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de la nature divine et humaine subsistait en Christ même pendant sa mort. Une vive controverse s'engagea au sujet de cette distinction subtile digne de l'ancienne scolastique. Lütkemann dut quitter Rostock sous la menace d'un procès d'hérésie ; il accepta les fonctions de surintendant général et de prédicateur de la cour à Brunswick, qu'il remplit avec le plus grand zèle et mourut en 1655. Indépendamment d'un certain nombre d'écrits philosophiques et dogmatiques, notre auteur publia des ouvrages ascétiques qui jouirent d'une grande popularité, en raison de l'expression vive et souvent pittoresque qu'il avait su donner à ses sentiments religieux. Son Avantgoût de la bonté divine (Wolfenb., 1643) eut de nombreuses éditions et exerça une influence très bénie dans toutes les parties de l'Allemagne. Il en fut de même de son traité Du Paradis terrestre, souvent joint, comme appendice, au Vrai christianisme d'Arndt, de sa Lyre à dix cordes, de ses Sermons et de ses Odes spirituelles. Voyez Rethmeyer, Nachricht von den Schicksalen, Schriften u. Gaben Lütkemann's, Brunswick; Tholuck, Das academ. Leben im 17 ten Jahrh., II, 109 ss., et l'article de Dilthey dans la Real-Encykl. de Herzog, VIII, 536.

LUTZ (Samuel), l'un des représentants les plus éminents du piétisme suisse. Né en 1674 à Biglen, dans le canton de Berne, où son père était pasteur, il se lia pendant ses études avec les piétistes et les séparatistes qui propageaient leurs doctrines dans les divers cantons de la Suisse, non sans subir, à Berne surtout, de violentes persécutions. Successivement pasteur à Yverdon, à Amsoldingen et à Diessbach, Lutz déploya ne activité pastorale abondamment bénie, et mourut en 1750. Il prêchait avec une ardeur de conviction entraînante, opposant la vie en Dieu avec ses saintes obligations à la sécurité pharisaïque d'une sèche orthodoxie. Les meilleurs de ses nombreuses écrits ascétiques ont été réunis sous le titre : Ein wohlriechender Strauss von schonen u. gesunden Himmelsblumen, Bâle, 1737, 2 vol.

LUTZ (Jean-Louis-Samuel), savant théologien bernois. Né en 1785, il fit ses études à Berne, à Tubingue et à Gættingue, s'occupant de préférence des langues orientales. D'abord pasteur, puis professeur à l'université de sa ville natale, Lutz enseignait avec un grand succès les diverses branches de la théologie, mais surtout l'exégèse, et prit une part active au gouvernement ecclésiastique du canton. Il mourut en 1844, en laissant la réputation d'un noble caractère, dans lequel la piété et la science, associées à une activité pratique infatigable, se secondaient admirablement, sans se contrarier jamais. Ses disciples ont publié après sa mort une Dogmatique biblique (1847) et une Herméneutique biblique (1849), qui ne sont pas sans valeur.

LUXEMBOURG (Statistique ecclésiastique). Le recensement de 1875 donne au grand duché de Luxembourg une population de 205,158 habitants, savoir: 203,623 catholiques, 833 protestants, 17 chrétiens d'autres confessions, 661 israélites et 24 individus dont la religion. n'a pu être déterminée. L'immense majorité du pays est, on le voit, catholique; mais la constitution du 17 octobre 1868 reconnaît plei

nement la liberté des cultes et toutes ses conséquences. Dans la hiérarchie catholique, le grand duché forme l'évêché de Luxembourg créé par le pape Pie IX le 27 juin 1870, en remplacement de l'ancien vicariat apostolique de Luxembourg. Le clergé appartient à la tendance ultramontaine. Le gouvernement, tout en contenant les cléricaux dans de justes bornes, laisse cependant à l'Eglise une liberté fort étendue, au grand profit de la paix publique et de la prospérité du pays. Le mouvement vieux-catholique allemand a cherché à s'étendre dans le grand duché, mais il n'y a trouvé que peu d'écho. Le protestantisme n'est représenté que par une petite Eglise réformée dans la ville de Luxembourg. Le service des cultes figure au budget de 1879 pour 405,750 fr. - Bibliographie: Almanach de Gotha, 1880; Martin, The Statesman's Yearbock, 1880; Bijdragen tot de Algemeene Statistick van Nederland, Jaargang, 1877; Staats-Almanak poor het Koningrijk der Nederlanden, 1879.

