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groffir ce Volume d'une partie de ce qu'on peut auffi-bien lire dans les Livres du Cardinal du Perron, on a mieux aimé épargner tout ensemble M. Claude & les Lecteurs; d'autant plus que l'on n'a pas eu deffein de rendre inutiles les autres Auteurs qui ont travaillé fur cette matiere, & que l'on a cru fe devoir borner à éclaircir à fond les principaux paffages, dont la folution enferme celle de tous les autres moins confidérables.

Tout ce que j'ai dit jufqu'ici a principalement lieu pour les fept premiers Livres de ce Volume, qui appartiennent proprement au deffein particulier qu'on y a eu, de répondre aux difficultés des Miniftres. Le huitieme eft tout d'un autre genre, puifqu'il n'eft prefque compofé que d'actes d'atteftations & de preuves nouvelles de la créance des fociétés orientales. Mais fi ce Livre eft en quelque forte hors d'oeuvre à l'égard de ce Volume ici, il ne l'eft pas à l'égard de tout l'ouvrage; & l'on peut dire au contraire, que c'en eft une conclufion très-jufte & très-naturelle.

Car il faut fe reffouvenir que lorfque l'on propofa dans le premier Traité qui a donné lieu à cette conteftation, l'argument qui prouvoit la perpétuité de la doctrine de la préfence réelle, par l'impoffibilité du changement de la créance de l'Eglife fur ce point, & qui établiffoit cette impoffibilité fur ce fait conftant, que toutes les fociétés chrétiennes étoient dans la doctrine de la préfence réelle au fiecle de Bérenger, M. Claude & les autres Miniftres ne crurent pas avoir de meilleur moyen pour éluder la force de cette preuve, & pour empêcher l'impreffion qu'elle pouvoit faire fur les efprits, que de la faire paffer pour un détour & pour une voie indirecte, & d'y oppofer les preuves par lefquelles Aubertin prétend - avoir fait voir que les Peres des fix premiers fiecles font contraires à cette doctrine, qui leur donnoit, difoient-ils, droit de conclure que ce changement, qu'on repréfentoit comme impoffible, étoit effectivement arrivé. M. Claude n'a point fait de Livre où il ne fe foit fervi de cette voie artificieuse, & où il n'ait fait même de longs difcours pour la justifier: & il faut avouer que quelque injufte qu'elle foit, elle n'a pas laiffé de produire fur quelques efprits l'effet qu'il en prétendoit.

Il y a des gens qui jugent des arguments fur l'étiquette, pour user de ce mot, & fur la forme, & qui prennent pour également forts tous ceux qui concluent directement, fans confidérer fi les principes que les arguments fuppofent font également véritables. On dit aux Miniftres que toutes les fociétés chrétiennes s'étant trouvées dans la doctrine de la présence réelle dans l'onzieme fiecle, il eft impoffible qu'elles y foient venues par changement, & qu'il faut ainfi que cette doctrine ait toujours été dans l'Eglife; & M. Claude replique que les Peres n'ayant jamais cru la préfence réelle durant les fix premiers fiecles, il faut bien que cette doc

trine fe foit introduite par changement, puifqu'elle n'a pas toujours: été crue.

L'un fans doute conclut auffi-bien que l'autre : mais il y a cette différence, que le premier eft fondé, tant fur un fait certain, qui est l'union de toutes les fociétés chrétiennes dans la doctrine de la préfence réelle depuis Bérenger jufqu'à préfent, que fur le fens commun, qui conçoit avec tant d'évidence, qu'il s'enfuit de-là que cette doctrine ne s'eft point établie par innovation, , que M. Claude lui-même n'a ofé nier cette conféquence.

L'autre au contraire n'est fondé que fur la témérité d'un homme, qui veut faire paffer pour clair & pour certain tout ce qui lui plaît ; n'y ayant rien au contraire de plus mal prouvé, ni de plus faux que cette contrariété prétendue des Peres avec l'Eglife Romaine fur la préfence réelle.

