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fortifions de ces nouveaux conseils ceux que nous donnions à l'imprudent qui niait tout à l'heure l'existence même des dieux.....

O mon fils, le modérateur de toutes choses les a disposées pour la conservation et le bien de l'ensemble; agissantes ou passives, leurs moindres parties sont dans l'ordre; chacune est surveillée par un Génie, qui règle ce qu'elle doit faire ou souffrir, et ces Génies gouvernent jusqu'au dernier atome. Et toi-même, faible mortel, ton être, imperceptible dans l'immensité, se rapporte et obéit au dessein général; mais tu ignores que rien n'est créé que pour l'harmonie, la perfection du tout, et que tu existes pour lui, et non lui pour toi. Un médecin, un habile artiste, dans tout ce qu'il fait, ne considère que l'ensemble, le bien absolu; il rapporte la partie au

tout, et non le tout à la partie ; mais toi, tu murmures parceque tu ne sais pas comment ce qui se passe autour de toi est ce qu'il y a de mieux dans l'intérêt du grand tout et dans le tien, en vertu des lois auxquelles toute créature est soumise.

Comme chaque ame, en habitant tour à tour plusieurs corps, éprouve diverses altérations par sa faute ou par celle des autres ames, il ne reste plus alors à la Providence qui se joue dans l'univers, qu'à faire passer les ames vertueuses dans un séjour plus heureux, et les ames criminelles dans un lieu d'expiation, chacune selon ses œuvres, et le destin qu'elle s'est préparé.

Il me semble qu'ainsi le gouvernément de toutes choses est facile aux dieux; car s'ils étaient forcés, les yeux sans cesse fixés sur la nature, de changer sans cesse les formes et de

modifier les éléments de leurs ouvrages, et qu'il ne leur suffit pas d'avoir une fois tiré plusieurs êtres d'un seul germe, ou un seul de plusieurs, et d'avoir créé d'avance une seconde, une troisième et d'innombrables générations, il faudrait surveiller à l'infini les combinaisons et les métamorphoses des êtres. Mais ici, tout se fait de soi-même.

Le roi du monde sait que toutes nos actions viennent de l'ame, et qu'elles se composent de vertu et de vice; il sait que l'ame et le corps, quoiqu'ils ne soient pas éternels comme les vrais dieux, sont impérissables, et qu'il ne naîtrait plus rien d'animé, si l'un ou l'autre pouvait périr; il sait que, dans ce qui vient de l'ame, le bien est utile et le mal funeste: il a donc voulu, par la place et la destinée qu'il assignerait à chaque partie de

l'ame universelle, faire en sorte que la vertu fût réellement triomphante, et le vice vaincu. Alors il a porté cette loi commune à tous, que, des actions de chacun, dépendrait la place de son ame et le lieu de son séjour; et il a laissé à notre libre arbitre le choix de notre avenir. En effet ce sont nos desirs, ce sont les qualités de notre ame, qui nous font ce que nous sommes. Tous les êtres qui ont une ame éprouvent ces révolutions, dont la cause est en eux-mêmes ils changent suivant l'ordre et la loi du destin. Ceux qui n'ont que légèrement altéré leur nature, s'éloignent à peine, dans leurs divers exils, de la sphère qui les a vus naître; de plus coupables descendent en ces lieux profonds et sombres qui, sous le nom d'Érèbe et de Tartare, ont effrayé leur vie de tant d'images fantastiques, et dont leur

mort ne les délivre pas : mais l'ame qui, par sa propre volonté et une habitude devenue puissante, s'est élevée jusqu'à une vertu surnaturelle et divine, va demeurer dans un lieu tout divin comme elle, et meilleur que son premier asile, tandis que les plus criminelles vont recevoir ailleurs la vie qu'elles ont méritée.

Tel est l'ordre des dieux qui veillent sur le monde,

ô jeune homme, qui t'imagines que les dieux ne songent pas à toi! Si ton ame s'est pervertie, elle ira trouver les ames coupables; si elle s'est corrigée, elle ira se joindre aux ames saintes; et dans la vie, comme dans toutes les morts qui t'attendent, tes biens ou tes maux dépendent des semblables que tu te seras donnés. Ni toi ni personne ne pourra se vanter d'échapper à cette justice et de prévaloir

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