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Les pays pauvres, au contraire, ont toujours une balance commerciale favorable qui ne les enrichit pas, car ils ont presque toujours un change défavorable.

Les créances sur l'étranger soit en traites, mais surtout en titres de valeurs mobilières payant intérêt, sont un des plus puissants moyens de libération dans les moments critiques. Avec la plus-value acquise, par le seul fait du déplacement, pour un produit dont l'estimation, comme prix, est loin d'être la même du jour d'embarquement d'un pays pauvre au port de débarquement d'un pays riche, cette différence compense déjà une partie de la balance défavorable qui apparaît sur les tableaux du commerce; l'autre partie est compensée par le paiement des coupons encaissés à l'étranger qu'on évalue à plus d'un milliard de francs par an, ou mème, en cas de besoin extrême, par la vente des titres. On a ainsi un grand marché, où circule sans cesse, avec une plus ou moins grande activité, la monnaie de change qui permet de régler comme au comptant toutes les opérations engagées sur tous les points du monde, quand la hausse du taux de l'escompte n'admet plus l'intervention des lettres de change ou des traites. Le mécanisme est alors parfait y a-t-il lieu de le détruire?

La séance est levée à onze heures.

Le rédacteur du Compte rendu,
CHARLES LETORT.

OUVRAGES PRÉSENTÉS

Société d'enseignement professionnel du Rhône. Année scolaire 1895-1896. Compte rendu. Distribution des prix.

Lyon, 1896, in-8.

Société de législation comparée. Séance de rentrée de la session de 1897. Allocution de M. CHARLES TRANCHANT.

Paris, 1897, in-8.

Société d'économie politique et d'économie sociale de Lyon. Compte rendu analytique des séances de l'année 1895-1896. in-8.

11

Lyon, 1896,

Rapport de S. Exc. M. le contrôleur de l'Empire, T. PHilippoff, sur le règlement définitif du budget de l'Empire, pour l'exercice 1895. Saint-Pétersbourg, 1896, in-4.

Estudo economico e financeiro sobre o estado de S. Paulo, pelo Dr. João PEDRO DA VEIGA FILHO. S. Paulo, 1896, in-8.

Monographia sobre tarifas aduaneiras, pelo Dr João PEDRO DA VEIGA - S. Paulo, 1896, in-8.

FILHO.

T. XXIX.

MARS 1897.

28

Annual report of the comptroller of the currency to the second session of the fifty-fourth congress of the United States. December 7 1896, vol. I. Washington, 1896, in-8.

Statisticu elettorale. Composizione del corpo elettorale politico ed amministrativo, e statistica delle elezione generali amministrative nell' anno 1895. Roma, 1897, in-4.

PÉRIODIQUES

Le Kentier, L'Union nationale du commerce et de l'Industrie, Le Semaphore de Marseille, Le Messager de Paris, Journal de la Société de statistique de Paris, Revue des sociétés, Bulletin de l'Office du travail, Bulletin mensuel de la Société de législation comparée, Journal de la Société nationale d'horticulture de France,Bulletin de la Société de géographie commerciale du Havre, Annuaire de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale, Bulletin de l'Association philotechnique, Revue du commerce et de l'industrie, Droit financier, Journal des assurances, Musée social, Annales des ponts et chaussées, Annales du commerce extérieur, Bulletin du ministère de l'agriculture, Bulletin de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale.

COMPTES RENDUS

PREMIERS PRINCIPES D'ÉCONOMIE POLITIQUE, par CHARLES PERIN, correspondant de l'Institut, 2o édition. Paris, Victor Lecoffre.

Tout le monde connaît et honore M. Périn, qui depuis longtemps s est voué à l'étude et à l'enseignement de l'économie politique, en l'associant toujours à ses très profondes et très sincères croyances religieuses. La seconde édition de ses Premiers principes de l'économie politique sera lue avec d'autant plus de respectueuse attention qu'il en fait son adieu au public, étant « à un âge où la retraite et le silence s'imposent »>.

Je ne voudrais assurément pas combattre, attaquer en rien ici l'absolue soumission de M. Périn aux doctrines catholiques de l'Eglise ; mais à ne présenter l'économie politique qu'ainsi qu'une suite de ces doctrines, que comme « une dépendance de la morale » commandée par l'Eglise, à qui Dieu l'a révélée tout entière et pour toujours, l'on cesse évidemment de la tenir pour une science. Dès lors disparaît pour elle toute loi naturelle, tout principe fondamental. Ce n'est même plus de la sorte que la considèrent les derniers écrivains et les derniers professeurs catholiques les plus autorisés, MM. Metz-Noblat, Rambaud et le père Forbes, par exemple. Comment, en outre, ne pas envisager la morale elle-même comme une science depuis Mill et son illustre disciple, en cela du moins, Herbert Spencer? C'est sans nul doute au christianisme que les peuples doivent surtout leurs connaissances morales mais la morale ne présente-t-elle pas dans le temps et l'espace, dans ses diverses transformations, dans ses différents progrès, reliés à toutes les conditions humaines, les caractères d'une véritable science qui sans cesse s'avance, en étant mieux comprise et mieux pratiquée? M. Périn condamne à plus d'une reprise l'esclavage, et de très bons prêtres en prêchaient, il y a moins de cinquante ans, la légitimité et la nécessité dans nos colonies. Je me suis souvent rappelé, en lisant M. Périn, avoir entendu le père Gratry, dans la petite chapelle de Saint-Etienne-du-Mont, exposer la création du monde comme Arago

à l'Observatoire, Elie de Beaumont au Collège de France, et comme Humboldt venait de la décrire dans son Cosmos. Il ne croyait pas cependant faire tort à la religion en respectant la science.

