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D. JUAN, bas, à charlotte

C'est en vain que vous lui parlerez, vous ne lui ots rez pas cette fantaisie.

Est-ce que...?

MATHURINE.

D. JUAN, bas, à Mathurine.

Il n'y a pas moyen de lui faire entendre raison.

Je voudrois...

CHARLOTTE.

D. JUAN, bas, à Charlotte.
Elle est obstinée comme tous les diables.

Vrament...

MATHURINE.

D. JUAN, bas, à Mathurine.

Ne lui dites rien, c'est une folle.

Je pense...

CHARLOTTE.

D. JUAN, has, à Charlotte,

Laissez-la là, c'est une extravagante.

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D. JUAN, bas, à Mathurine.

Je gage qu'elle va vous dire que je lui ai promis de l'épouser.

CHARLOTTE.

Je...

D. JUAN, bas, à Charlotte.

Gageons qu'elle vous soutiendra que je lui ai donné parole de la prendre pour femme.

MATHURINE.

Hola! Charlotte, çà n'est pas bian de courir su le marché des autres.

CHARLOTTE.

Ça n'est pas honnête, Mathurine, d'être jalouse que monsieu me parle.

MATHURINE.

C'est moi que monsieu a vue la première.

CHARLOTTE.

S'il vous a vue la première, il m'a vue la seconde, et m'a promis de m'épouser.

D. JUAN, bas, à Mathurine.

Hé bien! que vous ai-je dit?

MATHURINE, à Charlotte.

Je vous baise les mains; c'est moi, et non pas vous qu'il a promis d'épouser.

D. JUAN, bas, à Charlotte.

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A d'autres, je vous prie; c'est moi, vous dis-je.

MATHURINE,

Vous vous moquez des gens ; c'est moi, encore un coup.

CHARLOTTE.

Le vlà qui est pour le dire, si je n'ai pas raison.

MATHURINE.

Le vlà qui est pour me démentir, si je ne dis pas

vrai.

CHARLOTTE.

Est-ce, monsieu, que vous lui avez promis de l'épouser ?

D. JUAN, bas, à Charlotte.

Vous vous raillez de moi.

MATHURINE.

Est-il vrai, monsieu, que vous lui avez donné parole 'd'être son mari?

D. JUAN, bas, à Charlotte.

Pouvez-vous avoir cette pensée ?

CHARLOTTE.

Vous voyez qu'al le soutient.

D. JUAN, bas, à Charlotte.

Laissez-la faire.

MATHURINE.

Vous êtes témoin comme al l'assure.

D. JUAN, bas, à Mathurine.

Laissez-la dire.

CHARLOTTE. ·

Non, non, il faut savoir la vérité.

MATHURINE.

Il est question de juger ca.

CHARLOTTE.

Oui, Mathurine, je veux que monsieu vous montre

votre bec jaune.

MATHURINE.

Oui, Charlotte, je veux que monsieu vous rende un peu camuse.

CHARLOTTE.

Monsieu, videz la querelle, s'il vous plait.

MATHURINE.

Mettez-nous d'accord, monsieu.

CHARLOTTE, à Mathurine.

Vous allez voir.

MATHURINE, à Charlotte.

Vous allez voir vous-même.

CHARLOTTE, à don Juan.

Dites.

MATHURINE, à don Juan.

Parlez.

D. JUAN.

Que voulez-vous que je dise? Vous soutenez également toutes deux que je vous ai promis de vous prendre pour femmes. Est-ce que chacune de vous ne sait pas ce qui en est, sans qu'il soit nécessaire que je m'explique davantage? Pourquoi m'obliger làdessus à des redites? Celle à qui j'ai promis effectivement n'a-t-elle pas en elle-même de quoi se moquer des discours de l'autre ! et doit-elle se mettre en peine, pourvu que j'accomplisse ma promesse ? Tou

les, discours n'avancent point les choses. Il faut faire, et non pas dire; et les effets décident mieux que les paroles. Aussi n'est-ce que par-là que je vous veus mettre d'accord; et l'on verra, quand je me marierai, laquelle des deux a mon cœur. (Bas, à Mathurine.) Laissez-lui croire ce qu'elle voudra. (Bas, à Charlotte.) Laissez-la se flatter dans son imagination. (Bas, à Mathurine.) Je vous adore. (Bas, à Char lotte.) Je suis tout à vous. (Bas, à Mathurine.) Tous les visages sont laids auprès du vôtre. (Bas, à Charlotte.) On ne peut plus souffrir les autres quand on vous a vue. (Haut.) J'ai un petit ordre à donner; je viens vous retrouver dans un quart d'heure.

SCENE V I.

CHARLOTTE, MATHURINE, SGANARELLE.

CHARLOTTE, à Mathurine.

Je suis celle qu'il aime, au moins.

MATHURINE, à Charlotte.

C'est moi qu'il épousera.

SGANARELLE, arrêtant Charlotte et Mathurine. Ah! pauvres filles que vous êtes, j'ai pitié de votre innocence, et je ne puis souffrir de vous voir courir à votre malheur. Croyez-moi, l'une et l'autre : ne vous amusez point à tous les contes qu'on vous fait, et demeurez dans votre village

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