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Billom, depuis le mois d'octobre 1814, jusqu'au mois d'août 1828, ou vies de plusieurs jeunes étudiants élevés dans ces huit maisons d'éducation, Paris, 1829, in-12; 3° éd., 1836; 19° Mes doutes ou problèmes à résoudre sans algèbre et à l'aide du simple sens commun, suivis de diverses recettes propres à rendre la vue aux aveugles et l'ouïe aux sourds, par l'auteur d'un Cours d'histoire, Paris, 1838, 2e éd., 1839, 2 vol. in-32. Le père Loriquet avait entrepris pour compléter son cours d'histoire, la publication d'une Histoire du moyen âge et des temps modernes qui devait former 4 vol. in-18, mais la mort l'arrêta dans ce travail et il ne réussit à publier que l'Histoire d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande, Paris, 1846, 2 vol. in-18; deux autres parties du même ouvrage, l'Histoire d'Italie, 1846, 2 vol. in-18 et l'Histoire du BasEmpire, précédées d'une Introduction générale et suivtes d'un Résumé de l'histoire des croisades, 1846, in-18, furent rédigées avec les matériaux laissés par le célèbre jésuite, par M. Mazas de Sarrion. M. le baron Henrion a fait paraître en 1845, sous le voile de l'anonyme une Vie du révérend père Loriquet de la compagnie de Jésus, écrite d'après sa correspondance et ses ouvrages inédits.

E. STROEHLIN.

LORRAIN (Claude), proprement Claude Gelée, dit le Lorrain, peintre célèbre, né en 1600 à Château-de-Chamagne en Lorraine, mort à Rome en 1682. Il alla se former en Italie, revint en 1625 dans son pays, embellit de ses ouvrages l'église des carmélites de Nancy, et retourna bientôt à Rome où il passa le reste de sa vie et où il acquit une fortune considérable; il y dirigea pendant plus de vingt ans une école d'où sont sortis des peintres distingués, et jouit des faveurs des papes Urbain VIII et Clément IX, ainsi que de l'amitié du Poussin. Claude Lorrain excella surtout dans le paysage qu'il sut affranchir du joug de la tradition ecclésiastique, en lui donnant une importance indépendante des saints personnages auxquels il était destiné à servir de cadre. Son style est riche et son coloris admirable. Il a su rendre avec une vérité saisissante la paix et l'harmonie qui règnent dans la nature, lorsque l'homme ne vient pas la troubler par ses agitations inquiètes. Tout, chez Claude Lorrain, est lumière, fraîcheur et suavité; l'ombre même est comme pénétrée de l'éclat transparent de la lumière; les premiers plans habilement arrangés viennent se fondre dans un lointain vaporeux dont les dernières limites sont comme baignées dans une atmosphère dorée : l'âme, à la vue de cette splendeur sereine, est comme transportée au milieu des jubilations paisibles du sabbat éternel. C'est bien à justre titre que le Lorrain a été surnommé le Raphaël du paysage. Là est sa valeur, bien plus que dans les sujets religieux, tels que le Sacre de David et d'autres, qu'il a traités. Déjà du vivant de l'auteur, beaucoup de tableaux inauthentiques circulaient sous son nom, ce qui le détermina à faire des esquisses de toutes ses œuvres et à les réunir dans un livre qu'il intitula Liber veritatis, et qui est devenu la propriété des ducs de Devonshire. Il a été reproduit par la gravure et publié par Earlom, en 1774, à Londres; il ne renferme pas moins de deux cents esquisses des tableaux originaux de Claude Lorrain.