L'économie politique ne contredit en rien, au reste, la morale; tous les économistes l'ont montré, Bastiat entre autres; tandis que l'astronomie et la géologie semblent singulièrement à première vue opposées à la genèse biblique.

En tout cas, l'on ne saurait être économiste en s'en tenant aux convictions de M. Périn. Les deux grandes lois de l'économie politique sont de toute certitude la liberté du travail et le respect de la propriété privée. Or, voici ce qu'écrit M. Périn dès le commencement de son livre, pour le répéter sans cesse, de la liberté économique : «Certains, en empruntant à l'adversaire son principe, embrassent la doctrine du libéralisme économique. Ils ne voient pas que cette voie trompeuse d'une liberté absolue conduit au triomphe d'un individualisme dont la conséquence fatale sera, ou la dissolution sociale par l'anarchie, ou l'absorption de toutes les forces sociales par le pouvoir despotique d'un César. Du reste, de moins en moins nombreux, les tenants catholiques du libéralisme ne représentent plus guère, dans le monde économique, qu'un souvenir. »

Mais qu'est-ce que l'économie politique sans la liberté, toute la liberté compatible avec l'ordre social, et sans la responsabilité, qui n'existe qu'avec la liberté, et qui restera toujours le principe même et la sanction de la morale? Aussi M. Périn n'a-t-il rien de commun avec l'école économiste qu'il nomme parfois classique, et plus souvent rationaliste et utilitaire ou sensualiste et matérialiste. Pour toutes les questions de travail, de salaire, d'échange, de rapports entre patrons et ouvriers, d'organisation d'atelier, ce n'est pas aux enseignements économiques en effet qu'il recourt. Il n'y a pour tout cela, à son avis, ni lois naturelles à suivre, ni dangers d'aucune sorte à repousser. L'encyclique Rerum novarum a été publiée, promulguée « d'autorité » par le pape Léon XIII; l'on n'a plus qu'à s'y conformer. Et cela même semble ne pas suffire à M. Périn, car sa conclusion dernière pour la société économique, c'est la « doctrine du renoncement. » — « A ces affirmations de l'école sensualiste et utilitaire, je réponds, écrit-il, par l'affirmation claire et nette de la doctrine catholique sur le renoncecement. Les événements qui s'accomplissent sous nos yeux, les progrès du socialisme, suite naturelle, conséquence pratique du sensualisme économique, justifient assez l'audace de mon affirmation. » L'économie politique est pourtant le seul véritable obstacle, la seule négation raisonnée à opposer au socialisme. Les lecteurs de l'encyclique Rerum novarum s'en peuvent convaincre aisément. Mais M. Périn, en s'en dé

tournant, ne convie la société pour la préserver du socialisme, qu'aux pratiques du cloître.

Quant à la propriété, M. Périn s'en explique moins que du travail, et après ce qu'il dit du travail,il n'avait, pas besoin de beaucoup s'en expliquer, surtout n'en parlant qu'en même temps que de la charité, qu'il veut universelle et toujours assurée. Il n'a contre la propriété aucune invective comparable à celles de saint Augustin, de Pascal ou de Bossuet lui-même; il se contente de la méconnaître. Et pourtant il y a d'excellentes observations dans quelques-uns de ses chapitres sur la propriété. Il montre très bien, par exemple, que la propriété et la liberté sont inséparables.

J'étais curieux, je l'avoue, de voir comment M. Périn traitait de la loi de population. Il ne répète assurément aucune des ignorantes calomnies adressées à Malthus; mais, fidèle à ses croyances religieuses, assez contredites aujourd'hui – je pourrais encore invoquer ici M. Raimbaud, professeur d'économie politique à la Faculté catholique de Lyon

il déclare que toujours « l'accroissement de la population est un bien », à l'encontre de ce que voudrait faire croire le matérialisme économique... La providence l'a ainsi réglé dès le commencement... Le nécessaire ne manque pas dans les sociétés où règnent les mœurs chrétiennes... Dieu, en condamnant l'homme à manger son pain à la sueur de son visage, laisse assez entendre que ce pain ne lui sera pas refusé quand ses labeurs sauront le conquérir. En prononçant cette peine, Dieu ne révoqua point la bénédiction primitive qu'il avait répandue sur le genre humain lorsqu'il dit à Adam : Croissez et multipliez,couvrez la terre et assujettissez-la à votre domination. » M. Périn d'ailleurs ne nomme pas une fois les misères de l'Irlande et de la Sicile causées par l'excès de population; il ne cite, du reste, jamais quelques faits qui justifient ou démontrent ses affirmations. Puis, s'il pouvait y avoir excès de population, le célibat religieux, il s'en porte garant, en empêcherait toujours et infailliblement les fâcheuses conséquences!

La science de la production, de la distribution et de la consommation de la richesse ne pourrait donc s'étudier quelque peu sérieusement dans les Premiers principes de l'économie politique de M. Périn. Mais l'on ne saurait les lire sans une attention soutenue et, je le répète, sans respect pour leur auteur.

GUSTAVE DU PUYNODE.

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