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Guillaume, très ému lui demande :

<<< Mon

cœur, comment va-t-il ?>>> « Ami, répond Flamenca, il tient la place du mien; et pourvu que vous n'éloignez pas le mien de la place qu'il occupe dans le vôtre, soyez sûr que jamais je ne changerai le vôtre de sa place. >>

Les deux amants prennent rendez-vous pour la nuit suivante. Archimbaud se dépense beaucoup pour s'occuper de tous ses invités. Guillaume va voir Flamenca, qui est au milieu de sa cour; elle peut, par un adroit stratagème, lui donner encore un baiser. La salle était « illuminée » de la beauté des femmes.

Archimbaud survient et fournit à Flamenca un prétexte pour sortir le comte de Bar, son cousin, et sa suite doivent être armés chevaliers; Archimbaud demande à sa femme de leur choisir des cadeaux et il prie Guillaume d'accompagner Flamenca dans ses appartements.

Le lendemain, au point du jour, au milieu d'un joyeux tumulte et au bruit de mille instruments, le tournoi commence. Flamenca, le roi et Archimbaud sont assis sur une estrade élevée. Flamenca promet de donner la manche de son vêtement au premier vainqueur; au même instant, Guillaume remporte le prix. Flamenca lui fait remettre la manche par le chevalier même qu'il a vaincu. Guillaume la place à l'intérieur de son écu, de manière à l'avoir constamment sous ses yeux.

Réflexions piquantes du poète sur les << bonnes » femmes, qui aiment loyalement, et sur les « mauvaises », qui remplissent la vie d'amertume et d'ennui. « Ceux qui en ont goûté le savent! », ajoute-t-il.

Le tournoi continue. Le comte de Tou

louse engage un combat furieux avec le

comte de Louvain. L'escorte du comte de Toulouse, composée de seize chevaliers, vient à son secours. Guillaume et sa suite les font prisonniers. Guillaume les envoie demander leur liberté à Flamenca qui, entou

rée du Roi et de ses barons, prend un vif plaisir à suivre les péripéties du tournoi.

Un chevalier bourguignon d'une très haute stature est vaincu par Guilhem de Montpellier, qui était tout petit toute l'assemblée se moque de lui. Voici une autre scène du tournoi.

Avec le comte de Rodez joûta le comte de Champagne. Chacun d'eux était bon chevalier; ils se donnèrent des coups mer veilleux: rênes, sangles, poitrails (1), selles, surfaix avec ses fortes boucles, les étriers qui étaient neufs et excellents, tout fut brisé. Mais aucun des deux chevaliers ne quitta la place; ils mettent pied à terre, tenant devant eux leur écu et leur lance. Ils prennent place pour joûter à pied. Mais le roi fit publier aussitôt : «< Barons, barons, arrêtez; que personne ne combatte plus aujourd'hui; nous avons vu une

(1) Partie du harnachement qui protégeait la poitrine du cheval.

belle « joûte »; tout homme qui serait venu exprès n'en pourrait voir ni raconter de plus belle. »

Le tournoi continue le lendemain. Mais le récit qui en est fait est incomplet, le manuscrit ayant perdu ses derniers feuillets.

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