IM), qui se lit sur un assez grand nombre de monuments dédicatoires 2 et qui paraît être toujours suivi d'un génitif, doit, de l'aveu de tous les étruscologues, se traduire par le latin sum ou ego (sum). Or ce mot mi, soit qu'on en fasse le pronom de la première personne, soit qu'on y voie la première personne de l'indicatif du verbe être, nous offre une forme quasi identique au mot grec correspondant. On ne rencontre guère dans les inscriptions qu'un seul vocable qui puisse, avec une assez grande probabilité, être pris pour un pronom. C'est eth (O3), visiblement identique au mot écrit eith (013); car nous trouvons l'un et l'autre accompagnant le mot fanu (VHA8)3, qui, selon toute vraisemblance, n'est autre que le latin fanum. Ce dernier, dans la grande inscription de Tarquinies, apparaît comme régime d'un autre mot (AM) ayant tout l'aspect d'un verbe à la troisième personne du présent ou du prétérit (30AM abréviation de AM). Il suit de

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que eth (eith) doit être un pronom démonstratif répondant à ce, cette. Or la ressemblance d'un tel vocable avec le latin id, neutre de is, doit faire identifier les deux expressions. Ainsi la formule eith fanu sathec se traduira par id fanum statuit, constituit, autrement dit a élevé ce sanctuaire ou ce tombeau; car les circonstances dans lesquelles se présente le mot fanu prouvent qu'il signifiait plutôt encore tombeau que sanctuaire. Un passage de Tite-Live (X, xxxvi) et l'étymologie proposée par

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Voy. Corpus, 1051, 1052, 1054, 1055 bis, 2013, 2014, 2180, 2599, 2603. -Voy. Corp. n° 263-267. Dans ces inscriptions, le mot mi est presque toujours suivi d'un nom au génitif, comme si l'on disait: Je suis d'un tel, ce qui signifiait sans doute: Je suis l'œuvre d'un tel, je suis l'offrande d'un tel. - Corp. n° 1915, 2279. En effet, cette formule, Eith fanu sathec, est suivie d'un nom d'homme au nominatif: Lautn (ius) Pumpus Scunus (Corp. n° 2279).

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Festus rapportent ce mot à l'idée de consécration (fari) et la qualification de fanatica, donnée à un arbre que la foudre avait frappé, tend à faire supposer, à raison de l'origine étrusque de tout ce qui tenait à la doctrine des foudres, que cette épithète était un emprunt fait à l'idiome de l'Étrurie.

La forme du pronom démonstratif eth vient s'ajouter aux indications qui nous ont déjà montré la parenté de la langue étrusque avec le latin et conséquemment avec la famille indo-persique. Il est un autre mot qu'on pourrait être tenté d'assimiler aussi à un pronom démonstratif, et dans lequel on retrouverait alors l'équivalent du latin hic, hæc, hoc. C'est le mot eca (A), dont est très-fréquemment précédé le mot suthi (10VM ou 10V2) dans des inscriptions placées à l'entrée des hypogées; en effet, cette formule a été tout d'abord rapprochée de la formule funéraire latine: hic siti sunt, ou hic jacent, ou hic requiescunt1. A l'ap pui de cette interprétation, on pourrait produire l'inscription du curieux vase étrusque représentant les adieux d'Admète et d'Alceste, publié par M. E. Braun et qu'a reproduit M. G. Dennis au tome II de son excellent ouvrage intitulé: The cities and cemeteries of Etruria. Cette inscription se lit :

EKH.EDZKE.HAK.AVDVM.8NEDODGE

et il semble qu'on doive la traduire par : Hoc fecit Nas Acheruni ex voto. Dans cette traduction, le mot eke (EKH) est rendu par hoc et nous reporte au mot eca de la formule funéraire qui vient d'être mentionnée. Toutefois il est à noter que ce mot ele se termine par une lettre grecque (n) qui n'appartient pas à l'alphabet étrusque, lequel ne connaissait pas les lettres longues. De plus, on voit aussi figurer un o dans cette inscription, lettre également étrangère à l'alphabet étrusque. C'est là un indice très-digne à noter de l'influence hellénique sous laquelle la céramique étrusque s'est développée.

A cette supposition, si séduisante au premier abord, il y a pourtant une difficulté grave. Le mot suthi (10VM), écrit aussi ¡OV par l'échange constant des deux sifflantes étrusques, entre évidemment comme radical dans les mots suthil2 (JIOV2) et suthina3 (AMIOVM). Ces vocables sont inscrits sur des ex-voto, des amulettes ou des anneaux, et ne' sau

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'Orelli, Inscript. latın. select. no 4485, 4714, 4785, 4788. Corp. n** 2279. Corp. 2094, 2095, 2604, a, b, c, d, e. Ce nom est plus souvent écrit

2603. AHIOVI.

raient, par conséquent, indiquer la présence des restes d'un mort. Évidemment ils ont trait à l'idée qui a fait consacrer ces objets, et tout naturellement se présente à l'esprit la pensée qu'ils impliquent une idée de salut, de repos1. On est ainsi conduit à rapprocher le mot suthi du latin salus, quies ou otium, et du grec odos, obos, sain 2. Dès lors nous devons traduire suthi, quand il figure seul au commencement de l'épitaphe, par saluti ou salutis (causa) 3, comme dans cette inscription (no 1931): 102 (suthi etura) qui a peut-être le sens de quieti æternæ. Suthil (OV) se rendra fort bien par un mot latin, tel que salvatorium, transcription du grec owrnpiov, sens que j'ai déjà adopté plus haut en traduisant l'inscription qui entoure la tête de Gorgone. Le mot suthina doit signifier salus; il peut s'appliquer soit à une acclamation de bon augure 5, soit à la divinité du salut (Salus), adorée chez les Romains, et dont le culte existait précisément en Etrurie.

