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communes parmi les économistes italiens. C'est en nous-mêmes, et non dans une combinaison fiscale ou statale, qu'il faut chercher la solution du problème social.

ROUXEL.

ESTUDIOS ECONOMICOS Y FINANCIEROS Y OJEADA SOBRE LA HACIENDA PUBLICA DEL PERU Y LA NECESITAD DE SU REFORMA, por J. M. Rodriguez. In-8° Lima, libreria y emprenta Gil, 1895.

Le Pérou est un pays fertile et il pourrait être riche si son développement économique n'avait pas été entravé par diverses causes. Sous la domination espagnole, des charges fiscales écrasantes s'opposaient aux progrès de l'agriculture, de l'industrie et du commerce.

La république instituée en 1821, on aurait pu s'attendre que les choses auraient changé de face, mais il n'en a été rien. Le jour où la république a été proclamée, on a conservé toutes les lois et ordonnances espagnoles en vigueur, et en particulier, la hacienda publica, la finance est restée dans le même état que devant. Si l'on y a introduit quelques modifications, c'est empiriquement, on n'y rencontre rien qui révèle des idées claires sur la nature et les fins de l'impôt.

A diverses époques, on a fait semblant de vouloir réformer, mais toujours en vain. En 1855, sous prétexte de réforme du système d'impôts, on ne fit autre chose que rétablir la capitation et la généraliser. En 1860, la Convention nationale réunie, on s'attendait à une nouvelle direction dans la marche des affaires publiques et spécialement dans les finances; mais, il est douloureux de le confesser, dit M. Rodriguez, rien ne se rencontre qui acrédite la moindre intention de mettre de l'ordre dans les finances. En 1879, tout était encore à faire en matière d'impôts; en 1886, l'administration fait un effort pour introduire l'ordre dans les recettes et les dépenses de l'Etat, mais peine perdue. « Aujourd'hui, comme hier, nous avons les mêmes vices administratifs à combattre, les mêmes obligations modifiées et amplifiées par les erreurs les plus déplorables à subir et la même nécessité de travailler à la réforme désirée de 1821 jusqu'à nos jours. >>

L'ignorance des idées économiques est une des principales causes de ce désordre persistant, et le moyen d'en sortir consiste dans l'étude de la science économique. « Propager des idées économiques, c'est promouvoir la prospérité d'une nation. » Tel est le motif qui a déterminé M. Rodriguez à publier ces études économiques et financières et coup d'œil sur les finances du Pérou et la nécessité de les réformer. A cet effet, l'auteur traite, dans une première partie, de la valeur, des prix, de la production, de la rente, de la richesse, de l'industrie, des T. XXX. - MAI 1897.

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monopoles, de la consommation, de la monnaie, etc..., le tout envisagé an point de vue de son pays. La seconde partie, divisée en trois livres, se compose: L. I, d'un petit traité de science financière, L. II, d'un coup d'œil sur le système tributaire du Pérou; L. III, sur les douanes, qui forment la principale ressource de la finance péruvienne.

Le désordre qui règne au Pérou dans les finances publiques comme dans beaucoup d'autres choses, tient évidemment en grande partie à l'ignorance de la science économique, mais il y a, en quelque sorte, une circonstance atténuante dans la situation particulière de ce pays. Le guano, la richesse du Pérou, est en même temps la cause de sa ruine. Avant sa découverte, on cherchait à développer la richesse du pays par le travail; après, le gouvernement n'a plus songé qu'à exploiter cette mine et les particuliers, du moins un trop grand nombre ne se sont évertués qu'à participer aux faveurs de l'Etat. M. Rodriguez expose en détail tout ce qui se rapporte à l'exploitation du guano, depuis 1840 jusqu'à nos jours, ce sont là peut-être les chapitres les plus instructifs de son livre.

Sans le guano les citoyens auraient été forcés d'être laborieux et le gouvernement d'être économe, les réformes financières et autres se seraient opérées au grand profit matériel et moral de tout le monde. Avec le guano, le gaspillage et le désordre se sont introduits dans les finances de l'Etat au suprême degré. Pour s'en faire une idée, il suffit de considérer qu'il n'y avait même pas de comptabilité : « Toute la comptabilité était réduite à deux livres de comptes courants, qui paraissent textuellement copiés sur les comptes des consignataires; » et que plus de 7 millions de tonnes de guano ont disparu de 1840 à 1867, sans que l'on ait pu savoir ce que cette montagne d'engrais est devenue; tout ce que l'on sait, c'est qu'il est resté une dette de plus de 45 millions de soles et un déficit de 15.

Il n'y a pas trop lieu de s'étonner que, malgré le grand nombre d'impositions qui pèsent sur les Péruviens M. Rodriguez remplit toute. une page de leur énumération le déficit soit permanent, ce qui signifie que les fonctionnaires publics sont mal payés; que les impôts départementaux montent à des chiffres fantastiques et que les dettes internes et externes, consolidées et flottantes, vont sans cesse en augmentant et forment un total de 64.900.000 dollars.

M. Rodriguez a donc grandement raison de réclamer la réforme, et nous faisons des vœux pour qu'il l'obtienne, car, quoi qu'on en dise, le dommage de l'un fait le dommage des autres, et réciproquement. Le Pérou est dans de bonnes conditions naturelles pour arriver, par le travail, à un haut degré de prospérité. Qu'il y parvienne et tout le monde n'aura qu'à s'en réjouir. ROUXEL.

NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES

I postulati dell'economia moderna in materia di acquadotti; per ARTURIO VIO. Br. in-8° Trieste Giov. Balestra, 1896. M. Arturio Vio soutient dans cet opuscule que le service des eaux et même tous les services où manque le frein de la concurrence doivent être mis entre les mains de l'autorité sociale. La raison qu'il en donne, c'est que les individus et les sociétés privées qui jouissent d'un monopole naturel ne sont animés que de leur égoïstique intérêt et ne visent qu'au lucre; tandis que l'autorité est infaillible et impeccable. L'hypothèse admise, la thèse est logique; mais j'en appelle aux faits et je dis que l'opinion publique a bien plus d'action sur les individus ou les sociétés privées que sur les autorités pour les empêcher d'abuser de leurs monopoles naturels.

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Sui rapporti tra capitale e lavoro, del professeur ARTURo J. de JOHANNIS, br. in-8°. Firenze, M. Ricci, 1895. M. de Johannis prend un grand détour pour nous démontrer que, le travail étant une dépense de force, on ne s'y livre qu'autant que l'on récupère cette dépense augmentée d'un surplus. Si chacun travaillait seul, chacun jouirait de cette plus-value: mais, dans la grande production, le capital garde toute cette plus-value pour lui et le travail n'a rien que le strict nécessaire. C'est la thèse socialiste présentée avec précautions par un homme qui se croit économiste et qui péche au moins contre l'économie par deux endroits : 1o il néglige de tenir compte de la part que l'État prélève sur la production et qui pèse naturellement bien plus lourdement sur l'ouvrier que sur le patron; 2° il suppose que la protection de l'État est profitable au capital immobilier et mobilier, ce qui n'est nullement prouvé, au contraire. Notre législation, dit M. de Johannis, tutèle et défend minutieusement la propriété immobilière et la propriété mobilière et elle ne fait rien pour la tutelle et la défense de la propriété individuelle, la seule que possède le travailleur. Supposant qu'il en soit ainsi, il faudrait prouver que la protection est profitable aux capitalistes et qu'elle le serait aux travailleurs; il faudrait ensuite prouver que, déduction faite de la part de l'État et des sousétats dans les produits, l'ouvrier n'a aucune part à la plus-value; s'il a sa part légitime, inutile de recourir à l'État pour l'obtenir.

Patronato de la infancia. Memoria de la Comision directrice, année 1895-1896. Br. in-8°. Buenos-Aires, Argos, 1896. Les promoteurs de la terre aux paysans considèrent cette réforme comme le remède à la misère. Dans l'Amérique du Sud, où d'immenses étendues de terres tendent les bras à qui veut les cultiver, il ne devrait donc point y avoir de misère. Et pourtant elle existe sous toutes ses formes, ce qui prouve que sa cause est le plus souvent en nous. Il existe même à Buenos-Aires des enfants d'indigents, des enfants maltraités, des enfants abandonnés, moralement et matériellement, et la nécessité s'est fait sentir d'organiser un patronat de l'enfance. Ce patronat ne date que de 1894; il n'a pas encore pu faire grand'chose, mais il paraît doué de beaucoup d'activité. Les dames prennent une large part dans ce patronat. Le présent Mémoire renferme des statuts et règlements de l'œuvre, le compte rendu de sa gestion financiere, les projets d'avenir. Le patronat ne se borne pas à la toute petite enfance, il fonde aussi une école d'arts-et-métiers qui pourra contenir

250 élèves internes.

R.

CHRONIQUE

SOMMAIRE: L'incendie du Bazar de la Charité de la rue Jean-Goujon. — Faut-il réglementer davantage? La guerre Turco-Grecque. Ce que gagne

raient les Crétois à être annexés à la Grèce. Le budget anglais et les progrès de l'Angleterre depuis soixante ans. - La motion protectionniste de M. Hobart Vincent. - Invite canadienne à la fédération britannique. L'anglophobie et le discours de sir Edmund Monson au banquet de la Chambre de commerce britannique. L'anti-machinisme à Marseille.

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Le mouvement agrarien contre les canaux et les chemins de fer en Allemagne. La répression des révoltes des colonies espagnoles et la crise de l'Andalousie. Un syndicat minier au Transvaal.

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Nous avons trop souvent à déplorer les sentiments de haine que les politiciens s'efforcent de propager entre les peuples, et les socialistes entre les classes, pour ne pas trouver un réconfort dans l'explosion de douloureuse sympathie qu'à provoquée la cruelle catastrophe du Bazar de la Charité, dans le monde civilisé et dans tous les rangs de notre population. L'Angleterre, notre « ennemie naturelle » a été la première a nous en envoyer la chaleureuse expression, et la pitié pour les nobles et touchantes victimes de la charité n'a pas moins ému les cœurs au faubourg Saint-Antoine et à Belleville qu'au faubourg Saint-Germain et dans le quartier de l'Étoile. Cela prouve qu'il y a chez tous les peuples et dans toutes les classes un fonds d'humanité et de bienveillance réciproque, et que la fraternité est inscrite encore ailleurs que sur les murs de nos édifices publics.

A l'occasion de cette lamentable catastrophe, causée par le manque de prévoyance et de réflexion, on a fait appel comme de coutume à l'intervention du gouvernement et réclamé un redoublement de réglementation. Mais ne pourrait-on pas se demander si l'habitude que nous avons prise de nous adresser au gouvernement pour nous protéger en toutes choses n'a pas contribué à affaiblir les facultés qui nous servent à nous protéger nous

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