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lègues et ses hauts fonctionnaires ne sont-ils pas tenus à plus de réserve?

Comme la France, l'Angleterre a l'avantage de posséder une Ligue bimétallique. Seulement, les membres du gouvernement s'abstiennent prudemment d'assister à ses meetings. D'après l'Economist cette sage réserve serait tout à fait justifiée, et c'est une raison de plus pour regretter qu'elle ne soit pas imitée ailleurs.

Il y a eu, dit-il, un grand bruit de trompettes au Meeting annuel de la Ligue bimétallique, et, comme d'habitude, on s'est félicité de ses succès passés et on a annoncé son prochain triomphe. Le public est accoutumé à ce tapage et personne n'y fait grande attention. S'il fallait en croire les bimétallistes, ils ont été depuis plusieurs années sur le point de remporter la victoire, tandis qu'en réalité, leur agitation est devenue pendant tout ce temps de plus en plus futile and hopeless.

L'Economist signale en même temps un rapport de M. George Jamieson, consul à Shanghaï sur le commerce de l'ExtrêmeOrient et la question de l'argent, dans lequel l'auteur, qui a pu observer de près les effets de la baisse de l'argent, déclare que le commerce s'est parfaitement accommodé des changements survenus dans les conditions monétaires, ce que les bimétallistes affirment qu'il n'a pas fait et ne peut pas faire. Mais ce témoignage que les bimétallistes ont invoqué eux-mêmes ne saurait les émouvoir. Leur siège est fait.

A une majorité de 41 voix, la Chambre des communes a rejeté un bill limitant à huit heures la journée de travail des ouvriers mineurs. Les ouvriers des centres miniers du Durham et du Northumberland avaient protesté contre cette limitation arbitraire, qui leur enlèverait, en cas de demandes urgentes, le bénéfice des heures supplémentaires et le Parlement ne s'est pas cru obligé de les protéger malgré eux.

Les socialistes affirment, comme on sait, que les riches deviennent tous les jours plus riches et les pauvres plus pauvres. Les chiffres suivants, que nous empruntons à la revue financière du Journal des Débats, attestent qu'en Allemagne du moins, les pauvres tout en devenant plus pauvres consomment plus d'articles de

première nécessité et même de confort, en y comprenant malheureusement l'alcool:

Si l'on prend comme indice du progrès général la quantité consommée par tête, on s'aperçoit que la consommation des articles usuels augmente. En Allemagne, on trouve :

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Si l'on prend comme points de comparaison d'autres périodes plus

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Après s'être efforcés en vain d'empêcher l'émigration, les gouvernements se rabattent aujourd'hui sur les moyens de la diriger. En vertu d'un projet de loi que le Reichstag a adopté en seconde lecture, les agences d'émigration devront être autorisées à l'avenir par le chancelier de l'Empire, et cette autorisation ne sera accordée que pour le transport d'émigrants dans certains pays déterminés. Le gouvernement veut ainsi détourner l'émigration allemande de l'Amérique du Nord, où les émigrants se dénationalisent rapidement, et la diriger de préférence vers l'Amérique du Sud ou d'autres pays où les Allemands immigrés, se trouvant en grand nombre au milieu de populations de race très différente de la race allemande, pourront plus facilement conserver leur individualité nationale, et constitueront ainsi des colonies allemandes en pays étrangers.

Mais il est facile de prévoir que les émigrants qui préfèrent se diriger vers l'Amérique du Nord, s'adresseront ailleurs et que les

. restrictions imposées aux agences allemandes n'auront d'autre effet que d'augmenter, à leurs dépens, la clientèle des agences belges, hollandaises et autres.

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On se préoccupe à bon droit de la nécessité de combattre le socialisme et de dissiper les illusions qu'il se plaît à répandre dans la classe ouvrière, en exploitant son ignorance économique. Mais les classes supérieures sont-elles moins ignorantes?

On serait tenté d'en douter en lisant l'exposé des vœux des conseils généraux, recrutés cependant en majorité dans l'élite intellectuelle de la bourgeoisie. Les bourgeois les plus éclairés comme les ouvriers les plus ignorants ont foi dans le même panacée : la protection de l'État. Les uns et les autres sont convaincus que l'État possède le pouvoir magique d'augmenter ceux-là leurs salaires, ceux-ci leurs profits et leurs rentes. Ils ont bien à la vérité quelque soupçon que ce qu'il donne aux uns, il le prend aux autres, mais cela ne les arrête point et ils se disent simplement : << Tant pis pour les autres! » sans se douter qu'ils finissent euxmêmes par être « les autres ». C'est ainsi qu'un bon nombre de conseils généraux ont réclamé des relèvements de droits sur les blés, les viandes, les porcs, la houille, la soie, etc., etc., sans se demander si ces droits en affaiblissant le pouvoir de consommer ne diminueront pas, du même coup, le pouvoir de produire. Quelques-uns ne se sont pas bornés à demander un surcroît de protection pour l'industrie nationale. Ils ont invoqué la protection de l'État pour l'industrie départementale. Le Conseil général des Pyrénées-Orientales, a émis un vou visiblement inspiré par les fabricants d'espadrilles du département, contre les fabricants de souliers du reste du pays, savoir «< que le ministre de la guerre poursuive la réalisation du projet qu'il a de donner des espadrilles à la troupe, tant comme chaussures de délassement et de repos que comme chaussures de marche. » Enfin le Conseil général du Calvados a réclamé, en invoquant l'intérét de la défense nationale en même temps que celui de l'élevage départemental, la protection des chevaux contre les automobiles :

