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avec raison, que la trop grande multiplication de ces animaux est une source d'abus et de dangers; ils consomment un pain précieux, entretiennent la malpropreté au sein des pauvres ménages, engendrent et communiquent une maladie épouvantable, la rage; enfin, ils sont, pour la plupart, inutiles, importuns, souvent dangereux.

M. Michel Chevalier acceptait l'établissement de cette taxe, surtout pour la voie nouvelle qu'elle ouvrait à l'impôt. Ce n'est pas assez, en effet, de dégrever les objets de première nécessité; il faut encore atteindre les objets de luxe. En Angleterre, les taxes de cette nature, sur les chiens, les chevaux, les voitures, les domestiques, donnent un revenu annuel de 40 millions. La taxe sur les chiens était, pour le savant publiciste, un essai utile,, un premier pas dans cette carrière qui nous est inconnue.

Quelques orateurs ne virent là qu'un impôt nouveau, qu'une mesure vexatoire : la prise en considération fut repoussée par la Chambre (20 mars).

Crédits supplémentaires et extraordinaires.- Les crédits supplémentaires et extraordinaires, pour les années 1845 et 1846, étaient évalués, au total, à une somme dépassant 55 millions: des annulations diverses les réduisaient à une somme de 29 millions environ, dont 13,534,336 fr. devraient être imputés en augmentation sur l'exercice 1845, et 15,603.599 fr. sur celui de 1846.

Les principales dépenses, non prévues dans les budgets de ces deux dernières années, avaient été occasionnées par l'envoi en Algérie de six régiments d'infanterie et de deux régiments de cavalerie, ainsi que par les frais de transport de la remonte et des fourrages. Le ministre de la marine demandait environ 8 millions pour les armements de la Plata, pour le service sur les côtes occidentales de l'Afrique et pour l'expédition de Madagascar. La réparation causée par l'incendie du Mourillon, à Toulon, avait couté 3,165,000 fr.

Les crédits demandés par le ministre des affaires étrangères, pour les deux années, s'élevaient à 674,743 fr., dont 500,000 fr.

avaient été employés pour les frais de la légation envoyée en Chine, pour des missions extraordinaires dans l'Amérique du Sud, à Rome, à Londres et au Maroc, et pour l'indemnité accordée à l'ambassadeur français en Espagne, qui avait accompagné la reine en Catalogne et en Navarre; 100,000 fr. étaient destinés à la reconstruction de la maison consulaire à Tanger.

Le ministre des travaux publics avait alloué 900,000 fr. à la compagnie du chemin de fer d'Orléans à Vierzon, pour le montant de ses rails, et 2 millions à la compagnie de Rouen au Havre, à titre de prêt, conformément à la loi de 1842.

Les crédits des autres ministères étaient peu considérables : on y remarquait 150,000 fr. pour les frais non prévus de justice criminelle; 175,000 fr. pour le service des cultes et pour les traitements du clergé paroissial; 57,034 fr. pour la construction du séminaire protestant à Montauban; et enfin, 23,815 fr. pour l'établissement de la ligne de télégraphie électrique de Paris à Rouen.

L'examen dans les bureaux de la Chambre des députés et la nomination des commissaires eurent lieu le 10 janvier.

La discussion générale ouverte le 11 mai fut immédiatement fermée après un discours de M. Etienne, sur l'amour effréné de l'argent, qui paraissait à l'honorable député être une plaie de notre époque.

Après un débat assez confus sur des accusations de corruption électorale entre MM. Corne, de La Rochejaquelein, Léon de Maleville, Legrand, de Larcy et M. le ministre de l'intérieur, M. le comte d'Haussonville proposa une augmentation de crédit sur le chapitre relatif aux colonies. On sait qu'une loi votée l'année dernière par les Chambres (voyez l'Annuaire) a décidé l'affranchissement, dans la période de cinq années, des esclaves attachés aux possessions de l'Etat. L'amendement développé par M. d'Haussonville avait pour but de donner au gouvernement la faculté d'anticiper sur ce terme, et d'affranchir immédiatement les esclaves. D'accord avec M. le ministre de la marine, l'auteur de l'amendement proposait de le renvoyer

à la commission du budget. Reprise par M. Ternaux-Compans, cette proposition fut rejetée.

