Images de page
PDF
ePub

SCENE III.

D. JUAN, SGANARELLE, PIERROT, CHAR

LOTTE.

PIERROT, poussant don Juan qui baise la main de Charlotte.

Tour doucement, monsieu; tenez-vous, s'il vous plait. Vous vous échauffez trop, et vous pourriez gagner la purésie.

D. JUAN, repoussant rudement Pierrot.

Qui m'amène cet impertinent?

PIERROT, se mettant entre don Juan et Charlotte

Je vous dis qu'ou vous tegniez, et qu'ou ne caressiez point nos accordées.

D. JUAN, repoussant encore Pierrot.

Ah! que de bruit !

PIERROT.

Jerniguienne ce n'est pas comme ça qu'il faut pousser les gens.

CHARLOTTE, prenant Pierrot par le bras. Et laissez-le faire aussi, Piarrot.

PIERROT.

Quement que je le laissé faire ! Je ne veux pas

moi.

2

Ah!

D. JUAN.

PIERROT.

Tétigueienne! parce qu'ous êtes monsieu, Yous viendrez carresser nos femmes à notre barbe? Allez's en carasser les vôtres.

Hé !

D. JUAN.

PIERROT.

Hé! (Don Juan lui donne un soufflet.) Tétegué! ne me frappez pas. ( Autre soufflet.) Oh ! jernigué ! Autre seufflet.) Ventregué! (Autre soufflet.) PalBanguié! morguienne ! ça n'est pas bian de battre les gens; et ce n'est pas là la récompense de v's avoir sauvé d'être nayé.

CHARLOTTE.

Piarrot, ne te fâche point.

PIERROT.

Je me veux fâcher; et t'es une vilaine, toi, d'endurer qu'on te cajole.

CHARLOTTE,

Oh! Piarrot, ce n'est pas ce que tu penses. Ce monsieu veut m'épouser, et tu ne dois pas te bouter en colère.

PIERROT.

Quement ! jerni ! tu mes promise.

CHARLOTTE.

Ça n'y fait rian, Piarrot. Si tu m'aimes, ne dois-tu pas être bian aise que je devienne madame?

PIERROT.

Jernigué ! non. J'aime mieux te voir crevé que de

te voir à un autre.

ཀ།

CHARLOTTE.

Và, va, Piarrot, ne te mets point en peine. Si je sĩ madame, je te ferai gagner queuque chose, et tu apporteras du beurre et du fromage cheux nous.

PIERROT.

Ventreguienne! je gni en porterai jamais, quand tu m'en paierois deux fouas autant. Est-ce donc comme ça que t'écoutes ce qu'il te dit? Morguienne! si j'avois su ça tantòt, je me serois bian gardé de le tirer de gliau, et je gli aurois baille un bon coup d'aviron sur la tête.

D. JUAN, s'approchant de Pierrot pour le frapper.
Qu'est-ce que vous dites?

PIERROT, se mettant derrière Charlotte.
Jerniguienne! je ne crains parsonne.

D. JUAN, passant du côté où est Pierrot
Attendez-moi un peu.

PIERROT, repassant de l'autre côté.

Je me moque de tout, moi.

D. JUAN, courant après Pierrot.

Voyons cela.

PIERROT, se sauvant encore derrière Charlotte.
J'en avons bian vu d'autres.

Ouais?

D. JUAN.

SGANARELLE.

monsieur, laissez-là ce pauvre misérable. C'est consience de le battre. (4 Pierrot, en se met

tant entre lui et don Juan. ) Ecoute, mon pauvre garçon, retire-toi, et ne lui dis rien.

PIERROT, pasant devant Sganarelle, et regardant fièrement don Juan.

Je veux lui dire, moi.

D. JUAN, levant la main pour donner un soufflet à

Pierrot.

Ah! je vous apprendrai...

(Pierrot baisse la tête, et Sganarelle reçoit le souf

flet.)

SGANARELLE, regardant Pierrot.

Peste soit du maroufle!

D. JUAN, à Sganarelle.

Te voilà payé de ta charité.

PIERROT.

Jarni! je vas dire à sa tante tout ce ménage-ci.

SCENE IV.

D. JUAN, CHARLOTTE, SGANARELLE.

D. JUAN.

ENFIN je m'en vais être le plus heureux de tous les hommes, et je ne changerois pas mon bonheur contre tous les choses du monde. Que de plaisirs quand vous serez ma femme ! et que...

SCÈNE V.

D. JUAN, MATHURINE, CHARLOTTE, SGA

NARELLE.

SGANARELLE, apercevant Mathurine.

Ан! ah!

MATHURINE, à don Juan.

Monsieu, que faites-vous donc là avec Charlotte? Est-ce que vous lui parlez d'amour aussi ?

D. JUAN, bas, à Mathurine.

Non. Au contraire, c'est elle qui me témoignoit une envie d'être ma femme, et je lui répondois que j'étois engagé à vous.

CHARLOTTE à don Juan.

Qu'est-ce que c'est donc que vous veut Mathurine?

D. JUAN, bas, à Charlotte.

Elle est jalouse de me voir vous parler, et voudroit bien que je l'épousasse ; mais je lui dis que c'est vous que je veux.

Quoi! Charlotte...

MATHURINE.

D. JUAN, bas, à Mathurine.

Tout ce que vous lui direz sera inutile, elle s'est mis cela dans la tête.

CHARLOTTE.

Quement donc! Mathurine...

Tome III.

« PrécédentContinuer »