LORRAINE (La Réforme en). « Entre les parties de l'Europe, le pays de Lorraine est l'un de ceux ausquels le Seigneur a moins voulu despartir de ses grâces spirituelles, soit ou pour l'iniquité, pour l'impiété du peuple adonné à l'idolatrie, ou soit pour l'injustice des magistrats ordonnez sur iceluy, ou autrement pour les causes à luy cogneues, pour lesquelles il exerce son juste jugement sur ceste nation. Et tant s'en faut que ce pays aveugle ait voulu tenir conte des advertissements à luy faits par vrais ambassadeurs et prophètes du Seigneur qu'au contraire s'opposant à iceux, il les a persécutez et en a fait mourir plusieurs par feu et autres supplices, tant à Nancy comme à Saint-Mihiel, Mirecourt et ailleurs » (Crespin, Hist. des martyrs, 1582, fo 553). Telle est, en résumé, l'histoire de la Réforme en Lorraine. Théodore de Bèze n'en dit rien et Dom Calmet presque rien (Hist. de Lorr., 4 vol. in-f). Jusqu'au dix-neuvième siècle il n'y eut aucune Eglise évangélique dans les duchés de Lorraine et de Bar. La maison ducale, à laquelle se rattachait la famille des Guise et qui compta durant le seizième siècle nombre de cardinaux, d'évêques, de religieux, de religieuses et même un jésuite, était entièrement dévouée à l'Eglise romaine, dévote et fanatique malgré des mœurs peu recommandables, et la population finit par partager l'hostilité de ses princes. Les historiens lorrains modernes. qui écrivent moins l'histoire que le panégyrique des ducs, se montrent aussi hostiles à la Réforme que s'ils vivaient au seizième siècle et en parlent en termes qui dénotent autant de passion que d'ignorance. A cette époque la Lorraine n'avait pas d'évêque. Les terres des deux duchés ressortissaient aux diocèses de Metz, de Toul et de Verdun. Le clergé était ignorant et dissolu (Arch. dép.). L'évêque de Toul dut joindre aux statuts synodaux, publiés par lui en 1515, une traduction française à l'usage des prêtres nombreux ne lisant pas le latin. Le terrain n'était pas moins bien préparé qu'ailleurs à recevoir le semence évangélique. Si les documents font défaut on a le témoignage irrécusable des ordonnances destinées à arrêter les progrès de la Réforme. Dès le 23 déc. 1523, le duc Antoine, qui devait en 1525 battre en Alsace et refouler les rustauds ou paysans révoltés qui envahissaient ses états, « cet autre Josué et Machabaeus, le premier bouclier de l'Eglise, Charles-Quint n'étant que le deuxième » (du Boulay, La Vie et trépas des deux princes de paix le bon duc Antoine et le saige François 1er, 1547, in-4°; Volcyr, L'Hist. et récit de la triomphante et glorieuse victoire « obtenue contre les seduyts et abusez lutheriens mescréans du pays d'Aulsays par T. H. et T. P. princ. et S. Anthoine duc de Calabre, Lorr. et Bar en deffendant la foy, etc. » par Nic. Volcyr de Sérouville, sec. et historiog. du duc Antoine, 1526, in-4°), publia une ordonnance, datée de Nancy, portant défense « qu'il ne soit presché ne tenu sermon, parole ne devis quelconque, publicquement ni à part des faits, œuvres dudit M. Luther... et tous prélats, prieurs, religieux, séculiers, mendians, chanoines, prêtres, gentilshommes, nobles et non nobles, officiers, gens roturiers ou autres... aient livres, papiers, œuvres ou enseignements des faits,

œuvres ou hérésies dudit M. L. et adhérens, complices et entremetteurs de sa secte...» à peine de confiscation des corps et biens. (Rogéville, Dict. hist. des ordonn. et tribunaux de la Lor. et du Barrois, 2 vol. in-4o, 1757). C'est en vertu de cette ordonnance que « plusieurs luthériens furent prins pour avoir tenu et presché la secte de L. faulse et réprouvée, lesquels pour estre brulez, pendus et décapités ne se voulurent confesser ne changer leurs pensées ains moururent obstinés en leurs erreurs et faulsetés... par quoy donc chacun doit bien penser quelle secte c'est que Luther a mis sus avec la malédiction de ses malheureux insectateurs et hérétiques par lesquels toute la chrétienté est empoisonnée » (Volcyr, f°97). Il s'agit sans doute de W. Schuch, brûlé à Nancy le 19 août 1525 (Crespin, f 88) et de Châtelain, brûlé à Vic la même année (id. f° 87). Antoine renouvela ses défenses le 13 octobre 1539 et ses successeurs persévérèrent dans les mêmes sentiments (sept. 1544, 24 déc. 1545, 6 mai 1566, 14 sept. 1572, 22 fév. 1582, 17 déc. 1585, 12 déc. 1586, 22 mars 1587, 15 janv. 1588, 23 oct. 1295. Recueil des ordonn. de Lorraine) sans qu'aucun d'eux ait jamais promulgué un seul édit de tolérance. En 1545, J. Chobart, maître d'école, fut brûlé à Saint-Mihiel. Néanmoins il est à remarquer qu'il y eut peu de supplices, les princes lorrains préférant sans doute le bannissement et la confiscation. Ces ordonnances occasionnèrent l'établissement de bien des réformés lorrains à Metz ou dans les Eglises des contrées voisines mais n'arrêtèrent pas tout d'abord la propagation de l'Evangile. En 1558, l'évêque de Verdun, Psaume, dut charger le cordelier Roger Lebeau des fonctions d'inquisiteur. Il y avait des réformés jusque dans la ville et quelques seigneurs des environs faisaient prêcher des ministres dans leurs châteaux en 1563. En 1605, l'évêque et son clergé prièrent le roi de déclarer que l'Editde Nantes ne concernait pas Verdun, la foi catholique s'y étant conservée intacte (Hist. eccl. et civ. de Verdun, par un chanoine, Paris, 1745, in-4°). En ce même temps, l'Evangile comptait des adhérents le long de la Meuse, en amont de Verdun. Une supplique fut adressée au duc de Lorraine par environ deux cents habitants de Saint-Mihiel et des alentours, pour obtenir l'exercice de la religion. Sur une copie qui en existe (Arch. de la Moselle, fonds G. Collège) on lit les noms de onze nobles, de six avocats, de marchands, artisans, etc., parmi lesquels celui du sculpteur lorrain Ligier Richier, l'auteur du célèbre Saint-Sépulcre de Saint Mihiel et d'autres ouvrages admirés à Nancy, Bar, etc. (D. Calmet, Bibl. lorr., Nancy, 1751, in-f). La supplique n'aboutit pas. A Toul on comptait quarante deux familles réformées et quatre chanoines favorablement disposés. Le 18 mars 1561, des bourgeois joints à quatre-vingts soldats brisèrent les images. En 1562, trois ministres de Metz prêchaient et faisaient la cène dans les maisons. Chassés de la ville en 1563, les huguenots s'établirent au dehors; rentrés en 1564 ils sortirent définitivement en 1569 sur l'ordre de Charles IX (Hist. eccl. et politiq, de la ville et du diocèse de Toul, par Benoit, Toul, 1707, in-4°). En 1566, on surprit une assemblée à Foug. En 1560, à Pont-à-Mousson, «< deux scé

