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sent à eux-mêmes, toute cette éloquence tombe et languit, ces ennemis de Dieu sont des enfants.

THEÉTÈTE.

TROISIÈME PARTIE.

POLITIQUE.

PASSAGE DE LA DÉMOCRATIE

AU DESPOTISME.

C'est presque toujours du gouvernement populaire que se forme le despotisme, et le passage de l'un à l'autre est à peu près le même que celui de l'oligarchie à la démocratie. Comme l'oligarchie, dont la suprématie de quelques riches est le principe et le but, s'anéantit par l'insatiable besoin de l'opulence, qui fait négliger tout le reste; ainsi la démocratie, trop jalouse de ce qu'elle nomme son bien

suprême,

en devient la victime: elle

succombe sous la liberté.

Que disent, en effet, des républi« La liberté est le plus beau

cains?

trésor de l'homme, et quiconque est né ètre libre, doit rougir d'une pane l'est pas. » Mais cet amour

pour

trie qui

de l'indépendance, indifférent pour

tout ce

qui

ne flatte point son dé

lire, bouleverse la nation, et la jette bientôt dans les bras d'un tyran. Voyons comment le tyran s'élève. Dès qu'une fois un État devenu démocratique, brûlant de cette soif de liber

té, a trouvé dans ses

magistrats des é

chansons imprudents, qui lui ont versé toute pure la liqueur fatale dont il s'est enivré; alors, s'ils ne sont pas toujours faibles, s'ils n'offrent pas au peuple la liberté à pleine coupe, le peuple les accuse et les châtie comme des traîtres qui aspirent à le gouverner. Ose-t-on

leur obéir encore, on est méprisé comme un ami de la servitude, dont le sort est de ramper sous un maître ; jl faut s'assimiler partout à des inférieurs, rivaliser avec des supérieurs pour être loué, pour être honoré. Estil possible qu'une telle république ne se précipite point dans la licence? Je vois déja l'intérieur des familles en proie à cette insolente égalité; tout, jusqu'aux animaux, semble respirer l'anarchie. Déja le père s'accoutume à regarder et à respecter son fils comme son égal; le fils, à ne plus l'honorer ni le craindre, pour dire Je suis libre; les anciens et les nouveaux venus, à confondre tous les droits; les étrangers même, à s'égaler aux citoyens. Mais descendons jusqu'aux moindres rapports de la société voilà le précepteur qui craint et flatte son disciple, et le disciple qui méprise son

gouverneur et son maître, voilà les jeunes gens qui marchent de pair avec les vieillards, qui agissent, qui parlent comme eux; et les vieillards qui, redevenus jeunes, affectent les graces et la frivolité, toujours en garde contre un air morose et despotique. Enfin, ce qui me semble le dernier excès de la liberté dans tous les rangs, les esclaves des deux sexes ne sont pas moins libres que celui qui les achète : car les femmes aussi veulent être libres; l'égalité est aussi pour les femmes; je l'avais presque oublié.

Et cependant ne puis-je pas dire, suivant l'expression d'Eschyle, tout ce qui me vient à la bouche? Oui, j'oserais vous représenter les bêtes plus libres ici qu'ailleurs, et vous me croiriez peut-être; j'oserais vous y faire voir les petites chiennes prenant les airs de leurs maîtresses, comme dit le

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