Le fait important de cette discussion fut un amendement proposé par M. Thiers. L'honorable député demandait une réduction de 10,000 francs sur le crédit de 57,000 francs alloué pour la mission de M. Deffaudis dans la Plata. On sait ce que pense l'ancien président du cabinet du 1er mars, sur la conduite à tenir à l'égard de Rosas et des Français enfermés dans Montevideo. M. Thiers blåmait la tournure qu'avaient prises les négociations depuis l'envoi de M. Deffaudis pour la France, et de M. Gore-Ouseley pour la Grande-Bretagne. Il appelait de tous ses vœux une intervention armée pour dégager Montevideo et balayer la campagne.

Après une réponse de M. le ministre des affaires étrangères, qui démontra l'impossibilité et les dangers d'une expédition semblable, l'amendement fut rejeté à 85 voix de majorité, 188 contre 103 (12 mai). L'ensemble du projet fut adopté par 238 voix contre 3 (15 mai).

Crédits de la marine. A la suite de la discussion du budget de la marine, en 1845, la Chambre des députés avait demandé une enquête et un compte rendu sur l'état du matériel naval et l'approvisionnement de nos arsenaux (voyez l'Annuaire dernier, p. 183). Acceptant cette tâche difficile, M. le ministre de la marine apportait, cette année, un compte détaillé de nos ressources et de nos déficits. Mais, jugeant que sa mission ne devait pas se borner à signaler le mal et qu'il lui fallait aussi en indiquer le remède, M. de Mackau proposait une loi réparatrice qui se résumait par la demande d'un crédit extraordinaire de 93 millions. Cette somme, M. le ministre la croyait nécessaire pour porter le chiffre normal de notre matériel naval à 44 vaisseaux, dont 20 à flot; 66 frégates, dont 40 à flot; 180 bâtiments légers et 100 à vapeur. Au moyen de ce crédit, nous atteindrions enfin l'effectif proposé en 1820 par M. le baron Portal.

La commission nommée pour examiner la proposition du gouvernement ne touchait pas à la composition de la flotte à vapeur;

elle ajoutait même quelques milliers de chevaux pour la construction de bâtiments mixtes et de batteries flottantes. Elle augmentait aussi sensiblement la quantité de vaisseaux à entretenir à flot; mais elle réduisait considérablement le matériel à mettre en chantier, et les nombreux bâtiments légers, de telle sorte que nous n'aurions plus que 36 vaisseaux, 55 frégates et 136 corvettes, bricks ou transports. Le crédit était par là ramené à 73 millions. En somme, la commission augmentait le matériel à flot et réduisait le matériel en chantier; elle se refusait à engager l'avenir, et ne pourvoyait qu'aux nécessités du présent.

La commission exposait ainsi les considérations générales qui l'avaient dirigée dans ses délibérations :

Votre commission s'est arrêté à la pensée que la meilleure composition de la flotte en France serait celle qui se préterait le mieux à la possibilité de multiplier les attaques, et de les rendre possibles et probables sur toutes les mers. Elle n'a pas voulu rompre entièrement avec le passé, et renoncer pour jamais aux chances honorables, quoique toujours coûteuses, des grands combats maritimes. Ce qu'elle a voulu, ce qu'elle appelle de tous ses vœux, c'est que la guerre, s'il devenait nécessaire de la faire, pût être entreprise avec rapidité, conduite avec une sage vigueur, et soutenue avec assez de persévérance pour qu'une bonne et durable paix devint le prix de notre conduite mesurée, mais opiniâtre..

« D'accord avec le gouvernement sur les principes et sur les applications à en faire, nous n'avons pu cependant nous rencontrer dans une commune pensée touchant le nombre des vaisseaux à entretenir à flot et sur les chantiers. Nos résolutions sont plus larges que les dispositions du projet de loi à l'égard de la marine à vapeur; mais elles tendent à réduire le nombre des vaisseaux demandés et des bâtiments à voiles d'un ordre inférieur. Votées à l'unanimité, les réductions sont consenties pour la plupart; deux voix les eussent voulues beaucoup plus larges. Aucun dissentiment ne s'est produit sur la question spéciale de l'utile développement de la navigation nouvelle.»

Voici, en résumé, les propositions de la commission pour la composition de la flotte au 1er janvier 1854 :

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La dépense à faire se présenterait dans les termes suivants :

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4° Machines pour les bâtiments mixtes et pour
les bâtiments à vapeur, 7, 950 chevaux ; en
nombre rond, 1,000 à 1,500 fr. par cheval.
Approvisionnements de prévoyance.... 23,500,000

...

12,000,000

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La discussion sur ce projet s'ouvrit le 13 avril.

M. de Carné examina le premier les deux systèmes proposés par le gouvernement et par la commission. Et d'abord, quant à la marine à vapeur, il n'était pas difficile de faire accepter une

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