lérats, dit Abram » (Historia universitatis mussipontanæ, manuscrite), prêchaient les doctrines réformées, François Etienne dans les églises, où il disait la messe, l'autre rue des Béquilles. -Au même temps, dit Crespin, il y avait à Saint-Nicolas-du-Port un certain nombre de réformés qui d'abord édifiés par Louis Des Mazures, secrétaire du duc de Lorraine, furent visités par Franç. Christophe, l'un des pasteurs du pays messin. Averti des assemblées qui s'y tenaient, le bailli de Nancy vint pour arrêter le pasteur et les principaux qui s'échappèrent. Mais Florentin l'épinglier fut saisi et pendu. En 1564, le ministre Jean de Madoc, venu de Genève pour visiter les réformés de Saint-Nicolas et Lunéville, fut surpris et étranglé. Plusieurs gentilshommes lorrains, les sieurs de Haraucourt, Ant. de Saussure, grand-fauconnier, Duchastelet, sieur de Deuilly, sénéchal, Roussel de Wernéville, etc. J. B. Duchastelet fut ministre à Metz, 1565 et à Nérac, 1592 (Bulletin du prot. fr., 1876, p. 546). D'aussi beaux débuts avortèrent. On ne trouve presque plus de traces de la présence des réformés en Lorraine. Les ducs n'en continuèrent pas moins de défendre leur pays contre les doctrines évangéliques. En 1572, le duc Charles II dans le but d'opposer une digue à l'hérésie, fonda à Pont-à-Mousson une université où il appela soixante-dix jésuites, en leur accordant de grands privilèges (Rogéville, II, 499). Les collèges de Nancy (1616), de Bar (1617), Bouquenom (1630) furent confiés au même ordre. Le pape Grégoire, appréciant Charles comme un des plus chauds défenseurs de la foi, voulait qu'il s'associat au roi Jean III de Suède pour y restaurer le catholicisme. Il lui écrivit en ce sens le 28 avril 1581, mais le duc était en de fâcheuses affaires et déclina l'invitation. Si les réformés espérèrent lorsque la sœur d'Henri IV épousa le duc de Bar, leur illusion dura peu. Catherine ne put célébrer son culte au palais ducal et résida soit à Bar, soit à la Malgrange, près Nancy. Elle y faisait prêcher et célébrer la cène dans ses appartements par des pasteurs attachés à sa personne ou venus de Metz et d'ailleurs (Bulletin, V, 148. Extraits des regist. du conseil de l'Eglise recueillie en la maison de Madame). Elle avait dù promettre de se laisser instruire dans la religion romaine et d'assister à des conférences entre des théologiens des deux Eglises. Toutefois elle demeura ferme, selon sa promesse à Du Plessis-Mornay « qu'elle irait à la messe lorsqu'il la dirait » (voyez la Conference faite à Nancy entre un jésuite accompagné d'un capucin et deux Min. de la P. de D., décrite par Jacq. Couët, Parisien, Bâle, 1600, in-12). Elle mourut d'ailleurs dès le 13 février 1604 et les Lorrains témoignèrent si peu de douleur qu'il fallut, dit-on, défendre « de paraître ni aller en mascarades, mener fêtes avec tambours, fifres, violons ni danser en public pendant le carnaval de 1604 » (Châteaufort, Recueil d'anc. ordon., II, f. 118). En 1614 le clergé demanda aux états de renouveler les ordonnances contre les réformés. C'est ce qui eut lieu, le 12 février 1617 (Rogéville, I, 573). On trouve encore des ordonnances datées du 5 octobre 1624, 26 octobre 1626, 5 octobre 1629, dans les années suivantes, encore jusqu'en 1668. La dernière est celle

