Images de page
PDF
ePub

SCENE VII.

Ď. JUAN, CHARLOTTE, MATHURINE, SGA

NARELLE.

d. Juan, dans le fond du théâtre, à part. Je voudrois bien savoir pourquoi' Sganarelle ne me suit pas.

SGANARELLE.

Mon maître est un fourbe, il n'a dessein que de vous abuser, et en a bien abusé d'autres : c'est l'épouseur du genre humain, et... (Apercevant don Juan.) Cela est faux; et quiconque vous dira cela, vous lui 'devez dire qu'il en a menti. Mon maître n'est point l'épouseur du genre humain, il n'est point fourbe; il n'a pas dessein de vous tromper, et n'en a point abusé d'autres. Ah ! tenez, le voilà; damandez le plutôt à lui-même.

D. JUAN, regardant Sganarelle, et le soupçonnant d'avoir parlé.

Oui!

SGANARELLE.

Monsieur, comme le monde est plein de médisans, je vais au-devant des choses; et je leur disois que, si quelqu'un leur venoit dire du mal de vous, elles se gardassent bien de le croire, et ne manquassent pas de lui dire qu'il en auroit menti.

Sganarelle!

D. JUAN.

"

SGANARELLE, à Charlotte et à Mathurine.

Oui, monsieur est homme d'honneur; je le garautis tel.

Hon!

D. JUAN.

SGANARELLE.

Ce sont des impertinens.

SCÈNE VIII.

D. JUAN, LA RAMÉE, CHARLOTTE, MATHURINE, SGANARELLE.

LA RAMÉE, bas à don Juan.

MONSIEUR, je viens vous avertir qu'il ne fait pas

[blocks in formation]

Douze hommes à cheval vous cherchent, qui doivent arriver ici dans un moment. Je ne sais par quel moyen ils peuvent vous avoir suivi; mais j'ai appris cette nouvelle d'un paysan qu'ils ont interrogé, et auquel ils vous ont dépeint. L'affaire presse; et le plus tôt que vous pourrez sortir d'ici sera le meilleur.

SCÈNE

IX.

f. JUAN, CHARLOTTE, MATHURINE, SGA

NARELLE.

D. JUAN, à Charlotte et à Mathurine.

UNE affaire pressante m'oblige de partir d'ici; mais

je vous prie de vous ressouvenir de la parole que je vous ai donnée, et de croire que vous aurez de mes nouvelles avant qu'il soit demain au soir.

SCÈNE X.

D. JUAN, SGANARELLE.

D. JUAN.

COMME la partie n'est pas égale, il faut user de stratagême, et éluder adroitement le malheur qui me cherche. Je veux que Sganarelle se revête de mes habits ; et moi....

SGANARELLE.

Monsieur, vous vous moquez. M'exposer à être tué sous vos habits, et....

D. JUAN.

Allons vite, c'est trop d'honneur que je vous fais ;. et bienheureux est le valet qui peut avoir la gloire de mourir pour son maître.

SGANARELLE.

(Seul.)

Je vous remercie d'un tel honneur. O ciel, puisqu'il s'agit de mort, fais-moi la grâce de n'être point pris pour

un autre !

IN DU SECOND ACTE.

ACTE TROISIÈME.

SCENE I.

D. JUAN, en habit de campagne ; SGANARELLE

[ocr errors]

en médecin.

SGANARELLE.

A foi, monsieur, avouez que j'ai eu raison, et que nous voilà l'un et l'autre déguisés à merveille. Votre premier dessein n'étoit point du tout à propos, et ceci nous cache bien mieux que tout ce que vous vouliez faire.

D. JUAN.

Il est vrai que te voilà bien; et je ne sais où tu as été déterrer cet attirail ridicule.

SGANARELLE.

Oui. C'est l'habit d'un vieux médecin, qui a été laissé engage au lieu où je l'ai pris, et il m'en a coûté de l'argent pour l'avoir: Mais savez-vous, monsieur, que cet habit me met déjà en considération, que je suis salué des gens que je rencontre, et que l'on me vient consulter ainsi qu'un habile homme?

D. JUAN.

Comment donc ?

SGANARELLE.

Cinq ou six paysans et paysannes, en me voyant passer, me sont venus demander mon avis sur différentes maladies.

D. JUAN.

Tu leur as répondu que tu n'y entendois rien?

SGANARELLE..

Moi? point du tout. J'ai voulu soutenir l'honneur de mon habit ; j'ai raisonné sur le mal, et leur ai fait des ordonnances à chacun.

D. JUAN.

Et quels remèdes encore leur as-tu ordonnés ?

SGANARELLE.

Ma foi, monsieur, j'en ai pris par où j'en ai pu attraper; j'ai fait mes ordonnances à l'aventure; et ce seroit une chose plaisante, si les malades guérissoient, et qu'on m'en vînt remercier.

D. JUAN.

Et pourquoi non ? Par quelle raison n'aurois-tu pas les mêmes privilèges qu'ont tous les autres médecins ? Ils n'ont pas plus de part que toi aux guérisons des malades, et tout leur art est pure grimace. Ils ne font rien que recevoir la gloire des heureux succès: et tu peux profiter comme eux du bonheur du malade, et voir attribuer à tes remèdes tout ce qui peut venir des faveurs du hasard et des forces de la nature.

« PrécédentContinuer »