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moyén lire & étudier de fuite ce qui regarde la Sintaxe. Après la Sintaxe, je traite des lètres & de leur prononçíation, de la Profodie ou de la quantité de Silabes. Je me fuis beaucoup fervi pour ce dernier article de l'excèlent Traité de la Profodie Françéfe, par M. l'Abé d'Olivet; ces remarques qui manquent dans la plupart de nos Gramaires, m'ont paru néceffaires pour compléter ce que je dis fur les lètres & leur prononciation. A l'article des lètres fucçède çelui de l'Orto. grafe, où je parle des accents, du tréma de l'apoftrofe, du trait d'union, des lètres capitales & des diférentes marques de ponctuation. J'entre enfuite dans quelque détail fur l'ortografe des finales, fur l'e muet, les voyèles nafales, les mots dérivés, &c. Les obfervations que je done à ce fujet, pouront beaucoup fervir aux perfones qui ne font pas acoutumées à feuilleter les Dictionaires, Eles font voir auffi d'une manière bién fenfible les bifareries & les dificultés de l'ortografe actúèle. Èles montreront aux lecteurs non prévenus l'utilité, pour ne pas dire la néceffité de la réformer; èles juftifîront en quelque forte l'ortografe que nous employons dans cète préface; puifqu'èles font une preuve évidente qu'il eft moralement impoffible au plus grand nombre des Françês, de retenir les règles & les exceptions de l'ortografe actúèle. Enfin l'ouvrage eft terminé par un abrégé de la Verfification Françêfe.

Pour renfermer toutes ces chôfes dans un feul volume, voici le plan que j'ai fuivi. J'ai doné le plus clairement, mais en même temps le plus fucçintement que j'ai pu, les définitions des termes ufités dans la Gramaire; loin de multiplier ces termes, je me fuis apliqué à en diminuer le nombre. Quelques Gramairiéns admètent quatre fortes d'Articles, le Défini, l'Indéfini, le Partitif ou l'Indéterminé, & l'Article un, une; ils reconaiffent des Déclinaifons & des Cas; de forte qu'ils fe trouvent obligés d'employer un grand nombre de pages à définir, à expliquer les Articles & les Cas, à décliner les Noms & les Pronoms. Pour moi qui fuis perfuadé que fans admètre cet atirail d'Articles, de Cas & de Déclinaifons, on peut expliquer les difficultés de notre langue, je dis que nous n'avons qu'un Article; & je n'admês ni Cas ni Déclinaifons; en conféquence je n'emploie pas onze pages fur l'Article & fur l'ufage qu'on en doit faire dans le difcours. Au-refte, ce fentiment ne m'eft point particulier, c'eft celui de nos plus célèbres Gramairiéns, je veus dire de Meffieurs Desfontaines, Girard, Dumarfais, d'Olivet Duclos, Beaurée, Fromant, Douchet, Harduin, Batteux, &c. c'eft celui de l'Académie Françêfe, voyez la dernière édition de fon Dictionaire: c'eft enfin celui de M. Reftaut, voyez les pages 58 & 455 de fon ouvrage.

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Pourquoi, malgré cela, M. Reftaut a-t-il admis des Cas, des Déclinaifons, & diféren tes fortes d'Articles ? C'eft, dit-il, pour ne pas nous écarter du langage ordinaire des Gramairiéns. Cète raison ne me paraît guère filofofique. S'il faloit toujours fuivre pas à pas fes prédéceffeurs, jamais les fiences ne perfectioneraient. Dés qu'un fentiment eft faus, je crois que nous devons l'abandoner; & c'eft ce qui m'a empêché de fuivre la route des anciéns Gramairiéns. Il m'a paru que les Cas, les Déclinaifons & les diférentes fortes d'Articles qu'on a mis dans nos Gramaires Francêfes, étoient contraires au génie de la langue, & que tous ces termes, loin de faciliter l'étude du Françês, du Latin, ou du Grèc, ne fefoient qu'embaraffer les jeunes-gens & retarder leurs progrès.

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En effet 1o. M. Reftaut emploie une. cinquantaine de pages à décliner les Noms & les Pronoms, à expliquer les Cas & les Articles. Tout ce qu'il dit à ce fujet, fût-il vrai, est assurément trop long,

2o. Sans tout cet atirail de Cas, de Déclinaifons & d'Articles, on peut facilement faire conaître aus jeunes-gens les raports que les Noms, & les Pronoms Françês peuvent avoir avec les Noms, les Pronoms & les autres mots du Latin, du Grèc ou des autres Langues. Il fufit pour cela d'employer les termes de Sujet ou de Nominatif, de Vocatif,

de Régimes, & de doner aus jeunes - gens ce principe auffi fimple qu'inconteftable:

Dans toutes les Langues, qu'èles ayent des Cas & des Déclinaifons, ou qu'èles n'en ayent point, les Noms & les Pronoms d'une fráfe font ou Nominatifs, ou vocatifs, ou Régimes. Il me paraît encore que les Gramairiéns qui ont admis des Cas & des Déclinaisons, n'ont pas fufifament éclairci ce qui regarde les Pronoms. Ils difent, en déclinant les Pronoms Perfonels:

Nominatif je ou moi.

Nominatif tu ou toi.

Nominatif il ou lui.

Nominatif pluriét, ils ou eus.

Un étranger qui lit ceci, croit qu'au Nominatif on emploie indiférament l'un ou l'au tre de ces mots, & qu'en difant moi done, toi viéndra, lui fortira, eus chanteront, &c. il parlera auffi bién que s'il difait, je done, tu viendras, il fortira, ils chanteront, &c. C'eft-là fans doute ce qui fait que les étran gers fe trompent dans l'emploi de ces Pro noms. Je crois avoir évité cète faute en mar, quant les ocafions où moi, toi, lui, eus, peuvent s'employer au Nominatif, ou en Régime, foit fimple, foit compose.

Je difère auffi des autres Gramairiéns fur ce qui regarde le Verbe. J'apèle en général Verbe actif, celui qui exprime une action

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faite par le fujet. Le Menteur offenfe Dieu. Je nome Verbe paffif, celui qui exprime une action reçue ou fouferte par le fujet. Le Menteur fera puni.

Je done le nom de Verbe neutre à celui qui n'exprime ni une action faite, ni une action reçue par le fujet. Votre frère dort, repofe, excèle. Ces Verbes s'apèlent neutres de neuter, a, um, qui fignifie ni l'un ni l'autre, parce qu'ils ne font ni actifs ni paffifs. Ils défignent l'état ou quelque autre atribut du fujet.

Je diftingue enfuite trois fortes de Verbes actifs; ceus qui ont un régime fimple, Dieu punira les méchants: ceus qui n'ont qu'un régime compofé, L'honéte home ne nuit à perfone; il ne médit pas de fon prochain ; ceus enfin qui font fans régime, Danfer, partir, venir.

Les autres Gramairiéns apèlent Verbes neutres, ces deus dernières fortes de Verbes; mais puifqu'ils expriment une action faite par le fujet, il me paraît plus naturel de les apeler Verbes actifs, & de ne doner le nom de Verbes neutres, qu'à ceus qui n'expriment point d'action on lève par ce moyen toute équivoque, toute ambiguité.

En éfet, 1°. eft-il facile de faire comprendre à ceus qui ne font pas familiarifés avèc les termes de Gramaire, que courir danfer, fauter, agir, &c. font des Verbes qui

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