Images de page
PDF
ePub

Toul et le livre du cardinal Gousset sur Reims : Hofler, Die deutschen Paepste, 1839; Zopffel, Papstwahl, Gætt., 1871; Baxmann, Politik der Pæos e, 1869, II; Gregorovius, IV; de Reumont, II; Hefele, IV, 2e éd., 1879; Giesebrecht, Kaiserzeit, II; Hunkler, Leo IX u. s. Zeit, May., 1851; Will, Anfaenge der Restaur. d. Kirche, 1859; Delarc, Léon IX, Paris, 1876; les monographies citées par Hefele et les historiens de Grégoire VII; Duhamel, Léon IX et les monast. de Lorr., Epinal, 1869. S. BERGER.

LÉON X. Jean de Médicis, fils de Laurent le Magnifique, cardinaldiacre, fut élu le 11 mars 1513 par le parti des « jeunes » qui comptaient profiter de son indulgence et de sa générosité bien connues pour s'enrichir et vivre à leur guise. Léon, qui promettait beaucoup et ne tenait jamais, qui avait d'ailleurs fort à faire pour pourvoir les Florentins accourus à Rome, se montra dès son avènement, «< plus prudent et beaucoup moins bon qu'on n'avait pensé!» De là des haines violentes, des complots dans lesquels furent impliqués d'anciens amis ou partisans du pape. Celui-ci, après avoir fait arrêter des cardinaux et exécuter Petrucci, eut recours pour s'assurer une majorité dans le collège et peut-être pour se procurer de l'argent, à la création de trente et un nouveaux cardinaux (1517). A la différence de Jules II, Léon X s'occupa plus des intérêts de sa famille que de l'indépendance de l'Italie et de la puissance du saint-siège : il changea d'alliés sans hésiter, passa du parti de la France au parti de l'Espagne, soutint tour à tour la candidature de François Ier ou de Charles de Luxembourg uniquement pour maintenir les Médicis à Florence ou pour les établir à Reggio, Modène ou Urbin. La guerre avait repris avec une énergie nouvelle en 1513; Milan, Gênes, Parme et Plaisance étaient tombées aux mains des alliés du pape après la bataille de Novare; Venise, menacée dans ses possessions de terre ferme, allait succomber. Ce fut alors que François Ier franchit les Alpes et remporta sur les Suisses la victoire de Marignan: Léon X au premier moment se crut perdu; Quid erit de nobis, s'écria-t-il. L'ambassadeur de Venise le rassura sur les intentions du roi très chrétien et en effet, dès le 13 octobre, François Ier signa un traité d'amitié avec le pape, les Médicis, Florence, qui fut ratifié trois mois après dans l'entrevue de Bologne; en même temps que les deux souverains réglèrent toutes les questions relatives aux possessions italiennes, ils s'accordèrent par le célèbre concordat, sur la nomination des évêques de l'Eglise de France qui fut réservée au roi et sur les annates et les expectatives que le pape se fit attribuer. Léon X était à peine rentré à Rome, qu'il résolut, malgré l'épuisement de son trésor, d'attaquer François-Marie della Rovere, duc d'Urbin, et de le déposséder de ses Etats au profit de Laurent de Médicis : l'entreprise réussit d'abord, mais FrançoisMarie étant revenu avec des forces considérables, une guerre sanglante s'engagea qui porta la désolation dans la Romagne et les provinces voisines. Le neveu du pape finit par rester maître du duché; mais la victoire avait couté trop cher, sans compter qu'elle ne rapportait rien au saint-siège. Ferdinand d'Aragon était mort en 1516,

