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Vérone, 1754; Elogio del marchese Maffei, Vérone, 1784; Bougainville,
Eloge de Maffei. Histoire de l'Académie des Inscriptions, T. XXVIL.
P. LONG.

MAGDALA, Maydaλa, village de la Galilée, non loin du lac de Tibériade (Matth. XV, 39; cf. Marc, VIII, 10 où nous lisons Dalmanutha), patrie de Marie Madeleine, ainsi que de plusieurs rabbins mentionnés dans le Talmud (voyez Lightfoot, Opp. II, 226). C'est à tort que Cellarius (Geogr. Antiq., II, 549) et d'autres ont placé Magdala sur la rive orientale du lac. Les géographes modernes l'identifient, non sans vraisemblance, avec le village actuel de Madschdel, situé à six kilomètres de Tibériade, sur la rive occidentale, à deux lieues de l'endroit où le Jourdain sort du lac (Othon, Lexic. rabbin., 401; Burckhardt, Reise, II, 559; Robinson, Palæstina, III, 530 ss.).

MAGDEBOURG (Centuries de). Voyez Centuries.

MAGIE. On désigne sous ce nom une science chimérique que pendant des siècles, on a cru capable de donner à ceux qui la possèdent la puissance de commander aux éléments, de lire dans l'avenir, d'évoquer les morts, de disposer à volonté de la vie des hommes et des animaux, en un mot de produire des effets contraires au cours ordinaire des choses ou, comme on dirait aujourd'hui, aux lois de la nature. Ce mot nous vient du latin magia, qui était lui-même une transcription du grec pasía. Le terme grec paysía ne servit d'abord qu'à désigner la religion, la liturgie, en général la science des prêtres de la Perse et de la Chaldée, appelés indistinctement par les Grecs des mages, et était la forme hellénique du zend meh ou mah (prononcez megh ou magh) qui signifie grand, excellent et que les prêtres mazdéens se donnaient à eux-mêmes à l'époque où la Grèce entra en rapport avec la Perse. Mais comme les Grecs trouvèrent quelque analogie entre les prières que les mages répétaient le plus fréquemment et qui étaient destinées les unes à mettre en fuite les esprits du mal et les autres à s'assurer du secours des esprits du bien, et les formules dont se servaient les devins de leur propre pays, le mot μzyɛíz finit par prendre le sens de science des évocations, des conjurations et des enchantements. Cette prétendue science, bien avant de recevoir le nom que nous ont légué les Grecs et qui lui est resté parmi nous, existait non seulement dans la Grèce (l'Iliade et l'Odyssée contiennent de nombreuses descriptions d'enchantements et d'autres prodiges qui en sont l'œuvre), mais encore parmi les peuples les plus anciens de l'Asie. Il n'est pas de religion dans l'antiquité qui ne tienne par quelques côtés aux arts magiques. Les prètres y sont presque toujours des devins, des interprètes des songes, des exorcistes, des guérisseurs par incantation. Dans le Rig-Véda, il est question des saints personnages qui donnent la mort aux Rakchasas (esprits malfaisants) et qui chassent les maladies, dont on rapporte la cause à esprits (sect. VIII, lect. V, hymn. 3, § 6 et ss.). Les imprécations sont regardées comme funestes à ceux contre qui elles sont prononcées (ibid. § 16). Il y est parlé de magiciens (sect. I, lect. I, hymn. 5, § 7; sect. I, lect. III, hymn. 1, § 12; sect. I, lect. IV, hymn. 5, § 5, etc.)

