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redoutables; nous n'examinons dans nos questions

que la fimple nature (1).

CHANT, MUSIQUE,

MUSIQUE, MÉLOPÉE,

GESTICULATION, SALTATION.

Queftions fur ces objets.

UN turc pourra-t-il concevoir que nous avions une

espèce de chant pour le premier de nos mystères, quand nous le célébrons en mufique; une autre espèce que nous appelons des motets dans le même temple; une troifième efpèce à l'opéra; une quatrième à l'opéra-comique?

De même pouvons-nous imaginer comment les anciens foufflaient dans leurs flûtes, récitaient fur leurs théâtres la tête couverte d'un énorme mafque; & comment leur déclamation était notée ?

On promulguait les lois dans Athènes à-peu près 'comme on chante dans Paris un air du pont-neuf. Le crieur public chantait un édit en fe faifant accompagner d'une lyre.

C'est ainfi qu'on crie dans Paris, la rofe & le bouton fur un ton, vieux paffemens d'argent à vendre fur un autre ; mais dans les rues de Paris on fe paffe de lyre.

Après la victoire de Chéronée, Philippe, père d'Alexandre, se mit à chanter le décret par lequel Démosthènes lui avait fait déclarer la guerre, & battit du pied la mesure. Nous fommes fort loin de chanter dans nos carrefours nos édits fur les finances & fur les deux fous pour livre.

(1) Voyez la differtation fur le même fujet, dans le volume de Phyfique.

Il est très-vraisemblable que la mélopée, regardée par Ariftote dans fa poétique comme une partie effentielle de la tragédie, était un chant uni & fimple comme celui de ce qu'on nomme la préface à la messe, qui eft à mon avis, le chant grégorien, & non l'ambrofien, mais qui est une vraie mélopée.

Quand les Italiens firent revivre la tragédie au seizième siècle, le récit était une mélopée, mais qu'on ne pouvait noter; car qui peut noter des inflexions de voix qui font des huitièmes, des feizièmes de ton? on les apprenait par cœur. Cet ufage fut reçu en France quand les Français commençèrent à former un théâtre plus d'un fiècle après les Italiens. La Sophonisbe de Mairet fe chantait comme celle du Triffin, mais plus groffièrement; car on avait alors le gofier un peu rude à Paris, ainfi que l'efprit. Tous les rôles des acteurs, mais fur-tout des actrices, étaient notés de mémoire par tradition. Mademoiselle Bauval ? actrice du temps de Corneille, de Racine & de Molière, me récita, il y a quelque foixante ans & plus, le commencement du rôle d'Emilie dans Cinna, tel qu'il avait été débité dans les premières représentations par la Beaupré.

Cette mélopée reffemblait à la déclamation d'aujourd'hui, beaucoup moins que notre récit moderne ne reffemble à la manière dont on lit la gazette.

Je ne puis mieux comparer cette espèce de chant, cette mélopée, qu'à l'admirable récitatif de Lulli critiqué par les adorateurs des doubles croches, qui n'ont aucune connaiffance du génie de notre langue

& qui veulent ignorer combien cette mélodie fournit de fecours à un acteur ingénieux & fenfible.

La mélopée théâtrale périt avec la comédienne Duclos, qui n'ayant pour tout mérite qu'une belle voix, fans elprit & fans ame, rendit enhn ridicule ce qui avait été admiré dans la des Quillets & dans la Champmêlé,

Aujourd'hui on joue la tragédie sèchement; fi on ne la réchauffait point par le pathétique du fpectacle & de l'action, elle ferait très-infipide. Notre siècle, recommandable par d'autres endroits, eft le fiècle de la fecherelle.

Eft-il vrai que chez les Romains un acteur récitait, & un autre faifair les geftes?

Ce n'eft point par méprife que l'abbé Dubos imagina cette plaifante façon de déclamer. Tite-live qui ne néglige jamais de nous inftruire des mœurs & des ufages des Romains, & qui en cela eft plus utile que l'ingénieux & fatyrique Tacite; (1) Tite-Live, dis-je, nous apprend qu'Andronicus s'étant enroué en chantant dans les intermèdes, obtint qu'un autre chantât pour lui tandis qu'il exécuterait la danfe, & que de-là vint la coutume de partager les intermèdes entre les danfeurs & les chanteurs. Dicitur cantum egiffe magis vigente motu quum nihil vocis ufus impediebat. Il exprima le chant par la danse. Cantum egiffe magis vigente motu, avec des mouvemens plus vigoureux.

Mais on ne partagea point le récit de la pièce entre un acteur qui n'eût fait que gefticuler, & un autre qui (1) Livre VII,

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n'eût que déclamé. La chofe aurait été auffi ridicule qu'impraticable.

L'art des pantomimes qui jouent fans parler, eft tout différent, & nous en avons vu des exemples très-frappans; mais cet art ne peut plaire que lorsqu'on représente une action marquée, un évènement théâtral qui fe deffine aisément dans l'imagination du spectateur. On peut représenter Orofmane tuant Zaïre, & fe tuant lui-même; Sémiramis fe traînant bleffée fur les marches du tombeau de Ninus, & tendant les bras à fon fils. On n'a pas besoin de vers pour exprimer ces fituations par des geftes, aux fons d'une fymphonie lugubre & terrible. Mais comment deux pantomimes peindront-ils la differtation de Maxime & de Cinna fur les gouvernemens monarchiques & populaires ?

A propos d'exécution théâtrale chez les Romains l'abbé Dubos dit que les danfeurs dans les intermèdes étaient toujours en robe. La danfe exige un habit plus lefte. On conferve précieusement dans le pays de Vaud une grande falle de bains bâtie par les Romains, dont le pavé est en mofaïque. Cette mofaïque, qui n'eft point dégradée, représente des danfeurs vêtus précifément comme les danfeurs de l'opéra. On ne fait pas ces obfervations pour relever des erreurs dans Dubos; il n'y a nul mérite dans le hafard d'avoir vu ce monument antique qu'il n'avait point vu; & on peut d'ailleurs être un efprit très folide & très - jufte, en fe trompant fur un paffage de Tite-Live.

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FIN DU DEUXIÈME VOLUME DES QUESTIONS SUR L'ENCYCLOPÉDIE.

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De fa rhétorique.
Poétique.

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page s
... ibid.

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ΙΟ

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ibid.

II

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ARMES, ARMÉES, &c..

AROT ET MAROT. Et courte revue de l'Alco-

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ART DRAMATIQUE. Ouvrages dramatiques
tragédie, comédie, opéra.

Du théâtre espagnol.

Du théâtre anglais.


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Scène traduite de la Cléopâtre de Shakespeare.

Scène traduite de la tragédie de Henri V.
Du mérité de Shakespeare.

D'Addiffon...

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SL

53

ss

58

61

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De la bonne tragédie française.
Second acte d'Iphigénie..
Alle troisième.

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