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la part qu'ils prenoient à sa pénible situation. Ils lui députèrent le prêtre Przytuski comme interprète de leurs sentimens, et pour mettre à sa disposition leur propre fortune, si l'occasion l'exigeoit. Le prélat touché de leur dévoûment, leur adressa le 16 mars une lettre confidentielle. Il étoit persuadé, disoit-il, que si Dieu per

· Voyant le peu de succès de ses démarches, et ne voulant point trahir ses devoirs, l'archevêque se trouva dans la nécessité de rendre compte de sa conduite à son clergé, aux demandes et aux instances duquel il n'avoit pas encore fait de réponse. Il adressa donc, le 30 janvier 1838, à tout le clergé de Gnesne et Posnanie, une circulaire en polonais, où il rap-mettoit qu'il fût emprisonné ou empela ses précédentes démarches, et annonça qu'il persistoit dans sa détermination, ne pouvant manquer à son caractère d'évêque, ni rompre l'unité avec le chef de l'Eglise. Sans cesse, disoit-il, retentissoient à son oreille les paroles de Grégoire XVI, qui condamnoient sur les mariages mixtes toute pratique introduite illicitement en Prusse contre le véritable sens du bref de Pie VIII. 11 exhortoit son clergé à maintenir les principes, et à avertir les mères et les filles catholiques de repousser tout mariage avec des personnes d'autres communions.

Pour rappeler son clergé à l'obéissance de la bulle de Benoît XIV, M. Dunin publia le 27 février 1838 une instruction latine où il ordonnoit à ses curés sous peine de suspense de ne point accorder la bénédiction aux mariages mixtes, à moins de la promesse d'élever tous les enfans dans la religion catholique. Il rappeloit les paroles du bref de Pie VIII. Le prélat ne faisoit par cette instruction qu'un acte de juridiction légitime. Du reste, il montra par une lettre du 10 mars au roi quel étoit son respect pour la puissance civile.

Dans cette circonstance, les chanoines de Gnesne voulurent donner à leur archevêque un témoignage de leur adhésion, et en même temps de

pêché dans l'exercice de son ministère, ils n'imiteroient pas le scandaleux exemple du chapitre de Cologne. Dans cette même lettre, il parloit de la convenance de suspendre dans cette supposition la musique et le son des cloches des églises.

Le 12 avril, il fut adressé aux catholiques du grand duché de Posen un manifeste où le roi exprimoit son déplaisir d'avoir appris que des personnes mal intentionnées vouloient faire croire qu'il songeoit à troubler les catholiques dans le libre exercice de leur religion ou dans l'observance de leurs doctrines. Pour ôter tout doute sur ses sentimens paternels, le prince déclaroit que c'étoit son intention de les protéger dans leur religion, comme il l'avoit fait jusqu'ici et comme il le feroit à l'avenir, conformément à' l'acte de possession du 15 mai 1815. Il ne souffriroit pas en conséquence que sur quelque objet de doctrine ecclésiastique on troublât ou empêchât la liberté de foi et de conscience prescrite par la loi de l'état. Il menaçoit de ses rigueurs ceux qui tenteroient de troubler cet ordre de choses, qui inquiéteroient les sujets sur la confiance qu'ils devoient aux paroles de leur roi, et qui troubleroient la bonne harmonie qui avoit régné jusqu'ici entre les diverses communions.

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mais qu'aussi Sa Majesté, fidèle à ses maximes, ne toléreroit jamais qu'un évêque violentât les consciences par des menaces de châtiment envers les

Mais comment concilier ces sentimens avec ceux qu'exprime le prince, le même jour 12 avril, dans un ordre du cabinet adressé aux trois ministres Altenstein, Rochow et Wer-ecclésiastiques qui béniroient des

ther? Le roi y parloit de sa douleur de la conduite de l'archevêque qui avoit voulu, dans sa pastorale, abolir dans son diocèse la coutume de bénir les mariages mixtes, conduite opposée à sa volonté souveraine qui lui avoit été manifestée par l'ordre royal du 30 décembre 1837, conduite contraire au serment de fidélité et d'obéissance qu'il avoit prêté. Le prince avoit donc un motif fondé de lui retirer son approbation et de rendre impossible son ministère ultérieur. Mais, avant d'en venir là, il vouloit soumettre l'archevêque à un procès, afin de lui laisser le temps de connoître ses écarts et de se défendre.

mariages mixtes sans promesse préalable, et qu'il étendît ses attributions sur la discipline ecclésiastique jusqu'aux prétentions dont le prélat s'étoit rendu coupable par son ordonnance du 27 février.

