LIV. VIII, lui impofent hardiment les plus noires impoftures, publiant par-tou CH. II. qu'elle s'accorde avec leurs opinions, & confent à leurs fantaifies, quoique néanmoins leur opinion abfurde & extraordinaire touchant le Saint Sacrement de l'Euchariftie & quelques autres points, ait été bafouée & rejetée par des Conciles particuliers affemblés à Conftantinople, comme illégitime & inconnue à l'Eglife Orientale. C'est pourquoi le très-illuftre & très excellent Ambaffadeur du Séréniffime & Très - Chrétien Roi deFrance, Meffire Charles François Olier, Marquis de Nointel, nous ayant demandé un jugement véritable & fincere des articles à nous propofés : Nous fouffignés avons cru devoir effectuer une demande fi pieufe & fi légitime fur les fentiments de l'Eglife d'Orient.

Premiérement fur le Saint Sacrement de l'Euchariftie, nous difons que le corps vivant de Jefus Chrift qui a été crucifié, qui eft monté aux cieux; & qui eft aflis à la droite du Pere, eft véritablement préfent dans l'Euchariftie, mais invifiblement,

2°. Que le pain & le vin, après l'invocation du Prêtre, & après la confécration, font changés de leur propre fubftance, au vrai corps & fang de Jefus Chrift, & que quoique les accidents qui demeurent paroiffent fous les apparences du pain & du vin, ils ne font néanmoins ni pain ni vin,

3°. Que l'Euchariftie eft un facrifice pour les vivants & les morts; établi par Jefus Chrift, & que les Apôtres nous ont laiffé par tradition.

4°. Que le corps de Jefus Chrift dans l'Euchariftie eft mangé tout entier impalliblement par ceux qui le reçoivent, dignes ou indignes; les dignes le reçoivent pour leur falut, & les indignes à leur condamnation; & qu'il eft immolé fans effufion de fang, & adoré juftement comme Dieu. 5°. Que l'Eglife ordonne des jeûnes & l'abstinence de quelques viandes. 6°. Que les Chrétiens rendent à la Vierge une vénération d'Hyperdulie, & aux Saints qui font dans le ciel un honneur particulier, fans diminuer l'adoration qu'on doit à Jefus Chrift.

7°. Qu'il faut honorer relativement les images des Saints, & non pas les adorer du culte de latrie.

8°. Qu'il faut honorer & refpecter les Saints, comme ayant fouffert pour Jefus Chrift.

9°. Que les Evêques, par un ordre établi de Dieu, font au deffus des Prêtres, qui reçoivent la grace divine par leur miniftere.

10°. Que l'Epifcopat eft néceffaire dans l'Eglife de Jefus Chrift.

11°. Que l'Eglife Catholique, bâtie fur le fondement des Prophetes & des Apôtres, Jefus Chrift en étant la pierre angulaire, fera toujours visible & infaillible.

12° Que le Baptême eft nécessaire à tous les enfants des fideles pour Liv. VIII, être fauvés. CH. II.

13°. Que les voeux des Prêtres & des Moines, & les prieres qu'ils font font agréables à Dieu.

14°. Que les Livres de Tobie, Judith, la Sageffe, l'Eccléfiaftique, Baruch, les Machabées, font partie de la Sainte Ecriture, & ne font point rejetés comme ceux des Payens.

15°. Que l'Eglife Orientale reconnoît auffi fept Sacrements, comme elle l'a appris par tradition.

