Mill' alme incatena, Fà dolce la piaga, Felice la pena. MUSICIENNE. Ma poichè frigida TOUS DEUX. Sù cantiamo, Sù godiamo, Ne' bei di di gioventù; Perduto ben non si racquista più (1). (Après les dialogues italiens, les Scaramouches et Trivelins dansent une réjouissance.) CINQUIÈME ENTRÉE. FRANÇAIS. DEUX MUSICIENS POITEVINS dansent, et chantent les paroles qui suivent : PREMIER MENUET. Ah! qu'il fait beau dans ces bocages! Le rossignol, sous ces tendres feuillages, Ce beau séjour, (1)«< Ayant armé mon sein de rigueurs, je me révoltai contre l'A<<<mour; mais je fus vaincue, avec la promptitude de l'éclair, en regar<< dant deux beaux yeux. Ah! qu'un cœur de glace résiste peu à une flè<< che de feu! Cependant mon tourment m'est si cher, et ma plaie m'est si douce, << que ma peine fait mon bonheur, et que me guérir serait une ty«rannie. Ah! plus l'amour est vif, plus il a de charmes et cause de << plaisir. << Le beau temps, qui s'envole, emporte le plaisir : à l'école d'amour on << apprend à profiter du moment. << Tant que rit l'âge fleuri, qui trop promptement, hélas! s'éloigne de « nous , Chantons, jouissons dans les beaux jours de la jeunesse; un bien perdu ne se recouvre plus. << Un bel œil enchaîne mille cœurs; ses blessures sont douces ; le mal qu'il cause est un bonheur. << Mais quand languit l'âge glacé, l'âme engourdie n'a plus de feux. <<< Chantons, jouissons dans les beaux jours de la jeunesse; un bien perdu ne se recouvre plus. » (A.) Ces doux ramages, Ce beau séjour Nous invite à l'amour. DEUXIÈME MENUET. TOUS DEUX ENSEMBLE, Vois, ma Climène, Vois, sous ce chêne, Ils n'ont rien dans leurs vœux Qui les gêne; De leurs doux feux Leur àme est pleine. Qu'ils sont heureux ! Nous pouvons tous deux, Être comme eux. (Six autres Français viennent après, vêtus galamment à la poitevine, trois en hommes et trois en femmes, accompagnés de huit flûtes et de hautbois, et dansent les menuets. SIXIÈME ENTRÉE. Tout cela finit par le mélange des trois nations, et les applaudissements en danse et en musique de toute l'assistance, qui chante les deux vers qui suivent : Quels spectacles charmants! quels plaisirs goûtons-nous ! FIN DU BOURGEOIS GENTILHOMME. LES FOURBERIES DE SCAPIN, COMÉDIE (1671). PERSONNAGES. ARGANTE, père d'Octave et de Zerbinette. ZERBINETTE, crue Égyptienne, et reconnue SCAPIN, valet de Léandre, et fourbe. NÉRINE, nourrice d'Hyacinthe. ACTEURS. HUBERT. DU CROISY. LA GRANGE. Mile BEAUVAL. Mile MOLIÈRE. LA THORILLIÈRE, DE BRIE. CARLE, fourbe. DEUX PORTEURS. La scène est à Naples. ACTE PREMIER. SCÈNE PREMIÈRE. OCTAVE, SILVESTRE. OCTAVE. Ah! fâcheuses nouvelles pour un cœur amoureux ! duros extrémités où je me vois réduit! Tu viens, Silvestre, d'ap prendre au port que mon père revient? Et qu'il revient dans la résolution de me marier? Qui SILVESTRE. OCTAVE. Avec une fille du seigneur Géronte ? NYT Du seigneur Géronte. SILVESTRE. OCTAVE. Et que cette fille est mandée de Tarente ici pour cela ? A qui mon père les a mandées par une lettre? Par une lettre. SILVESTRE. OCTAVE. Et cet oncle, dis-tu, sait toutes nos affaires? Toutes nos affaires. SILVESTRE. OCTAVE. Ah! parle, si tu veux, et ne te fais point, de la sorte, arracher les mots de la bouche. SILVESTRE. Qu'ai-je à parler davantage? vous n'oubliez aucune circonstance, et vous dites les choses tout justement comme elles sont. OCTAVE. Conseille-moi, du moins, et me dis ce que je dois faire dans ces cruelles conjonctures. SILVESTRE. Ma foi, je m'y trouve autant embarrassé que vous ; et j'aurais bon besoin que l'on me conseillât moi-même. Lorsque mon père apprendra les choses, je vais voir fondre sur moi un orage soudain d'impétueuses réprimandes. SILVESTRE. Les réprimandes ne sont rien; et plût au ciel que j'en fusse quitte à ce prix ! mais j'ai bien la mine, pour moi, de payer plus cher vos folies, et je vois se former, de loin, un nuage de coups de bâton qui crèvera sur mes épaules. OCTAVE. O ciel! par où sortir de l'embarras où je me trouve? SILVESTRE. C'est à quoi vous deviez songer avant que de vous y jeter. OCTAVE. Ah! tu me fais mourir par tes leçons hors de saison. SILVESTRE. Vous me faites bien plus mourir par vos actions étourdies. OCTAVE. Que dois-je faire? Quelle résolution prendre? A quel remède recourir ? SCÈNE II. OCTAVE, SCAPIN, SILVESTRE. SCAPIN. Qu'est-ce, seigneur Octave ? Qu'avez-vous? Qu'y a-t-il ? Quel désordre est-ce là ? Je vous vois tout troublé. OCTAVE. Ah! mon pauvre Scapin, je suis perdu; je suis désespéré, je suis le plus infortuné de tous les hommes. Comment ? SCAPIN. OCTAVE. N'as-tu rien appris de ce qui me regarde ?ng else i k Non. SCAPIN. OCTAVE. Mon père arrive avec le seigneur Géronte, et ils me veulent marier. SCAPIN. Eh bien qu'y a-t-il là de si funeste ? OCTAVE. Hélas! tu ne sais pas la cause de mon inquiétude ? SCAPIN. Non; mais il ne tiendra qu'à vous que je la sache bientôt; et je suis homme consolatif, homme à m'intéresser aux affaires des jeunes gens. OCTAVE. Ah! Scapin, si tu pouvais trouver quelque invention, forger quelque machine, pour me tirer de la peine où je suis, je croirais t'être redevable de plus que de la vie. |