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port et de lazaret restaient les mêmes à peu de choses près. Cette augmentation de droit de tonnage absorbait presque tous les avantages que les Russes avaient obtenus par le traité avec la Toscane, et qui les avaient assimilés, quant au payement de ces droits, aux navires nationaux, en faveur desquels les nouveaux droits ne seraient toujours que de la moitié de ceux payés par les navires étrangers.

Ce nouveau règlement de navigation éleva, dans la proportion suivante, les droits perçus dans les ports du grandduché :

Pour les navires de 1 à 10 tonneaux, l'augmentation du droit d'ancrage serait de 50 pour 100; pour ceux de 10 à 15 tonneaux, de 170 pour 100; de 15 à 20, 60 pour 100; de 20 à 25, 221 pour 100; de 25 à 50, 175 pour 100; de 30 à 40, 130 pour 100; de 40 à 50, 125 pour 100; de 50 à 60, 52 1/2 pour 100; de 60 à 70, 20 pour 100; de 70 à 80, 25 pour 100; de 80 à 95, 25 pour 100; de 95 à 110, 28 1/2 pour 100; de 110 à 115, 30 pour 100; de 115 à 150, 37 1/2 pour 100; de 150 à 175, 36 1/2 pour 100; de 175 à 200, 33 1/2 pour 100. Au-dessus de 200 tonneaux, l'augmentation serait de 25 pour 100.

La portée de cette mesure était révélée par une disposition établissant que ces droits seraient réductibles de moitié pour les navires toscans et ceux des nations avec lesquelles la Toscane est liée par des traités de réciprocité. C'était un appel direct fait aux États qui n'ont point encore de traité de navigation avec le duché, notamment la France et l'Autriche. Le gouvernement français était mis ainsi en demeure d'étendre au pavillon toscan le traitement du pavillon national, mesure qui aurait pour effet de diminuer, au profit de la marine française, la part du pavillon tiers dans l'intercourse des deux pays.

DEUX-SICILES.

Suivant l'exemple si heureusement donné à l'Italie par le nouveau pape Pie IX, S. M. le roi des deux-Siciles rendit, quel

ques jours après la publication du décret d'amnistie par le souverain pontife, un décret en vertu duquel étaient et demeuraient abolies les commissions militaires créées par l'ordonnance du 28 mai 1826, pour juger les délits politiques, qui dorénavant seraient déférés aux tribunaux ordinaires.

La reine de Naples accoucha, le 12 janvier, d'un prince qui fut baptisé le même jour et qui reçut les noms de Gaëtan-MarieFrédéric. Le prince nouveau-né fut tenu sur les fonts baptismaux par le comte d'Aquila, représentant dans cette cérémonie l'archiduc Frédéric d'Autriche. Le titre qui lui fut assigné fut celui de duc de Girgenti. A l'occasion de cet heureux événement, le roi de Naples accorda une amnistie pleine et entière pour les contraventions et délits, et partielle pour les crimes.

DUCHÉ DE MODÈNE.

La mort du duc de Modène appela, cette année, l'attention sur ce petit État, qui reste d'ordinaire en dehors des préoccupations politiques de l'Europe. Le duc François IV, archiduc d'Autriche, prince royal de Hongrie et de Bohème, fils de l'archiduc Ferdinand, avait pour héritier son fils, François-Ferdinand; il régnait depuis le 8 juin 1815.

Le duché de Modène, placé au centre de l'Italie, entre le royaume lombardo-vénitien, le duché de Parme, le grandduché de Toscane et les États de l'Église, renferme une population de 510,093 âmes; son revenu est évalué à 5 millions, et sa dette à 1 million et demi. Réuni, en 1803, à la république cisalpine, il fut reconstitué en 1814, et l'article 98 de l'acte général du congrès de Vienne rendit à l'archiduc François d'Este les duchés de Modène, de Reggio et de Mirandole, et à sa mère, l'archiduchesse Béatrice, le duché de Massa, la principauté de Carrara et les fiefs impériaux de la Lunigiana, en réservant toutefois les droits de réversion établis dans les branches des archiducs d'Autriche. Par suite de la mort de l'archiduchesse, ces derniers districts furent réunis au duché le

14 novembre 1829. En vertu de l'article 102 de l'acte général du 9 juin 1815, qui déclara le duché de Lucques reversible au grand-duc de Toscane après la mort de Marie-Louise, le duché de Modène doit encore s'accroître des districts toscans de Fovizano, Pietra-Santa et Barga, et des districts lucquois de Castiglione, Gallicano, Minucciano et Monte-Ignoso.

Ainsi composé, le duché de Modène forme un État indépendant sous la suzeraineté morale de l'Autriche, qui exerçait une grande influence sur le duc François IV. Ce prince, après avoir montré des tendances libérales inquiétantes pour les puissances du Nord, était devenu en Italie le représentant le plus complet des idées contre-révolutionnaires, et seul, en Europe, il protesta contre la révolution de 1830 et se refusa à reconnaître le gouvernement qui en était sorti.

