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du tribunal de commerce de Lisbonne, ministre de la justice et des cultes.

Par décrets royaux, le vicomte d'Oliveira était chargé de l'intérim du ministre des finances, et le marquis de Saldanha remplissait celui des affaires étrangères en l'absence du vicomte de Carreira.

En même temps, une proclamation de la reine, tout en conservant au pays les garanties conquises par la dernière révolution, assurait le maintien de la charte constitutionnelle.

La chute du ministère Palmella avait été sinon causée, au moins précipitée par l'état déplorable des finances et par les mesures fatales prises pour y remédier. Un décret à la date du 21 août avait établi :

1° Que les dépenses votées par les cortès dans la dernière session, montant à 11,963 contos (71,778,000 francs), avaient de beaucoup excédé les revenus, qui, bien que calculés à 11,956 contos (71,736,000 francs), ne pourraient jamais s'élever à cette somme;

2o Que, dans la situation présente du pays, il était impossible d'établir de nouvelles taxes; que beaucoup de taxes anciennes devaient être abolies, les recettes ne compensant pas les vexations que produit la perception;

3o Qu'il était absolument nécessaire de restreindre les dépenses du pays dans les limites des revenus, et de mettre un terme aux emprunts continuels qui finiraient par amener la ruine du pays.

Partant de ces principes, et dans le but d'établir un système d'économie dans les dépenses, le décret portait :

1° Qu'une réduction de 1241 contos (un peu plus de 7 millions de francs) serait faite sur les dépenses de l'exercice 1846-47; 2o Qu'une retenue de 20 pour 100, au lieu de 10 pour 100, serait faite sur tous les salaires, traitements ou pensions à charge de l'État pendant la présente année financière;

3° Que pareille retenue de 20 pour 100 aurait lieu sur les intérêts de la dette intérieure, consolidée ou non;

Ann. hist. pour 1846.

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. 4° Que les intérêts de la dette étrangère seraient sujets, pendant la même année financière, à une égale retenue de 20 pour 100.

C'était là une véritable banqueroute, et une mesure aussi violente devait porter une atteinte profonde au crédit public, Le premier résultat fut de détruire toute confiance dans les engagements pris au nom du gouvernement, et, en face de la nécessité d'un emprunt, rien ne put décider les prêteurs à venir au secours du ministère. Le gouvernement demandait à la banque trois millions et offrait pour garantie les produits des domaines de la couronne; mais la banque se refusa à courir de pareilles chances.

Le ministère du duc de Palmella n'était pas tombé de luimême il avait succombé sous une destitution. Le changement d'administration avait pris le caractère d'un coup d'État. La réaction allait trop loin dès ses premiers pas, et il y avait dans cette mesure le danger d'élever la bannière de la reine contre le drapeau national. Le résultat immédiat fut l'exaspération du parti septembriste. Ce parti comptait dans son sein les hommes. les plus remarquables du pays: il venait de se rallier l'homme le plus énergique de l'armée tout entière, le commandant envoyé par la reine elle-même contre les absolutistes du nord, le comte Das Antas. Avec lui, le vicomte de Sa da Bandeira, le comte Bonfim et le marquis de Loulé, organisèrent l'insurrection.

Il fallait agir. Le 9 octobre, le duc de Terceira débarqua à Oporto; mais, vaincu sans même avoir eu le temps de combattre, il vit tuer sous ses yeux plusieurs de ses officiers, et fut fait prisonnier avec le reste. Ces événements furent pour la reine l'occasion d'un manifeste exalté, et, pour la junte d'Oporto, d'une adresse dévouée, mais menaçante. Le comte Das Antas adressa en même temps une lettre justificative à la reine.

. Mais la révolte ne gardait pas partout ce caractère de fidélité respectueuse. A Coïmbre, la junte, présidée par le marquis de

Loulé, se prononça et déclara la déchéance et la régence, Les insurgés du nord marchèrent sur Lisbonne. Plusieurs villes importantes adhérèrent à l'insurrection, et déjà des escarmouches de guérillas avaient lieu aux portes mêmes de la capitale.

Les représailles du parti de la reine ne se firent pas attendre. Un décret déclara le vicomte Das Antas déchu de ses droits, titres et dignités. Le maréchal Saldanha fut élevé à la dignité de duc. Un décret de proscription fut rendu contre tous les citoyens, prêtres ou laïques, qui seraient pris les armes à la main. Ces mesures violentes, et la suppression des garanties. constitutionnelles déclarée quelques jours avant, mit le comble à l'impopularité de l'administration nouvelle, et décida, dans le parti modéré, de nombreuses et importantes défections.

