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Et toi, rhapsode, qui nous récites les vers du disciple des dieux, n'es-tu pas l'interprète de leur interprète ? Dis-moi, lorsque ta voix fidèle ravit ceux qui t'écoutent, lorsque tu chantes Ulysse qui, se précipitant sur le seuil, apparaît aux prétendants et répand son carquois à ses pieds, ou Achille vainqueur d'Hector, ou les pleurs d'Andromaque, ou les infortunes d'Hécube et de Priam, ta raison vaincue ne cède-t-elle pas à l'enthousiasme, et ne crois-tu pas assister à ce que tu racontes? Ne vois-tu pas Ithaque, les murs d'llion, et tous ces lieux où tes chants te conduisent? Non, tu ne peux le dissimuler; aux endroits touchants, tes yeux se remplissent de larmes ; aux scènes terribles et menaçantes, tes cheveux se hérissent d'horreur, et ton cœur palpite dans ton sein. Où est donc la raison d'un homme qui, paré

d'une robe éclatante, le front ceint d'une couronne d'or, sans être insulté ni dépouillé, pleure au milieu des cérémonies et des fêtes, et tremble, frissonne, environné de vingt mille défenseurs?

Que dis-je? il leur communique à tous la même illusion; du haut de son théâtre, il les voit pleurer, s'indigner, frémir.......... Et l'auditeur ne vous semble-t-il pas alors le dernier anneau de cette chaîne, image de l'inspiration poétique? l'acteur ou le rhapsode est l'anneau du milieu; le premier est le poëte lui-même. Le dieu, faisant ainsi passer jusqu'à nous sa puissance, entraîne où il veut l'esprit des hommes; et à cet aimant victorieux s'attache obliquement une longue file de danseurs, de chanteurs, de choristes, qui secondent les séductions de la Muse. Chaque poëte est suspendu à la sienne,

et nous disons qu'il en est possédé ; nous pouvons le dire, car il est son esclave. Plusieurs, sans remonter jusqu'à la Muse, s'en tiennent au premier anneau, dont la vertu les élève : quelques-uns s'attachent à Orphée, d'autres à Musée, la plupart à Homère, surtout les rhapsodes.. O toi qui fais ton dieu d'Homère, quand on chante d'un autre poëte, tu sommeilles, l'inspiration ne te vient pas mais à peine un de ses vers a-t-il frappé tes oreilles, tu teranimes, ton imagination tressaille, Homère t'a donné l'éloquence. Il n'y a point d'art ici, point d'étude, tu répètes des mots inspirés. Vois-tu les modernes Corybantes? comme ils saisissent avidement l'air consacré au dieu qui les possède! gestes, paroles, rien ne leur manque pour le chanter; aucun autre air ne les éveille. C'est toi, c'est là ton esprit capricieux, élo

quent avec Homère et muet sans lui. Mais pourquoi tour à tour abondant, stérile? Je te l'ai dit, l'art n'y peut rien, ta science est toute divine tu es l'interprète d'Homère.

ION, ou de l'ILIADE.

SECONDE PARTIE.

MORALE.

DEVOIRS DE L'HOMME.

La nouvelle République est fondée;

les citoyens sont réunis c'est à eux que le législateur va parler.

DIEU. Mortels, il est un Dieu, que les pères de nos pères ont nommé le commencement, le milieu, la fin de tous les êtres, et dont l'ame environne et pénètre le monde. A ses côtés marche éternellement la Justice, vengeresse des actions où la loi divine est profanée. L'homme prédestiné au bonheur s'attache à elle, et suit avec hu

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