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l'exportation totale. Celle-ci, qui dépend du résultat de la récolte est soumise à des variations plus considérables que les produits de l'industrie.

Les chiffres suivants que M. Helferich emprunte au Bulletin russe de statistique sont intéressants (millions roubles crédit) :

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De 1888 à 1893, l'exportation totale de la Russie a présenté comme points extrêmes 471 millions et 778 millions, celle des marchandises, moins le blé et le seigle, a varié entre 382 et 304.

Les fluctuations dans l'exportation russe sont dues, presqu'exclusivement, au mouvement des céréales, celles-ci dépendent du résultat de la récolte. Depuis 1854, la Russie est au régime du cours forcé. A la suite de la guerre d'Orient, des émissions considérables de papiermonnaie eurent lieu et le rouble qui, en 1875, valait encore 2 marks 77 tomba à 2 marks 05 en 1879, pour remonter à 2,13 en 1881. La moyenne des cinq années 1876-1880 est de 2,2i; aujourd'hui, vingt ans plus tard, le cours est stable à 2,16. De 1876 à 1895, le cours moyen est de 2,12. On peut admettre que vers 1885. les effets des évènements extraordinaires survenus en 1877-78 ont cessé; de 1882 à 1885, le change est relativement ferme entre 200 et 206. Le tableau suivant montre l'exportation et le cours du rouble :

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En 1885, la récolte est mauvaise, l'exportation du froment est inférieure à la moyenne des cinq années précédentes; les mauvaises nouvelles de la récolte et la diminution de l'exportation font baisser le rouble de 213 à 192 marks. La récolte de 1886 est encore inférieure; la grande exportation en 1887 est due à la belle récolte de 1887 et profite surtout au second semestre; le rouble baisse encore et tombe à 181. Durant cette période, on a donc le spectacle d'un rouble et d'une exportation qui fléchissent. La petite quantité exportable ne pouvait donc guère profiter de la soi-disant prime d'exportation et ne pouvait guère peser sur les prix à l'étranger. En Allemagne, les prix haussent de 134 marks par 1.000 kilos sans les droits pour le blé à 151 marks en 1887. A l'intérieur du pays, en Russie, le prix du blé monte de 60 à 76 roubles. Le blé hausse de 27 p. 100, tandis que le rouble n'a pas baissé de 10 p. 100. En 1885, le blé valait à Odessa 1'8 marks, à Brême 134 marks. L'écart de 16 marks couvre les frais de transport, le bénéfice de l'exportateur. En 1887, avec le rouble à 181 marks, le prix du blé est 138 marks à Odessa et de 151 marks à Dantzig, soit une différence de 13 marks. Malgré la baisse du rouble, l'exportation est donc moins lucrative. Dans les années qui suivent, les relations se tendent entre la Russie et l'Allemagne. M. de Bismarck commence une guerre contre le crédit de la Russie. En 1888, le rouble tombe à 171 marks, en bai-se de 6 p. 100 sur 1887; en même temps, le prix du blé baisse de 12 p. 100, celui du seigle de 17 p. 100 en Russie. En Allemagne, la baisse est infiniment moins forte. En 1888, la récolte, en général, est mauvaise dans les pays de consommation et aux Etats-Unis, la récolte est bonne en Autriche et en Russie. La Russie exporte beaucoup et, grâce à cela, le rouble monte dans les deuxième et troisième semestre de 1888, de 24 p. 100 dans le second semestre. Grâce à une bonne récolte, l'exportation est considérable, ce qui améliore le change, en même temps le prix baisse sur le marché intérieur en Russie, tandis qu'il monte en Allemagne. Les fluctuations du change ont donc été à l'encontre des intérêts des producteurs russes. Avec une admirable récolte, le rouble est en reprise de 24 p. 100,et à l'intérieur les prix baissent de 8 p. 100. Cela ne fait les affaires ni des paysans russes, ni des exportateurs. De grandes ventes à l'étranger, tant que le change n'est pas stabilisé et tant que la reprise des paiements en espèces n'est pas préparée, sinon déjà en train, auront pour conséquence des fluctuations dans le sens de la hausse du rouble et par suite le pays ne bénéficie pas comme il l'aurait fait dans des conditions normales des circonstances favorables pour l'écoulement des marchandises. En 1890-91, la Russie a de nouveau une grande exportation le rouble monte à 2,48 en 1890, et l'on a pu observer les mêmes phénomènes qu'en 1888; grâce à une

belle exportation, le cours du rouble s'était amélioré. En 1891, la mauvaise récolte et la disette entravent l'exportation, le cours du rouble fléchit, il baisse de 20 p. 100 tandis que le prix des céréales monte de 30 p. 100. Les prix montent en Russie plus qu'à l'étranger. Le seigle avance de 33 p. 100 en Allemagne, de 60 p. 100 à Odessa. La baisse du rouble, d'après M. Hellferich, a été désavantageuse au consommateur russe, parce qu'elle l'a forcé de payer des prix plus élevés.

