COMÉDIE ACTE PREMIER. SCENE I. MONDOR, LISETTE, tenant un rouleau de papier à la main. MONDOR. CETTE maison des champs me paroît un bon gîte. Je voudrois bien ne pas en décamper si vite : Surtout m'y retrouvant avec les yeux fripons, Auprès de qui, pour moi tous les gîtes sont bons. Mais de mon maître ici n'ayant point de nouvelles, Il faut que je revole à Paris. LISETTE. Tu l'appelles ? Damis. Le connois-tu ? MONDOR. LISETTE. Non. M'y voilà. Damis doit être ici, chaque mot me le prouve : LISETTE. Sa mine, ses habits, son état, sa façon ? MONDOR. Oh! c'est ce qui n'est pas facile à peindre : non. D'état, il n'en a point, et n'en aura jamais. Qu'il est, dans quelque allée, à bayer aux corneilles, S'approchant pas à pas d'un haha qui l'attend, LISETTE. Je m'oriente... On a l'homme que tu souhaites. Le personnage en tout ressemble au tien; Sinon que ce n'est pas Damis que l'on le nomme. MONDOR. Contente-moi, n'importe ; et montre-moi cet homme. LISETTE. Cherche. Il est à rêver là-bas, dans ces bosquets. (Mondor sort. ): SCENE II. DORANTE, LISETTE. LISETTE. DORANTE ici! Dorante! DORANTE. Ah, Lisette! ah, ma belle! Que je t'embrasse! hé bien! dis-moi donc la nouvelle ? LISETTE. Mais vous n'êtes pas sage, en vérité. DORANTE. Pourquoi? LISETTE. Si monsieur vous trouvoit? Songez donc où vous êtes! Bon! m'a-t-il jamais vu ni de loin, ni de près? LISETTE. Vous le dirai-je ? Eussiez-vous cent fois plus d'audace et de manége, Je ne sais trop comment vous pourrez l'obtenir. DORANTE. Oh! je le sais bien, moi. Mon père m'idolâtre ; Je le veux. Qu'il le veuille. Autrement (j'ai des mœurs) |