qui, en 1698, expulsa les protestants que les chanoines de Beaupré toléraient sur leurs terres pour les cultiver. Durant le dixseptième siècle, il y a quelques procès d'hérésie: contre un cordonnier de Stenay en 1626, un habitant de Malzéville en 1629, mais une multitude de condamnations pour crimes de magie et sortilèges qu'un historien lorrain attribue à l'influence malfaisante des doctrines réformées, et qui continuèrent même après que Charles IV, aussi libertin que dévot, eut attribué la souveraineté de ses états à la sainte Vierge, en 1669. A défaut d'Eglises dans la Lorraine proprement dite, nous en rencontrons quelques-unes dans des terres acquises postérieurement à l'introduction de la réforme : Comté de Salm, à Badonviller et au val de Senones il y a des réformés dès 1540 et une Eglise en 1550. Mais l'héritière du comté ayant épousé François de Vaudémont, les réformés furent opprimés jusqu'à ce qu'après une mission du père F. Fourrier et des jésuites le culte fut interdit et les temples fermés, 12 mars 1625 (pasteurs : Jean Figon, 1565-1578 ; J. Chassanion, 1590; Denys Le Baulme, 1591; Lepois, 1594; Barthol, 15971600). Lixheim n'était au seizième siècle qu'une abbaye de bénédictins où Wolfgang Musculus, de Dieuze, fut gagné aux doctrines évangéliques et les prêcha. Le prince palatin Frédéric V fonda la ville en 1608 et y assura un refuge aux réformés fugitifs par une charte du 22 octobre 1609. Ayant vendu sa principauté au duc Henry II, celuici la donna à Henriette de Lorraine, 'épouse du comte de Phalsbourg. Dès lors les réformés furent malmenés mais se maintinrent néanmoins jusqu'à nos jours. En 1657 elle y fonda une abbaye de tiercelins dont les bâtiments appartiennent aujourd'hui à la communauté évangélique (pasteurs : Anguenet, 1670, 1631; J. Ph. de la Part, 1656; Rochard, 1685). Fénétrange. La réforme y fut introduite en 1565 par les Rhingraves qui donnèrent aux réformés la collégiale et les églises de Lohr, Schalbach et Wittersheim. Mais la veuve de Philippe tué à Moncontour, Diane de Dommartin ayant épousé en 1570 Ch.Ph. de Croy, les biens d'Eglise furent partagés entre les de Croy catholiques et les comtes luthériens et le catholicisme rétabli. Les deux cultes y subsistèrent dès lors simultanément. Phalsbourg, bâti en

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1570 par Louis le Pacifique, électeur palatin, pour servir de refuge aux réformés. Dès 1573 il s'y trouvait deux communautés, l'une française, l'autre allemande. En 1584 le comte G. Jean vendit sa part au duc de Lorraine qui y établit le catholicisme, bannit les réfugiés, en expulsa de nouveaux en 1618, y envoya des livres de controverse aux curés, des missionnaires prêcher et disputer en public. Il y resta néanmoins des réformés jusqu'en 1725 qu'abjura la dernière Esther Marin. On cite parmi les pasteurs Olivier Valin (après 1572) Massin, (1600), Brazy (1621-1626). Ce dernier, assisté de Bouchard, médecin, eut à soutenir une dispute publique avec un jésuite et un curé dont diverses relations furent publiées (Balaam et son compagnon arrestez par l'espée de l'ange de Dieu, « ou les sieurs Nic. Oudé jésuite et Dominiq. Didelot curé à Pfalzbourg, frappez par le glaive à deux tranchants de J.-C. l'ange du grand conseil, etc., par Jean Brazi, min. de la P. de D. en

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