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Commentarios Lartio Licinio cccc millibus nummûm, & tunc aliquanto pauciores erant. Nonne videtur tibi recordanti quantum legerit, quantum fcripferit, nec in officiis ullis, nec in amicitiâ principum fuiffe? Rurfus cum audis quid ftudiis laboris impenderit, nec fcripfiffe fatis, nec legiffe? Quid eft enim quod non aut illæ occupationes impedire, aut hæc instantia non poffit efficere? Itaque foleo ridere cum me quidam ftudiofum vocant, qui fi comparer illi, fum defidiofiffimus. Ego autem tantum, quem partim publica, partim amicorum officia diftringunt ? quis ex istis, qui totâ vitâ litteris affident, collatus illi, non quasi somno & inertiæ deditus erubefcat? Extendi Epiftolam, quamvis hoc folum quod requirebas fcribere deftinaffem, quos fcilicet libros reliquiffet: confido tamen hæc quoque tibi non minus grata, quam ipfos libros futura, quæ te non tantum ad legendos eos, verumetiam ad fimile aliquid elaborandum poffunt æmulationis ftimulis excitare. Vale.

'Aliud infigne teftimonium Caii Plinii Junioris de Avunculo fuo. Ex Epiftola octava Libri quinti ad Capitonem excerptum : omissum autem in omnibus Plinii majoris editionibus.

...Sunt enim homines naturâ curiofi, & quamlibet nudâ rerum cognitione capiuntur; ut qui fermonculis etiam fabellisque ducantur me verò ad hoc ftudium impellit domefticum quoque exemplum. Avunculus meus, idemque per adoptionem pahiftorias & quidem religiogiffimè fcripfit, &c.

ter,

(7) Quelques-uns lifent Largius, & non Lartius. C'eft une faute. Pline l'ancien fait lui-même mention de Lartius Licinius au dix-neuvieme livre de fon Hiftoire Naturelle, & Gruterus rapporte une ancienne infcription, où ce même perfonnage eft appellé Lartius. De plus Largius n'a point l'air d'un prénom latin. Lartius au contraire eft un prénom Toscan, témoin Lartes Tolumnius, Roi des Veïens dans Tite-Live, & ce prénom a produit enfuite des noms Romains,

témoin Titus Lartius, premier Dicta-
teur à Rome. Sur quoi il eft à remar-
quer que quelques Ecrivains font tom-
bés dans la faute de lire auffi Largius,
& non pas Lartius à l'égard de ce Dic-
tateur. Annius de Viterbe prétend que
le mot Larthes, d'où Lartius eft dé-
rivé, exprime en vieux Tofcan une
dignité municipale, telle que celle de
Roi, de Prince ou de Duc: mais les
preuves qu'il en
preuves qu'il en apporte étant mani-
feftement controuvées, cette interpré-
tation n'eft qu'une fimple conjecture.

plié le volume dans les copies qu'on en a faites. Je lui ai oui dire qu'étant Procurateur en Efpagne, il avoit refufé de les vendre quarante mille francs à Lartius (7) Licinius, & alors ils étoient en moindre nombre. Quand vous vous rappellez combien il a lû, combien il a écrit, n'êtes-vous point tenté de croire qu'il n'a jamais cultivé l'amitié des Princes, ni exercé aucune charge. D'un autre côté quand on vous apprend quels foins pénibles il apportoit à l'étude, n'êtes - vous pas porté à croire qu'il n'à pas joui de tout le tems néceffaire pour écrire & pour lire autant qu'il l'a fait ? Mais quoi, rien de plus contraire à l'étude que tant d'occupations, & réciproquement rien d'impoffible à une pareille passion pour l'étude. Auffi j'ai coutume de rire quand quelques-uns m'appellent ftudieux, moi qui comparé à lui puis être réputé paresseux à l'excès; & fi je dis cela pour moi, détourné que je fuis par une multitude de devoirs, tant ceux qu'exigent mes charges, que ceux que m'impofe l'amitié, quel eft celui d'entre nos Lettrés de profeffion & nos Studieux affidus qui mis avec lui en parallele n'auroit point à rougir comme s'accusant de fommeil & d'indolence. Je me fuis étendu dans cette Lettre, quoique mon premier deffein fût feulement de répondre à votre demande en vous marquant quels font les ouvrages que mon oncle a laiffés. Je me flatte cependant que les inftructions que j'ai jointes à cette notice ne vous feront pas moins agréables que les ouvrages mêcar elles font de nature non-feulement à vous donner de l'empressement à les lire, mais encore à vous exciter par l'aiguillon d'une émulation louable à entreprendre un pareil travail.Portez-vous bien. Autre témoignage remarquable, tiré de Pline le Jeune, Liv. 5,

mes,

Epitre 8, & omis dans les éditions précédentes.