Nous, enfants de l'Eglife Orientale, croyons toutes ces chofes de cœur fans aucune difficulté, & les confeffons de bouche, ayant reçu de toute antiquité des Peres & des faints Conciles), la Tradition qui nous fait ainfi croire, & ceux qui ont fur ces points d'autres fentiments font dans une erreur pernicieuse & préjudiciable. Outre cela, ils parlent impudemment, dans la fureur qui les agite, contre notre confeffion ortho doxe & contre l'Eglife d'Orient, & murmurent contr'elle avec la derniere infolence, voulant montrer qu'elle est tombée dans les fentiments de perfonnes obfcures, & qu'elle a abandonné les coutumes & regles de fes Peres, que les traces de ces mêmes Peres ont autorisées, & les Synodes ont confirmées, comme celui de Conftantinople fous le Patriarche Cyrille de Béroée, & un autre peu après, Parthénius furnommé le Vieil étant Patriarche, qui condamnerent des articles infames fous le nom de Cyrille Lucar, (a) & les rejeterent comme des prodiges & fauffetés qui s'accordoient avec les rêveries des Calvinistes. Et la réfutation de ces Chapitres fans chef de Cyrille, dans laquelle fes fauffetés étoient renversées, a été mife dans les Archives de la grande Eglife. C'eft pourquoi nous avons figné, certifions tous les articles ci-deffus mentionnés à tous ceux qui croient & profeffent la véritable Religion.

(a) Témoignage authentique de la vérité des Conciles tenus contre Cyrille Luçar”, rejetés par M. Claude comme faux.

Liv. VIII Extrait d'une Lettre de M. de Nointel, Ambassadeur de Sa Majesté Très-
CH. II.
Chrétienne à la Porte de Conftantinople, ce 29 Septembre 1671.

La crainte où je fuis que votre zele ne vous fit fouffrir avec impa tience de recevoir de mes Lettres fans être accompagnées de quelques preuves du fait qui eft en question, m'oblige à vous en envoyer une fort. authentique, puifqu'elle eft fignée de fept Métropolites. C'est une atte tation de leur foi fur l'Euchariftie, l'invocation des Saints & quelques autres points importants. Quatre de ces Meffieurs-là étoient retirés chez moi; pour fe garantir de la perfécution de Parthénius. Les trois autres étoient, ou dans le Palais d'Angleterre, ou chez leurs amis ; & quoique féparés de demeure, ils ont concouru enfemble dans la même volonté, d'attefter une vérité fi publique, & qu'ils avoient déja certifiée avec Parthénius même, en la profeffion de Cicada (a). Ils ont lu les articles à loifir, & les ayant trouvés conformes à la doctrine de l'Eglife d'Orient, ils ont commis le foin d'en dreffer l'attestation à un Papas qui a été long-temps en Angleterre & en Hollande, & qui ne parle point en Calviniste, ainsi que vous le jugerez par la lecture de cet Acte.

Ces Evêques m'ont remercié dé la peine que je prenois de vouloir assurer la foi de leur Eglife contre les calomnies dont on s'efforçoit de la noircir, & m'ont afluré qu'ils auroient bien de la joie de figner la même chofe dans un Synode.

Union de l'Eglife Grecque avec l'Eglife Romaine fur l'Euchariftie, prouvée par les Atteftations des Eglifes de l'Archipelage.

ATTESTATION DE L'EGLISE DE L'ISLE SIPHANTO.

Confeffion de la doctrine de l'Eglife fainte de Siphanto touchant le Sacrement de l'Euchariftie.

A

Yant été informés d'un très - mauvais bruit que quelques-uns des fuperbes hérétiques de nos jours font courir, pour calomnier malicieufement notre fainte Eglife Catholique des Grecs, nous attribuant fans fujet quelques-unes de leurs héréfies, quoique la fainte Eglife Catholique de Jefus Chrift ait de tout temps été exempte de toute mauvaise (a) Elle eft imprimée dans la Réponse générale.

doctrine & héréfie, afin d'avoir un prétexte de perfifter dans leurs folles Liv. VII. opinions principalement fur le fujet des faints Sacrements du corps & CH. III. du fang de Jefus Chrift: & quelques perfonnes demandant à favoir exactement notre véritable fentiment fur le divin myftere de l'Euchariftie afin de connoître clairement fi ces hérétiques trouvent dans des Catholiques comme nous un prétexte légitime à leurs mauvais fentiments, ou enfin fi c'est tout au contraire, nous avons cru qu'il falloit, par cette confeffion, repouffer leurs vaines paroles, & nous juftifier de leurs injuftes foupçons.

Nous confeffons donc publiquement, & publions clairement contre cette folle perfuafion notre fentiment, qui eft celui des Grecs fur ces chofes ; & notre opinion, que nous avons reçue de Jefus Chrift. Car il a dit lui-même, ceci eft mon corps, & ceci est mon fang, sur lesquelles étant fortement établis, nous confeffons comme nous le penfons, & difons d'une voix de tonnerre.