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LUXEUIL (Luxovium, Haute-Saône), célèbre abbaye située au diocèse de Besançon. Colomban, ou Colomba, quittant avec douze moines l'Irlande où il avait été instruit à Bangor auprès de saint Comgall, débarqua en Gaule vers 585 et établit ses compagnons dans les déserts des Vosges, à Annegray d'abord, puis bientôt à Luxeuil, autrefois renommé pour ses eaux thermales et où les idoles remplissaient encore les forêts, et à Fontaine. A ces trois couvents, il donna une règle (Holste, Codex Regularum) remarquable par son austérité, et toute entière dirigée vers l'obéissance et le travail. Bientôt il y eut à Luxeuil trois cents moines. L'attachement de Colomban aux modes religieuses de l'Irlande, le secret de sa maison, servirent de prétexte à la haine de Brunehaut, qui, vers 610, le fit chasser avec ses compagnons ; c'est alors qu'il alla prêcher la Mission en Alémanie, et fonda à Bobbio le couvent, frère de Luxeuil où il mourut le 12 novembre, probablement en 615 (voyez G. Hertel, Ueber d. H. Colomba, Zeitschr. f. hist. Theol., 1875, III; la vie de Colomban, écrite trois ans après sa mort, par Jonas de Suse, dans Mabillon, AA. SS. Ben., s. II, et Fleming, Collectanea Sacra, seu S. Col. Acta et opusc., Louvain, 1667, in-f3). En quittant Luxeuil, le moine irlandais laissa aux siens l'épitre Ad discipulos et monachos suos. Eustaise, son disciple, qui lui succéda, fut bientôt le chef de six cents moines; Jonas, qui écrivit sa vie (Mabillon, ib.), raconte comment il eut à lutter, au synode de Mâcon (vers 630), contre un moine, ancien courtisan, Agrestinus, qui voulait renverser la règle de saint Colomban. Saint Valbert (Waldebertus) fut le troisième abbé de Luxeuil. On montre, au village qui porte son nom, l'ermitage où il faisait son séjour. Sa Vie, écrite par un moine de Luxeuil, Adson Derbensis, abbé de Montier en Der(Mabillon, .., III, 2), auteur bien connu (list. litt. Fr., IV), se place à côté des œuvres de Jonas pour nous retracer les origines de la vie monastique dans notre pays. Callo, ou saint Gall, saint Germain et Déicole qui fondèrent Moutiers-Grandval et Lure, et les fondateurs de Corbie et de presque tous les grands monastères de France sont sortis de Luxeuil. On compte quarante-sept saints parmi les moines de cette

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abbaye; cinquante-quatre couvents suivaient les statuts de Luxeuil. Saint Léger y fut moine, Ebroïn y fut enfermé. Bathilde enrichit l'abbaye, déjà célèbre par son école, qui nous a laissé tant de beaux manuscrits. La Bibliothèque nationale a pu replacer cette année aux côtés du Lectionnaire de Luxeuil (septième siècle, publiés dans Mabillon, de Lit. Gall.; cf. U. Robert, mss. relat. à la Fr. Comté, P., 1878) le bel Evangéliaire de l'abbé Gérard (vers 1050; Bibl. A. F. Didot, catalogue illustré, 1879; cf. Martène et Durand, Voy. litter., I; Delisle, Mélanges de Paléogr., 1880, et Le Cabinet des mss., III, 1880, in-4°) qui porte inscrits ces mots :

Luxovii pastor Gerardus lucis amator

Dando Petro librum lumen michi posco supernum.

Constantin, écolâtre de Luxeuil vers 1004, mérita d'être pleuré par Henri II: Dolet nusquam inveniri similem Contantio, Anségise (voyez ce nom) en 817, puis Pierre le Vénérable furent chargés de relever la discipline du couvent. Le célèbre cardinal Jouffroy (+1473), Granvelle, plus célèbre encore (1586), en furent abbés. En 1636, Luxeuil accepta la réforme de saint Vanne. Il reste aujourd'hui de l'abbaye une remarquable église, dédiée à saint Pierre, un beau cloître et beaucoup d'antiques souvenirs. L'histoire de Luxeuil n'a pas été écrite. M. de Beauséjour, curé du lieu, en prépare une monographie; on peut consulter les notes de dom Besancenot (Bibl. Nat., lat. 12.678; le manuscrit de dom Grappin et la collection Droz à Besançon; Fleming, cité plus haut, et M. Hauréau, Gallia Christiana, XV; Delisle, Le Cab. des mss., II, 1874; le P. Lelong; Montalembert, Les Moines d'Occident. S. BERGER.

