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même rue; quelques uns sont très renommés et fréquentés par des princes ou autres personnages. Les foires de Saint-Laurent et de Saint-Germain attirent aussi la foule, le beau monde comme le menu peuple, dès leur ouverture. C'est là qu'on voit les danseurs de corde, les marionnettes, les montreurs de phénomènes et de curiosités, enfin les bateleurs de toute sorte. On ne saurait manquer de s'y rendre, mais il ne faut pas y aller un des premiers; il vaut mieux avoir auparavant l'opinion de ceux qui y ont été, car tout ne mérite pas d'être vu. Et si peu que chacun de ces spectacles coûte, ils finissent toujours par être assez dispendieux. C'est surtout dans ces foires qu'on doit faire attention à sa bourse, les voleurs sont si adroits! Au reste, on doit toujours être attentif et se méfier d'eux dans toutes ses promenades; ils savent se mêler aux foules les plus élégantes en sorte qu'au Cours (Cours-laReine) pas plus qu'aux Tuileries dont l'entrée est pourtant surveillée on n'est à l'abri de leurs méfaits.

Un homme de qualité ne saurait éviter la compagnie de ses semblables. Il n'est pas difficile de se faire des relations à Paris car les Français sont singulièrement liants, se plaisent à vivre en société et aiment particulièrement les étrangers. Ils sont curieux, s'informent de tout et donnent cent occasions de parler. Cependant un étranger doit faire grande attention avant de donner sa confiance et ne pas se fier à la bonne mine ni à l'apparence des gens. Il faut assurément rechercher la bienveillance des grands et des gens en place, mais tâcher aussi de s'introduire dans les maisons de moins hauts seigneurs où la compagnie est aussi choisie qu'agréable. Il ne faut pas plus négliger certains abbés renommés pour leurs dignités, leurs richesses et leur savoir que de très grands dignitaires de l'Église. Mais il est toute une catégorie de jeunes abbés n'ayant de religieux que le titre qu'on doit fréquenter aussi peu que les petits-maîtres. La conversation avec le beau sexe est un des agréments de la vie, nul ne voudrait s'y soustraire. A Paris moins qu'ailleurs, car les relations avec les dames de condition y sont moins coûteuses que dans les autres pays: ce serait leur faire un affront que de payer leurs places dans les théâtres ou autres lieux de plaisir.

On ne saurait séjourner à Paris sans aller visiter les résidences royales des alentours. Une promenade à Versailles s'impose. Mais les hôteliers de cette ville s'entendent fort à écorcher les étrangers et on laisse toujours entre leurs mains un certain nombre de louis d'or. Dans une des plus honnêtes hôtelleries, Au Juste, la chambre et le lit se paient 20 sous par jour. Le prix de la nourriture varie avec ce que l'on prend. C'est assez l'habitude en France d'aller à la cuisine choisir ce qu'on veut manger. On fait son prix, pièce à pièce, les mets sont

préparés, et l'on dine tranquillement, sachant d'avance le coût du repas. On ne saurait trop engager les étrangers, surtout lorsqu'ils voyagent dans les provinces, à procéder ainsi; c'est le seul moyen d n'être pas trompé. S'ils ont avec eux des Français, qu'ils les envoyent faire les prix et marchander pour tous, car ils s'y connaissent très bien et c'est un plaisir de les entendre discuter avec les hôteliers.

Le château de Saint-Germain est aussi digne de visite, mais qu'on ne s'arrête pas longtemps chez les aubergistes établis aux environs de la résidence sinon cette race vous videra tout net: ils sont affamés de gain, faute de pratiques.

Lorsque chaque année, à l'automne, la Cour s'installait pendant quelques mois à Fontainebleau pour les chasses, beaucoup d'étrangers de condition faisaient de même. Il suffisait qu'ils eussent l'air distingué pour qu'ils pussent suivre la Cour à cheval et prendre part à ses divertissements. Ils logeaient parfois dans le bourg, payant loyer chez des particuliers, les uns par jour, d'autres par mois. La vie était plus chère qu'à Versailles car les habitants profitaient de l'occasion.

Les concierges et les huissiers des maisons royales sont tenus de les montrer gratuitement aux étrangers; on peut conseiller toutefois de leur faire en sortant, ou à l'occasion, quelque libéralité. Ils n'accepteraient rien ouvertement de crainte de perdre leur place, mais on sait que plusieurs d'entre eux sont assez pauvres pour recevoir un don de ce genre avec plaisir : ils ne gagnent par jour que 20 sous de France avec lesquels ils doivent nourrir eux et leur famille.

Il y a peu de villes au monde où l'on puisse vivre avec autant d'agrément qu'à Paris; l'homme de condition qui le peut fera donc bien de s'y arrêter un an pour le moins, ou plutôt deux hivers en employant les mois d'intervalle à faire un voyage dans les provinces françaises où la vie est encore fort agréable et le vivre moins cher qu'à Paris.

Mais pour qu'un séjour dans cette charmante cité procure un plaisir complet il faut se bien porter. La santé étant le plus précieux des biens de l'homme, on doit donc faire tout son possible pour la conserver. On croit que Paris est une ville où la température reste toujours à peu près la même, c'est une erreur. Souvent il fait froid le matin, chaud le soir; parfois c'est l'inverse qui se produit. Il arrive que tandis qu'on se promène par un très beau temps aux Tuileries ou au Luxembourg, on soit surpris par une bourrasque ou une très grosse pluie on est alors obligé de s'enfuir pour se mettre à l'abri. A Paris le temps est souvent désagréable. surtout en hiver on a alors des brouillards, des pluies, du froid, on passe des mois entiers sans voir le soleil. Il ne faut pas être surpris si l'humeur des Français se ressent de cette variabilité de climat.