Maximilien d'Autriche en 1519 et leur héritier Charles de Luxembourg disposait de la plus formidable puissance que l'on eût vue en Europe depuis des siècles: il prétendait à la couronne impériale et Léon X, qui n'aimait pas plus la France que l'Espagne, et qui redoutait l'une autant que l'autre, fut pendant quelque temps dans le plus grand embarras. Toutefois, comme il avait contracté des alliances de famille avec François Ier et qu'il pouvait sous un prétexte spécieux combattre la candidature de Charles, qui était roi de Naples, il recommanda à ses légats d'appuyer le roi de France. Ce qu'il voulait obtenir c'était l'élection de quelque prince allemand, à l'exclusión des deux candidats qu'il jugeait trop puissants. Quant il vit que la majorité était acquise au roi d'Espagne il se résigna enfin à le soutenir, mais il avait eu soin au préalable de vendre la dispense pour le cumul des couronnes au prix de sept mille ducats. On pourrait croire en lisant les articles du traité secret conclu entre Charles V et Léon X le 8 mai 1521, que ce dernier s'était franchement rallié depuis l'élection au parti de l'empereur; le traité déclare, en effet, qu'à l'avenir le pape et l'Empereur auraient mêmes amis et mêmes ennemis, qu'ils uniraient leurs efforts pour établir l'ordre dans la chrétienté et pour soumettre tous les princes à l'autorité spirituelle et temporelle, qu'ils agiraient d'un commun accord pour ramener la paix en Italie. Il n'en est rien cependant quelques semaines auparavant, Léon X qui prétendait que tout en signant la paix avec un prince, il ne fallait pas négliger de négocier avec son adversaire, avait fait des ouvertures à François Ier et lui avait proposé le partage du royaume de Naples; ces offres qui étaient très sérieuses furent repoussées et alors seulement le pape se rangea au nombre des ennemis irréconciliables de la France. Il ne se contente pas de soutenir Charles V ; il engage Henri VIII à contester à François Ier son titre de roi, à envahir son royaume; il fait préparer une bulle qui délie les Français de leur serment de fidélité. L'attaque de Lescun contre Reggio fournit au pape le prétexte de se déclarer et de publier son alliance avec Charles V. La guerre éclate; les cardinaux de Sion et de Médicis sont nommés légats du pape ; le 19 novembre 1521, Pescaire entre dans Milan. La domination française en Italie semblait ruinée et Léon X croyait tenir en main des avantages décisifs; il mourut trop tôt pour voir qu'il s'était trompé. Le souverain spirituel n'a rien fait pour ramener les esprits et pour prévenir le schisme; le concile du Latran, convoqué par Jules II, continua de siéger sous son successeur jusqu'en 1517, sans prendre aucune mesure de réforme ni donner la moindre satisfaction aux plaintes des mécontents. Léon X avait annoncé en 1514 qu'il débarrasserait la vigne du Seigneur des plantes parasites et qu'il lui ferait porter des fruits nouveaux; mais il s'en tint là, ou pour mieux dire il laissa les plantes parasites tout envahir. Le besoin d'argent qui devenait plus pressant d'année en année, avait forcé le pape de recourir à la vente des indulgences et de demander au concile l'autorisation de lever la dîme des biens de l'Eglise dans toute la chrétienté; il avait eu soin

[ocr errors]