LUYNES (Louis-Charles d'Albert, duc de), pair de France, fils unique de Charles d'Albert, duc de Luynes, connétable de France, naquit à Paris, le 25 décembre 1620 et mourut le 10 octobre 1690. Elevé d'une manière chrétienne, il montra d'heureuses dispositions dès son enfance. D'un caractère doux et recueilli, on le vit, dès ses premières années, manifester les sentiments d'une profonde piété. Devenu plus tard fauconnier de France, puis mestre-de-camp et chevalier des ordres du roi, il se distingua par des actes de bravoure à l'attaque du camp d'Arras par les Espagnols. Marié trois fois, il eut plusieurs enfants de ses deux premières femmes Louise-Marie Séguier et Anne de Rohan. Il avait épousé cette dernière, quoiqu'elle fût sa tante et sa filleule. Pour contracter ce dernier mariage, il lui fallut obtenir une dispense pour l'obtention de laquelle il dépensa des sommes considérables; il donna, rien qu'au nonce qui l'avait servi dans cette circonstance, la somme énorme de quinze mille livres. Il s'était lié d'une amitié intime avec les solitaires de Port-Royal, mais ceux-ci, ayant désapprouvé cette seconde union, il en résulta un refroidissement passager dans leurs relations. Le duc de Luynes avait fait construire près du célèbre monastère, le château de Vaumurier, pour être plus rapproché de ces solitaires, avec lesquels du reste il soutint les rapports les plus affectueux jusqu'à sa mort. Il a laissé plusieurs ouvrages, presque tous composés d'après les avis ou sous la direction

des docteurs de Port-Royal, en voici la liste: 1° L'office du Saint Sacrement pour le jour de la fête et toute l'octave, « avec trois cent-douze nouvelles leçons tirées des saints Pères et auteurs ecclésiastiques des douze premiers siècles: pour tous les jeudis de l'année » etc., traduit en français, Paris, 1659, 2 vol. in-8° et in-4° (?). Le second volume porte pour titre : Tradition de l'Eglise touchant l'Eucharistie, recueillie des saints Pères et autres auteurs ecclésiastiques: divisée en cinquante-deux offices; c'est la traduction française faite par notre auteur, de l'ouvrage latin composé par Antoine Le Maître (voyez ce nom). La préface, qui était de Nicole, en fut supprimée, on ne la trouve que rarement dans les exemplaires de ce livre. La table historique et chronologique qui est à la fin du second volume est d'Antoine Arnauld; 2o Divers ouvrages de piété, tirés de Saint Cyprien, Saint Basile et autres, Paris, 1664, in-8°; 3° Les quarante Homélies de Saint Grégoire le Grand sur les évangiles de l'année, Paris, 1665, in-4°; 4° Les morales de saint Grégoire le Grand, pape, sur le livre de Job, 1666, in-4°. On en a extrait la Morale pratique, Paris, 1697, 2 vol. in-12; 5° Sentences, prières, et instructions chrétiennes tirées de l'ancien et du nouvenu Testament, Paris, 1676, in-12; 6° Sentences et instructions chrétiennes tirées des anciens Pères de l'Eglise, Paris, 1680, nouv. éd., 1690, 2 vol. in-12; 7° Sentences et Instructions chrétiennes tirees des œuvres e saint Jean-Chrysostome, patriarche de Constantinople, Paris, 1682, 2 vol. in 12; 8° Sentences et Instructions chrétiennes tirées des œuvres de saint Augustin, Paris, 1677; nouv. éd., 1734, 2 vol. in-12; 9° Sen ences et instructions chrétiennes tirées des œuvres de S. Grégoire le Grand, pape, et de S. Paulin, évêque de Nole, Paris, 1701; nouv. éd., 1734, 1 vol. in-12; 10° Sentences et Instructions chrétiennes tirées des œuvres de SaintBernard, Paris, 1709, 1 vol. in-12; 11° Sentences tirées de Ecriture Sainte et des Peres, appropriées aux fêtes des Saints, Paris, 1648, nouv. éd., 1703, in-12. Presque tous les ouvrages qui précèdent ont été publiés sous le pseudonyme du « sieur de Laval;» le duc les avait traduits à la prière de sa femme, la première duchesse de Luynes, qui souhaitait nourrir sa piété aux bonnes sources; 12° Instruction pour apprentre à ceux qui ont des terres dont ils sont seigneurs, ce qu'ils pourront faire pour la gloire de Dieu et le soulagement du prochain, Paris, 1653, in-4o; cet ouvrage a été republié plus tard sous le titre suivant : Des devoirs des seigneurs dans leurs terres, suivant les ordonnances de France, Paris, 1668, in-12, et 1687, in-12; 13° Les méditations met hy ques de Descartes, traduites en français, Paris, 1647, in-4°. Le duc de Luynes prit une large part aux travaux de traduction qui donnèrent le Nuveau Testament de Mons, dont Sacy fut le principal traducteur (voir Le Maître de Sacy). A. MAULVAULT.

