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l'aide d'expériences provoquées par elle sur les semis et la plantation des germes ou bourgeons, ainsi que par la culture automnale de ce tubercule.

Ces divers systèmes, qu'on croyait devoir apporter un soulagement à l'état de souffrance auquel l'épidémie a réduit cette plante, surtout dans les terres fortes, n'ont pu réussir à détruire le fléau.

Ainsi, M. Auguste Baudouin, président du Comice de Pavilly, membre correspondant, nous a communiqué une notice intéressante, d'où il résulte que plusieurs variétés qu'il avait récoltées complètement saines l'année dernière à la suite de ses semis, replantées par lui cette année, ont été attaquées dans la proportion d'un cinquième environ; ce qui paraîtrait devoir prouver l'inefficacité des semis pour la régénération de la pomme de terre.

M. Lecointe, directeur de la colonie agricole du PetitQuevilly, membre vétéran de la Société, nous a communiqué des détails sur des expériences faites par lui sur la reproduction de la pomme de terre à l'aide des tiges souterraines on bourgeons. En 1847 et 1848, M. Lecointe, ayant mis à germer, sous châssis, une certaine quantité de pommes de terre, et ayant planté par deux fois successives les bourgeons coupés par tronçons ayant chacun un œil, puis les tubercules euxmêmes, obtint un rendement, dans sa récolte, de cinquante pour un; tandis que, par les moyens de reproduction ordinaires, c'est à grand'peine si l'on peut récolter dix fois la semence. D'où il conclut que, dans les années de disette ou dans les années où les tubercules sont rares et chers, on peut avec avantage les remplacer par des tiges plus ou moins développées, et que, quand les tiges sont déjà longues et qu'elles se trouvent détachées, au lieu de les jeter comme on le fait, on peut les utiliser pour la reproduction. Si cette méthode n'est pas d'une application facile, dans nombre de

cas, on pourra employer ce système, qui procure une notable économie de semence.

D'un autre côté, il a été reconnu que la culture automnale ou hivernale de cette plante était impossible en grand dans nos régions froides et humides, en raison de ce que les tubercules qui y sont soumis, ou pourrissent à cause de la profondeur à laquelle on est obligé de les enterrer, ou gèlent par suite de l'impossibilité où l'on se trouve de les préserver, les modes de couverture qu'on pourrait leur accorder étant trop dispendieux.

La Compagnie s'est aussi préoccupée du soin de rechercher les moyens de conserver les tubercules attaqués, et, à ce sujet, elle a conseillé l'emploi du sulfatage, qui consiste à saupoudrer la plante récoltée avec du plâtre, pour en extraire l'humidité.

Un agronome distingué des environs d'Elbeuf, M. Grelley, membre correspondant, a entrepris, sous le patronage de la Société, l'introduction, dans nos terrains sablonneux, du blé de Toscane, dont la paille, comme on sait, sert à la confection des chapeaux de paille d'Italie.

Les expériences auxquelles il s'est livré ont donné de très bons résultats, et font prévoir comme possible une concurrence avantageuse de la part de notre pays à la Toscane, dans la culture de eette plante, qui, en même temps qu'elle dotera notre population d'une industrie fort intéressante, donnera un nouveau moyen de tirer parti des immenses plaines de sable situées sur la rive gauche de la Seine, et qui forment une notable partie du département.

La question du dégrèvement de l'impôt sur le sel intéresse tellement l'agriculture, que la Société, après avoir précédemment établi de quelle importance était l'introduction de cette matière dans l'alimentation des animaux, a voulu aussi constater d'une manière officielle son efficacité dans la culture des céréales.

Déjà, l'année dernière, nous vous avons rendu compte des heureux résultats obtenus par l'emploi du sel dans la culture du blé. Nos confrères Girardin, Dubreuil et Fauchet devaient reproduire leurs expériences pour en vérifier l'exactitude, mais les événements de cette année ne leur ont pas permis de s'y livrer avec toute l'attention désirable, de sorte que nous mettons à l'année prochaine à revenir sur cette question.

M. de Moy se livre, en ce moment, à diverses expériences sur l'efficacité de l'emploi du sel dans les autres cultures; il rendra compte à la Société du résultat de ses travaux. Nous sommes heureux, du reste, de pouvoir ici constater que l'Assemblée Nationale et le Gouvernement se montrent disposés à adopter la réduction de l'impôt sur le sel.