Car les hommes de leur nature font enclins à la curiofité. Les notions mêmes les plus nues ont des attraits pour eux, au point qu'ils fe laiffent conduire même par des fables & des contes puériles. Quant à moi j'avois un motif de plus: je me fais trouvé excité au genre d'étude dont je vous parle par un exemple domestique; mon oncle, dont l'adoption a fait auffi mon pere, ayant écrit l'histoire & même en Hiftorien très exact, &c.

Caius Plinius Tacito fuo, falutem. Libr. 6, Epift. 16.

Petis, ut tibi Avunculi mei exitum fcribam, quo verius tradere pofteris poffis. Gratias ago. Nam video morti ejus, fi celebretur à te, immortalem gloriam effe propofitam. Quamvis enim pulcherrimarum clade terrarum, ut populi, ut urbes, memorabili cafu, quafi femper victurus, occiderit, quamvis ipfe plurima scripferit, plura tamen perpetuitati ejus fcriptorum tuorum æternitas addet. Equidem beatos puto, quibus deorum munere datum est, aut facere fcribenda, aut fcribere legenda: beatiffimos verò, quibus utrumque. Horum in numero Avunculus meus & fuis libris, & tuis erit. Quo libentius fufcipio, depofco etiam quod injungis. Erat Miseni, claffemque imperio præfens regebat. Calend. Novembris horà ferè feptimâ, mater mea indicat ei apparere nubem inufitatâ & magnitudine & fpecie. Surgit ille, ut è fole folebat, frigidâ guftatâ: jacens enim ftudebat. Popofcit foleas, afcendit locum ex quo maximè miraculum illud confpici poterat. Nubes, incertum procul intuentibus ex quo monte, Vefuvium fuisse postea cognitum eft, oriebatur; cujus fimilitudinem & formam non

(1) C'est le célébre hiftorien Tacite. (2) Les Anciens employoient le mot éternité dans le fens d'immortalité, beaucoup plus fréquemment que dans le fens fans commencement, qui eft celui où nous l'employons prefque toujours. Nous difons cependant encore avec les Anciens une haine éternelle, un amour éternel, un fupplice éternel, employant alors cette expreffion éternel non au paffé, mais au futur, comme fait ici Pline le jeune, pour exprimer quelque chofe qui n'aura point de fin. Me permettra t-on d'obferver que M. de Sacy n'a nullement rendu fon auteur en cet endroit, & que le fens de quamvis, ut populi, ut urbes, occiderit lui a to talement échappé. Il traduit: Quoi qu'il ait péri par une fatalité qui a de

folé de très beaux pays....& qui lui a été commune avec des villes & des peuples entiers, &c. &c. Pline le Jeune dit tout autre chose.

(3) Mifene, montagne & promontoire de la Campanie chez Tite-Live & Virgile; on l'appelle aujourd'hui même monte Mifeno. Il paroît par le paffage de Pline le jeune, ainfi que par un autre paffage de Suétone, que ce nom étoit donné à un port. Dans l'hiftorien Jofeph, c'est le nom d'une ville & même d'une place forte de Campanie. Pour paffer de-là à Puzzole, felon le même Jofeph, Caligula fit conftruire un pont qui tenoit du prodigieux, car if joignoit deux promontoires en dépit de la mer, & s'étendoit l'efpace de trente ftades. C'étoit fans doute un fimple pont de ba

