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Probablement à la suite d'une explication franche avec sa femme (1), Archimbaud est guéri de sa jalousie. Il rend la liberté à Flamenca et se li vre, comme jadis, à la vie mondaine où il avait brillé et que sa jalousie lui avait fait abandonner.

Flamenca impose à son amant une séparation momentanée. Au milieu des pleurs, Guillaume se soumet, se promettant de revenir au prochain tournoi : les deux amants se donnent leurs cœurs en gage.

L'année suivante, Guillaume revient en effet. Flamenca l'accueille avcc joie. Un brillant tournoi a lieu et Guillaume s'y couvre de gloire. Le manuscrit étant mutilé, nous ne sa

(1) Il y a à cet endroit une lacune dans le ma nuscrit.

vons pas comment se terminait le poème.

L'intérêt de cette œuvre ne consiste pas seulement dans le récit, quelque animé et vivant qu'il soit. L'auteur a su donner un caractère très net à chacun de ses personnages et les faire agir constamment suivant ce caractère : un élément psychologique s'ajoute ainsi à l'élément narratif et descriptif.

Ce roman, en effet, est déjà un roman psychologique. Les réflexions fines ou profondes sur l'amour, sur les femmes, les observations sur la société aristocratique de l'époque se mêlent harmonieusement au récit sans trop l'alourdir. Il y a quelques longueurs, sans doute, surtout dans les

monologues où les personnages analysent leurs sentiments avant d'agir. Mais ce défaut n'est pas excessif et il est compensé par tant de finesse qu'il ne paraît jamais choquant. Il y a, dans l'ensemble du poème, des qualités que le xvII° siècle, non seulement celui de Mede Scudéry, mais celui de Mme de Lafayette, aurait admirées.

Je connaissais bien le proverbe italien, qui dit que tout traducteur est un traître. En faisant cette traduction, j'en ai reconnu, plus que jamais, la justesse. Je me suis efforcé de trahir le moins possible le texte, mais je suis bien sûr que je n'y ai pas toujours réussi. J'ai dû laisser de côté, d'ailleurs, faute de place, des passages fort` intéressants. Pour ceux-là, comme pour ceux qui sont traduits, je con

seille au lecteur de se reporter au texte même. Le glossaire mis par Paul Meyer à la suite de sa seconde édition permettra à chacun de comprendre une partie de ce texte sans peine.

Rappelons en terminant, que M. Ch. V. Langlois a analysé le roman et en a traduit quelques passages dans son ouvrage intitulé: La Vie en France au Moyen Age de la fin du xi au milieu du XIVe siècle, d'après les romans mondains du temps, Paris, Hachette, 1924. (1).

(1) C'est une seconde édition de l'ouvrage d'abord intitulé, La société française au x° siè cle d'après dix romans d'aventures, Paris, Hachette, 1904, in-16.

Le roman de Flamenca avait, jadis, été l'objet d'une libre adaptation de la part de MaryLafon, sous le titre suivant: La Dame de Bourbon, Paris, 1859 (avec illustrations). On peut voir dans la préface de Paul Meyer (p. XLI) le juge. ment sévère de l'éditeur sur cet ouvrage.

1

I

Les Fiançailles de Flamenca

avec le

Comte Archimbaud

de Bourbon

Le manuscrit ayant perdu son premier feuillet, nous n'avons pas le début du poème dont voici le contenu :

Le père de Flamenca, le comte Gui de Nemours, annonce à ses chevaliers que deux prétendants lui ont demandé la main de sa fille le comte Archimbaud de Bourbon et le roi d'Esclavonie. Ses préférences vont au premier. Ses chevaliers lui conseillent de consulter sa femme et sa fille.

Le comte fit venir sa femme et n'oublia pas Flamenca. Elles sont venues dans sa

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