Le président accorda à l'archevê

que
24 heures pour mettre par écrit
une déclaration conforme à l'attente
du roi, lui intimant en même temps
qu'autrement il seroit procédé con-
tre lui à l'ouverture d'une poursuite
légale, et que dans ce cas il lui seroit
interdit d'émettre sur ce sujet aucun
ordre, et d'entretenir aucune cor-
respondance par lettre.

(La suite à un numéro prochain.),

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIE.

et qui, après avoir observé les ha bitudes de celui ou de celle sur lesquels elle avoit jeté ses vues, s'introduisoit dans leurs maisons sous

Par un autre ordre du cabinet du même jour, le roi fit part à M. Flottwell, premier président de la province, de l'ordre adressé aux trois plaignoit de vols au préjudice de perDepuis long-temps on se ministres, et lui enjoignit d'en faire sonnes âgées qui fréquentent les églises une communication officielle à l'ar- de la capitale. Leur auteur étoit une chevêque. En conséquence, le prési-femine qui prenoit divers costumes dent se transporta le 19 avril chez le prélat, et lui déclara en présence de plusieurs officiers du gouvernement et de plusieurs membres du chapitre de des prétextes de religion ou de chaPosen, selon l'instruction du souve-rité. Elle quêtoit tantôt pour une rain, que Sa Majesté vouloit bien ne œuvre, tantôt pour une autre, et dévoir dans sa conduite qu'une interpré-bitoit des histoires capables de faire tation erronée de sa position, pourvu illusion. Lorsqu'on l'a arrêtée, elle qu'il le reconnût et qu'il révoquât les étoit chez un vieillard auquel elle instructions données à son clergé; que enlevoit une assez forte somme d'artoute borne assignée à la liberté de gent, sous prétexte de l'employer conscience des catholiques sur ce en bonnes œuvres. Elle prétendit se nommer Catherine Weybas, et être point et sur tout autre matière ec-arrivée le jour même d'Alençon; clésiastique étoit en opposition avec mais ou découvrit qu'elle se nom. les intentions royales; qu'on ne fe- moit Veinbach, et qu'elle étoit née roit aucune violence à aucun ecclé-à Saint-Domingue. Elle ne voulut siastique en fait de marige mixte, point faire connoître son domicile;

La cour de cassation avoit déjà jugé, par arrêt du 26 juillet 1838, qu'en cas de délit commis par un prêtre dans l'exercice du culte, l'action privée de la partie lésée ne pou

cours préalable au conseil d'état. Mais, le 20 avril, la cour n'est pas

mais comme elle recevoit des secours chaque semaine par le moyen d'un individu qui venoit an guichet de la prison, on a arrêté, il y a quelques jours, cet individu, nommé Goberville, un autre, nommé Pierre Ma-voit être intentée qu'après un rerie, déguisé en domestique, et un troisième appelé Louis Hébert, qui vivoit à Ivry avec la femme Vein-entrée dans le fond de la question, bach, et qui lui faisoit passer des et s'est décidée par un moyen de secours. On connut le domicile de forme. M. l'avocat-général Hello a ce dernier, qui s'étoit réfugié a prononcé un long requisitoire; il a Neuilly après avoir quitté Ivry, et conclu à la cassation par le motif chez lequel on trouva beaucoup de qu'en aucun cas, selon lui, l'action bijoux et de livres d'église, et tout directe en police correctionnelle conl'attirail des divers costumes de la tre un ministre du culte prévenu femme, des voiles de religieuses, d'un délit, n'est assujétie au recours de bonnets de Sœurs, etc. Cette préalable au conseil d'état. Ce réquifemme étoit fort adroite, fort insi-sitoire, plus ingénieux que solide, nuante, jouoit tous les rôles, et pa- nous a paru empreint d'un esprit peu roissoit à Ivry vivre dans l'abon-favorable au clergé. Au surplus, dance. Elle s'appeloit madame Louis. cour de cassation s'est décidée par de On espère que l'instruction fera dé- tout autres considérations; elle a couvrir bien des choses. En atten- cassé parce qu'il résultoit de la dant, on peut féliciter les ames pieu-feuille d'audience que l'un des juges ses de n'avoir plus à craindre les piéges de cette intrigante.

la

n'avoit pas assisté aux conclusions et
plaidoiries, et que les énonciations
la foi due à la feuille d'audience.
du plumitif ne pouvoient balancer