Caius Plinius à fon cher Tacite (1), falut. Liv. 6, Lettre 16. Vous me demandez de vous faire le récit du décès de mon oncle, afin de pouvoir en faire part à la postérité, d'une maniere plus vraie; je vous en fais mes remerciments, & je prévois qu'une gloire immortelle accompagnera cette mort, fi elle eft célébrée par vous. En effet, quoiqu'il ait été enveloppé dans la ruine de plufieurs contrées des plus floriffantes, & qu'il ait péri à la maniere des villes & des peuples par un revers qui tient du prodige, & qui sembloit devoir à jamais le dérober à l'oubli; enfin, quoiqu'il ait lui-même écrit un grand nombre d'ouvrages, cependant l'éternité (2) affurée à vos écrits ne peut qu'ajouter à la perpétuité de fa mémoire. Pour moi, je regarde comme heureux ceux qui par un bienfait particulier des Dieux, ou font des chofes dignes d'être écrites, ou écrivent des chofes dignes d'être lues, & comme les plus heureux des hommes ceux en qui l'un & l'autre fe remarque. De ce dernier nombre fera mon oncle par fes écrits & par les vôtres. J'accepte donc, que dis-je? je brigue l'emploi dont vous me chargez. Il étoit à Misene (3), & gouvernoit en personne la flotte. Aux calendes de Novembre, vers la feptieme heure, ma mere l'avertit qu'il paroiffoit une nuée d'une forme & d'une grandeur extraordinaires. Il étudioit alors, couché au foleil felon fa coutume: après quoi il étoit dans l'ufage de boire un peu d'eau froide; ce qu'il n'oublia point même en cette occafion. Il se leve; il demande des fouliers, & monte fur une hauteur d'où ce phénomcne pouvoit le mieux fe confidérer. La nuée partoit d'une montagne, on n'eût fû dire de laquelle dans l'éloignement; on connut par la fuite que c'étoit du Véfuve. On n'en peut mieux comparer la forme qu'à un arbre, & parmi les arbres qu'à un pin; car elle étoit comme foufflée de bas en haut, fous la figure d'un tronc exceffivement prolongé, d'où fe répandoient quelques rameaux. Cette forme venoit, je penfe, de ce qu'à fa fource le jet du volcan l'élevoit tout-à-coup, puis s'affoibliffant la faifoit retomber avec

teaux comme celui de Xerxès; car Jofeph regarde comme une merveille

que Caligula l'ait paffé & repaffé fur un chariot.

alio magis arbor, quàm pinus exprefferit. Nam longiffimo velut trunco efflata in altum, quibufdam ramis diffundebatur. Credo quia recenti fpiritu evecta, dein fenefcente eo deftituta, aut etiam pondere fuo victa, in latitudinem vanefcebat; candida interdum, interdum fordida & maculofa, prout terram cineremve fuftulerat. Magnum id, propiufque nofcendum, ut eruditiffimo viro vifum eft. Jubet Liburnicam aptari; mihi, si venire unà velfem, facit copiam. Respondi, studere me malle: & fortè ipfe quod fcriberem, dederat. Egrediebatur domo, accepit codicillos Retine claffiarii imminente periculo exterriti, nam villa ea subjacebat, nec ulla nisi navibus fuga, ut se tanto discrimini eriperet, orabat. Vertit ille confilium, & quod ftudiofo animo inchoaverat, obit maximo. Deducit quadriremes, afcendit ipfe, non Retinæ modo fed multis (erat enim frequens amœnitas oræ ) laturus auxilium: properat illuc unde alii territi fugiunt, rectumque curfum, rectaque gubernacula in periculum tenet, adeo folutus metu, ut omnes illius mali motus, omnes figuras, ut deprehenderat oculis, dictaret enotaretque. Jam navibus cinis inciderat: quo propius accederet, calidior & denfior: jam pumices etiam

(4) Hermolaus, le Pere Hardouin, M. de Sacy & d'autres Savants regardent Retina comme un nom de lieu; cependant il y a de fortes raifons de penfer que Retina eft ici un nom d'homme: car fi c'étoit le nom d'une maifon de campagne, que voudroit dire Retina claffiarii? que fignifieroit, dis-je,l'Officier de marine ou le corps de marine de telle maifon de campagne? au lieu qu'en faifant de Retina un nom d'homme,& en l'appliquant à l'Officier de marine en queftion, toute difficulté eft levée. Il est vrai qu'on lit plus loin nam villa ea, c'est-à-dire, car cette maifon de campagne, &c. mais le mot ea pourroit bien avoir été ajouté par quelque copifte ignorant, puifque quelques lignes plus loin Pline le jeune parle manifeftement de Retina

comme d'une perfonne, & nullement comme d'une maison de campagne : NON RETINE MODO SEd MulTIS LATURUS AUXILIUM. Pour

porter du fecours non feulement à Retina, mais encore à un grand nombre de perfonnes. Auffi Ortelius ne met-il Retina au nombre des noms de lieux qu'en héfitant,& fans ofer rien affurer. Il paroît, dit-il, que c'est le nom d'un lieu maritime de la Campanie, Campania locus maritimus videtur. Ce qui a déterminé Hermolaus à prendre Retina pour un nom de lieu, c'est qu'il a trouvé en Campanie un lieu encore aujourd'hui nommé Refina; mais il n'y a fans doute pas plus de rapport entre Retina & Refina qu'entre les mots retine & refine.

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