Premiérement, que le corps même de Jefus Chrift, que la Vierge a conçu fans corruption, qui a fon ame & fon efprit, crucifié, reffufcité, élevé aux cieux, & affis à la droite du Pere, eft certainement & véritablement préfent dans l'Euchariftie, bien qu'il foit invifible felon fa forme fubftantielle, & que c'est le Verbe même, Dieu & homme, qui est dans le faint pain.

2°. Qu'il entre dans la bouche de tous ceux qui le reçoivent, des dignes & de ceux qui le font pas, pour le falut des dignes, & pour la condamnation des indignes.

3°. Que le pain & le vin font changés & tranfélémentés; de forte que leur fubftance & leur nature s'écoule & fe détruit entiérement, & que les fubftances du pain & du vin ne demeurent plus après la confécration; mais le corps même & le fang de Jefus Chrift préfent en la figure & goût du pain.

4°. Que l'Euchariftie eft un véritable facrifice, que l'Eglife, fondée fur les loix établies par Jefus Chrift, offre par tradition des Apôtres pour les vivants & les morts.

5°. Que le faint pain, devant la confécration, eft honoré d'un culte relatif, comme antitype du corps de Jefus Chrift; mais qu'après la confécration il le faut adorer d'un culte de latrie; car alors il eft Jefus Christ tout entier.

6. Qu'il faut que les Chrétiens invoquent la Sainte Vierge & les Saints qui font dans le ciel à leur fecours, & que par-la Jefus Chrift notre Médiateur n'eft offenfé en aucune maniere, mais qu'il en eft plus honoré. 7°. Qu'il faut honorer les Saints & leurs Reliques.

LIV. VIII.

8°. Que nous Orthodoxes devons honorer leurs images d'un culte CH. III. relatif.

9°. Qu'il y a fept Sacrements de l'Eglife, favoir le Baptême, le S. Chrême, la Communion, la Pénitence, l'Onction des malades, l'Ordre facré, & le Mariage.

10°. Que les Evêques font au deffus des Prêtres, & qu'ils ont feuls le droit de les ordonner.

11°. Que le gouvernement d'un Evêque Orthodoxe & vertueux eft néceffaire à l'Eglife.

12°. Que l'Eglife Catholique ne peut jamais manquer contre la fainte doctrine.

13°. Que les Livres de Tobie, Judith, la Sageffe, l'Eccléfiaftique, Baruch & des Machabées, quoiqu'apocryphes chez les Hébreux, font néanmoins partie de la fainte Ecriture.

Athanafe, Archevêque de Siphanto.

Parthénius Choretis, Prédicateur de l'Evangile.
Nicolas Canditiis, Prêtre & Econome de Siphanto.
Le Prêtre Mancganaris, Sacriftain de Siphanto.
George, Prêtre Ruffien, Protopapas de Siphanto.
Antoine, Jéroulbeneris, Protofyncelle de Siphanto.
Le Diacre Ermartis, Protonotaire de Siphanto.

ATTESTATION DE L'EGLISE D'ANDROS.

L'atteftation de l'Eglife d'Andros contenant abfolument les mêmes termes, on ne l'a point inférée. Elle eft fignée par Jacques, Archevêque d'Andros.

Denys, ancien Archevêque de Milo.

Jean, Prêtre Econome d'Andros.

Stamafius, Prêtre Sacriftain d'Andros.

ATTESTATION DE L'EGLISE DE SIPHANTO SUR AGAPIUS.

On nous a demandé à l'Eglife de Siphanto, touchant la vie du Moine Agapius de Crete, qui a compofé en langue vulgaire un Livre intitulé, le Salut des Pécheurs, fi c'étoit un homme qui eût quelque vertu ; & nous témoignons, felon la réputation qu'il a parmi la plupart des Grecs, que c'étoit un homme vertueux & vénérable, & qui a fait honneur à l'Etat Monaftique. C'eft pourquoi nous avons donné ceci pour faire connoître la vérité 1671.

ATTESTATION