Images de page
PDF
ePub

ART. 4.

Le Gouvernement prendra l'avis du Conseil supérieur d'agriculture, sur toutes les lois qui intéressent l'agriculture, soit directement, soit indirectement, telles que les lois d'organisation agricole, d'enseignement, d'irrigation, de reboisement, de défrichements, d'impôts de douanes, le crédit agricole, etc.

ART. 5.

L'avis du Conseil supérieur d'agriculture fera partie du dossier déposé à l'Assemblée nationale, lors de la présentation des projets de loi dont il est parlé à l'article précédent.

ART. 6.

Les Chambres consultatives des départements feront parvenir au Conseil supérieur le sommaire de leurs travaux et l'exposé des besoins de l'agriculture de leur département.

ART. 7.

Chaque année, la délégation des Chambres consultatives d'agriculture au Conseil supérieur sera renouvelée, mais elle pourra toujours être confiée aux mêmes membres.

Fait et délibéré en séance, le 31 mai 1848.

Le Président de la Société,

J. DE MOY.

СІХ.

CONSERVATION

DES

HARAS DE L'ÉTAT.

LA SOCIÉTÉ CENTRALE D'AGRICULTURE

DE LA SEINE-INFÉRIEURE

Aur Citoyens Représentants du Peuple à l'Assemblée nationale.

CITOYENS REPRÉSENTANTS,

La Société centrale d'agriculture du département de la Seine-Inférieure n'a pu voir, sans les plus vives alarmes, la présentation d'un projet de décret tendant à la destruction des haras de l'État. Ce projet devant être prochainement discuté par l'Assemblée nationale, la Société s'empresse de venir protester de toute l'énergie de sa conviction contre une semblable mesure, qui aurait inévitablement pour résultat la ruine de notre espèce chevaline en France, qui laisse pourtant encore tant à désirer. Il ne faut pas perdre de vue que la population chevaline du pays est une des principales ressources de sa force, et, dans l'occurrence où nous sommes placés, loin de l'affaiblir, il faut chercher à la fortifier et à l'améliorer.

La Société centrale d'agriculture demande donc respectueusement à l'Assemblée nationale, non-seulement de ne

point admettre la prétention des adversaires des haras de l'État, mais, au contraire, d'aider cette institution, de l'améliorer, car seul, l'État peut, en France, subvenir aux frais indispensables que nécessite une industrie aussi dispendieuse que celle de la reproduction chevaline.

En vain voudrait-on établir une comparaison entre la France et l'Angleterre, pour ce qui a rapport à la production du cheval. En Angleterre, il est vrai, c'est l'industrie particulière qui en est chargée; mais dans ce pays, le goût du cheval est général, les fortunes sont considérables, une saillie se paie jusqu'à 2,000 fr. et plus ; il y a tel land-lord qui dépense, à lui seul, plus de fonds que le budget de France n'en accorde pour tous les haras de l'État. Quel serait, chez nous, le propriétaire qui voudrait et pourrait en faire autant? Cette question, citoyens Représentants, est immense et se rattache aux intérêts les plus sérieux et les plus palpitants du présent et de l'avenir; nous vous supplions donc d'y prêter toute votre attention, et de ne point vous laisser entraîner par des objections qui ont déjà été produites sous toutes les formes, et qui sont plus spécieuses que vraies.

La prétention que l'on voudrait aujourd'hui généraliser n'est point nouvelle; n'avons-nous pas un triste exemple des résultats qu'elle produit? Ne sait-on pas que, pendant quelque temps, l'administration des haras, considérant la production du cheval de trait comme suffisamment rémunératrice pour se suffire, avait elle-même décidé qu'elle ne ferait plus participer à ses encouragements la race de chevaux de trait? Cette administration n'a pas tardé à reconnaître qu'elle s'était trompée, et elle s'est empressée d'accorder des primes qui n'ont produit que peu d'effet. Nos races de trait ont dégénéré, elles ont appelé sur elles le concours des Conseils généraux, des Sociétés d'agriculture, et, malgré des encouragements importants, elles ne font encore que végéter.

Que serait-ce donc, si l'industrie du cheval de luxe était soumise au même régime? On sait, en effet, que le cheval de ces races qui fournit celui de cavalerie, de selle, de calèche, est plus dispendieux, plus difficile à élever, et ne peut être, de même, employé aussi fructueusement par l'éleveur aux travaux des champs. Ces étalons demandent des soins particuliers, que nous ne pouvons et ne sommes point en mesure de leur donner. A cela, il convient d'ajouter que le cheval réellement améliorateur est toujours d'un prix élevé et hors de la portée des propriétaires et cultivateurs. Ce ne serait donc point l'appat des primes, quelqu'élevées qu'elles puissent être, qui serait des stimulants assez puissants; nous retomberions infailliblement dans le chaos, ce serait la ruine complète de l'espèce chevaline de France.

Par ces raisons, et beaucoup d'autres que vous connaissez et qui vous seront sans doute développées, nous vous prions, citoyens Représentants, de réduire à néant la proposition qui vous est faite.

Le Président de la Société,

Rouen, le 18 juillet 1848.

J. DE MOY.

SUR LE

PAIN MIXTE DE BLÉ ET DE MAÏS,

Par J. GIRARDIN,

Professeur de chimie de la ville de Rouen,
correspondant de l'Institut.

(Note lue à la Société centrale d'agriculture de la Seine-Inférieure, dans la séance du 22 juin 1848.)

L'année dernière, la pénurie et le haut prix des céréales engagèrent l'administration municipale de Rouen à faire venir de Bordeaux d'assez grandes quantités de farine de maïs. Une partie de cette farine fut livrée aux boulangers, à la condition de la mêler par moitié à la farine de blé destinée à la panification. Le pain mixte, ainsi confectionné, devait être mis en vente à un prix inférieur à celui du pain blanc ordinaire de pure farine de blé.

Avant la mise en vente du pain de maïs, M. H. Barbet, alors Maire de Rouen, voulut connaître mon opinion sur la nature de ce pain, et savoir si, au point de vue économique et hygiénique, l'administration pouvait en autoriser l'emploi. Voici le rapport que j'adressai à ce magistrat, à la date du 4 juillet 1847. Ce qui me décide à publier ce rapport, c'est qu'il renferme plusieurs résultats d'analyses et quelques observations qui trouveront plus tard peut-être leur utilité, les circonstances pénibles de l'année dernière pouvant encore malheureusement se représenter.

« PrécédentContinuer »