et de talismans qui préservent de certains maux (sect. VIII, lect. III, hymn. 5, § 4). On y trouve un hymne pour la guérison des maladies (sect. VIII, lect. VIII, hymn. 21, § 1-6); il y en a un pour chasser le sommeil (sect. VIII, lect. VIII, hymn. 22, § 1-5). On a déjà vu que les prêtres des Mèdes et des Perses étaient pour les Grecs des types d'enchanteurs et des magiciens. Ajoutons que Zoroastre devint, dans la Grèce et à Rome, l'inventeur de la magie. On sait que dans l'antiquité classique, on tenait les Chaldéens pour des astrologues, et qu'on leur attribuait l'invention de l'art de dresser des thèmes de nativité et d'en tirer la prévision des destinées des individus. Les Assyriens voyaient dans les rêves des révélations divines, et à la cour de Babylone les interprètes des songes avaient une position officielle (Daniel, II, 1-16, 24-25; IV, 4-28; V, 11-29; Diodore de Sicile, II, 29). Les prêtres égyptiens possédaient, comme les Chaldéens, des secrets pour opérer des prodiges (Exode VII, 11 ss.; Diod. de Sicile, I, 81). Même chez les Hébreux parmi lesquels la magie était sévèrement interdite (Exode XXIII, 18; Lévit. XIX, 20 et 31; XX, 6 et 37; Deutér. XVIII, 10 et 11), non qu'elle fût reconnue pour une vanité ou pour une erreur, mais parce qu'on craignait qu'elle n'entraînât au culte de divinités étrangères, elle prit des développements extraordinaires. Il n'est pas une seule des superstitions de ce genre qui leur soit restée étrangère (Winer, Realwort., art. Wahrsager; Pauly, Real-Encycl., IV, 1381; I Sam. XXVII, 7-25; 2 Rois I, 2; XXI, 6; Esaie VIII, 12-15, 19; Jérém. XXIII, 25-27. 32; XXIX, 8 et 9; Mich. III, 7; Zach. X, 2, etc.; Josèphe, Archeol., VIII, 2, 5, où il représente Salomon comme le plus grand des magiciens; VI, 8, 3; Bell. jud., VII, 6, 3; Juvénal, Satir., VI, 542547). Ces absurdes croyances forment le fond des religions des peuplades sauvages et de celles des peuples barbares. Leurs prêtres prétendent être en rapport avec les puissances divines et posséder une science secrète au moyen de laquelle ils peuvent expliquer les songes, lire dans l'avenir, délivrer les malades des esprits qui les tourmentent, etc. (voyez sur les jongleurs, nom générique sous lequel la plupart des voyageurs et des missionnaires désignent les prêtres, Benj. Constant, De la religion, I, 320-364). — Le règne de la magie ne finit pas avec le triomphe de l'Eglise chrétienne; seulement celleci, pour distinguer les prodiges dont se vantaient les arts magiques de ceux qu'elle opérait elle-même, les attribua à l'influence du diable, influence à laquelle, d'ailleurs, elle rapportait aussi tous ceux qui s'étaient effectués parmi les païens ou qui pouvaient encore se produire parmi ceux qui n'avaient pas embrassé la foi nouvelle (voyez les remarques de Benj. Constant sur la répugnance invincible des missionnaires chrétiens à nier la réalité et le surnaturel des opérations des jongleurs, De la religion, I, note 1 des pages 326 et 327). Cette opinion, contre laquelle il ne s'éleva dans le sein de l'Eglise que quelques rares et impuissantes revendications (voyez entre autres le traité d'Agobard, Liber contra insulsam opinionem de grandine et tonitruis) amena naturellement la terrible législation qui, jusqu'au commencement du siècle dernier (un sorcier fut encore brûlé, par arrêt

