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merveilles. Seulement on peut croire que la succession complète des âges ramènera la grande année périodique, lorsque toutes les sphères, après les innombrables combinaisons de leur double mouvement, par la force de l'ame immuable, seront revenues au point où leur course errante a commencé.

En formant ces astres qui voyagent dans l'infini, le Créateur imitait encore l'éternelle structure du monde idéal et parfait ; et jusqu'à la naissance du temps, l'imitation était fidèle. Mais voici une autre différence entre les deux mondes: il manque à cette nature nouvelle des êtres qui la peuplent et qui l'animent.

Son auteur, pour achever l'ouvrage, continua de reproduire le modèle suprême; et tout ce que l'intelligence peut concevoir d'êtres vivants fut créé

par sa pensée, d'abord dans le ciel, ensuite dans notre atmosphère, au sein des eaux, sur la terre. Il donna aux dieux des étoiles un corps de feu, pour les rendre plus éclatants et plus beaux; la forme circulaire, pour qu'ils fussent semblables à l'univers même; le sentiment de l'ordre et l'amour du bien, pour que ce peuple de Génies, dont la lumière couronne le monde, entretînt l'harmonie dans les cieux. Il leur assigna aussi deux mouvements, l'un qui les fait tourner sur eux-mêmes dans une infatigable persévérance, l'autre qui les attire par l'impulsion constante et irrésistible de la cause première. Les cinq autres mouvements leur sont interdits; ils y résistent, pour conserver leur perfection. Ainsi parurent ces dieux, fidèles à la loi qui les rend presque stationnaires, tandis que les Génies des planètes, dont nous avons

d'abord raconté l'origine, se promènent dans l'immensité.

Avant eux, la terre, notre mère commune, qui, par son mouvement de rotation autour de l'axe du monde. produit incessamment les jours et les nuits, naquit la première des créatures célestes.

Mais les choeurs de danse formés par tous ces moteurs des astres, leur marche symétrique, leur cours et leur décours, leurs aspects réciproques, les moments où ils se rencontrent, se suivent, se précèdent, l'éclipse soudaine de leur lumière, les terreurs, les prophéties que leur retour inspire à la science humaine, enfin tous les mystères du ciel échappent à l'esprit, si les yeux, à l'aide de quelque imitation du monde, n'apprennent à voir la nature elle-même.

Cependant il n'a été encore parlé

que de l'origine des divinités célestes dont nous voyons la splendeur : que dirai-je des autres Génies? Faible mortel, expliquerai-je leur naissance? Non, croyons-en les premiers hommes. qui s'appelaient fils des dieux, et qui, sans doute, connaissaient leurs ancêtres. Quand les fils des dieux, même sans preuve ni vraisemblance, nous content l'histoire de leur famille, la loi nous ordonne de les croire. Et telle est, d'après leur récit, la généalogie de ces dieux de l'hymen de la Terre et du Ciel naquirent Océan et Téthys; de ceux-ci, Rhée, Saturne, Phorcys, et leurs frères; de Saturne et de Rhée, Jupiter, Junon, les frères que notre religion leur donne, et tous leurs descendants.

Lorsque l'auteur du monde eut créé les Génies, et ceux qui brillent dans

les astres, et ceux dont la divinité est voilée, il leur adressa la parole:

« Dieux des dieux, ô vous dont je suis le créateur et le père, mes ouvrages ne sont immortels que par ma volonté; car tout ce qui a commencé doit finir. Mais il n'y a que le méchant qui veuille briser ce qui est bien. Aussi, quoique nés pour mourir, vous vivrez; je rends indissolubles des nœuds que je puis rompre, et les droits de la mort ne s'étendront pas sur vous: ma volonté est un lien plus fort que ceux dont je viens d'unir les parties de votre être. Ecoutez donc mes ordres et mes leçons. Trois sortes de substances animées et mortelles doivent naître encore autrement l'univers ne serait pas achevé, il n'aurait pas des habitants de tous les genres; il a besoin de leur naissance. Mais si je les créais

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