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LES FEMMES

SAVANTES,

COMÉDIE.

VIII.

1.

AVERTISSEMENT

DE L'ÉDITEUR

3

SUR

LES FEMMES SAVANTES.

CETTE Comédie ETTE Comédie, en vers et en cinq actes, représentée sur le théâtre du Palais-Royal le 11 fut mars 1672.

Le coup que Molière avoit porté, treize ans auparavant, aux Précieuses, n'en avoit pas si généralement détruit l'espèce, que l'indigente et basse médiocrité ne pût en réunir quelques-unes qui protégeassent et la prose languissante, et les petits vers de société moins soutenables encore. Les hôtels de Rambouillet et de Longueville étoient alors deux asyles très-honorables pour les lettres, mais dangereux pour le goût de la nature et du vrai, puisque Cotin et Pradon y étoient reçus et admirés.

Un grand nombre de femmes croyoient avoir évité le ridicule des anciennes Précieuses, parce qu'elles avoient allié aux bagatelles du bel-esprit la prétention des connoissances supérieures; mais une

affectation pédantesque de philosophie rendoit leur jargon moins intelligible encore; et Descartes, qui avoit fait faire un grand pas à la raison humaine, étoit devenu bien innocemment coupable des folies nouvelles de nos fausses savantes.

Molière s'arma une seconde fois contre ce dangereux abus de l'esprit et des connoissances. La raison la plus vigoureuse appuya les traits du ridicule; et l'inimitable comédie des Femmes Savantes détruisit, pour ce siècle, les derniers asyles du jargon, des pointes et du pédantisme en cornettes,

Cet ouvrage est un de ceux auxquels il employa plus de temps; car on doit se souvenir que madame Dacier ne s'arrêta dans son projet bizarre d'immoler Molière à Plaute, à l'occasion d'Amphytrion, que par la crainte qu'elle eut des Femmes Savanteş, dont on parloit déjà en 1668.

Il n'en faut pas moins admirer les efforts de génie qu'il dut faire pour tirer une comédie en cinq actes d'un fonds en apparence si stérile, et qui sembloit, comme l'inimitable farce des Précieuses, n'offrir que quelques scènes.

de notre temps,

le

C'est ainsi que nous avons vu, sublime auteur de la Métromanie agrandir, par l'art ingénieux du théâtre, un sujet dont l'étonnante fécondité n'est due qu'à sa riante imagination, et à l'adresse qu'il a eue de faire entrer dans sa fable ce qu'il y avoit alors d'anecdotes piquantes et relatiyes au caractère qu'il traitoit.

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