Si les prix ont baissé, en général, à l'étranger de 1892 à 1894, on ne saurait en rendre le change russe responsable, car il était en voie d'amélioration. Depuis 1894, le rouble a été stabilisé. Au lieu que ce soit le change qui exerce une influence importante sur l'exportation, c'est lui qui dépend du commerce extérieur.

La conclusion à laquelle arrive M. Hellferich, c'est que les désavantages d'une monnaie instable sont infiniment graves pour les pays à cours forcé, pour leur agriculture et leur commerce.

ARTHUR RAFFALOVICH.

NOTES SUR LES ÉTATS-UNIS

Notre précédente chronique, écrite dans les premiers jours de mars, s'arrêtait à la veille même de l'inauguration de la nouvelle administration républicaine, issue des élections de 1896. Nous n'avions pas encore reçu le texte de l'adresse inaugurale de M. Mac Kinley, qui était aussi impatiemment attendue en Europe qu'aux Etats-Unis.

Cette adresse devait fixer le public sur la marche qu'entendait suivre le parti républicain, en forte majorité à la Chambre des Représentants, et en minorité d'une voix ou deux seulement au Sénat, relativement aux questions de la réforme monétaire et de la révision annoncée du tarif douanier. Très nette quant à cette dernière question, l'adresse le fut beaucoup moins en ce qui concernait la première, et M. Mac Kinley, tout en reconnaissant la nécessité d'apporter des améliorations à la circulation monétaire, laissa planer quelques doutes sur l'ampleur de la réforme promise et sur la rapidité avec laquelle on s'efforcerait de la réaliser.

Dans son adresse inaugurale, le Président appela surtout l'attention publique sur les déficits budgétaires, qui durent depuis quatre ans déjà, et desquels le Trésor fédéral s'était depuis longtemps désaccoutumé. Avec beaucoup de force, il déclara qu'il était de toute nécessité de fournir au gouvernement des ressources suffisantes pour faire face à ses dépenses. La population américaine étant fort rebelle à une augmentation des droits intérieurs fédéraux, le supplément de recettes nécessaires ne pouvait être demandé qu'aux droits d'importation, ce qui obligeait à un remaniement du tarif douanier. M. Mac Kinley indiqua l'esprit dans lequel le parti vainqueur entendait faire ce remaniement. On devait en profiter pour revenir à la pure politique protectionniste républicaine de 1890, et pour combler les quelques brèches que les démocrates avaient réussi à grand peine à faire, en 1894,

1 Voir le numéro du 15 mars 197.

à ce tarif douanier, qui enserre l'Union comme une infranchissable muraille, et que les républicains regardent comme le palladium du pays. Pour être équitable, il faut reconnaître que leurs adversaires sont aussi partisans d'une muraille analogue, ils la veulent un peu moins élevée et percée de loin en loin de quelques étroits passages, voilà

tout.

Le 15 mars, s'est ouverte la session extraordinaire du Congrès, convoquée par le Président, pour étudier les moyens de porter remède à la situation embarrassée du Trésor. Le même jour, M. Dingley, président du Comité des voies et moyens, déposait sur le bureau de la Chambre des représentants le projet du nouveau tarif, destiné à combler les déficits budgétaires et à remplir les engagements pris par le parti républicain, pendant la campagne présidentielle, vis-à-vis des grands industriels de l'est, les bailleurs de fonds du parti. Le projet n'était, dans sa structure apparente qu'un retour au tarif de 1890; il contenait cependant un certain nombre de droits plus élevés; mais, par suite de la baisse des prix, très sensible depuis cette époque, les seuls droits spécifiques du tarif Mac Kinley, rétabli, péseraient en fait beaucoup plus lourdement qu'il y a sept ans, sur les produits qu'ils frapperaient.

Le projet rétablissait les droits sur la laine, abolis en 1894; ces droits, aux prix actuels, variaient suivant la catégorie des laines, de 32 à 70 p. 100. Pour les lainages, on revenait au système des droits mixtes: spécifiques et ad valorem à la fois, variant de 100 à 150 p. 100, tandis qu'avec le tarif en vigueur, ces articles ne payent que 40 à 50 p. 100. Les droits sur les cotonnades étaient également augmentés, ainsi que ceux sur les peluches, velours, etc. Quant aux soieries, taxées à 50 p. 100 dans le tarif Wilson-Gormann, on conservait ce droit pour les qualités supérieures; mais on élevait à 100 et même 150 p. 100 le droit sur les qualités bon marché, importées généralement du Japon, qui font une concurrence redoutable aux soieries américaines. Les industries du fer et de l'acier sont devenues si puissantes aux EtatsUnis, qu'excepté pour certains articles spéciaux, toute protection leur est devenue inutile. M. Dingley s'était donc borné à maintenir ici les droits existants; cependant, quelques élévations de droit étaient obtenues à la faveur du remaniement des classifications, de la conversion des droits ad valorem en droits spécifiques, pour les clous, par exemple, et du retour aux droits mixtes, pour les articles de coutellerie.

Tandis qu'en 1890, le parti républicain avait pu, pour satisfaire les classes ouvrières, inscrire le sucre brut parmi les articles admis en franchise, les nécessités fiscales l'obligent, cette fois, à taxer ce

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