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RECHERCHES HISTORIQUES SUR LE BERRY.

LE BLANC

ET

SA MUNICIPALITÉ

SOUS LA RÉVOLUTION (1792-1800)

PAR

FERDINAND CHERTIER

Ancien substitut aŭ Blanc (Indre).

PUBLIÉ PAR LA REVUE DU BAS-BERRY.

A. N. & FILS

CHATEAUROUX

IMPRIMERIE A.NURET ET FILS
72, RUE GRANDE, 72

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LE BLANC ET SA MUNICIPALITÉ

SOUS LA RÉVOLUTION

1792-1800.

I

Le but de ce travail. Description de la ville sous la Révolution.

Le Bac. - L'Arbre de la liberté. L'Autel de la patrie. Les Augustins. Attributions variées de la municipalité.

Organisa

tion politique du département, du district et de la commune. Division de la ville en deux sections. - La Bibliothèque.

'HISTOIRE ne résulte pas seulement d'une énumération de faits plus ou moins importants; il faut encore que ces faits soient compris, qu'on en saisisse le sens et la portée. C'est ainsi qu'on recueille les salutaires enseignements, l'expérience pré cieuse que nous livre le passé lorsque nous l'interrogeons et qui constituent ce qu'on appelle la philosophie de l'histoire. Un sujet aussi élevé nécessite chez ceux qui osent l'aborder une intelligence supérieure alliée à une science profonde, et ceux-là sont rares. Mais chacun peut aider ces esprits d'élite, en recherchant, çà et là, les matériaux dont ils ont besoin, et il n'est pas impossible que des monographies, si modestes qu'elles soient, leur fournissent l'explication de bien des événements considérables. C'est là un agréable passe-temps, qui a l'avan

tage d'être à la portée de tout le monde. Telle était mon opinion lorsque je me suis amusé à compulser les éphémérides du Blanc, consignées dans les registres municipaux de l'époque révolutionnaire.

Sans tache, comme le cygne de son blason moderne, Le Blanc ne possède, en revanche, aucun souvenir glorieux. La guerre et la politique ont, jusqu'à présent, respecté sa paisible existence. Il ne faudrait donc pas parcourir ses annales dans l'espoir d'y découvrir quelque drame inédit. Son existence journalière depuis 1792 jusqu'en 1800 offre, néanmoins, un intéressant tableau des mœurs de cette époque. Je vais m'efforcer de le retracer en quelques pages.

La politique n'a rien à voir dans cette petite étude, je me hâte de le dire. Je cherche les curiosités du passé sans aucun parti pris, à la façon des antiquaires et des archéologues auxquels je m'adresse. Si je limite volontairement mon terrain, c'est pour en rendre l'exploration plus aisée et plus fructueuse. J'ai choisi l'époque de la Révolution parce qu'elle est fort curieuse; cela est incontestable et m'a frappé. Elle est encore peu connue, du moins en ce qui concerne le Berry, et les documents qui abondent, n'ont pas encore été sérieusement examinés. Voilà toutes mes raisons.

Au commencement de la Révolution, la ville du Blanc devait offrir, à peu de choses près, le même aspect qu'aujourd'hui. Ses habitations, formant deux groupes bien tranchés, tournaient le dos, si je peux m'exprimer

ainsi, à la Touraine d'un côté, au Berry de l'autre, pour venir se presser sur les bords de la Creuse dont le cours impétueux, en séparant la ville en deux parties, formait la limite naturelle des deux provinces.

Sur la rive gauche, couronnant une hauteur escarpée toute verte des grands arbres qui couvrent le pays, s'élevait l'ancien château des sires de Naillac. Cette masse imposante, flanquée par le clocher de l'église SaintCyran, dominait largement la rivière.

Une grappe de maisons hautes et noires, d'un aspect tout féodal, était attachée aux flancs de la colline comme un essaim d'abeilles, et s'étendait, en se déroulant, jusqu'au bord de l'eau. A droite, sur une croupe du même mamelon, s'élevaient l'église et le couvent des Récollets, de l'ordre de Saint-François.

Au-dessus des Récollets, on parvient à un plateau appelé le Champ des branches, en face duquel un œil perçant peut distinguer, sortant de l'horizon, comme un navire au large, le château du Bouchet, ce « géant de la Brenne », réduit par l'éloignement à la taille d'un pygmée.

De cet endroit, la vue embrasse à plusieurs lieues de distance un vaste panorama séparé du ciel par une couronne de hauteurs boisées, dont les ondulations lointaines ressemblent à de molles vagues bleues à demi soulevées au milieu d'un océan de verdure. C'est là, qu'adossée à une sorte de bois sacré formé d'ormes séculaires, se dressait dans son cimetière une antique église consacrée à saint Étienne. Dès 1793, ces arbres

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