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LYCAONIE (Auxaovía), province de l'Asie Mineure, dans laquelle l'auteur des Actes (XIV, 6. 11) place les villes de Lystre et de Derbe, qui faisaient, du temps de l'apôtre Paul, partie de la province de Galatie, (Pline, 5, 42; Strabon, 12, 569). Il est même possible que le nom de Lycaonie était moins une dénomination administrative qu'ethnographique. La chaîne du Taurus la séparait de la Cilicie et formait une

série de plateaux dont le sol était fortement imprégné de sel et qui n'offraient que peu de sources dont l'eau fût potable. Les habitants s'occupaient principalement de l'élève des moutons. L'idiome lycaonien (Act. XIV, 11) se rapprochait soit de l'assyrien, soit du grec (voy. Iken, Nov. Thesaur., II, 639 ss., où se trouvent les dissertations de Jablonsky et de Guhling, Wittemb., 1726, qui défendent chacun l'une de ces deux hypothèses). Comme province ecclésiastique, la Lycaonie a pour métropole Iconium.

LYCIE (Auxía), province de l'Asie Mineure, située sur la côte sudouest, en face de l'île de Rhodes, traversée par la chaîne du Taurus et arrosée par le Xanthus. Elle confine à l'ouest à la Carie, au nord à la Phrygie et à la Pisidie, à l'est à la Pamphylie, au sud à la mer Méditerranée (mare Lycium), dont la côte offre quelques ports commodes (Strabon, 14, 664; Pline, 5, 27). Les Lyciens étaient un peuple marin (Hérodote, 7, 92). Ils furent soumis à l'empire romain par Claude et administrés, concurremment avec la Pamphylie, par un præses ou legatus (Pline, 12, 5; 13, 27). La Lycie est mentionnée dans 1 Mach. XV, 23, et dans Actes XXVII, 5.

LYDDE (Lod; Auôda, Auson; Lydda; en arabe, Lodd, Lodda), ville de Palestine, occupée dans les temps qui suivirent l'exil, par les Benjamites (2 Chron. VIII, 12; Esdras II, 33; Néh. XI, 35). Elle était située près de Joppé, sur la route de Jérusalem à Césarée (Actes IX, 38), à environ une journée de marche de la capitale. Elle devint, sous les rois syriens, une toparchie de la Samarie; mais Démétrius Soter la rattacha à la Judée et la donna en propriété à Jonathan (1 Mach. XI, 34; cf. X, 30. 38). Dans la dernière guerre des Juifs, le général Cestius la réduisit en cendres (Josèphe, De bello jud., 2, 19. 1), mais elle se releva de ses ruines et porta pendant quelque temps le nom de Diospolis. Après la ruine de Jérusalem, les Juifs y établirent une académie. où les fameux rabbins Akiba et Tarphon ou Triphon donnèrent des leçons publiques (Lightfoot, Hor. hebr., 35 ss.). A dater du quatrième siècle Lydde devint le siège d'un évêché, et au cinquième elle acquit une grande célébrité par le concile qui y fut tenu contre Pélage en 415. - Voyez Reland, Pulæst., passim; de Commandeville, Première table alphab., p. 144; Volney, Reise, II, 247, etc., etc.

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LYDIE (Audix), contrée située à l'ouest de l'Asie Mineure, que le roi Antiochus le Grand, lorsqu'il fut vaineu par les Romains, dut céder au roi de Pergame Eumène. Après la mort d'Attale III (133 av. J.-C.) elle fut réunie avec tout l'héritage d'Eumène à l'empire romain et devint partie intégrante de la province d'Asie (Ptolémée, 5, 2). Parmi les villes lydiennes on cite Sardes, Thyatire, Philadelphie et d'autres. Les habitants de la Lydie avaient une ancienne et persistante réputation de mollesse (Hérodote, 1, 93; Pline, 5, 30, etc.); mais ils étaient aussi renommés pour leur industrie et leur commerce.

LYDIE, marchande de pourpre de Thyatire (Actes XVI, 14) qui donna l'hospitalité à l'apôtre Paul pendant son séjour à Philippes, en Macédoine. Quelques commentateurs prennent à tort le mot de Audíx pour un adjectif, une Lydienne, parce que la Lydie était célèbre par

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