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moi-même, ces nouveaux Génies seraient vos égaux; pour qu'ils soient mortels, et que ce tout soit accompli, formez selon votre nature des êtres vivants, comme je vous ai formés. Il suffit qu'il y en ait un qui, mortel demi-dieu, votre image, commande à tous les autres, et vous soit soumis ainsi qu'à la vertu recevez de moi le germe déja ébauché de ces rois de la terre. Vous, unissez à un corps périssable ce principe d'immortalité ; qu'ils naissent, qu'ils croissent par vous, et qu'après leur mort, ils vien

nent vous retrouver. >>>

Il dit, et dans la coupe où il avait d'abord composé l'ame du grand tout, il versa les restes de cette ame, qui redevint féconde; mais l'essence créatrice n'était plus entière, elle était deux et trois fois moins divine. L'Eternel, embrassant dans sa pensée

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l'harmonie du monde, fixa le nombre des ames d'après celui des corps célestes à chacune d'elles fut assignée une étoile qui l'emporta dans l'espace. Alors il leur montra son ouvrage, et lit ses immuables décrets :.

Que les ames se souviennent qu'elles eurent toutes une même origine, et que la Providence ne fut injuste pour aucune répandues dans les astres, ces organes du temps, qu'elles aillent de là vivifier une créature nouvelle qui sache honorer Dieu dans cette race double, la prééminence appartiendra au sexe qui sera bientôt nommé celui des hommes: une fois enchaînées à un corps matériel qui s'accroît et qui dépérit, les ames éprouveront d'abord l'impression commune et inévitable des sensations violentes; puis, l'amour mêlé de plaisir et de peine; ensuite, la terreur, le courroux,

et beaucoup d'autres affections semblables ou contraires : la vertu sera de les vaincre; le vice, d'y succomber : quiconque aura mené la vie des justes, retournera dans l'astre fraternel jouir de la suprême félicité; les coupables deviendront femmes, quand ils reparaîtront sur la terre : tous, après mille ans, pourront choisir le genre de vie dont ils voudront hériter, et la condition même des animaux leur sera permise si le méchant n'en persiste pas moins dans sa folie, alors il prendra tour à tour, suivant ses vices, la forme des brutes dont il aura pris les mœurs ; et les métamorphoses, les supplices ne cesseront qu'au moment où par la victoire de l'essence originelle, principe immuable du bien, sur les éléments grossiers qui la déshonorent, et par l'ascendant de la raison sur la foule des passions turbulentes, il re

trouvera la dignité de son être et ses premières vertus.

Dieu, en leur donnant ces lois pour n'avoir pas à répondre un jour des fautes de l'humanité, semait les ames dans le Soleil, dans la Lune, dans toutes les autres parties de l'univers qui règlent la marche des heures. Il ordonna ensuite aux jeunes dieux de façonner des corps mortels, d'ajouter ce qui manquait à l'ame de l'homme, de n'oublier aucune des facultés de sa nature, et de gouverner un être si faible avec tant de vigilance et de sagesse, qu'il ne devînt pas' lui-même l'auteur de ses infortunes.

Tels furent ses ordres ; et le Créateur du monde n'était point sorti de l'éternel repos.

TIMÉE.

LES DEUX MONDES OU LES IDÉES.

Voulez-vous avoir l'image de ce qu'on sait et de ce qu'on ignore icibas? Figurez-vous des hommes relegués dans les profondeurs d'un antre obscur, et qu'une longue route, creusée à travers tous les replis du souterrain, sépare de la clarté du jour. C'est là qu'ils vivent depuis leur enfance, le cou et les pieds enchaînés : immobiles dans leurs entraves, condamnés à ne point tourner la tête, ils ne voient que les objets qu'ils ont en face; mais derrière eux, sur une hauteur, un feu brille dans le lointain. Entre cette flamme et les captifs, imaginez une chaussée, qu'un petit mur borde du côté de leur prison. Vous avez vu se mouvoir, au-dessus d'un voile impénétrable, ces figures bi

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