Le 20 avril, la cour de cassation s'est occupée du pourvoi de M. l'abbé Vée et du ministère public contre le jugement du tribunal de Nevers, M. l'évêque de Nîmes a donné un qui a renvoyé M. l'abbé Guille demandement pour indiquer une quête vant le conseil d'état, et a déclaré dans les églises en faveur des victique le tribunal correctionnel étoit mes du tremblement de terre de la compétent pour juger ce qui s'étoit | Martinique. passé à Entrains, aux obsèques de madaine Vée, mère du curé. Nous Le petit séminaire d'Evreux, bâti avons fait connoître les détails de sous les dernières années de la rescette affaire, n° du 27 novembre tauration, sur une coline qui dodernier, et nous avons donné le ju- mine toute la ville au midi, n'avoit gement du tribunal de Nevers, qui point encore de chapelle. Mais, dans avoit admis la compétence pour l'enclos même du séminaire, se trouM. l'abbé Vée et avoit sursis pour voit une église dédiée à saint AquiM. Guille, curé d'Alligny, jusqu'a- lin, un des premiers évêques d'Eprès décision du conseil d'état. Lavreux, qui vivoit dans le vie siècle. cour, après avoir entendu le réquisi-Elle avoit été construite sur l'emplatoire de M. Hello, avocat-général, a cassé le jugement du tribunal de Nevers, et a renvoyé l'affaire à la chambre correctionnelle de la cour de Bourges.

cement même d'une grotte où le saint évêque, aveugle dans sa vieillesse, aimoit à se retirer pour goûter les douceurs de la solitude. Le lieu de sa retraite, la grotte où sa piété avoit

exhalé tant de soupirs vers l'invisi- | remarque dans tous les grands centros de

geois n'ont à offrir à leurs pasteurs aucune des jouissances du luxe, aucune des douceurs de la vie? Seroit-ce là de la charité chrétienne? ■

ble patrie, avoient été dans tous les population, de ces états-majors si nomtemps un objet de vénération pour breux qui entourent les évêchés, de ces les peuples. L'église bâtie en son missionnaires prêts à fondre en troupe honneur étoit devenue l'une des huit sur toutes les villes où l'on consent à les paroisses qu'Evreux comptoit avant souffrir. Une pareille exubérance n'estla première révolution. Depuis elle elle pas en contradiction flagrante avec avoit été laissée dans un état d'aban- l'état des campagnes, où les pasteurs don. Le chœur seul, d'une belle ar- manquent à tant de pauvres villageois, chitecture gothique, avoit été con- ainsi excommuniés par le fait. Cette dif servé à peu près intact. Il a été res-férence viendroit-elle de ce que les villatauré dans le même goût, et avec une rare intelligence. On y a ajouté en conservant toujours le même style, une petite nef, un portail élégant avec une belle rosace au nilieu. La vieille église de Saint-Aquilin est devenue l'une des plus jolies chapelles de la ville d'Evreux. Une inscription qui se lit au bas d'un vitrail qui représente saint Aquilin dans la principale croisée du chœur, derrière l'autel, marque que cette restauration est due à M. l'évêque actuel d'Evreux. Il avoit déjà bâti le séminaire; il ne pouvoit achever plus dignement son œuvre.

L'Orléanais repousse très-bien ces reproches pleins de faussetés et d'inconséquences:

Où est donc à Orléans, dit-il, cette

abondance de prêtres et ce nombreux élatmajor entourant l'évêché? où sont ces mis-, sionnaires prêts à fondre en troupe sur les villes, au grand détriment du budget? Nous ne pensons pas que les économistes du Loiret veuillent supprimer les curés La bénédiction de cette chapelle a de paroisse; ils en veulent donc aux vieu lieu dans la semaine du Bon-Pas- caires? Où les voient-ils donc inoccu teur. Un grand nombre d'ecclésias-pés? Il n'est pas un seul commis d'admitiques de toutes les parties du diocèse ont assisté à cette cérémonie à laquelle on a donné toute la solennité possible. M. l'évêque a officié pontificalement. M. Lefebvre, supérieur du grand séminaire, a prêché à la messe avec le talent qui le distingue. M. l'abbé Coquerel, supérieur du petit séminaire, a terminé la fête par un compliment plein de foi et de délicatesse. Les élèves de SaintAquilin ont exécuté une messe de Haydn, et un salut du Père Lain billotte qui a été fort goûté.

Nous empruntons encore à l'Or léanais une fort bonne réponse à des déclamations du Loiret contre le clergé. Ce dernier journal s'étoit plaint

De cette abondance de prêtres qui se

nistration qui, avec le même traitement, consentît à fournir par jour autant d'heures de travail qu'un vicaire de paroisse en consacre à l'accomplissement de ses devoirs. Presque tous les ans, l'excès du travail et de la fatigue enlève dans Orléans, à la fleur de l'âge, des prêtres pleins de zèle et de talent; il n'y a donc pas surabondance de vicaires; mais il y en au roit trois fois plus encore que leurs traitemens ne pourroient sauter aux yeux des dispensateurs du budget, car ce budget ne donne rien à nos vicaires, absolument rien.