Sans doute, l'avénement du duc François V n'apporterait que peu de modifications à l'état du duché. Né le 1er juin 1819 et marié depuis quatre ans à la princesse Aldégonde, fille du roi de Bavière, le nouveau prince serait sans doute soumis, comme son père, à l'influence de l'Autriche.

DUCHÉ DE PARME.

On sait qu'une opposition sérieuse s'est manifestée, depuis quelques années, dans ce duché, au sujet de l'introduction des jésuites, chargés par le gouvernement de l'instruction de la jeunesse. Une adresse fut présentée à cette occasion par l'élite de la population de Plaisance. Malgré les efforts faits pour vaincre ces résistances, elles se manifestèrent d'une manière éclatante à propos d'une discussion qui eut lieu dans le conseil municipal de Plaisance, lorsqu'il s'agit de voter le budget des dépenses. La résolution suivante fut prise par le conseil à la presque unanimité (17 voix contre 2):

Le conseil admet sans réserve les 5,200 livres allouées aux RR. PP. jésuites chargés par le gouvernement de la direction du gymnase de Saint-Pierre. Mais, en obéissant à la nécessité légale d'enregistrer cette dépense, il ne sau

rait s'empêcher de penser qu'elle ne répond plus ni à l'objet qu'on s'était proposé ni aux espérances qu'on avait conçues. Un devoir impérieux le porte à déclarer que l'état actuel de ce gymnase est un juste motif d'affliction et de plainte pour la ville tout entière, et que l'expérience qu'on a faite jusqu'ici laisse peu d'espoir pour l'avenir.

Les parents sont consternés de la démoralisation incroyable (della demoralizzazione incredibile) qui a envahi ces écoles; ils sont consternés de voir que leurs enfants ne font de progrès que dans l'indiscipline et le dérèglement. Ceux qui en ont les moyens éloignent leurs fils; mais ce n'est qu'un petit nombre. La gravité et l'étendue du mal actuel, ainsi que les maux encore plus grands qu'on craint pour l'avenir, donnent le courage de demander un remède prompt et efficace.

«C'est pour cela que le conseil, interprète du vœu public, prie respectueusement le gouvernement de vouloir prendre les mesures qu'il croira les plus opportunes pour régénérer l'enseignement et l'éducation de la jeunesse, qui sont actuellement dans une extrême décadence. Il espère que ses prières ne seront pas repoussées; car c'est une vérité ancienne et reconnue que de l'éducation donnée aux jeunes gens dépend d'abord la tranquillité des familles, comme plus tard en dépendent l'ordre, la tranquillité et la sûreté des Etats..

Ann. hist. pour 1846.

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ESPAGNE.

CHAPITRE X.

Ouverture des cortès. · Attitude de l'opposition.

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Adresses

dans les deux chambres. Question du mariage de la reine. -- Manifeste politique de don Enrique. — Sa disgrâce. — Protestation contre le mariage de la reine avec le comte de Trapani.-Déclaration ministérielle à ce sujet. - Discussion de la nouvelle loi électorale. Crise ministérielle. Cabinet Miraflorès. Position spéciale faite au général Narvaez. — Confusion daus les partis. · Situation financière. Budget. Crise nouvelle. Vote de confiance accordé par le congrès au cabinet Miraflorès. — Nouveau ministère. Décret contre la presse périodique. Prorogation des cortès. Chute de Narvaez. - Ministère Isturitz. - Insurrection de la Galice. Entrée d'Iriarte en Espagne. — Sa défaite par le général Concha. - Défaite de Solis. - Prise de Santiago. - Fin de l'insurrection. — Punition des rebelles. - Amnistie. - Circulaire relative à la formation des listes électorales. - Révocation du décret contre la presse. Manifestes des partis. - Question du mariage. — Déclaration personnelle de la reine mère relative au comte de Trapani. — Mort de Grégoire XVI. - Etat des rapports avec le saint-siége. — Octroi de bulles aux évêques. - Mariages de la reine et de l'infante. - Attitude de M. Bulwer. - Ouverture de la session des cortès. — Unanimité des votes approbatifs. — Protestation de don Enrique. Fuite et manifeste du comte de Montemolin. - Hostilité de l'ambassadeur anglais. Note officielle. - Célébration des mariages. Amnistie. Résumé des discussions diplomatiques relatives aux mariages. Historique de la question.-Clôture de la session des cortès.-Résultat des élections.- Faiblesse du ministère. — Adjonction de M. Viluma.

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ESPAGNE.

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Immédiatement après l'ouverture des cortès, l'opposition se prépara à entrer en lutte avec le ministère. Sous la direction de M. Pacheco, elle se réunit pour adhérer au voto particolar de M. Seijas, en réponse au discours de la couronne. Assemblée pour la première fois, dans le but de fonder et d'organiser sa résistance sur le terrain des principes et de la pratique, la minorité du congrès approuva à l'unanimité ce vote (contre-adresse), où étaient exposées les idées constitutionnelles et les doctrines gouvernementales de l'opposition. M. Seijas y exprimait le vif

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