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du parlement de Bordeaux, en 1718), a fait périr un si grand nombre de malheureux insensés. Aujourd'hui, les arts magiques ont perdu tout crédit chez les peuples civilisés; ils n'y comptent pas d'autres adeptes que quelques rares personnes qui s'en servent pour vivre aux dépens des bonnes âmes, et qui finissent d'ordinaire sur les bancs de la police correctionnelle, et que quelques esprits faibles que réclament les asiles d'aliénés. - Il y a eu cependant, au déclin du monde antique, à l'époque de la renaissance des lettres, et même de nos jours, des philosophes mystiques qui se sont imaginé qu'il y a au fond de la magie, abstraction faite sans doute des abus et des misères qui s'y sont attachés dans le cours des siècles, une science sublime par laquelle l'homme apprend à s'élever au-dessus de la nature et qui, disent les uns, a été communiquée à quelques grands esprits des âges primitifs par la divinité elle-même, tandis que, à ce qu'assurent les autres, elle serait l'effet des puissants efforts d'une certaine faculté supérieure de l'intelligence humaine. Ces rêveries des néoplatoniciens anciens et modernes, il ne nous a pas paru convenable de les passer sous silence; mais il est, ce nous semble, peu nécessaire de les réfuter. Contentons-nous de faire remarquer que l'hypothèse d'une révélation primitive n'a pas un seul point d'appui dans l'histoire, et que celle d'une faculté supérieure à la raison discursive est en opposition avec tout ce qu'on sait de plus certain sur la nature spirituelle et morale de l'homme. Il faut prendre parti entre ces deux affirmations ou la magie est un tissu de chimères, ou les sciences telles qu'elles sont sorties du travail séculaire de l'esprit humain ne sont qu'un amas d'erreurs et de non sens. Le choix ne peut être douteux. Pour d'autres philosophes, au contraire, elle n'est qu'un amas de fourberies imaginées par des hommes plus adroits ou moins ignorants que les autres, pour exploiter la crédulité publique (Encyclop. moderne par Courtin, XV, 431 et 432). Cette opinion ne nous paraît pas plus fondée que la précédente, et il est permis de s'étonner que Eus. Salverte qui était un esprit sérieux, l'ait adoptée, et que pour la soutenir, il ait consacré deux volumes (Des sciences occultes, Paris, 1829) à essayer de prouver que ceux qui l'exercèrent dans l'antiquité possédaient une foule de connaissances physiques, chimiques, météorologiques, etc., dont ils se servaient pour opérer de prétendus prodiges propres à frapper l'imagination de leurs dupes. Qu'il y ait eu une part de fourberie dans la pratique des arts occultes, on ne saurait le nier; comme aussi on peut accorder sans le moindre inconvénient que les corporations sacerdotales de l'antiquité avaient recueilli bien des faits plus ou moins scientifiques, entièrement ignorés des profanes. Mais après avoir fait les concessions les plus larges sur ces deux points, il faut bien reconnaître que les hommes, quelque ignorants, quelque crédules qu'on les suppose, ne seraient pas restés, pendant des siècles, les dupes de quelques expériences de physique et de chimie, et de quelques tours de prestidigitation, s'ils n'eussent été prédisposés par ce qu'on pourrait appeler un certain état d'esprit, à accepter, disons mieux, à provoquer toutes les chi

mères de la magie. C'est dans cet état d'esprit qui fut propre aux populations de l'antiquité, qui l'est encore aux peuplades sauvages et aux peuples barbares, ainsi qu'à tous ceux qui, de nos jours et au milieu de nous, vivent plus ou moins en dehors de la culture moderne, c'est, disons-nous, dans cet état d'esprit qu'il faut rechercher l'origine de la croyance aux arts magiques.- Les sciences modernes nous ont appris que la nature est régie par des lois fixes. Aristote pensait qu'il peut y avoir des exceptions (Ritter, Hist. de la philosophie ancienne, trad. franç,, III, 173), c'était laisser une porte ouverte aux superstitions magiques. Dans l'antiquité, on n'y voyait qu'un jeu continu de forces vivantes et libres (Renan, Revue des deux mondes, 1853, II, 830). Si les peuplades sauvages et les peuples barbares étaient capables d'exprimer une opinion sur ce sujet, on verrait qu'ils s'en font la même idée. On ne la considérait guère autrement pendant le moyen åàge, à de très rares exceptions près; et cette manière de voir est encore de nos jours celle des classes entièrement illettrées. Tous ces hommes primitifs ou incultes s'imaginent, comme le font les enfants, que tout ce qui les entoure agit comme ils se sentent agir eux-mêmes, c'est-à-dire par l'impulsion de passions, d'intérêts, de caprices analogues en tous points aux mobiles qui les poussent eux-mêmes à agir. Ils vivent dans un monde enchanté, et l'état d'esprit qui en résulte est précisément ce qui donne naissance à toutes les croyances magiques. Ces hommes sont irrésistiblement portés à attribuer les maux dont ils souffrent à l'inimitié de quelqu'un de ces. êtres vivants et libres au milieu desquels ils vivent, et les biens dont ils jouissent à la bienveillance de quelque autre qu'un heureux hasard a peut-être bien disposé à leur égard. Que peuvent-ils faire de mieux que de se conserver l'amitié de celui-ci, et de faire cesser la haine ou la jalousie de celui-là, ou dans les cas où on ne le pourrait, de les réduire à l'impuissance de leur nuire. Le commun des humains se sentira peut-être incapable d'entrer en lutte avec les esprits ennemis et d'entretenir de bons rapports avec ceux qu'il regarde comme des amis; mais il est impossible qu'il ne se rencontre pas des hommes hardis et entreprenants qui ne finissent par découvrir des moyens de plaire aux uns et de vaincre les autres. Qu'on ne les accuse pas d'être des fourbes; peut-être quelques coïncidences fortuites leur ont-elles fait croire qu'ils sont doués de facultés surnaturelles, ou qu'un être supérieur s'est rendu à leur vœux et leur a communiqué une puissance exceptionnelle. Il suffit d'ailleurs qu'ils le croient pour que les faibles et les timides accourent auprès d'eux pour les supplier de les délivrer des maux dont ils souffrent, ou les mettre hors d'atteinte des malheurs qui les menacent. Les procédés dont ils feront usage en général ne seront pas difficiles à trouver; ce seront ceux qu'on emploie envers les hommes dont on veut gagner la bienveillance, ou dont on éprouve le besoin de calmer ou de détourner la colère. Les auteurs des biens dont nous jouissons et des maux dont nous souffrons, ne sont-ils pas conçus comme des êtres vivants et libres, comme faits à l'image de l'homme? Des gestes et des paroles,