de déclarer que le produit des indulgences servirait à la construction. de Saint-Pierre et que la dime serait consacrée à la guerre contre les Turcs; mais personne ne l'en avait cru, si bien que sa proposition ne passa au concile qu'à quelques voix de majorité et que l'Espagne, Venise et d'autres Etats défendirent sur leurs territoires un trafic qui souleva l'Allemagne et les pays du Nord et fut le point de départ et l'occasion des grandes luttes religieuses du seizième siècle. Il se peut que Léon X n'ait pas pris Luther au sérieux dès le début, il était trop étranger au sentiment religieux pour comprendre l'indignation d'un homme véritablement chrétien; mais il est certain qu'en 1521, ce qu'il appelait d'abord « une querelle de moines » lui donnait bien du souci et lui semblait de haute importance. Les quatre-vingt-quinze propositions de Luther avaient été affichées le 31 octobre 1517 ; au mois d'août 1518, le moine saxon fut sommé de se présenter à Rome et quelque temps après il eut une entrevue à Augsbourg avec le cardinallégat, Thomas de Gaëte. Ce dernier, malgré sa science théologique, n'était pas de taille à imposer au réformateur qui se sentait soutenu par l'opinion publique, ni à dominer une situation qui en durant devenait plus critique. Les conférences de Miltitz, la «< disputation» du docteur Eck, loin de calmer ou de convaincre les adversaires de Rome, ajoutèrent à leur hardiesse et les confirmèrent dans leur opposition; la bulle pontificale lancée contre Luther en 1520 resta sans effet. Maximilien avait voulu tenir en réserve le moine de Wittemberg, Charles V se décida à grand peine à le condamner, après l'anathème fulminé par le saint-siège. Ce ne fut qu'à la suite de longues négociations, au prix de « complaisances » nombreuses, de promesses de bénéfices, de concessions de toute sorte, d'une alliance dont les conditions étaient dictées ou imposées par les conseillers impériaux, que le légat Aleander obtint enfin le 8 mai 1521 l'édit de Worms et la mise au ban de Luther. Léon X mourut subitement quelques mois après ce succès illusoire le 1er décembre, à l'âge de quarante-cinq ans. Comme chef de l'Eglise, comme souverain des Etats pontificaux, il ne justifie nullement l'admiration qu'on lui a vouée; les encouragements qu'il a prodigués aux lettres et aux arts, le soin qu'il prit pour faire de Rome la patrie commune de tous les esprits éclairés, les œuvres immortelles de Raphaël, de l'Arioste et de bien d'autres ont effacé les erreurs du pape, les violences de sa politique dynastique. Rome devint à cette époque la ville la plus belle de l'Italie. De nombreux étrangers s'y établirent apportant leurs richesses et leur industrie; dix mille maisons y furent construites sous Léon X, la population s'y éleva de quarante mille à quatre-vingtdix mille âmes. Les rues conduisant à la Piazza del popolo s'élargirent, la via Alessandrina commencée par Jules II fut terminée par son successeur. Les travaux de Saint-Pierre confiés à Raphaël, aux Sangallo, à Peruzzi avancèrent, il est vrai, lentement faute d'argent, mais les loges de la cour de Saint-Damase furent achevées rapidement parle Bramante et par Raphaël. La peinture, représentée par ce dernier et par son école, couvre de chefs-d'œuvre les édifices, les palais

du pape et des cardinaux : la salle de l'Heliodore reçoit de nouvelles fresques, la salle de l'Incendie du Borgo retrace dans ses peintures l'histoire des papes qui ont porté le nom de Léon ; les sujets tirés de la mythologie et des Actes des apôtres, les Noces d'Alexandre et de Roxane, le Triomphe de Galatée, les Sibylles de santa Maria della Pace, la fable de Psyché, la madone Sixtine, la Sainte Cécile, sans parler des nombreux portraits dont le plus célèbre est celui de Léon X lui-même, témoignent de la prodigieuse activité que déploya Raphaël de 1513 à 1520. A côté du maître s'élèvent les disciples qui le secondent admirablement et qui continueront son œuvre. Une médaille frappée par l'ordre du pape représente la Liberalitas pontificia répandant ses bienfaits sur toutes les sciences et sur tous les arts figurés par des emblèmes. En effet, Léon X accorda ses faveurs à tous les travaux de l'esprit l'érudition, la poésie, la musique, les lettres grecques et latines, la philosophie, tout jusqu'à la comédie licencieuse et à l'épigramme intéressait ce délicat peu scrupuleux qui donnait sans compter et sans choisir. Lascaris et Marc Musurus, appelés à Rome, dirigent une imprimerie grecque fondée par les soins et aux frais du pape, qui établit en même temps un collège grec destiné à former des hellénistes; l'université romaine agrandie compte jusqu'à vingt-huit professeurs, dont quelques-uns portent des noms illustres; la bibliothèque Vaticane, confiée aux soins de Beroalde le jeune, s'enrichit de précieux manuscrits; des savants sont envoyés dans la haute Italie, en Allemagne et en Scandinavie, pour rechercher << les trésors de la littérature ancienne à la gloire du Très-Haut et au profit des hommes instruits ». Aux éditions des auteurs classiques viennent s'ajouter les œuvres des Cicéroniens et des Virgiliens, Bembo, Vida et d'autres. Malgré la grande faveur dont jouissaient les imitateurs des anciens, et quoique les humanistes n'eussent pour la plupart que dédain pour les langues modernes, la prose et la poésie italiennes comptèrent de brillants représentants à la cour de Rome Machiavel, Guichardin, Paul Jove, reçurent des encouragements de Léon ou furent chargés par lui de missions importantes; l'Arioste, qui résida quelque temps à Rome, obtint pour son Roland furieux un privilège pontifical; la Calandra de Bibbiena, la Mandragore de Machiavel qu'on ne pourrait plus représenter aujourd'hui devant un public si peu difficile qu'il fût, firent les délices du pape, des cardinaux et des grandes dames romaines. Il faut, en parlant de l'influence de Léon X sur les lettres, tenir compte des mœurs libres du temps et ne jamais oublier que l'héritier de la grande famille des Médicis, païen bien plus que chrétien, était destiné par sa naissance et son éducation à briller dans une cour élégante et raffinée. Le sort en décida autrement et Léon, au lieu de régner à Florence, fut appelé à prendre en mains dans des temps difficiles, le gouvernement de l'Eglise catholique. Voyez Pauli Jovii, De vita Leonis X libri IV; Guichardin; Vettori; Roscoe, Life and Pontificate of Leo the Tenth, Liverpool, 1805; la traduction italienne de Roscoe par L. Bossi, avec des notes et éclaircissements, Milan, 1816-1817; Lanz, Actenstücke