» En quoi consiste le nombreux étatmajor qui entoure les évêques? 11 existe une loi de l'état qui veut que les évêques aient un chapitre. Les chanoines ont donc droit à une part du budget, au même ti tre légal que tous les autres fonctionnaires publics. Si on veut soutenir que l'ad

ministrateur en chef d'un diocèse n'a que faire d'un conseil et que la religion de la majorité des Français n'a que faire de ministres chargés spécialement de prier le Dieu que les Français adorent, nous n'entamerons aucune discussion à ce sujet, parce qu'on ne discute pas une absurdité; mais réduisant la question à des faits, nous commencerons par comp. ter cet état-major et ses richesses.

bien habile pour découvrir que des gens qui ne reçoivent rien du trésor public épuisent ses ressources. Il faut aussi être doué d'une grande sensibilité nerveuse pour s'effrayer d'une troupe de prédicateurs qu'on reconnoît n'être prêts à venir qu'où on veut bien les souffrir. Mais admirez la logique de nos adversaires. Si un mauvais sujet entrave un bon curé dans l'exercice de ses fonctions, le Journal du Loiret érige le curé en persécuteur, et le mauvais drôle en victime du parti-prêtre. Aujourd'hui, ce journal demande qu'on envoie dans les campagnes des ministres des autels, il déplore le malheur des villages qui en sont privés, et au même instant il s'indigne de ce qu'on laisse se former des troupes de missionnaires prêts à se rendre où on les appelle. Voilà ce qui est une contradiction flagrante.

D

Il n'y a point d'administration où, après trente ans d'exercice, on n'ait droit à une retraite et au repos ; dans l'état ecclésiastique, après cinquante ans de tra vail, on n'a pas même droit à une place à l'hôpital. A Orléans, le chapitre se compose de dix chanoines; sept d'entr'eux ont plus de soixante-quinze ans. La délicatesse de conscience des dispensateurs du budget est-elle blessée en laissant 1,500 f. de retraite à des vieillards qui ont plus de cinquante ans d'exercice du saint ministère? Mais ce traitement n'est pas même donné comme une sinécure. Ces vieillards vénérables ont des devoirs à remplir. Après 30 ans de travail, vers l'âge de 60 ans, un ancien administrateur a droit au repos absolu. A 80 ans le prêtre n'y a pas de droit légal. Outre les 7 chanoines âgés de plus de 75 ans, trois autres chanoines sont, il est vrai, à Órléans, jeunes et valides, mais vivent-ils dans l'oisiveté? Est-ce possséder une sinécure que d'être obligé d'assister à l'of-l'attachement à la révélation, et fice canonial et d'être, en outre, supé. rieur du séminaire, préfet des études au petit séminaire ou secrétaire d'un évéché?

Une troisième et dernière singularité devoit, suivant le Loiret, sauter aux yeux des dispensateurs du bugdet. Ce sont ces missionnaires prêts à fondre en troupe surtoutes lee villes ou l'on consent à les souffrir. Oui, nous en convenons franchement, il y a ici une singularité qui saute aux yeux, car rien de plus singulier que cette réflexion du Loiret. Qu'y a-t-il de commun, en effet, entre les dispensateurs du budget et les missionnaires qui n'y puisent pas un centime? Il faut être calculateur

Le dimanche 24 février, un jeune ministre protestant a reçu l'imposition des mains à Montauban, dans le temple dit des Carmes. Il y avoit quatorze professeurs et pasteurs de Montauban et des environs. Le professeur Adolphe Monod présidoit, et a prononcé un discours sur la vocation et sur les moyens d'y répondre. Il y avoit de bonnes choses dans ce discours, qui prouvoit du moins de

même de judicieuses réflexions sur l'esprit qui doit animer un pasteur dans ses fonctions. Il y a là une imitation visible des règles et des conseils de l'Eglise sur les devoirs du sacerdoce. Après le discours, on a lu au candidat, M. Pelet, la formule suivante :

« Conformément à la discipline de nos églises réformées, d'après laquelle le candidat au saint ministère de l'Evangile doit rendre témoignage de la pureté de sa foi, avant de recevoir l'imposition des mains, je vous invite à répondre aux questions suivantes :

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Vous promettez devant Dieu, et sur

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