ou des rites et des formules, voilà d'abord tout l'art des magiciens. Ils trouveront sans doute, à mesure qu'ils approfondiront leur art, de nouveaux moyens d'en assurer le succès; quelques connaissances de météorologie, de physique, de chimie, dues au hasard, leur serviront à mieux convaincre la foule de leur puissance surnaturelle; la découverte des vertus de quelques plantes leur facilitera l'exercice de la médecine mystique, qui rentre dans leur art, comme aussi elle leur permettra de jeter ceux qui les consultent, dans un état pathologique favorable à leurs opérations. Mais à vrai dire, tout cela n'est qu'un accessoire de leur métier; l'essentiel est de connaître les rites et les formules d'incantation et de savoir les employer à propos. C'est par là qu'on chasse les mauvais esprits et qu'on obtient l'aide des bons. Les formules et les rites qui les accompagnaient se transmettaient de père en fils dans les familles où les facultés magiques étaient héréditaires; elles se conservaient avec soin dans celles des corporations sacerdotales qui étaient destinées à l'exercice de cet art. On en faisait remonter la connaissance à une antiquité reculée. La plupart des formules d'incantation semblent avoir été en des langues tombées en désuétude; elles étaient probablement des fragments plus ou moins altérés ou corrompus d'hymnes ou de prières des âges antérieurs. L'auteur du traité des Mystères égyptiens assure que les noms barbares, les noms tirés de l'idiome des Assyriens et des Egyptiens ont une vertu mystique qui tient à la haute antiquité de ces langues, et à l'origine divine et révélée de la théologie de ces peuples. Dans la Grèce, on ne doutait pas qu'on ne pût produire des effets merveilleux par des mots sacramentels empruntés à la langue de la Phrygie et de la Lydie (Alfr. Maury, Hist. des religions de la Grèce antiq., II, 159 et 160; La Magie et l'Astrologie, 53). Origène qui ne mettait pas en question la réalité des arts magiques, tout en étant persuadé qu'ils ne pouvaient rien contre les chrétiens (Contra Celsum, I, 24; VI, 41), pensait que les noms de Sabaoth et d'Adonaï, et les formules de « Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob, » d'un grand usage, à ce qu'il croyait, dans les incantations, surtout dans celles contre les démons et les puissances nuisibles, produisaient des effets extraordinaires (ibid., I, 22 et 24; IV, 33-35; V, 45), quand ces noms et ces formules étaient prononcés en langue hébraïque (ibid., V, 45). Les rites et les formules magiques délivraient des maux présents; les talismans et les amulettes avaient la propriété de garantir des maux futurs, et mettaient ceux qui les portaient à l'abri des accidents de la foudre, des effets funestes des imprécations lancées contre eux, du mauvais ceil ou de toute autre influence fâcheuse. L'usage de ces préservatifs était encore une conséquence de la croyance qui avait donné naissance à la magie. Pour l'indication des ouvrages écrits pour ou contre la magie, voyez Bibliotheca magica. et pneumatica de J. G. Th. Græsse, Leipzig, 1843, in-8°, de 152 pp. et 23 pp. d'index, et pour les écrits de date plus récente, Alf. Maury, La Magie et l'Astrologie, passim. M. NICOLAS. MAGLOIRE (Saint). Originaire de Grawey dans le pays de Galles,

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