und Briefe zur Geschichte Carls V, Vien, 1853; les relations des Vénitiens Marius Giorgi et Marco Minio ap. Albéri. G. LESER.

LÉON XI (Alexandre-Octavien de Médicis), cardinal de Florence, fut élu pape le 1er avril 1605, dans un conclave composé de soixante cardinaux; la lutte fut vive entre les Espagnols et les Français, et comme on ne pouvait obtenir de majorité pour le candidat des uns ou des autres, on vota enfin à bulletins ouverts pour Médicis. Il ne régna que vingt-six jours et ne put donner la mesure de son mérite. LÉON XII (Annibal-François-Clément-Melchior-Nicolas della Genga), né près de Spolète en 1760, fut élu le 28 septembre 1823 par trentehuit voix. L'Autriche et la France avaient décidé d'exclure les zelanti, les cardinaux réussirent néanmoins à faire passer un zelanti, qui à leurs yeux avait le grand mérite d'être maladif et de détester le cardinal Consalvi. Léon trompa l'attente de ses partisans; il se remit et se réconcilia avec Consalvi dont il suivit les conseils et dont il adopta la politique. Ennemi des jésuites avant son exaltation, Léon XII subit leur influence dès les premiers temps de son pontificat; il leur restitue le collège romain, il condamne la secte qui incline au tolérantisme. Le 27 mai 1824 une bulle pontificale annonce au monde chrétien le saint jubilé pour l'année suivante; il s'ouvre le 24 décembre par une imposante solennité; de nombreux fidèles accourent à Rome, des juifs et des protestants sont reçus dans le giron de l'Eglise, des moines et des prêtres célèbres par leur piété ou par leurs miracles, sont béatifiés. Les Etats romains, infestés par les brigands, retrouvèrent quelque sécurité sous le règne de Léon XII; le cardinal Rivarola, nommé légat a latere, reçut la mission de sévir contre les sociétés secrètes, particulièrement contre les carbonari et les francs-maçons; il s'en acquitta dans les débuts avec une sévérité excessive, soumit les populations au régime de l'espionnage et de la terreur; plus tard il usa de modération sans réussir à gagner les esprits. Les juifs, en voyant les mesures qu'on prenait contre eux, pouvaient se croire revenus aux plus mauvais temps du moyen âge; bon nombre d'entre eux, les plus riches, prirent le parti d'émigrer et allèrent s'établir à Venise, à Trieste, dans la Lombardie ou dans la Toscane. En général Léon XII, dur pour lui-même, était dur aussi pour les autres; il excita le mécontentement de tous par ses règlements de police et de voirie, par la répression sévère des moindres fautes de ses employés. Ranke en parlant de son administration a dit qu'il n'a fait que des fautes parce qu'il n'était pas entendu et qu'il n'avait rien étudié. D'autres papes, ajoute-t-il, se sont également fait détester, mais ils avaient du moins quelques partisans. Léon XII était odieux à tout le monde et n'avait d'amis ni parmi les princes ni parmi les mendiants. Dans les affaires extérieures, le pape se laissa guider par Capaccini, l'ancien secrétaire de Consalvi et il n'eut qu'à se féliciter de l'adresse de ce prélat expérimenté. Les colonies espagnoles réclament en 1827 auprès du saint-siège l'investiture de leurs évêques, le Brésil se met en rapport avec lui; Wessenberg renonce à créer une Église nationale en Allemagne, le Hanovre, la Hollande si

« PrécédentContinuer »