Cependant le duc de Saldanha avait pris position à TorresVedras, pour couvrir Lisbonne presque cernée par l'insurrec tion. Das Antas, depuis quelques jours, s'était établi à quelques lieues de là, et les deux colonnes ennemies restaient dans une, inexplicable immobilité, lorsque le général Bonfim, s'avançant plus résolument, engagea avec l'avant-garde de Saldanha, quelques escarmouches, et obtint quelques avantages; enhardi par ces faibles succès, Das Antas fit un mouvement en avant, et Bonfim, cherchant à déborder le corps d'armée de Saldanha, sembla vouloir marcher directement sur Lisbonne. Saldanha dut alors se replier en toute hate sur la capitale. Il alla reformer ses lignes à quelques lieues en avant de la ville, pendant que les insurgés entraient victorieux à Masra, et jetaient leurs avant-postes jusque dans les rochers de Cintra..

La position de Saldahna devenait critique. Déjà Lisbonne s'agitait, et l'escadre anglaise se disposait à prèter asile aux fugitifs. Les mouvements de Bonfim et de Das Antas étaient évidemment combinés de manière à prendre les troupes royales. entre deux feux. Si Bonfim avait eu la patience d'attendre l'ar rivée de Das Antas, le parti de la reine était vaincu, sans doute Mais ce général eut l'imprudence d'engager l'action. Sa colonne fut dispersée par Saldanha; lui-même, Bonfim, fut fait prison

nier avec la plus grande partie de son état-major (23 décembre). Prévenu à temps, Das Antas put se replier en bon ordre sur Santarem.

La défaite de Bonfim n'avait, au reste, rien changé à la situation qui, aux derniers jours de l'année, n'était pas moins menaçante.

Un traité de commerce avait été signé à Berlin, le 30 juin 1845, et ratifié le 22 août de la même année, entre le Portugal et la Bavière. Ce traité assurait entre les deux pays une liberté de commerce basée sur des principes assez larges et la protection réciproque des nationaux. Il devait rester en vigueur jusqu'au 1er janvier 1848.

Des traités identiques furent signés entre le Portugal et les États faisant partie de la Confédération germanique, qui sui

vent:

Avec le grand-duché de Hesse, à Berlin, le 5 novembre 1844, et ratifié le 18 décembre de la même année;

Avec le duché d'Anhalt-Hesse, à Berlin, le 5 décembre 1844, et ratifié le 20 janvier 1845;

Avec le duché de Brunswich, à Berlin, le 20 décembre 1844, ratifié le 18 janvier 1845;

Avec le grand-duché de Saxe, à Berlin, le 24 décembre 1844, et ratifié le 18 janvier 1845;

Avec le grand-duché de Bade, à Berlin, le 7 juin 1845, et ratifié le 9 juillet de la même année;

Avec le duché de Nassau, à Berlin, le 18 juin 1845, et ratifié le 20 juillet de la même année;

Avec le duché de Saxe-Cobourg-Gotha, à Cobourg, le 26 août 1845, et ratifié le 28 octobre de la même année;

Avec le royaume de Wurtemberg, à Berlin, le 13 octobre 1845, et ratifié le 8 novembre de la même année;

Avec la Hesse-Electorale, à Berlin, le 1er décembre 1845, et ratifié le 26 janvier 1846.

CHAPITRE XII.

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GRANDE-BRETAGNE. - Intérieur. — Reconstitution du ministère tory. Projet de réforme des tarifs. - Préparatifs de la lutte. Ouverture du Parlement. Discours royal. Discussion de l'adresse.

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Déclarations relatives à la crise ministérielle. Programme de la réforme. — Budget. -Situation financière. · Discussion du corn bill. — Bill de coercition. — Echec du ministère sur la question de l'Irlande. Déclarations de sir Robert Peel. — Compo

Adoption du corn bill.

-

- Chute du cabinet tory. sition du ministère whig. Suite de la réforme commerciale. - Question des sucres. Modifications à la loi des pauvres. Désordres en Irlande

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-O'Connell et la jeune Irlande. Bill des armes. Travaux publics. Prorogation du Parlement. Tableaux du revenu. — INDE. — Violation des frontières anglaises.- Combats avec les Sikhes.- Bataille de Sobraon. CHINE. Evacuation de Chusan.

- Conclusion de la paix - Traité. -Conditions faites par l'Angleterre.

GRANDE-BRETAGNE.

La tentative de constitution d'un cabinet whig avait échoué dans les derniers jours de l'année 1845 (voyez l'Annuaire précédent, p. 435). Sir Robert Peel était plus que jamais le ministre indispensable, l'homme de la situation. Le 2 janvier, fut publiée la liste officielle du nouveau ministère tory. II était ainsi recomposé :

Premier lord de la trésorerie, premier ministre, sir Robert Peel;

Ministre de l'intérieur, sir J. Graham;

Lord-chancelier, lord Lyndhurst;

Président du conseil, le duc de Buccleugh;

Commandant en chef de l'armée, le duc de Wellington;

Ministre des affaires étrangères, lord Aberdeen;

Lord du sceau privé, le comte de Haddington;
Président du bureau du contrôle, le comte de Ripon;

Chancelier de l'échiquier, M. H. Goulburn;

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