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D. JUAN.

Fais ce que je te dis.

SGANARELLE.

Quelle bizarrerie! Seigneur commandeur..... (A part..) Je ris de ma sottise; mais c'est mon maître qui me la fait faire. (Haut.) Seigneur commandeur, mon maitre don Juan vous demande si vous voulez lui faire l'honneur de venir souper avec lui. (La statue baisse la tête.) Ah!

D. JUAN.

Qu'est-ce? Qu'as-tu? Dis-donc. Veux-tu parier! SGANARELLE, baissant la tête comme la statue. La statue...

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Hé bien! la statue? Je t'assomme, si tu ne parles.

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Elle m'a fait signe, vous dis-je ; il n'est rien de plus vrai. Allez-vous-en lui parler vous-même pour voir. Peut-être...

D. JUAN.

Viens, maraud, viens. Je te veux bien faire toucher au doigt ta poltronnerie prends garde. Le Seigneur commandeur voudroit-il venir souper avec moi ?

(La statue baisse encore la tête.)

SGANARELLE.

Je ne voudrois pas en tenir dix pistoles. Hé bien, monsieur ?

D. JUAN.

Allons, sortons d'ici.

SGANARELLE, seul.

Voilà de mes esprits forts qui ne veulent rien

croire !

FIN DU TROISIÈME ACTE.

Q

SCENE I.

D. JUAN, SGANARELLE, RAGOTIN.

D. JUAN, à Sganarelle.

UOI qu'il en soit, laissons cela: c'est une bagatelle; et nous pouvons avoir été trompés par un faux jour, ou surpris de quelque vapeur qui nous ait troublé la vue.

SGANARELLE.

Hé! monsieur, ne cherchez point à démentir ce que nous avons vu des yeux que voilà. Il n'est rien de plus véritable que ce sigue de tête ; et je ne doute point que le ciel, scandalisé de votre vie, n'ait produit ce miracle pour vous convaincre, et pour vous retirer de...

D. JUAN.

Ecoute. Si tu m'importunes davantage de tes sottes moralités, si tu me dis encore le moindre mot làdessus, je vais appeler quelqu'un, demander un nerf de boeuf, te faire tenir par trois ou quatre, et te rouer de mille coups. M'entends-tu bien?

SGANARELLE.

Fort bien, monsieur, le mieux du monde. Vous

vous expliquez clairement; c'est ce qu'il y a de bon en vous, que vous n'allez point chercher de détours: vous dites les choses avec une netteté admirable.

D. JUAN.

Allons, qu'on me fasse souper le plus tôt que l'on pourra. Une chaise, petit garçon.

SCÈNE II.

D. JUAN, SGANARELLE, LA VIOLETTE, RAGOTIN.

LA VIOLETTE.

MONSIEUR, Voilà votre marchand, monsieur Dimanche, qui demande à vous parler.

SGANARELLE.

Bon! voilà ce qu'il nous faut qu'un compliment de créancier! De quoi s'avise-t-il de nous venir demander de l'argent ? et que ne lui disois-tu que monsieur n'y est pas.

LA VIOLETTE.

Il y a trois quarts d'heure que je le lui dis; mais il ne veut pas le croire, et s'est assis là-dedans pour attendre.

SGANARELLE.

Qu'il attende tant qu'il voudra.

D. JUAN.

Non; au contraire, faites-le entrer. C'est une fort mauvaise politique que de se faire céler aux créau

ciers. Il est bon de les payer de quelque chose; et j'ai le secret de les renvoyer satisfaits, sans leur donner un double.

SCÈNE III.

D. JUAN, M. DIMANCHE, SGANARELLE, LA VIOLETTE, RAGOTIN.

D. JUAN.

AH! monsieur Dimanche, approchez. Que je suis ravi de vous voir! et que je veux du mal à mes gens de ne vous pas faire entrer d'abord! J'avois donné ordre qu'on ne me fit parler à personne: mais cet ordre n'est pas pour vos, et vous êtes en droit de ne trouver jamais de porte fermée chez moi.

M. DIMANCHE.

Monsieur, je vous suis fort obligé.

D. JUAN, parlant à la Violette et à Ragotin. Parbleu! coquins, je vous apprendrai à laisser mon→ sieur Dimanche dans une antichambre, et je vous ferai connoître les gens.

M. DIMANCHE.

Monsieur, cela n'est rien.

D. JUAN, à M. Dimanche.

Comment! vous dire que je n'y suis pas, à monsieur Dimanche, au meilleur de mes amis !

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