Mais comme ceux que M. Claude a par-là abufés ignorent, ou veulent ignorer, cette différence, il étoit néceffaire de les en convaincre : ce qui obligeoit par néceffité de leur montrer l'inévidence de ces preuves.. On a même paffé plus avant; car on a pofitivement montré que les Peres étoient clairement pour nous, & que la doctrine de l'Eglife Catholique paroiffoit avec éclat dans les fix premiers fiecles, auffi-bien que dans les derniers.

Et c'eft ce qui nous donne lieu maintenant de reprendre avec plus de force le premier argument; l'impreflion n'en pouvant plus être affoiblie par cette chicanerie des Miniftres.

Que fi cet argument n'eft plus abfolument néceffaire à ceux qui feroient demeurés entiérement perfuadés du fentiment de l'ancienne Eglife, il l'eft à l'égard de ceux à qui il feroit encore refté quelque doute dans l'efprit, comme nous avons dit ailleurs; & il est toujours utile, pour faire paroître la vérité dans un plus grand jour par cette union de preuves. & de lumieres..

On l'auroit pu faire, en faifant fimplement reffouvenir les Lecteurs de l'origine de cette difpute, & en leur remettant devant les yeux quelques-unes des preuves dont on a appuyé le fait qui fert de fondement. à l'argument de la Perpétuité, qui eft cette union de toutes les fociétés orientales dans la foi de la préfence réelle. Mais il eft bien plus avantageux à la vérité, & il doit être beaucoup plus agréable aux Lecteurs, qu'on l'ait fait par des preuves toutes nouvelles, & qui n'avoient point encore été produites dans aucun ouvrage..

Il eft difficile que le monde en attende de plus fortes que celles qu'on a déja alléguées, tant dans le premier Volume que dans la Réponfè générale. Cependant je crois leur pouvoir dire, que celles que l'on verra

dans ce dernier livre, font encore plus confidérables. Ce ne feront plus des preuves; ce feront des arrêts, des jugements donnés avec connoillance de caufe, & des condamnations formelles de M. Claude.

La contestation qui s'eft élevée en France fur le fujet de la créance des Orientaux, leur a été exposée de côté & d'autre. On l'a fait par des Mémoires que l'on leur a envoyé, & il y a auffi des Miniftres qui ne s'y font pas épargnés. Les Eglifes d'Orient en ont jugé, & ce font ces jugements que nous répréfenterons ici. On en verra prefque de tous les endroits de l'Orient; de Conftantinople, de l'Afie mineure, de l'Archipel, de Jerufalem, d'Alexandrie, de Damas, de Syde, de Mingrélie, d'Arménie, de Perfe. On y verra tous les Patriarches, & prefque tous les Evêques de l'Afie. On y verra des gens, qui refufant leur atteftation à ceux qui la leur ont demandée, condamnent néanmoins le Calvinisme avec toute la force qu'on fauroit defirer.

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On a joint à ces Actes quelques lettres & quelques relations de M. de Nointel, Ambaffadeur de Sa Majefté Très-Chrétienne à Conftantinople tant parce qu'elles fervent à les autorifer, & à en éclaircir quelques particularités, que parce qu'on a été bien aife de faire connoître à tout le monde avec combien de zele & d'exactitude il a exécuté l'ordre qu'il avoit reçu de Sa Majefté, d'avoir un foin particulier de tout ce qui regarderoit la Religion, dans l'emploi qu'elle lui a confié.

Je ne crois pas que M. Claude ofe attaquer la foi de ces Actes fur ce prétexte, qu'ils ont été procurés par l'Ambaffadeur de Sa Majesté. Il a fans doute non feulement trop de refpect pour elle, mais auff trop de bon fens, pour fe fervir d'une fi mauvaife raifon, & pour vouloir faire croire que le Miniftre du Roi du monde le plus ennemi des impostures & des fourberies, ait eu recours à de mauvais moyens dans une matiere auffi importante que celle-ci, & où il lui auroit été auffi difficile de les cacher, étant environné de Miniftres & de Princes Proteftants, qui auroient pu découvrir, & rendre publiques les voies par lefquelles il auroit obtenu ces atteftations, & qui en pourroient même tirer de contraires, fi elles ne contenoient pas les véritables fentiments de ceux qui les ont données.