Ceci posé, la formule eca suthi, écrite quelquefois ca suthi, s'offre à nous comme ayant le sens de pro salate, pro quiete, et conséquemment comme l'équivalent de la formule simple suthi ou suthis, et, en général, de ces formules funéraires si fréquentes chez les Romains: Pro otio, eternæ quieti, ossa bene quiescant, ou mieux de la formule pro dormitione, qui se lit justement sur des monuments provenant de l'ancienne Étrurie. Quant à la forme suthith (010VM) de l'inscription n° 2335, son sens demeure encore entouré d'obscurité. De ces considérations, il ressort que le mot eca, écrit par abréviation ca, est une préposition et non pas un pronom démonstratifs. On peut dès lors le rapprocher du latin e ou ex et du grec évexa.

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1 Cette idée de repos (quies) s'attachait généralement aux morts. Orcus recevait l'épithète de quietalis. Ovide (Fust. V, 422) qualifie les mânes de taciti. Voy. G. Curtius, Grundzüge der griechischen Etymologie, 2° édit. p. 340. On lit quelquefois suthis, qui paraît être un génitif dont suthi n'était sans doute que la forme abrégée (n° 1937). - Toutefois il est plus probable que Etura est un nom, car il est suivi d'un autre nom au génitif. La comparaison des deux inscriptions du Corpus n° 1936 et 1937, nous montre que le mot suthina (AVIOV2) s'employait de la même façon que le mot suthis (MIOV2). C'est là un indice que suthina était une acclamation, une sorte de vivat! Orelli, Inscr. latin. suppl. Henzen. n° 7356. Le sens de dormitio, otium, admis pour le mot suthi, concilie les deux interprétations que l'on a données de ce mot. En effet on a rapproché le vocable en question de la qualification de sili, que, selon Atteius Capiton, cité par Aulu-Gelle (XX, 11), on donnait jadis aux morts (vita functi et sepulti). Ce mot, s'il était dérivé de l'étrusque, aurait signifié proprement: jouissant du repos.-' Cette inscription semble, au reste, appartenir à un dialecte un peu différent de l'étrusque commun.- - Ce mot eca se lit aussi sur la grande inscription de Pérouse (no 1914), suivi d'un nom propre au génitif pluriel; (V)elthinaturas, MARVOAHILE.

Faut-il attribuer la même valeur au mot eké de l'inscription du vase Braun? Je suis porté à le croire, et comme, dans les inscriptions, le verbe est généralement rejeté à la fin, j'incline plutôt à penser qu'on doit attribuer un rôle verbal au mot fperorce (8гEDODKE). On devra donc, à mon avis, prendre le mot ersce (ED?<E) pour un substantif ayant le sens soit de votum, soit d'oblatio, et alors le mot eké (EKH) peut se traduire

par pro.

Les observations qui viennent d'être consignées ici nous autorisent à inscrire dans notre vocabulaire étrusque une préposition, et la forme qu'affecte son régime, dont la terminaison est semblable à celle du nominatif, tendrait à faire supposer que cette préposition pour (AƆ3) gouvernait l'ablatif, cas semblable, comme il a été noté plus haut, au nominatif. Toutefois la fréquence de la suppression des lettres finales et l'apparition du mot suthis au lieu de suthi dans quelques inscriptions nous empêchent d'être fort affirmatif à cet égard. Le mot cehen (1012: HB3) Occupant, sur l'inscription de Torre di S. Manno (n° 1915), la même place qu'ailleurs le mot eca, nous devons en conclure qu'il avait un sens analogue à ce vocable (cf. sanscrit krité), et nous pouvons le rapprocher du mot cen (3) qui se lit dans l'inscription de l'aruspice de Médicis, laquelle porte: AMD, ce qui doit se traduire par Pro oblatione posuit2.

Enfin je citerai comme pouvant être regardé encore comme une préposition, le mot ipa (A11) que nous avons déjà rencontré dans la formule MV9V. A11, rendue plus haut par ex more cærimoniarum, et qui se lit deux fois dans la grande inscription de Pérouse (n° 1914 du Corpus) et dans une inscription de Tarquinies (n° 2279). Ce mot offre avec le latin ab et le grec dró une assez frappante ressemblance, quoique son sens paraisse plutôt répondre au latin e ou ex.

Aucun indice ne nous permet de constater sur les inscriptions étrusques des mots répondant à des adverbes ou à des conjonctions. J'ai donc passé en revue les principaux éléments grammaticaux que les monuments nous fournissent, et cet examen suffit pour nous convaincre du caractère indo-européen de l'antique idiome des Tyrrhènes. Ce caractère ressort encore du rapprochement de certains mots étrusques que je n'ai point eu occasion de citer ou sur lesquels j'ai à revenir, et des vocables sanscrits, grecs et latins, qui paraissent leur correspondre. C'est ce que

On lit quelquefois ta suthi ou ka suthi, ce qui paraît être une forme dialectale; quant à an suthi (10VMHA), no 2335, il faut peut-être le traduire par dvà owryplov (pro salute). Je reviendrai, dans un prochain article, sur le mot phleres.

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