Considérant, dit-il, que l'élevage du cheval est une des ressources les plus rémunératrices et les plus importantes pour les agriculteurs du Calvados, qui contribuent, dans une large part, à la production nécessaire au recrutement des haras et à la remonte de l'armée;

Considérant les progrès considérables que fait chaque jour l'automobilisme; qu'il en résulte et en résultera surtout, à brève échéance,

une concurrence redoutable à la vente des chevaux de luxe et de ceux employés par les compagnies de transport du public, surtout dans les villes;

Considérant que, si l'éleveur se voit fermer ces deux débouchés essentiels aux chevaux qui ne se trouvent pas dans les catégories achetées par les haras ou par les remontes, il est à craindre que l'industrie chevaline subisse une crise désastreuse pour elle et inquiétante aussi pour les besoins de la défense nationale;

Le Conseil général émet le vœu que l'impôt actuel sur les voitures soit doublé, en ce qui concerne les voitures automobiles à quatre roues, et que la moitié de la double taxe soit employée à augmenter les encouragements accordés par l'Etat aux éleveurs de chevaux et à la majoration des prix du cheval de guerre payés par les remontes.

On voit que ce n'est pas aux ouvriers seulement qu'il serait nécessaire d'inculquer de saines notions d'économie politique et de sens commun.

Un économiste qui se permettrait de discourir sur la physique 'et la chimie, sans en savoir le premier mot, s'exposerait à faire sourire à ses dépens les physiciens et les chimistes. Mais personne ne se croît tenu de garder la même réserve quand il s'agit de l'économie politique. C'est une science que chacun se pique de connaître sans l'avoir apprise. Dans une séance de l'Union de la jeunesse républicaine, M. Berthelot a prononcé contre le laisserfaire et le laisser-passer des économistes, cette sentence sévère : «Loin de nous, a-t-il dit, ces doctrines égoïstes du laisser-faire et du laisser-passer qui supprimeraient toute intervention des lois scientifiques dans la direction des sociétés. » M. Berthelot confond visiblement l'intervention du Gouvernement avec celle des lois scientifiques, sans se douter que l'une est la négation de l'autre.

Nous n'analyserons pas le mobile qui a poussé l'illustre chimiste à dénoncer nos doctrines égoïstes à la jeunesse républicaine. Ce n'est pas, sans doute, l'amour de la popularité que nous trouverions au fond du creuset.

Paris, 14 juin 1897.

G. DE M.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

Les Sources de la constitution des Etats-Unis étudiées dans leurs rapports avec l'histoire de l'Angleterre et de ses colonies, par C. ELLIS STEVENS docteur en droit. Traduit sur la dernière édition anglaise et américaine par LOUIS VOSSION. 1 vol. in 8o de 332 p.— Paris, Guillaumin et Cie.

(XVIIe volume de la collection d'auteurs étrangers contemporains.) L'Industrie minière au Transvaal et la question des réformes. Br. in-18 de 54 p. Paris, Guillaumin et Cie.

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Projet relatif à la prorogation du privilège de la Banque de France, par F.-E. COUSIN (1885-1897). Br. in-8° de 60 p. Paris, Guillaumin et Cie.

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L'Evolution régressive en biologie et en sociologie, par JEAN DEMOOR, JEAN MASSART et ÉMILE VANDERVELDE. 1 vol. in 8o de 324 p. cart. Paris, Félix Alcan.

-

La Science sociale, morale, politique, par TH. FUNCK-BRENTANO, professeur à l'Ecole libre des Sciences politiques. 1 vol. in-8° de 480 p. Paris, E. Plon, Nourrit et Cie.

La règlementation du travail du dimanche en Suisse. Rapport à M. le ministre de l'Industrie et du travail, sur une mission d'études faite en août 1895, par EMILE WAXWEILER, ingénieur. 1 vol. in-8° de 146 p. Bruxelles, J. Lebègue et Cie.

L'Antisémitisme, par ANATOLE LEROY-BEAULIEU, membre de l'Institut. 1 vol. in-18 de 78 p. Paris, Calmann Lévy.

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Les assurances. L'art de s'assurer contre les accidents du travail par ARSÈNE PETIT, avocat. 1 vol. in-18 de 146 p. Paris, Hetzel et Cie. La Monnaie de Paris en 1897. Monnaies et médailles, par ÉMILE CheVALIER, docteur en droit. 1 vol. in-18 de 102 p.

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Allaire. Loi sur l'espionnage. 1 vol. in-18 de 160 p.

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Paris, Arthur Rous

La loi de 1889 condamL'examen de Saint-Cyr. L'affaire

Pour la Paix, par URBAIN Gohier. - Paris, P.-V. Stock.

Les forêts du Canada, par M. A. MÉLARD, inspecteur des forêts. Br. in-4° de 19 p. Paris, Imprimerie Nationale.

Rapport du Conseil supérieur des habitations à bon marché, à M. le

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