Depuis plusieurs années, la Société a suivi avec un vif intérêt et encouragé, autant qu'il etait en elle, les nombreuses expériences de deux de ses membres, MM. Girardin et Dubreuil, pour la régénération de nos pommiers et la meilleure fabrication du cidre.

Ces expériences sont terminées, et les résultats en seront bientôt publiés; mais ce n'était pas assez : il était nécessaire de conserver au département la collection des meilleures variétés de pommiers réunies au Jardin-des-Plantes, et qui aurait été détruite par suite du peu d'emplacement dont cet établissement peut disposer. Sur les instances de la Société, l'administration municipale a consenti à garder, dans un nouveau terrain, à côté de l'établissement public, les deux cents variétés de fruits à cidre, greffés sur autant de sujets achetés par la Compagnie. De cette manière, les propriétaires et cultivateurs pourront gratuitement se procurer des greffes pour régénérer leurs pommiers.

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3° CHIMIE AGRICOLE.

Chaque jour se fait de plus en plus sentir l'importance de l'application de la chimie à l'agriculture; car chaque jour elle nous fournit les moyens d'augmenter les productions de notre sol, en même temps qu'elle nous aide à reconnaître la fraude trop souvent employée pour tromper la bonne foi du cultivateur.

L'année dernière, l'un de nos correspondauts de BasseNormandie nous a envoyé un mémoire fort intéressant sur le chaulage du blé; ses expériences confirmaient en tout point celles que la Société a fait exécuter en 1845, et consacraient encore une fois l'efficacité du procédé du chaulage, conseillé par Mathieu de Dombasle, et qui consiste, comme l'on sait, dans l'emploi du sulfate de soude et de la chaux en place d'arsenic. Cette année, M. P. Hellouin vient de nous adresser, sur la même question, un nouveau travail, qui corrobore, de la manière la plus certaine, les expériences de l'année passée.

Ces considérations acquièrent d'autant plus d'importance qu'elles émanent d'un homme essentiellement pratique, et qui, jusqu'à ce moment, avait refusé de croire à l'action du chaulage comme préservatif de la carie du blé.

La pénurie des subsistances qui se fit si fortement et si vivement sentir en 1847, ayant inspiré à l'administration municipale de Rouen l'heureuse idée de suppléer au manque de farines de blé par la farine de maïs, M. Girardin se livra, sur la demande de M. Henry Barbet, alors maire de Rouen, à une analyse chimique pour reconnaître, au point de vue économique et hygiénique, la valeur du pain mixte, composé à parties égales de ble et de maïs.

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Les expériences faites à ce sujet, communiquées à la Société et publiées par elle, prouvent que ce pain diffère

fort peu, quant aux qualités nutritives, du pain ordinaire, et qu'il peut, sans inconvénient, lui être substitué. Mais d'assez grandes difficultés se rencontrent dans sa confection; aussi notre confrère pense-t-il qu'il serait préférable de faire usage du maïs sous forme de bouillie, et s'élève-t-il contre cette manie que l'on a généralement dans nos contrées, de toujours vouloir consommer, autant que possible, les aliments sous forme de pain; ce qui procure souvent l'inconvénient de fournir une nourriture moins bonne et moins saine.

C'est encore l'analyse chimique qui a permis à M. Girardin de donner connaissance à la Société des moyens de rcconnaître la fraude employée quelquefois pour déguiser l'altération communiquée aux graines de vesce et de trèfle rouge, par un trop long séjour à fond de cale, et leur donner l'apparence de graines de bonne qualité.

La notice de notre confrère a été publiée par les soins de la Société, qui espère ainsi, en donnant aux cultivateurs les moyens de ne pas se laisser tromper, leur éviter la perte considérable qu'ils pourraient éprouver par la privation d'une récolte entière de fourrages.

4o ÉCONOMIE AGRICOLE.

La Société ne cesse de s'occuper des questions d'économie agricole. Au nombre des plus importantes qu'elle ait traitées se trouve, sans contredit, celle qui a pour but de rechercher les moyens d'arriver à établir une bonne statistique agricole, dont l'absence, pendant l'année 1846, n'a pas permis de prévenir la disette, en suppléant au manque de subsistances indigènes par des approvisionnements à l'étranger. La Compagnie, pénétrée de l'urgence qu'il y a à s'occuper de cette question, a rappelé au Gouvernement les renseignements qu'elle lui avait adressés l'année dernière sur les moyens d'arriver, pour ainsi dire sans frais, à connaître le rendement

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