Mais quoiqu'il n'y ait rien de moins raisonnable que ce foupçon, & qu'il y eût même de la folie à croire qu'un feal Ambaffadeur ait pu obliger tous les Evêques d'Orient à trahir leur foi, au même temps qu'il paroit que les Ambaffadeurs de plufieurs autres Etats n'ont pu rien obtenir d'eux qui favorifát le Calvinifie, nous produirons encore dans ce même livre, des Actes qui font abfolument à couvert de ce reproche fi peu fenfé. Car il y en a d'anciens, qui font voir ce qu'on croyoit dans l'Orient au

dixieme & au douzieme fiecle. Il y a des extraits de diverfes Liturgies chaldaïques & fyriaques, & des paffages tirés de divers manufcrits anciens de la Bibliotheque du Roi, qui prouvent la foi de ces peuples. Il y a des témoignages récents de la foi des Grecs, donnés fans follicitation, & envoyés par des Patriarches pour l'inftruction des Eglifes de leur communion,

Ce feroit tout-à-fait manquer à la reconnoiffance & à la justice, que de ne rendre pas un témoignage public de l'obligation qu'on a à celui qui a rendu la plupart de ces Actes utiles à l'Eglife par la traduction qu'il en a faite, & qui a pris la peine d'extraire lui-même des Livres orientaux tous ces paffages qui en font rapportés dans cet ouvrage. Il fuffit de dire que c'eft M. l'Abbé Renaudot. Sa modeftie ne permet pas qu'on en dife davantage mais la diverfité de ces Actes & des Livres dont ces extraits ont été tirés, qui font écrits les uns en grec vulgaire, les autres en arabe, les autres en fyriaque, les autres en cophte, les autres en éthiopien, font connoître l'intelligence extraordinaire qu'il a de toutes ces langues. Il fera toujours prêt de répondre à tout le monde de la fidélité de fes traductions: & s'il y en a qui veuillent confulter les originaux, on les trouvera ou dans la Bibliotheque du Roi, où l'on garde les plus confidérables de ces atteftations, qui ont été envoyées à Sa Majesté même par les Patriarches qui les ont faites; ou dans celle des Religieux de S. Germain des Prez, où l'on a mis celles que l'on avoit reçues par diverfes voies, & quelques-unes même de celles qui ont été envoyées par M. l'Ambaffadeur. Il me reste seulement de fupplier ceux qui liront ce Volume, de ne passer pas fi légérement fur tous ces Actes, & de faire réflexion fur l'évidence de ce que l'on établit par ces pieces authentiques; fur la hardieffe avec laquelle M. Claude a nié ce fait dans trois livres différents, faits en diverfes années; fur la fierté extraordinaire avec laquelle il en parle encore dans fa troifieme Réponse, qui eft prefque uniquement employée à le combattre, & fur toutes les conféquences qui naiffent de la conviction pleine & entiere de ce Miniftre, qui feront représentées en abrégé à la fin du huitieme livre.

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Des mots de figure, type & autres noms, tirés de la partie extérieure de

Euchariftie.

CHAPITRE PREMIER.

Qu'on n'a pas dû traiter plutôt quelques paffages des Peres que les Calviniftes alleguent fans ceffe: & que ce qu'on a établi jufques ici, fait voir qu'ils n'en auroient tirer avantage.

J

E né doute point que la promeffe qu'on a faite d'expliquer dans ce Volume ici les principaux passages des Peres, que les Miniftres ont accoutumé d'alléguer contre la foi de l'Eglife, ne l'ait fait attendre à plufieurs de ce parti avec plus d'impatience que le précédent. Car outre qu'il eft

LIV. I.

CHAP. I.

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