Ah, messieurs, ma pauvre tête n'en peut plus; et vous venez de me la rendre comme une pomme cuite. J'aime mieux encore les coups de bâton, que de recommencer. LES QUATRE ARCHERS. Soit. Puisque le bâton est pour vous plus charmant, Vous aurez contentement. TROISIÈME ENTRÉE DE BALLET. Les Archers donnent en cadence des coups baton à Polichinelle. POLICHINELLE comptant les coups de bâton. de Un, deux, trois, quatre, cinq, six. Ah! ah! ah! Je n'y saurois plus résister. Tenez, messieurs, voilà six pistoles que je vous donne. LES QUATRE ARCHERS. Ah, l'honnête homme! Ah, l'ame noble et belle! Adieu, seigneur ; adieu, seigneur Polichinelle. POLICHINELLE. Messieurs, je vous donne le bon soir. Ah, ah! c'est vous! Quelle surprise! Que venezvous faire céans? CLEANTE. Savoir ma destinée, parler à l'aimable Angélique, consulter les sentimens de son cœur, et lui demander ses résolutions sur ce mariage fatal dont on m'a averti. TOINETTE. Oui; mais on ne parle pas comme cela de but en blanc à Angélique ; il y faut des mystères, et l'on vous a dit l'étroite gårde où elle est retenue; qu'on ne la laisse ni sortir, ni parler à personne; et que ce ne fut que la curiosité d'une vieille tante, qui nous fit accorder la liberté d'aller à cette comédie, qui donna lieu à la naissance de votre passion; et nous nous sommes bien gardées de parler de cette aventure. CLÉ ANTÉ. Aussi ne viens-je pas ici comme Cléante, et sous l'apparence de son amant, mais comme ami de son maître de musique, dont j'ai obtenu le pouvoir de dire qu'il m'envoie à sa place. TOINETTE. Voici son père. Retirez-vous un peu, et me laissez lui dire que vous êtes là. SCENE II. ARGAN, TOINETTE. ARGAN se croyant seul, et sans voir Toinette. Monsieur Purgon m'a dit de me promener le matin dans ma chambre douze allées et douze venues; |