Pour vivre, il faut manger et boire, mais sans excès. Les estomacs étrangers ne sont pas faits pour se nourrir à la française. Les Français ne boivent pas de bière pendant leurs repas comme les Hollandais, les Anglais et les Allemands; ils prennent de l'eau rougie ou de l'eau pure. Ils ont cependant des vins excellents, mais on doit se garder d'en boire avec excès surtout du Bourgogne et du Champagne. Au reste, il faut éviter tous les excès de table. A vrai dire, on peut trouver de la bière à Paris on en importe d'Angleterre et il s'y en fabrique même, mais la première est trop forte, bonne pour ceux qui veulent se griser et la seconde n'est pas saine parce que le houblon est souvent remplacé par des herbes amères ou par du fiel de bœuf. L'eau de Seine s'emploie pour tous les usages on la boit, on la brasse, on s'en sert pour cuire les viandes, etc., et lorsqu'on a l'habitude d'en user on la croit saine. Cependant elle donne souvent aux étrangers des maux de ventre et, selon l'expression française, on lui paie tribut. D'ailleurs elle est parfois trouble et limoneuse et pour peu qu'on soit délicat on n'en veut pas boire. L'eau du Luxembourg (nommée aussi eau d'Arcueil de son lieu d'origine, est beaucoup plus claire et pure. La plus grande partie du faubourg Saint-Germain s'en sert; on la porte chez les particuliers dans des seaux dont chacun se vend un sou.

Si l'on veut conserver sa santé il faut encore éviter de manger trop de fruits, tout tentants qu'ils soient et bien qu'en France il y en ait une plus grande profusion et une plus grande variété qu'ailleurs. Les cerneaux, surtout, sont dangereux pour les étrangers.

Si malgré toutes les précautions une indisposition survient, on trouve à Paris de très bons médecins, mais les apothicaires vendent leurs. médicaments si cher qu'on peut en toute sécurité rabattre au moins la moitié de leurs factures.

Après un séjour si bien employé il faut songer au retour dans son foyer. On ne voudrait pas y rentrer les mains vides; on aime, du reste, à rapporter aux parents et amis quelque chose de rare des pays où l'on a voyagé et comme Paris est un lieu où l'on trouve une quantité de marchandises, on se laisse aisément tenter. Qu'on réfléchisse longuement avant de faire un choix, autrement il faudrait une bourse fortement garnie pour acheter tout ce qui plaît et c'est ce qui arrive rarement à la fin d'un voyage. Au reste, depuis que tant de Français réfugiés (par suite de la révocation de l'Édit de Nantes en 1685), qu'on a admis nouvellement en quelques États, surtout en ceux de Brandebourg, ont aussi établi en Allemagne la fabrique des manufactures françaises, on doit se garder d'acheter ce qu'on peut avoir aussi bon chez soi. Cependant Paris retient toujours son ancien crédit à cause des nouvelles modes qu'on y lance et des inventions qu'on y crée sans

cesse. On devra donc surtout y acheter de beaux habits, des vêtements de cérémonie et des perruques qui sont mieux faites que partout; des rubans, des parures et des éventails pour les dames; des livres pour les gens sérieux. Il ne faut pas manquer de marchander toutes choses car les prix sont partout fort surfaits. Mais il y a des marchands renommés chez lesquels on n'obtient aucune diminution, quoique leurs prix soient plus élevés que n'importe où.

En réalité, la relation de Nemeitz ne donne-t-elle pas une fois de plus raison au dicton Plus ça change, plus c'est la même chose!

M. LR.

BULLETIN

PUBLICATIONS DU «JOURNAL OFFICIEL >

(Mai 1897.)

4.

Loi modifiant, en faveur des hommes auxquels il aura été fait application de la loi du 26 mars 1891, les articles 5, 48 et 39 de la loi du 15 juillet 1889 sur le recrutement de l'armée (page 2577).

Décret rapportant le décret du 20 juillet 1896 qui a interdit l'importation en France des drilles, chiffons, linges, hardes, etc., venant d'Egypte (page 2578).

5.

Rapport aux ministres de l'Agriculture et des Finances, par M. Olry, sous-inspecteur des domaines, au nom de la commission instituée pour contrôler l'exécution des lois des 4 avril 1889 et 10 juillet 1894 sur l'épandage des eaux d'égout de la ville de Paris (page 2598). 6. Décret concernant les droits à percevoir des aspirants au certificat d'études supérieures et au diplôme de licencié ès sciences (page 2610).

7.- fixant pour 1897 le maximum de la rente viagère à laquelle les cantonniers de l'État pourront avoir droit par application du décret du 22 février 1896 (page 2625).

9. Rapport au Président de la République, suivi d'un décret portant approbation de l'arrêté pris par le ministre des Colonies le avril 1897, concernant l'emprunt de Madagascar (page 2661).

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12. Décret fixant la taxe d'affranchissement pour les lettres de convocation aux examens, expédiées par les recteurs d'académie, les doyens des facultés, les directeurs des écoles supérieures du Gouvernement et les inspecteurs des académies (page 2705).

Arrêté approuvant les programmes, horaire et coefficients de

l'école supérieure de commerce de Nancy (page 2705).

15.

instituant une commission supérieure des expositions rétrospectives des beaux-arts et des arts décoratifs, et nommant les membres de cette commission (page 2777).

19.

Rapport au Président de la République, suivi d'un décret

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