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VII

Archimbaud est guéri de sa jalousie. Flamenca est remise en liberté

Il y a ici, dans le manuscrit, une lacune d'un feuillet. Quand le récit reprend, Archimbaud est guéri de sa jalousie.

Il ne surveille plus Flamenca, qui sort de sa prison; elle est courtisée par de nombreux chevaliers, et elle explique à Guil-laume qu'Archimbaud a perdu tous ses défauts et qu'il a « recouvré courtoisie »>.

« C'est pourquoi, ajoute-t-elle, je ne veux plus, ami, que vous restiez ici, enfermé comme un reclus. Partez, car telle est ma volonté; je ne pourrais.

pas continuer à venir vous voir ici comme j'en ai l'habitude. Je veux donc que vous partiez et que vous retourniez dans votre terre; vous reviendrez ensuite pour le prochain tournoi. Entre temps, vous me ferez savoir de vos nouvelles par quelque pélerin habile, par messager ou par jongleur. >>

Les suivantes et les écuyers fondent en larmes; les uns et les autres échangent des serments.

Quant à Guillaume, il fut tellement ému qu'il tomba tout pâle entre les bras de Flamenca sa douce amie. Elle ne savait que lui dire; par amour elle ne voulait pas l'abandonner, et par peur elle n'osait pas crier. Mais elle eut tout loisir de pleurer. Elle pleura tant, et sans arrêt, que l'eau qui lui venait du cœur mouilla le front, le menton et même tout le visage de son ami. Elle lui dit : « Ami,comment

se fait-il que vous ne m'adressiez pas la parole? Est-il courtois de votre part de rester ainsi près de moi sans me parler? »

Guillaume entend la voix et les pleurs. Il s'en faut de peu que son cœur ne se brise sous le poids de la tristesse. Il a une si grande douleur et une telle émotion qu'il a grand peine à reprendre ses sens et à répondre à Flamenca car les soupirs qui, du fond du cœur, lui viennent à la bouche lui enlèvent la voix et la parole. Il lui dit cependant : « Puisque vous voulez que je me sépare de vous, il ne vous reste qu'à me partager le cœur et à me tuer! »

Flamenca lui répondit : « Beau doux ami, vous êtes si vaillant et si noble, si courtois et si éclairé, que vous voyez que je mets toute mon intelligence à vous honorer et à vous servir. Si vous pouviez même vous imaginer que je puisse vous rendre de plus grands honneurs, ce me

serait une grande douceur de vous les rendre et je le ferais volontiers; car jamais rien ne m'empêcherait de faire vos volontés, sensées ou folles. >> << Douce dame, votre noblesse et votre sens sont si accomplis qu'il n'y a pas au monde d'homme si affligé qui ne reçût de vous du réconfort. >>...

Ils ne savent qui sortira le premier de la chambre, si grand est leur ennui et leur chagrin. Flamenca, en femme courtoise, échangea deux mots avec Guillaume. Puis, après lui avoir donné un baiser, elle ajouta : « Ami, avec ce baiser je vous livre mon cœur et je prends le vôtre qui me fait vivre. »

Guillaume répond: « Dame, je le prends et le garde à condition que je le retienne en lieu et place de mon propre cœur; quant à vous, je vous prie de ne pas oublier le mien. »

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VIII

Départ de Guillaume.

Il se couvre de gloire

à la guerre des Flandres.

Le père de Flamenca, apprenant qu'Archimbaud est guéri de sa jalousie, vient voir sa fille. Il raconte les exploits que Guillaume a accomplis en Flandre. Quelque temps après, le duc de Brabant donne un grand tournoi à Louvain. Archimbaud y vient avec trois cents chevaliers portant son enseigne, fleurs jaunes sur champ bleu. Guillaumefait la connaissance d'Archimbaud; il remporte le prix du tournoi. Invitation d'Archimbaud.

Quand Archimbaud fut revenu chez lui,

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